Texte intégral
R. Duchemin.- C'est aujourd'hui les Journées parlementaires de l'UMP, on va bien sûr y venir dans un instant. Mais d'abord, pourriez-vous éclairer un petit peu notre lanterne ? Il y a eu une réunion de crise hier à l'Elysée, le Président a convoqué... Ce n'était pas prévu cette réunion sur les mesures à prendre concernant le logement ; on apprend donc ce matin qu'il y a 30.000 logements qui vont être rachetés à prix décoté, mesure de soutien visiblement au milieu de la construction et du BTP. Hier, c'était des annonces sur le Livret A. On a un peu le sentiment que les choses prennent l'eau et que le Gouvernement colmate les brèches là où elles s'ouvrent...
Je pense exactement l'inverse. Parce qu'en fait, ce qui est en train de se passer, c'est quoi ? C'est comme toujours, dans ces périodes de crise, que ce soit des crises diplomatiques, des crises économiques, des crises financières ou des crises sociales, ce sont des moments où le politique est à la manoeuvre, est au commandement. Et là, on a un président de la République qui depuis ces derniers jours, avec beaucoup de sang-froid je dois dire, prend les unes après les autres, les mesures qui conviennent pour faire en sorte que notre pays puisse faire face à cette crise, qui est largement venue de l'extérieur comme vous le savez, mais qui peut avoir des conséquences sur notre économie. Donc, c'est vrai pour les banques, c'est vrai pour l'activité de logement qui, vous le savez, est un moteur majeur de la croissance.
Et en même temps, N. Sarkozy nous dit, "tout va bien, pas d'affolement, c'est pour l'instant une crise financière". Nous, on a davantage le sentiment ce matin, avec ces nouvelles annonces, que c'est davantage une crise économique qu'on est en train de vivre.
D'abord, il faut attention aux mots. Je n'entends personne dire "tout va bien", au contraire. Je crois que depuis le début, notre démarche a consisté à dire la vérité aux Français, et c'est indispensable, et nous, les députés, nous faisons ce travail. Je considère que notre mission, et c'est l'état d'esprit qui nous anime lors de ces Journées parlementaires d'Antibes c'est premièrement d'être rassemblés derrière le président de la République parce qu'on est dans une période de crise. Et puis, deuxièmement, d'expliquer aux uns et aux autres, quels sont les ressorts de l'action que nous menons. Quelle est l'idée ? Elle est très simple : il y a un risque de crise de crédit, donc on soutient les banques pour ne pas qu'il y ait un assèchement de l'économie qui risquerait de ruiner nos entreprises, et notamment nos PME. Il y a d'autre part un risque - par exemple sur les logements - qui risquerait de porter sur la croissance. Donc qu'est-ce qu'on fait ? On veille dans la mesure du possible à ce que les programmes lancés ne soient pas interrompus pour éviter que les entreprises de construction soient prises à la gorge et que, au contraire, elles soutiennent l'économie réelle. On est victimes d'une crise monétaire et bancaire, donc d'une économie un petit peu virtuelle, et qui pèse sur l'économie réelle. Et donc, notre objectif aujourd'hui, c'est de tenir bon, et puis de veiller, par un certain nombre de mesures immédiates à pouvoir répondre aux premiers aspects de la crise. Et puis ensuite, on fera les réformes de structure qui s'imposent, évidemment.
H. Guaino vient tout juste de déclarer - il était sur Canal Plus ce matin - que "les critères de Maastricht ne sont pas la priorité des priorités. La priorité, dit-il, c'est de sauver le système bancaire mondial", dit-il. Vous êtes d'accord avec lui, ce matin ? Peut-on avoir un déficit supérieur à 3 % du PIB en France ?
Moi, je ne partage pas cet avis. Je pense qu'on doit être capables de prendre les bonnes mesures, tout en évitant la dérive des déficits. Je pense que, au contraire, il faut qu'on soit capables de tenir les deux, et donc de faire des économies là où on peut le faire. C'est pour ça que, très concrètement, nous, les députés UMP, nous allons nous atteler à un grand chantier qui va permettre de faire des économies, ça va être le regroupement des départements et des régions. Au même titre qu'on travaille depuis maintenant plusieurs années sur les économies pour l'Etat - et je peux en témoigner, j'ai été ministre du Budget, j'ai repris la politique immobilière de l'Etat, et puis d'autres réformes ont été mises en place -, eh bien de la même manière, l'idée c'est de réfléchir à une fusion des départements et des régions, comme ça se passe dans les autres pays d'Europe. Aujourd'hui, les Français ne voient pas bien, ils ne comprennent pas bien pourquoi il y a deux niveaux d'administration distincts : l'un s'occupant des collèges, l'autre des lycées, tout ça dans une très grande confusion. Et puis ça coûte très cher aux dépenses publiques, ça coûte très cher en impôts locaux. Voilà typiquement le genre de réforme de structure sur lesquelles, nous, les députés, pouvons apporter une contribution majeure à notre pays.
