Texte intégral
Colloque " DOMPTEZ L'EURO "
organisé par la région Ile De France
le 4 avril 2001 à Paris
Intervention de M. Laurent Fabius
Ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes à 272 jours du passage concret à l'euro. Il s'agit de l'aspect le plus visible du changement de monnaie. Plus de 300 millions d'Européens vont ensemble abandonner leur ancienne monnaie scripturale, qu'il s'agisse de virements, de chèques ou de paiements par carte, et, ensemble commencer à utiliser les pièces et les billets de leur monnaie nouvelle. Le fait que ceci soit organisé de surcroît non pas n'importe quel jour de l'année, mais à l'issue du 31 décembre prochain à minuit, simultanément dans 12 pays, renforce encore la visibilité de ce qui se passera alors. S'y ajoute le fait que, même si on a moins recours aux pièces et aux billets en France que chez certains de nos voisins, c'est assurément le moyen de paiement le plus souvent utilisé.
Pourtant, même si elle apparaîtra pour nombre de nos concitoyens comme l'événement fondateur, la mise en circulation des pièces et des billets nouveaux, qui précède de quelques semaines le retrait de ceux en francs, est l'aboutissement d'un processus, et non son origine.
Car, pour arriver à cela, il faut que toutes les entreprises qui sont en contact direct avec la clientèle, dans le commerce, dans l'artisanat, dans les services, se soient elles-mêmes préparées à la nouvelle monnaie fiduciaire. Elles y consacreront une partie du deuxième semestre de cette année. Parce que le rendu de monnaie en euros, cela ne s'improvise pas. Il y a des aspects purement matériels, mais aussi de formation du personnel, sans oublier qu'il ne faut pas se tromper dans l'évaluation des fonds de caisse nécessaires pendant les premiers jours, et sans doute les deux premières semaines de 2002, ce que l'on appelle le " temps fort " du passage à l'euro.
Encore faudra-t-il auparavant savoir de quoi l'on parle : adapter les tarifs à l'euro, opérer pour cela des choix, les faire comprendre, les afficher aussi, en passant à ce que l'on appelle " l'euro majeur ". C'est la grande affaire du début de l'automne.
On l'aura compris, le compte à rebours des entreprises n'est pas le même que celui de nos concitoyens. Pour se confronter aux tâches que je viens de rappeler, il importe que les autres fonctions des entreprises -l'adaptation des logiciels, la comptabilité, la paie en euros- que tout cela soit déjà réglé au plus vite pour avoir l'esprit clair pour le reste.
C'est cela que nous avons voulu rappeler dans la campagne que nous avons nationalement lancée à la mi-février à destination des entreprises, de toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Je renouvelle cet appel aujourd'hui en disant à toutes les entreprises, notamment aux TPME : engagez-vous rapidement dans le passage à l'Euro.
Votre colloque est, dans ce contexte, tout à fait bienvenu. Il est l'indice de la mobilisation de la Région Île-de-France sur un sujet capital. En faisant référence au visuel facétieux de votre carton d'invitation, je ne suis pas certain cependant que le cerceau et le fouet soient les outils les plus décisifs pour que les dirigeants d'entreprise s'installent rapidement dans la nouvelle monnaie. La qualité des interventions qui ont déjà eu lieu et de celles prévues pour la suite de votre programme me donne à penser qu'à l'issue de vos travaux ils pourront céder la place à des outils plus classiques.
La mobilisation de l'ensemble des régions et des collectivités territoriales est indispensable. L'enjeu du passage complet à l'euro à la fin de cette année est certes un enjeu national, il est aussi territorial : il s'agit de réussir le passage concret à l'euro, sur le terrain, pour tous. A cet égard, régions, départements et communes, ainsi que services publics de proximité et associations, chacun a et aura un rôle clé à jouer. Je souhaite, Monsieur le Président, que l'initiative de votre région soit suivie avec autant de dynamisme partout dans le pays. Aucune institution de quelque importance ne peut négliger sa contribution à la grande réforme en cours.
J'observe d'ailleurs, pour en revenir aux entreprises, que l'ensemble des organisations autour du monde de l'entreprise a entrepris campagne afin que la mobilisation soit générale et qu'un retard qui serait préjudiciable à tous ne ralentisse pas notre progression. Experts-comptables, chambres consulaires, syndicats professionnels, notamment, ainsi que d'autres, signataires notamment des chartes de mobilisation des PME ou des petites entreprises du commerce, de l'artisanat et des services, ont entrepris des efforts de persuasion et d'explication que je salue. Je les remercie vivement.
