Texte intégral
R. Sicard.- Avant de parler de l'immigration, de l'intégration, je voudrai revenir sur le titre du journal Libération ce matin, titre sur Internet d'ailleurs, puisque les journaux ne sont pas distribués. Libération revient sur cette affaire d'une Equatorienne qui a voulu scolariser sa fille dans le 5ème arrondissement, elle a été dénoncée par un fonctionnaire et convoquée au commissariat. Est-ce que ça veut dire qu'il y a des nouvelles directives qui sont données en mairie de ce point de vue-là ?
Non. Il y a une réalité, un principe simple, c'est que comme dans tous les pays du monde, le droit à la scolarisation est un droit qui ne souffre pas d'être contesté, quelle que soit la situation de la famille. Ca signifie très concrètement qu'en France, un enfant est scolarisé parce qu'il ne faut pas empêcher naturellement son avenir. Et donc, il y a cette règle dans la France de Jules Ferry, on a le droit et la possibilité, quelle que soit la situation de la famille, d'être inscrit à l'école. Simplement, ce qui est vrai, c'est qu'être inscrit à l'école ne donne pas un droit automatique à une régularisation de la famille. Vous comprenez bien que l'objectif, ce n'est pas de créer de nouvelles filières d'immigration. Ce n'est pas l'objectif.
Oui, mais l'enfant ne va pas aller s'inscrire tout seul, c'est les parents qui vont l'inscrire. S'il est dénoncé le parent...
Vous avez observé la politique que je mène. Je suis ministre de l'Immigration et de ces questions depuis le mois de mai 2007, il n'y a pas eu une seule fois, pas une seule fois, une interpellation à proximité des écoles.
Donc il n'y a pas de nouvelle directive ?
C'est toujours la même politique qui s'applique.
C'est un fonctionnaire qui a fait du zèle ?
Vous pouvez l'interpréter comme ça.
Les chiffres de reconduite à la frontière, vous en parliez hier à l'Assemblée nationale. Ce sont des chiffres qui sont en augmentation. L'objectif c'est quoi ? On en est où ?
D'abord, il y a un principe qui doit être clair : le président de la République et le Premier ministre m'ont fixé des objectifs, ces objectifs seront atteints. Quels sont les objectifs ? C'est naturellement la lutte contre les fraudes. Fraude à ceux qui viennent sur le territoire sans y avoir été autorisés. Fraude de travailleurs qui travaillent avec des faux papiers, des faux papiers falsifiés. Fraude des employeurs qui exploitent précisément ces salariés avec des faux papiers. Fraude de tous ceux qui en réalité profitent, c'est-à-dire ces véritables pirates qui rackettent des populations en leur demandant des sommes hallucinantes pour venir sur le territoire français. J'ai engagé ce combat contre les fraudes et ce combat sera gagné. Alors, concernant les reconduites, de quoi s'agit til ? Il s'agit encore une fois d'un principe simple, l'application d'un principe simple. Quels sont les principes de la politique d'immigration française ? Un, notre pays a le droit, comme tous les pays du monde, de choisir qui il veut et qui il peut accueillir sur son territoire. Deux, un étranger en situation légale, c'est-à-dire qui est venu avec une autorisation, et qui a la volonté de s'intégrer et qui partage nos valeurs, qui travaille, doit bénéficier, pour l'essentiel, des mêmes droits économiques et sociaux que tout citoyen. Trois, et c'est là votre question et votre remarque, un étranger en situation irrégulière a vocation à être reconduit dans son pays d'origine. Qu'est-ce que c'est en situation irrégulière ? C'est tout simplement quelqu'un qui a menti sur le motif de sa venue sur le territoire. Il est donc en infraction avec la loi et je suis là pour faire respecter la loi. Encore une fois, il y a des exceptions sanitaires, humaines, sociales, au nom des liberté, et ainsi de suite. Mais ce sont les trois principes.
Mais là, pour les six premiers mois de l'année, le chiffre de reconduite à la frontière est supérieur à tout ce qu'il était pour l'année précédente.
Non, c'est sur les neuf premiers mois de l'année.