Réformer, c'est donc une de vos priorités. Vous dites aussi vouloir donner une nouvelle image du Parlement. C'est-à-dire ?
Je pense que pendant trop longtemps, l'image des députés, ce sont des gens à qui on demandait simplement de voter "oui" quand ils étaient dans la majorité, de voter "non" quand ils étaient dans l'opposition, et tout ça dans une ambiance les yeux fermés. Je pense que les temps ont changé, voilà. Je pense qu'aujourd'hui, le rôle d'un député, ce n'est pas simplement de voter en séance - d'ailleurs c'est pour ça qu'il y vient si peu - c'est de contribuer, de coproduire les réformes. Et de ce point de vue, la réforme de la Constitution qu'on a votée au mois de juillet doit y servir et on va complètement transformer notre métier. Désormais, notre rôle va être de coproduire les réformes, d'être en initiative, en proposition, tout en soutenant le Gouvernement, mais en ayant une totale liberté de débat. Je crois que c'est très important dans une République moderne. Et puis, ce travail on va le mettre en oeuvre dès à présent, parce que cette Constitution réformée va nous le permettre.
Oui, justement, vous allez pouvoir partager l'ordre du jour avec le Gouvernement, c'est un des axes majeurs de cette réforme des institutions. Finalement, c'est un peu vous aujourd'hui le patron de la majorité, avec le Premier ministre ? Comment ça va se passer le partage ?
D'abord, je vous dis tout de suite : je ne vais pas tomber dans ce panneau parce que je pense que ce n'est pas comme ça que...
Quel panneau ?
Celui qui consiste à se tromper de mission. Quand vous êtes président de la majorité parlementaire, en réalité ce n'est pas hiérarchique. Le président d'un groupe parlementaire de la majorité, tous les matins et toutes les semaines il doit demander à ses amis députés... Il doit leur proposer un Pont d'Arcole à traverser, donc il y a des semaines où ça marche et des semaines où ça ne marche pas. Mais mon objectif, c'est en permanence de dire : comment peut-on faire pour être plus utiles aux Français ? Comment peut-on être plus utiles au président de la République pour les réformes qu'on mène ? Et c'est vrai que ça passe par une plus grande liberté de débat qu'il y a 20, 30 ou 40 ans. C'est vrai que ça passe par le fait qu'on a des députés, maintenant, qui sont beaucoup plus opérationnels, qui ont des expériences de vie différentes, ils viennent de l'entreprise, ils viennent de l'administration, ils viennent de bien des endroits différents, et ils ont envie d'être utiles, d'être actifs, pas simplement de regarder passer les trains, ou de se farcir des heures entières de séances, la nuit, d'obstruction de la gauche, qui n'ont plus aucun intérêt aujourd'hui.
Alors, il va falloir remettre de l'huile dans les rouages, je suppose, pour parvenir à ce bel équilibre ? Parce qu'il y a eu quand même pas de couacs à l'Assemblée ; on se souvient évidemment du dossier RSA, des OGM aussi. Être le patron des députés de la majorité, ce n'est pas toujours facile ?
C'est sportif, mais c'est génial, parce qu'en réalité vous êtes avec...
Mais les couacs, c'est fini ? Vous êtes optimiste ?
Je n'en sais rien, vous savez, les couacs, c'est la vie. Il n'y a jamais de couacs à France Info ? Vous n'avez jamais fait de loupés, vous ? Ça arrive partout, c'est la vie, et c'est très bien comme ça. Je considère que sur ces sujets, ce qui compte en réalité, c'est d'avoir une ligne claire, de savoir ce qu'on veut. Et que veut-on, nous, les députés ? On veut que ça réussisse, parce qu'on veut que la France puisse avoir ces réformes que les Français attendent, que ça puisse bouger, et que nous, en tant que députés, on puisse apporter toute notre part à cet édifice. Et c'est pour ça que je souhaite que mes amis députés puissent en toutes circonstances faire des propositions, innover, moderniser le pays, au même titre que... Le président de la République nous le demande d'ailleurs, et régulièrement. Donc vous avez aujourd'hui une majorité qui est consciente qu'on est dans une période de crise difficile, et donc, c'est le moment où les politiques doivent justement être en première ligne, responsables, avec sang-froid mais aussi avec créativité. Donc c'est dans cet esprit que j'anime notre majorité.