Je le fais en signalant la sortie, aujourd'hui même, de notre nouvel " euro-guide " pour les PME. Il sera diffusé à 800 000 exemplaires et vous le trouvez ici même au stand de la mission pour la préparation des administrations à l'euro et à celui de la direction des entreprises commerciales, artisanales et des services de mon ministère.
Dans une quinzaine de jours, nous diffuserons, cette fois à 2 millions d'exemplaires, un autre nouveau guide destiné aux artisans et aux commerçants.
Ce qui m'amène, car j'ai entendu diverses choses là-dessus, à préciser le rôle des pouvoirs publics dans la préparation du passage à l'euro.
Il y a d'abord le rôle, incontestable et évident aux yeux de tous, de fabrication et de mise en circulation des milliards de pièces et de billets nouveaux pour remplacer ceux en francs actuellement en circulation. Il y a bien entendu l'adaptation des administrations publiques au sens large, en tant qu'organisations, pour fonctionner en euros. Ainsi, l'État passe en euros ses marchés publics et les paiements en euros sont admis depuis janvier 1999. C'est aussi le cas des déclarations et j'ai observé avec intérêt le doublement depuis la fin de l'année du nombre des entreprises qui font en euros leurs déclarations de TVA.
Est fondamentale aussi la tâche d'assurer la sécurité de tous pendant une période où il circulera beaucoup plus d'argent qu'à l'ordinaire, et dans les deux sens, car l'arrivée de l'euro, c'est aussi le retrait du franc. Le plan de sécurité a été transmis il y a deux semaines environ au Premier ministre. Ne vous attendez pas à ce que je vous en révèle le contenu extrêmement précis, mais sachez notamment que les forces armées seront, elles aussi, mobilisées, aussi bien pour des missions de garde statique que pour des escortes.
Mais il y a plus : nos concitoyens doivent être préparés, préinformés, y compris et d'abord ceux d'entre eux pour qui le handicap, une situation de précarité sociale ou simplement l'âge rendront plus difficile la construction d'un nouvel espace monétaire.
Le rôle d'accompagnement, de mise en uvre de l'apprentissage collectif, le rôle d'émetteur de référence pour ce qui concerne le calendrier de l'opération et les comportements souhaitables en vue d'assurer sa réussite, ces rôles-là reviennent à l'État. Ils vont s'accroître au fur et à mesure que nous nous approchons de l'échéance, et plus encore peut être pendant les premières semaines de 2002 où coexisteront les pièces et les billets en francs et ceux en euros.
Revenant au sujet qui est le nôtre aujourd'hui, celui de la préparation des entreprises dans les différentes fonctions concernées par le passage complet à l'euro et le retrait du franc, il en va de même. Il revient bien entendu à chacun de veiller à sa préparation. Le code monétaire et financier l'indique, à son premier article : " la monnaie de la France est l'euro ". Qu'une entreprise fasse ce qu'il faut pour être adaptée, dans sa gestion interne et ses relations avec le monde extérieur, à la monnaie de son pays est une mesure de gestion, dont l'organisation et la mise en place relève de ses dirigeants. Mais lorsque ce changement est collectif, qu'il concerne chacun d'entre nous, qu'il exige des efforts d'entraînement des uns sur les autres, alors il a besoin d'être énoncé par ceux qui sont en mesure de le faire, c'est-à-dire les pouvoirs publics. De même que c'est vers eux que l'on se tourne pour obtenir que les différents acteurs de cette opération (les banques, le commerce, les consommateurs) aient les uns envers les autres les attitudes coopératives qui sont seules de mise à l'égard de cette grande cause nationale. C'est ainsi que chacun est en train de travailler à un scénario de l'euro scriptural que nous arrêterons en mai lors du prochain comité national de l'euro. Définir les "bonnes pratiques" et l'agencement des comportements des uns par rapport aux autres, qui assureront l'augmentation progressive mais forte des paiements en euros tout au long de l'année en cours, ici encore relève d'une concertation qui se mène en présence et autour des pouvoirs publics. Ce qui, en matière de monnaie, ne surprendra pas.
