Texte intégral
Je suis très heureuse d'être ici, parmi vous, pour ces troisièmes journées nationales des maisons des adolescents. Car la création de ces structures est une initiative remarquable que je veux aujourd'hui saluer.
Depuis 2004, les Maisons des adolescents rendent des services immenses à tant d'adolescents et à tant de familles. Grâce à leur ouverture sur la vie et sur la ville. Grâce à leur pluridisciplinarité.
Car un adolescent ne peut être pris en charge qu'en relation avec sa famille et son milieu. Car il ne peut être soigné que dans un cadre qui favorise les synergies entre le soin, l'éducation, les services sociaux, les points d'accueil écoute jeunes, les réseaux d'écoute d'appui et d'accompagnement des parents ... car un adolescent est un, et seule une approche globale et pas uniquement sanitaire peut lui apporter l'aide qui convient.
Je veux remercier tout particulièrement Mr le Docteur Genvresse pour son engagement dans ce projet mais aussi l'ensemble des soignants et des aidants qui lui donnent du corps et du coeur.
Le thème de votre colloque « adolescence limite - limite de l'adolescence » est passionnant, car il pose d'emblée la question de ce qu'est en soi l'adolescence, et de pourquoi l'adolescence peut si facilement devenir un âge de quête parfois chaotique.... Et je sais de quoi je parle !
Il y a une cinquantaine d'années, on considérait que l'on passait directement de l'enfance à l'âge adulte. L'adolescence a été reconnue comme telle avec ses spécificités depuis fort peu de temps. C'est une période de transition, de passage, de devenir. L'âge de toutes les fragilités. Et en même temps l'âge de la construction.
et la fin de la l'adolescence, ce serait parfois, v comme le dit si bien Marcel Rufo, le moment où les jeunes arrêtent de porter leur linge à laver chez leurs parents...
Je suis venue tout d'abord pour témoigner de ma mobilisation en tant que Secrétaire d'Etat chargée de la famille face à un fléau trop souvent méconnu : 900 000 jeunes présentent une souffrance psychique, ce qui représente 15% des adolescents. Autre chiffre non moins inquiétant, seuls 14 % d'entre eux font appel à un médecin pour parler de leur souffrance. .... Et que dire de ceux qui n'en parlent pas...
Et quand un adolescent souffre, c'est toute la famille d'une manière ou d'une autre qui souffre.
Très souvent, les appels à l'aide de ces adolescents sont difficiles à percevoir pour les parents. Parfois, c'est le corps qui traduit cette souffrance, avec automutilation, troubles des conduites alimentaires, expression physique de troubles tels que l'anxiété ou les phobies.
Très souvent, les adultes, qu'il s'agisse des parents ou des professionnels au contact des adolescents, les enseignants et éducateurs notamment, perçoivent difficilement les difficultés que ressent l'adolescent. Ils sont même en profond désarroi ou ne peuvent comprendre ce qui se passe chez le jeune qu'ils ont devant eux.
c'est pourquoi il est indispensable de permettre aux membres d'une même famille de se parler pour dénouer des situations que l'on croyait totalement et irrémédiablement bloquées. C'est bien l'objet des groupes de parole ou des lieux de médiation que vous mettez en place.
c'est la raison pour laquelle les Maisons des Adolescents sont un outil si précieux tant pour les jeunes que pour les familles. C'est un lieu d'écoute pour tous, de parole, de soins quand il le faut, de médiation, qui permet de renouer le dialogue et la confiance ?. C'est à ce titre que j'ai souhaité être là, en tant que Secrétaire d'Etat à la Famille.
Je suis aussi parmi vous pour soutenir cette remarquable initiative, dont le gouvernement a su faire une politique. C'est pourquoi le Premier ministre a souhaité que soit créée une maison des adolescents pour les jeunes en grande vulnérabilité par département d'ici deux ans
Depuis 2005, 57 projets de maisons des adolescents, conformes à ce cahier des charges, ont bénéficié d'une aide au démarrage attribuée par le ministère en charge de la famille pour un montant de 8,7 millions d'euros . Beaucoup d'entre elles sont représentées ici aujourd'hui.