Pardon de revenir à la crise, mais le Premier ministre continue d'appeler à "l'unité nationale". Pour le PS et le MoDem, c'est toujours "non", à moins que le Gouvernement s'engage à revoir sa politique, "erronée", selon F. Bayrou. Vous êtes pour ce débat, vous, en tant que président du groupe UMP à l'Assemblée ?
De manière générale, je suis toujours pour les débats, ça permet de mettre les gens au pied du mur ; on l'a vu sur l'Afghanistan. Les socialistes, qui critiquaient sans arrêt, on les a vus à la tribune : ils ont fait un discours totalement incompréhensible, personne ne sait aujourd'hui ce qu'ils pensaient de la question de la présence française en Afghanistan. Même chose sur la crise économique. Au contraire, je trouve que les débats c'est très bien. Ce que j'aimerais - c'est pour cela que je pense que l'unité nationale en cette période c'est quand même une bonne chose -, ce que j'aimerais, c'est savoir si les socialistes ont même un début de proposition, ou même Bayrou. C'est bien gentil de taper pour taper, critiquer pour critiquer. Mais ce que les gens regardent, c'est quelles sont les propositions alternatives. Il y a mieux à faire, il faut qu'il y ait moins d'Etat en ce moment, il faut qu'on soit absent des interventions, les banques qui ont été en difficulté, il fallait qu'on les laisse couler ? Il ne faut pas intervenir sur les programmes de construction de logements ? Enfin, écoutez, je ne sais pas... ! Je veux bien avoir l'avis de monsieur Hollande sur le sujet, plutôt que de juste critiquer, critiquer, critiquer ! Je le dis d'autant plus que vous savez, quand on était dans l'opposition, nous aussi il y a quelques années, on est tombés dans ce travers. La droite, il y a dix ans, c'était le PS d'aujourd'hui, il ne faut pas se tromper. Je voudrais que ça change, parce que je pense que maintenant on a changé de temps, d'époque, et que les idéologies, elles n'ont plus grand-chose à voir avec ce qu'on doit faire pour le pays demain.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 octobre 2008
Je pense exactement l'inverse. Parce qu'en fait, ce qui est en train de se passer, c'est quoi ? C'est comme toujours, dans ces périodes de crise, que ce soit des crises diplomatiques, des crises économiques, des crises financières ou des crises sociales, ce sont des moments où le politique est à la manoeuvre, est au commandement. Et là, on a un président de la République qui depuis ces derniers jours, avec beaucoup de sang-froid je dois dire, prend les unes après les autres, les mesures qui conviennent pour faire en sorte que notre pays puisse faire face à cette crise, qui est largement venue de l'extérieur comme vous le savez, mais qui peut avoir des conséquences sur notre économie. Donc, c'est vrai pour les banques, c'est vrai pour l'activité de logement qui, vous le savez, est un moteur majeur de la croissance.
Et en même temps, N. Sarkozy nous dit, "tout va bien, pas d'affolement, c'est pour l'instant une crise financière". Nous, on a davantage le sentiment ce matin, avec ces nouvelles annonces, que c'est davantage une crise économique qu'on est en train de vivre.
D'abord, il faut attention aux mots. Je n'entends personne dire "tout va bien", au contraire. Je crois que depuis le début, notre démarche a consisté à dire la vérité aux Français, et c'est indispensable, et nous, les députés, nous faisons ce travail. Je considère que notre mission, et c'est l'état d'esprit qui nous anime lors de ces Journées parlementaires d'Antibes c'est premièrement d'être rassemblés derrière le président de la République parce qu'on est dans une période de crise. Et puis, deuxièmement, d'expliquer aux uns et aux autres, quels sont les ressorts de l'action que nous menons. Quelle est l'idée ? Elle est très simple : il y a un risque de crise de crédit, donc on soutient les banques pour ne pas qu'il y ait un assèchement de l'économie qui risquerait de ruiner nos entreprises, et notamment nos PME. Il y a d'autre part un risque - par exemple sur les logements - qui risquerait de porter sur la croissance. Donc qu'est-ce qu'on fait ? On veille dans la mesure du possible à ce que les programmes lancés ne soient pas interrompus pour éviter que les entreprises de construction soient prises à la gorge et que, au contraire, elles soutiennent l'économie réelle. On est victimes d'une crise monétaire et bancaire, donc d'une économie un petit peu virtuelle, et qui pèse sur l'économie réelle. Et donc, notre objectif aujourd'hui, c'est de tenir bon, et puis de veiller, par un certain nombre de mesures immédiates à pouvoir répondre aux premiers aspects de la crise. Et puis ensuite, on fera les réformes de structure qui s'imposent, évidemment.