Voilà Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, ce que je tenais à vous dire, avant que nous échangions ensemble quelques propos, en insistant à nouveau sur un appel aux entreprises pour ouvrir dès maintenant les différents chantiers de leur préparation à l'euro. Merci de m'avoir accueilli parmi vous. Je serais heureux que nous commencions maintenant nos échanges. Car l'euro, Mesdames et Messieurs, c'est plus facile ensemble.
(source http://www.finances.gouv.fr, le 6 avril 2001)
JOURNÉE NATIONALE DE L'EURO
DE LA FÉDÉRATION DES CENTRES DE GESTION AGRÉÉS
LE 9 AVRIL 2001 À PARIS
Intervention de M. Laurent FABIUS,
Ministre de l'Économie, des Finances et de l'industrie
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
La journée nationale de l'euro de votre fédération est un moment important pour la mobilisation en faveur de l'euro et notamment pour le passage à l'euro des très petites entreprises.
Environ 400 000 d'entre elles sont adhérentes de vos centres de gestion agréés. Elles comportent en moyenne 5 salariés et font un peu moins de 200 000 T de chiffres d'affaires par an. Ce sont précisément celles auxquelles nous nous adresserons dans l'euro-guide que nous commencerons à diffuser très prochainement à deux millions d'exemplaires.
Vous avez décidé de nous aider dans cette diffusion, ainsi que le prévoient vos engagements sur le passage à l'euro, pris à l'occasion de la " charte de mobilisation pour la préparation à l'euro des petites entreprises du commerce, de l'artisanat et des services " que nous avons signée ensemble le 16 février dernier. Vous nous aidez déjà dans la diffusion du guide destiné aux PME, que j'ai eu l'occasion de présenter mercredi dernier, et je vous en remercie chaleureusement.
Ces engagements prévoyaient entre autres l'organisation de trois journées nationales orientées sur la pratique de l'euro et cela, respectivement 300 jours, 200 jours et 100 jours avant l'introduction des pièces et des billets nouveaux. Votre première journée devait se tenir le 6 mars dernier, mais des raisons d'organisation vous ont conduit à différer de quelques semaines. Je suis heureux de vous accueillir dans ces locaux. Et la date d'aujourd'hui est une très bonne date pour mobiliser sur l'euro les entreprises dont nous parlons.
En effet, le premier trimestre a été d'abord consacré à bien faire comprendre que nous entrions désormais dans la dernière ligne droite de la préparation à l'euro, et à expliquer le calendrier de cette opération. Nous avons donné autant d'importance à l'euro scriptural (avec la date de juillet 2001 : distribution systématique des chéquiers en euros) qu'à l'euro fiduciaire (avec la date du 31 décembre 2001 à minuit pour l'introduction des pièces et des billets en euros), j'y reviendrai tout à l'heure. Le premier trimestre a aussi été consacré, à partir de la mi-février, à une campagne destinée aux entreprises, de toutes tailles, avec pour objectif de conduire celles qui n'avaient encore pas réagi à comprendre que passer complètement à l'euro, cela prend entre 3 et 6 mois, donc à prendre date avec leurs partenaires habituels pour établir un diagnostic et définir un calendrier de travail. En distinguant bien les différentes fonctions concernées, les logiciels, la comptabilité, la paie puis l'établissement des tarifs en euros et la formation des salariés.
Le deuxième trimestre a maintenant commencé. Nous fournissons les guides, dont celui destiné aux PME comprend les éléments du " diagnostic euro " de l'entreprise que mes services ont mis au point avec les signataires de la première charte de mobilisation, celle de juillet 2000 sur les PME, signataires dont vous êtes aussi. Il s'agit désormais d'agir et nous comptons beaucoup sur vous pour cela.
Le programme est clair.
Le dernier trimestre sera consacré à se préparer à l'utilisation des pièces et billets nouveaux et à la période de double circulation.
C'est avant qu'il faudra être prêt pour la monnaie scripturale : mise au point des tarifs et des prix et affichage de ceux-ci en euro majeur, adaptation ou changement des derniers terminaux électroniques de paiement non encore eurocompatibles, acceptation des chèques en euros et en francs, bascule des comptes en euros.