Ainsi :
1) J'ai souhaité que le site Internet du ministère en charge de la famille consacre un espace dédié aux maisons des adolescents, tant aux ados qui souhaiteraient mieux les connaître qu'aux porteurs de projets et responsables des structures, mais aussi bien entendu aux parents qui doivent à la fois prendre conscience de leur rôle et savoir vers qui s'orienter en cas de difficulté. J'ai d'ailleurs chargé la délégation interministérielle à la famille de collecter auprès de vous les renseignements indispensables et pratiques à mettre en ligne sur le site du ministère. Certains d'entre vous ont déjà répondu au questionnaire, la mise en ligne de ces informations se fera dans les toutes prochaines semaines.
2) J'ai également décidé de compléter le financement du de votre bus hauteur de 25 000 euros. Car il permet d'aller au plus près des jeunes et des parents en souffrance qui ne peuvent se rendre pour de multiples raisons à la MDA. Je suis heureuse de vous aider dans ce type de projets.
3) Je souhaite aussi contribuer sur le financement du programme Famille à l'autre projet que vous m'avez décrit - l'appartement thérapeutique- qui permet à l'adolescent en souffrance de prendre de la distance avec son entourage pour mieux repartir. La création d' un espace serein et neutre permet, j'en suis certaine, une meilleure reprise du dialogue entre les proches et la familles.
L'ampleur du phénomène de mal-être chez les jeunes interroge sur la perte de sens de notre société, sur le vacillement des repères et sur l'absence de valeurs pérennes. Et la famille en est une. Car toutes les évolutions de la famille ne font que tourner autour d'un noyau solide et inébranlable, quelque soit le mode de vie choisi de nos concitoyens.
Notre politique ne s'attaque pas uniquement aux symptômes, mais cherche à atteindre la racine de ces maux ; d'une réponse nécessairement sanitaire nous devons passer à une réponse plus globale.
Le mal-être des jeunes a bien souvent pour origine des traumatismes ou des violences qui ne leur ont pas permis de vivre cette jeunesse. Vous évoquez dans le titre de votre colloque les limites de l'adolescence. Voilà bien une réponse : laissons vivre aux jeunes leur jeunesse. Et ne leur soumettons pas des images insupportables. C'est tout le sens de mon action résolue en faveur de la protection de l'enfance et de manière plus générale de la jeunesse. Et c'est tout le sens de mon combat contre la pédopornographie sur Internet.
Ainsi, afin de mieux garantir la sécurité de nos jeunes sur Internet, le CSA (Conseil Supérieur de l'audiovisuel) va lancer une expérimentation sur l'extension de sa mission de protection de l'enfance à Internet en lien avec mon Secrétariat d'état. J'en ai assez de ces images abjectes et épouvantables qui traînent sur Internet. J'en ai assez que nos jeunes soient confrontés à autant de messages de haine totalement gratuite. La mise en place d'une régulation de l'Internet sur ce thème aura des effets extrêmement bénéfiques en endiguant toue cette perversité.
Je vais également lancer une campagne en partenariat avec le CSA et l'Education Nationale sur l'éducation aux médias avant la fin de l'année. Car nos jeunes doivent savoir choisir et distinguer entre des programmes qui ne relèvent pas de leur âge et de leur maturité. Ils doivent savoir faire preuve de discernement en ayant conscience du degré de réalité des images qu'ils voient. Très concrètement, pour reprendre un thème que je pense particulièrement important pour la santé mentale de nos jeunes, ils doivent savoir que les images de sexe diffusées à la télé ne représentent pas forcément la réalité d'un rapport charnel entre deux êtres, et qu'une relation affective représente autre chose que de la pornographie. C'est un chantier immense, mais nous devons relever ce défi si nous ne voulons pas que les adolescents aient une vision déformée, voire pervertie, de la vie. Une vision très souvent traumatisante.
Notre jeunesse est notre richesse. Nous devons concourir ensemble à la préserver en soutenant aujourd'hui le bien-être de nos jeunes qui seront les adultes de demain. C'est ce que vous faites au quotidien. C'est ce que je tente moi aussi de faire.
Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 21 octobre 2008