H. Guaino vient tout juste de déclarer - il était sur Canal Plus ce matin - que "les critères de Maastricht ne sont pas la priorité des priorités. La priorité, dit-il, c'est de sauver le système bancaire mondial", dit-il. Vous êtes d'accord avec lui, ce matin ? Peut-on avoir un déficit supérieur à 3 % du PIB en France ?
Moi, je ne partage pas cet avis. Je pense qu'on doit être capables de prendre les bonnes mesures, tout en évitant la dérive des déficits. Je pense que, au contraire, il faut qu'on soit capables de tenir les deux, et donc de faire des économies là où on peut le faire. C'est pour ça que, très concrètement, nous, les députés UMP, nous allons nous atteler à un grand chantier qui va permettre de faire des économies, ça va être le regroupement des départements et des régions. Au même titre qu'on travaille depuis maintenant plusieurs années sur les économies pour l'Etat - et je peux en témoigner, j'ai été ministre du Budget, j'ai repris la politique immobilière de l'Etat, et puis d'autres réformes ont été mises en place -, eh bien de la même manière, l'idée c'est de réfléchir à une fusion des départements et des régions, comme ça se passe dans les autres pays d'Europe. Aujourd'hui, les Français ne voient pas bien, ils ne comprennent pas bien pourquoi il y a deux niveaux d'administration distincts : l'un s'occupant des collèges, l'autre des lycées, tout ça dans une très grande confusion. Et puis ça coûte très cher aux dépenses publiques, ça coûte très cher en impôts locaux. Voilà typiquement le genre de réforme de structure sur lesquelles, nous, les députés, pouvons apporter une contribution majeure à notre pays.
Réformer, c'est donc une de vos priorités. Vous dites aussi vouloir donner une nouvelle image du Parlement. C'est-à-dire ?
Je pense que pendant trop longtemps, l'image des députés, ce sont des gens à qui on demandait simplement de voter "oui" quand ils étaient dans la majorité, de voter "non" quand ils étaient dans l'opposition, et tout ça dans une ambiance les yeux fermés. Je pense que les temps ont changé, voilà. Je pense qu'aujourd'hui, le rôle d'un député, ce n'est pas simplement de voter en séance - d'ailleurs c'est pour ça qu'il y vient si peu - c'est de contribuer, de coproduire les réformes. Et de ce point de vue, la réforme de la Constitution qu'on a votée au mois de juillet doit y servir et on va complètement transformer notre métier. Désormais, notre rôle va être de coproduire les réformes, d'être en initiative, en proposition, tout en soutenant le Gouvernement, mais en ayant une totale liberté de débat. Je crois que c'est très important dans une République moderne. Et puis, ce travail on va le mettre en oeuvre dès à présent, parce que cette Constitution réformée va nous le permettre.
Oui, justement, vous allez pouvoir partager l'ordre du jour avec le Gouvernement, c'est un des axes majeurs de cette réforme des institutions. Finalement, c'est un peu vous aujourd'hui le patron de la majorité, avec le Premier ministre ? Comment ça va se passer le partage ?
D'abord, je vous dis tout de suite : je ne vais pas tomber dans ce panneau parce que je pense que ce n'est pas comme ça que...
Quel panneau ?