C'est donc tout de suite, pour avoir l'esprit clair pour ces deux étapes à venir, qu'il faut travailler sur la comptabilité, sur l'informatique, sur la paie. Ceux de vos adhérents qui fournissent des grandes entreprises en ressentent déjà la pression.
J'ai demandé à mes collaborateurs de demeurer avec vous durant cette journée, de vous écouter, de vous interroger aussi, pendant les pauses ou le déjeuner. Les informations qui viennent du terrain sont pour nous très précieuses. Mais déjà, j'entends un certain nombre d'échos favorables. Vos adhérents, pour ceux qui clôturent leur exercice au 31 décembre, auront bientôt terminé pour l'année dernière. Après ce gros chantier, l'autre chantier qui se profile, c'est celui de l'euro. Voilà le scénario du bon déroulement des choses. C'est celui que tous ensemble nous devons expliquer et mettre en uvre.
Le compte à rebours de l'euro n'est pas le même pour les entreprises, même très petites, et les particuliers. Il faut bien utiliser les 9 mois qui restent, et découper l'année selon les tâches à accomplir en tenant compte que les mois d'été ne seront pas les plus propices, entre l'inactivité de certains et la suractivité saisonnière des autres.
Dans cette tâche, les centres de gestion et votre fédération, chacun à son niveau, jouent un rôle important et varié.
Votre proximité, votre adaptation à la diversité des situations et des professions, vous fournissent à la fois le champ d'observation et le champ d'intervention appropriés.
Je voudrais revenir, sur le sujet des pièces et des billets. A proximité de vous, il y a des centaines de milliers d'artisans et de commerçants qui sont directement en contact avec les consommateurs. C'est en grande partie chez eux que se déroulent les 100 millions de transactions quotidiennes qui sont réglées en espèces. C'est en grande partie chez eux que ceux pour qui l'adaptation en euros sera plus difficile ou plus longue, s'interrogeront et, je l'espère, recevront des réponses et seront rassurés. C'est pour eux que nous avons entrepris la fabrication de plus de 1,1 millions de kits, comportant deux rouleaux des huit pièces, d'une valeur de 222 T. Pour que le travail soit plus simple, il fallait " amorcer la pompe ", en fournissant un assortiment standard aux commerçants qui, passés les premiers jours, pourront ensuite reprendre leurs habitudes et rapporter certaines pièces à la banque ou au contraire s'y fournir en fonction de leurs besoins. Je sais que certains, les artisans notamment, ont exprimé le souhait que nous en fassions davantage afin que les premiers jours de 2002 leur soient plus faciles. Nous avons donné instruction de confectionner 400 000 kits supplémentaires afin de satisfaire la demande qui s'est exprimée, notamment, au niveau local, dans les comités techniques de place.
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
Les centres de gestion agréés, constituent un réseau précieux pour la réussite sur le terrain d'une réforme aussi importante que le changement de monnaie. Il faut que cette réforme réussisse. Pour que le passage concret à l'euro soit à l'image de ce qu'a été l'adoption de l'euro comme monnaie unique par 300 millions d'européens : une réussite (économique) que nous constatons tous les jours.
L'euro est en effet notre monnaie depuis 27 mois. C'est le meilleur des boucliers économiques : elle garantit la stabilité par rapport aux chocs extérieurs. Malgré les crises monétaires quasi annuelles en Russie, en Asie, au Brésil, malgré la hausse du pétrole l'an dernier et cette année le ralentissement de l'économie américaine, il n'y a pas eu, par définition, de problèmes de change en Europe et l'activité économique y est restée solide. L'euro a aussi un impact politique : avec la monnaie unique, les Européens seront plus forts par rapport aux Américains et aux Asiatiques. L'euro permet des économies de change. Il ouvre la possibilité de maintenir des taux d'intérêt relativement bas, positifs pour la croissance et donc l'emploi. Ce sont des avantages majeurs. La réussite du passage concret à l'euro, de la démocratisation de l'euro, doit être à cette image.
Voilà ce que je tenais à vous dire, avant que nous échangions ensemble quelques propos, en partageant, je le crois, l'objectif commun que toutes les entreprises ouvrent dès maintenant les chantiers de leur préparation à l'euro. Merci, chaleureusement, de votre appui décisif. Car l'euro, Mesdames et Messieurs, c'est plus facile ensemble !
(source http://www.finances.gouv.fr, le 10 avril 2001)
organisé par la région Ile De France
le 4 avril 2001 à Paris
Intervention de M. Laurent Fabius
Ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes à 272 jours du passage concret à l'euro. Il s'agit de l'aspect le plus visible du changement de monnaie. Plus de 300 millions d'Européens vont ensemble abandonner leur ancienne monnaie scripturale, qu'il s'agisse de virements, de chèques ou de paiements par carte, et, ensemble commencer à utiliser les pièces et les billets de leur monnaie nouvelle. Le fait que ceci soit organisé de surcroît non pas n'importe quel jour de l'année, mais à l'issue du 31 décembre prochain à minuit, simultanément dans 12 pays, renforce encore la visibilité de ce qui se passera alors. S'y ajoute le fait que, même si on a moins recours aux pièces et aux billets en France que chez certains de nos voisins, c'est assurément le moyen de paiement le plus souvent utilisé.
Pourtant, même si elle apparaîtra pour nombre de nos concitoyens comme l'événement fondateur, la mise en circulation des pièces et des billets nouveaux, qui précède de quelques semaines le retrait de ceux en francs, est l'aboutissement d'un processus, et non son origine.
Car, pour arriver à cela, il faut que toutes les entreprises qui sont en contact direct avec la clientèle, dans le commerce, dans l'artisanat, dans les services, se soient elles-mêmes préparées à la nouvelle monnaie fiduciaire. Elles y consacreront une partie du deuxième semestre de cette année. Parce que le rendu de monnaie en euros, cela ne s'improvise pas. Il y a des aspects purement matériels, mais aussi de formation du personnel, sans oublier qu'il ne faut pas se tromper dans l'évaluation des fonds de caisse nécessaires pendant les premiers jours, et sans doute les deux premières semaines de 2002, ce que l'on appelle le " temps fort " du passage à l'euro.
Encore faudra-t-il auparavant savoir de quoi l'on parle : adapter les tarifs à l'euro, opérer pour cela des choix, les faire comprendre, les afficher aussi, en passant à ce que l'on appelle " l'euro majeur ". C'est la grande affaire du début de l'automne.
On l'aura compris, le compte à rebours des entreprises n'est pas le même que celui de nos concitoyens. Pour se confronter aux tâches que je viens de rappeler, il importe que les autres fonctions des entreprises -l'adaptation des logiciels, la comptabilité, la paie en euros- que tout cela soit déjà réglé au plus vite pour avoir l'esprit clair pour le reste.
C'est cela que nous avons voulu rappeler dans la campagne que nous avons nationalement lancée à la mi-février à destination des entreprises, de toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Je renouvelle cet appel aujourd'hui en disant à toutes les entreprises, notamment aux TPME : engagez-vous rapidement dans le passage à l'Euro.
Votre colloque est, dans ce contexte, tout à fait bienvenu. Il est l'indice de la mobilisation de la Région Île-de-France sur un sujet capital. En faisant référence au visuel facétieux de votre carton d'invitation, je ne suis pas certain cependant que le cerceau et le fouet soient les outils les plus décisifs pour que les dirigeants d'entreprise s'installent rapidement dans la nouvelle monnaie. La qualité des interventions qui ont déjà eu lieu et de celles prévues pour la suite de votre programme me donne à penser qu'à l'issue de vos travaux ils pourront céder la place à des outils plus classiques.
La mobilisation de l'ensemble des régions et des collectivités territoriales est indispensable. L'enjeu du passage complet à l'euro à la fin de cette année est certes un enjeu national, il est aussi territorial : il s'agit de réussir le passage concret à l'euro, sur le terrain, pour tous. A cet égard, régions, départements et communes, ainsi que services publics de proximité et associations, chacun a et aura un rôle clé à jouer. Je souhaite, Monsieur le Président, que l'initiative de votre région soit suivie avec autant de dynamisme partout dans le pays. Aucune institution de quelque importance ne peut négliger sa contribution à la grande réforme en cours.
J'observe d'ailleurs, pour en revenir aux entreprises, que l'ensemble des organisations autour du monde de l'entreprise a entrepris campagne afin que la mobilisation soit générale et qu'un retard qui serait préjudiciable à tous ne ralentisse pas notre progression. Experts-comptables, chambres consulaires, syndicats professionnels, notamment, ainsi que d'autres, signataires notamment des chartes de mobilisation des PME ou des petites entreprises du commerce, de l'artisanat et des services, ont entrepris des efforts de persuasion et d'explication que je salue. Je les remercie vivement.