Celui qui consiste à se tromper de mission. Quand vous êtes président de la majorité parlementaire, en réalité ce n'est pas hiérarchique. Le président d'un groupe parlementaire de la majorité, tous les matins et toutes les semaines il doit demander à ses amis députés... Il doit leur proposer un Pont d'Arcole à traverser, donc il y a des semaines où ça marche et des semaines où ça ne marche pas. Mais mon objectif, c'est en permanence de dire : comment peut-on faire pour être plus utiles aux Français ? Comment peut-on être plus utiles au président de la République pour les réformes qu'on mène ? Et c'est vrai que ça passe par une plus grande liberté de débat qu'il y a 20, 30 ou 40 ans. C'est vrai que ça passe par le fait qu'on a des députés, maintenant, qui sont beaucoup plus opérationnels, qui ont des expériences de vie différentes, ils viennent de l'entreprise, ils viennent de l'administration, ils viennent de bien des endroits différents, et ils ont envie d'être utiles, d'être actifs, pas simplement de regarder passer les trains, ou de se farcir des heures entières de séances, la nuit, d'obstruction de la gauche, qui n'ont plus aucun intérêt aujourd'hui.
Alors, il va falloir remettre de l'huile dans les rouages, je suppose, pour parvenir à ce bel équilibre ? Parce qu'il y a eu quand même pas de couacs à l'Assemblée ; on se souvient évidemment du dossier RSA, des OGM aussi. Être le patron des députés de la majorité, ce n'est pas toujours facile ?
C'est sportif, mais c'est génial, parce qu'en réalité vous êtes avec...
Mais les couacs, c'est fini ? Vous êtes optimiste ?
Je n'en sais rien, vous savez, les couacs, c'est la vie. Il n'y a jamais de couacs à France Info ? Vous n'avez jamais fait de loupés, vous ? Ça arrive partout, c'est la vie, et c'est très bien comme ça. Je considère que sur ces sujets, ce qui compte en réalité, c'est d'avoir une ligne claire, de savoir ce qu'on veut. Et que veut-on, nous, les députés ? On veut que ça réussisse, parce qu'on veut que la France puisse avoir ces réformes que les Français attendent, que ça puisse bouger, et que nous, en tant que députés, on puisse apporter toute notre part à cet édifice. Et c'est pour ça que je souhaite que mes amis députés puissent en toutes circonstances faire des propositions, innover, moderniser le pays, au même titre que... Le président de la République nous le demande d'ailleurs, et régulièrement. Donc vous avez aujourd'hui une majorité qui est consciente qu'on est dans une période de crise difficile, et donc, c'est le moment où les politiques doivent justement être en première ligne, responsables, avec sang-froid mais aussi avec créativité. Donc c'est dans cet esprit que j'anime notre majorité.
Pardon de revenir à la crise, mais le Premier ministre continue d'appeler à "l'unité nationale". Pour le PS et le MoDem, c'est toujours "non", à moins que le Gouvernement s'engage à revoir sa politique, "erronée", selon F. Bayrou. Vous êtes pour ce débat, vous, en tant que président du groupe UMP à l'Assemblée ?
De manière générale, je suis toujours pour les débats, ça permet de mettre les gens au pied du mur ; on l'a vu sur l'Afghanistan. Les socialistes, qui critiquaient sans arrêt, on les a vus à la tribune : ils ont fait un discours totalement incompréhensible, personne ne sait aujourd'hui ce qu'ils pensaient de la question de la présence française en Afghanistan. Même chose sur la crise économique. Au contraire, je trouve que les débats c'est très bien. Ce que j'aimerais - c'est pour cela que je pense que l'unité nationale en cette période c'est quand même une bonne chose -, ce que j'aimerais, c'est savoir si les socialistes ont même un début de proposition, ou même Bayrou. C'est bien gentil de taper pour taper, critiquer pour critiquer. Mais ce que les gens regardent, c'est quelles sont les propositions alternatives. Il y a mieux à faire, il faut qu'il y ait moins d'Etat en ce moment, il faut qu'on soit absent des interventions, les banques qui ont été en difficulté, il fallait qu'on les laisse couler ? Il ne faut pas intervenir sur les programmes de construction de logements ? Enfin, écoutez, je ne sais pas... ! Je veux bien avoir l'avis de monsieur Hollande sur le sujet, plutôt que de juste critiquer, critiquer, critiquer ! Je le dis d'autant plus que vous savez, quand on était dans l'opposition, nous aussi il y a quelques années, on est tombés dans ce travers. La droite, il y a dix ans, c'était le PS d'aujourd'hui, il ne faut pas se tromper. Je voudrais que ça change, parce que je pense que maintenant on a changé de temps, d'époque, et que les idéologies, elles n'ont plus grand-chose à voir avec ce qu'on doit faire pour le pays demain.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 octobre 2008