Je le fais en signalant la sortie, aujourd'hui même, de notre nouvel " euro-guide " pour les PME. Il sera diffusé à 800 000 exemplaires et vous le trouvez ici même au stand de la mission pour la préparation des administrations à l'euro et à celui de la direction des entreprises commerciales, artisanales et des services de mon ministère.
Dans une quinzaine de jours, nous diffuserons, cette fois à 2 millions d'exemplaires, un autre nouveau guide destiné aux artisans et aux commerçants.
Ce qui m'amène, car j'ai entendu diverses choses là-dessus, à préciser le rôle des pouvoirs publics dans la préparation du passage à l'euro.
Il y a d'abord le rôle, incontestable et évident aux yeux de tous, de fabrication et de mise en circulation des milliards de pièces et de billets nouveaux pour remplacer ceux en francs actuellement en circulation. Il y a bien entendu l'adaptation des administrations publiques au sens large, en tant qu'organisations, pour fonctionner en euros. Ainsi, l'État passe en euros ses marchés publics et les paiements en euros sont admis depuis janvier 1999. C'est aussi le cas des déclarations et j'ai observé avec intérêt le doublement depuis la fin de l'année du nombre des entreprises qui font en euros leurs déclarations de TVA.
Est fondamentale aussi la tâche d'assurer la sécurité de tous pendant une période où il circulera beaucoup plus d'argent qu'à l'ordinaire, et dans les deux sens, car l'arrivée de l'euro, c'est aussi le retrait du franc. Le plan de sécurité a été transmis il y a deux semaines environ au Premier ministre. Ne vous attendez pas à ce que je vous en révèle le contenu extrêmement précis, mais sachez notamment que les forces armées seront, elles aussi, mobilisées, aussi bien pour des missions de garde statique que pour des escortes.
Mais il y a plus : nos concitoyens doivent être préparés, préinformés, y compris et d'abord ceux d'entre eux pour qui le handicap, une situation de précarité sociale ou simplement l'âge rendront plus difficile la construction d'un nouvel espace monétaire.
Le rôle d'accompagnement, de mise en uvre de l'apprentissage collectif, le rôle d'émetteur de référence pour ce qui concerne le calendrier de l'opération et les comportements souhaitables en vue d'assurer sa réussite, ces rôles-là reviennent à l'État. Ils vont s'accroître au fur et à mesure que nous nous approchons de l'échéance, et plus encore peut être pendant les premières semaines de 2002 où coexisteront les pièces et les billets en francs et ceux en euros.
Revenant au sujet qui est le nôtre aujourd'hui, celui de la préparation des entreprises dans les différentes fonctions concernées par le passage complet à l'euro et le retrait du franc, il en va de même. Il revient bien entendu à chacun de veiller à sa préparation. Le code monétaire et financier l'indique, à son premier article : " la monnaie de la France est l'euro ". Qu'une entreprise fasse ce qu'il faut pour être adaptée, dans sa gestion interne et ses relations avec le monde extérieur, à la monnaie de son pays est une mesure de gestion, dont l'organisation et la mise en place relève de ses dirigeants. Mais lorsque ce changement est collectif, qu'il concerne chacun d'entre nous, qu'il exige des efforts d'entraînement des uns sur les autres, alors il a besoin d'être énoncé par ceux qui sont en mesure de le faire, c'est-à-dire les pouvoirs publics. De même que c'est vers eux que l'on se tourne pour obtenir que les différents acteurs de cette opération (les banques, le commerce, les consommateurs) aient les uns envers les autres les attitudes coopératives qui sont seules de mise à l'égard de cette grande cause nationale. C'est ainsi que chacun est en train de travailler à un scénario de l'euro scriptural que nous arrêterons en mai lors du prochain comité national de l'euro. Définir les "bonnes pratiques" et l'agencement des comportements des uns par rapport aux autres, qui assureront l'augmentation progressive mais forte des paiements en euros tout au long de l'année en cours, ici encore relève d'une concertation qui se mène en présence et autour des pouvoirs publics. Ce qui, en matière de monnaie, ne surprendra pas.
Voilà Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, ce que je tenais à vous dire, avant que nous échangions ensemble quelques propos, en insistant à nouveau sur un appel aux entreprises pour ouvrir dès maintenant les différents chantiers de leur préparation à l'euro. Merci de m'avoir accueilli parmi vous. Je serais heureux que nous commencions maintenant nos échanges. Car l'euro, Mesdames et Messieurs, c'est plus facile ensemble.
(source http://www.finances.gouv.fr, le 6 avril 2001)
JOURNÉE NATIONALE DE L'EURO
DE LA FÉDÉRATION DES CENTRES DE GESTION AGRÉÉS
LE 9 AVRIL 2001 À PARIS
Intervention de M. Laurent FABIUS,
Ministre de l'Économie, des Finances et de l'industrie
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
La journée nationale de l'euro de votre fédération est un moment important pour la mobilisation en faveur de l'euro et notamment pour le passage à l'euro des très petites entreprises.
Environ 400 000 d'entre elles sont adhérentes de vos centres de gestion agréés. Elles comportent en moyenne 5 salariés et font un peu moins de 200 000 T de chiffres d'affaires par an. Ce sont précisément celles auxquelles nous nous adresserons dans l'euro-guide que nous commencerons à diffuser très prochainement à deux millions d'exemplaires.
Vous avez décidé de nous aider dans cette diffusion, ainsi que le prévoient vos engagements sur le passage à l'euro, pris à l'occasion de la " charte de mobilisation pour la préparation à l'euro des petites entreprises du commerce, de l'artisanat et des services " que nous avons signée ensemble le 16 février dernier. Vous nous aidez déjà dans la diffusion du guide destiné aux PME, que j'ai eu l'occasion de présenter mercredi dernier, et je vous en remercie chaleureusement.
Ces engagements prévoyaient entre autres l'organisation de trois journées nationales orientées sur la pratique de l'euro et cela, respectivement 300 jours, 200 jours et 100 jours avant l'introduction des pièces et des billets nouveaux. Votre première journée devait se tenir le 6 mars dernier, mais des raisons d'organisation vous ont conduit à différer de quelques semaines. Je suis heureux de vous accueillir dans ces locaux. Et la date d'aujourd'hui est une très bonne date pour mobiliser sur l'euro les entreprises dont nous parlons.
En effet, le premier trimestre a été d'abord consacré à bien faire comprendre que nous entrions désormais dans la dernière ligne droite de la préparation à l'euro, et à expliquer le calendrier de cette opération. Nous avons donné autant d'importance à l'euro scriptural (avec la date de juillet 2001 : distribution systématique des chéquiers en euros) qu'à l'euro fiduciaire (avec la date du 31 décembre 2001 à minuit pour l'introduction des pièces et des billets en euros), j'y reviendrai tout à l'heure. Le premier trimestre a aussi été consacré, à partir de la mi-février, à une campagne destinée aux entreprises, de toutes tailles, avec pour objectif de conduire celles qui n'avaient encore pas réagi à comprendre que passer complètement à l'euro, cela prend entre 3 et 6 mois, donc à prendre date avec leurs partenaires habituels pour établir un diagnostic et définir un calendrier de travail. En distinguant bien les différentes fonctions concernées, les logiciels, la comptabilité, la paie puis l'établissement des tarifs en euros et la formation des salariés.
Le deuxième trimestre a maintenant commencé. Nous fournissons les guides, dont celui destiné aux PME comprend les éléments du " diagnostic euro " de l'entreprise que mes services ont mis au point avec les signataires de la première charte de mobilisation, celle de juillet 2000 sur les PME, signataires dont vous êtes aussi. Il s'agit désormais d'agir et nous comptons beaucoup sur vous pour cela.
Le programme est clair.
Le dernier trimestre sera consacré à se préparer à l'utilisation des pièces et billets nouveaux et à la période de double circulation.
C'est avant qu'il faudra être prêt pour la monnaie scripturale : mise au point des tarifs et des prix et affichage de ceux-ci en euro majeur, adaptation ou changement des derniers terminaux électroniques de paiement non encore eurocompatibles, acceptation des chèques en euros et en francs, bascule des comptes en euros.
C'est donc tout de suite, pour avoir l'esprit clair pour ces deux étapes à venir, qu'il faut travailler sur la comptabilité, sur l'informatique, sur la paie. Ceux de vos adhérents qui fournissent des grandes entreprises en ressentent déjà la pression.
J'ai demandé à mes collaborateurs de demeurer avec vous durant cette journée, de vous écouter, de vous interroger aussi, pendant les pauses ou le déjeuner. Les informations qui viennent du terrain sont pour nous très précieuses. Mais déjà, j'entends un certain nombre d'échos favorables. Vos adhérents, pour ceux qui clôturent leur exercice au 31 décembre, auront bientôt terminé pour l'année dernière. Après ce gros chantier, l'autre chantier qui se profile, c'est celui de l'euro. Voilà le scénario du bon déroulement des choses. C'est celui que tous ensemble nous devons expliquer et mettre en uvre.
Le compte à rebours de l'euro n'est pas le même pour les entreprises, même très petites, et les particuliers. Il faut bien utiliser les 9 mois qui restent, et découper l'année selon les tâches à accomplir en tenant compte que les mois d'été ne seront pas les plus propices, entre l'inactivité de certains et la suractivité saisonnière des autres.
Dans cette tâche, les centres de gestion et votre fédération, chacun à son niveau, jouent un rôle important et varié.
Votre proximité, votre adaptation à la diversité des situations et des professions, vous fournissent à la fois le champ d'observation et le champ d'intervention appropriés.
Je voudrais revenir, sur le sujet des pièces et des billets. A proximité de vous, il y a des centaines de milliers d'artisans et de commerçants qui sont directement en contact avec les consommateurs. C'est en grande partie chez eux que se déroulent les 100 millions de transactions quotidiennes qui sont réglées en espèces. C'est en grande partie chez eux que ceux pour qui l'adaptation en euros sera plus difficile ou plus longue, s'interrogeront et, je l'espère, recevront des réponses et seront rassurés. C'est pour eux que nous avons entrepris la fabrication de plus de 1,1 millions de kits, comportant deux rouleaux des huit pièces, d'une valeur de 222 T. Pour que le travail soit plus simple, il fallait " amorcer la pompe ", en fournissant un assortiment standard aux commerçants qui, passés les premiers jours, pourront ensuite reprendre leurs habitudes et rapporter certaines pièces à la banque ou au contraire s'y fournir en fonction de leurs besoins. Je sais que certains, les artisans notamment, ont exprimé le souhait que nous en fassions davantage afin que les premiers jours de 2002 leur soient plus faciles. Nous avons donné instruction de confectionner 400 000 kits supplémentaires afin de satisfaire la demande qui s'est exprimée, notamment, au niveau local, dans les comités techniques de place.
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
Les centres de gestion agréés, constituent un réseau précieux pour la réussite sur le terrain d'une réforme aussi importante que le changement de monnaie. Il faut que cette réforme réussisse. Pour que le passage concret à l'euro soit à l'image de ce qu'a été l'adoption de l'euro comme monnaie unique par 300 millions d'européens : une réussite (économique) que nous constatons tous les jours.
L'euro est en effet notre monnaie depuis 27 mois. C'est le meilleur des boucliers économiques : elle garantit la stabilité par rapport aux chocs extérieurs. Malgré les crises monétaires quasi annuelles en Russie, en Asie, au Brésil, malgré la hausse du pétrole l'an dernier et cette année le ralentissement de l'économie américaine, il n'y a pas eu, par définition, de problèmes de change en Europe et l'activité économique y est restée solide. L'euro a aussi un impact politique : avec la monnaie unique, les Européens seront plus forts par rapport aux Américains et aux Asiatiques. L'euro permet des économies de change. Il ouvre la possibilité de maintenir des taux d'intérêt relativement bas, positifs pour la croissance et donc l'emploi. Ce sont des avantages majeurs. La réussite du passage concret à l'euro, de la démocratisation de l'euro, doit être à cette image.
Voilà ce que je tenais à vous dire, avant que nous échangions ensemble quelques propos, en partageant, je le crois, l'objectif commun que toutes les entreprises ouvrent dès maintenant les chantiers de leur préparation à l'euro. Merci, chaleureusement, de votre appui décisif. Car l'euro, Mesdames et Messieurs, c'est plus facile ensemble !
(source http://www.finances.gouv.fr, le 10 avril 2001)