Pour les neuf premiers mois de l'année...
Mais j'ai, au-delà de ça...
Est-ce que, comme le disent vos adversaires, il y a une volonté de faire du chiffre ?
Pas du tout. Il y a une volonté d'adresser un message simple et compréhensible : pour venir sur le territoire français, encore une fois comme pour tous les pays du monde qui sont concernés par l'immigration, il faut y être autorisé. Vous-même, quand on veut venir chez vous, on vous demande l'autorisation, on ne vient pas sans vous demander votre avis. Eh bien là, c'est la même chose. Nous disons, il faut appliquer ce principe - en France comme d'ailleurs partout, dans tous les pays qui sont concernés par l'immigration -, pour venir, il faut y être autorisé. Il ne faut pas mentir sur les raisons de la venue. Il ne faut pas demander un visa touristique de trois mois et puis, tout d'un coup, disparaître dans la nature. Il faut respecter les règles. Mais pardon R. Sicard, la vraie nouvelle, la vraie nouveauté, ce qui est une rupture totale avec ce qui se pratiquait précédemment et qui montre que le message est en train d'être compris et partagé, c'est que parmi ces reconduites, il y avait, il y a deux ans, simplement 7 % qui se faisaient de manière volontaire. Vraisemblablement, nous terminerons l'année aux alentours de plus du tiers, 33 à 35 %. C'est une rupture.
Alors c'est quoi, c'est l'aide au retour qui fonctionne ?
Cela signifie tout simplement d'ailleurs que le message que je viens de développer est un message qui est compris. C'est un message qui est entendu. On ne reste pas sur le territoire français si on n'y est pas autorisé. Et simplement, je veux accompagner le retour, je veux que ceux qui repartent puissent avoir un avenir, qu'ils puissent concrètement, dans les pays terres d'immigration, c'est-à-dire en gros, pour nous essentiellement, dans les pays et territoires d'Afrique subsaharienne, avec lesquels je discute, avec lesquels nous sommes amis, avec lesquels nous avons des liens, eh bien je veux qu'ils puissent bâtir un avenir sur place. Et c'est ça qui est formidable, c'est que plus du tiers sera des retours, des reconduites, sera effectué de manière volontaire. C'est la véritable rupture dans la politique d'immigration française.
Cette année, il y aura combien de reconduites à la frontière en tout ?
Je n'en sais rien. Je vous redis simplement, le président de la République et le Premier ministre m'ont fixé des objectifs, ces objectifs...
C'est 26.000...
...de lutte contre toutes les fraudes, pas simplement cet aspect-là, puisque vous n'évoquez qu'une toute petite partie de la politique que je mène, c'est un des éléments, ce n'est pas le tout, ce n'est pas l'alpha et l'oméga, c'est un des éléments. Les objectifs qui m'ont été fixés seront atteints.
Est-ce qu'il vous faut des moyens supplémentaires, comme on a cru le comprendre ?
Non, j'ai dit qu'il fallait faire attention parce que le nombre de demandeurs d'asile augmente. Qu'est-ce que c'est les demandeurs d'asile ? En réalité, c'est ceux qui ne sont pas protégés dans leur pays en fonction de convictions philosophiques, religieuses, politiques, et ainsi de suite. Il y a une baisse de 40 % sur les deux années précédentes, il y a une augmentation de 12,7 % cette année, donc vraisemblablement, ceci a un coût. Mais ça, c'est l'honneur et la grandeur de la France, en matière de réfugiés, c'est-à-dire ceux qui sont persécutés, eh bien la France fait partie des trois pays au monde les plus accueillants, les plus ouverts et donc les plus attentifs pour respect des libertés.
On parlait d'"immigration choisie", ça veut dire qu'on prend des immigrés, on choisit des immigrés là où l'économie en a besoin. Est-ce qu'avec la crise économique, il va y avoir un nouveau tour de vis, parce qu'il y aura moins besoin d'immigrés ?
Non mais qu'est-ce que cela veut dire ? D'abord, ce n'est pas l'immigration simplement choisie, c'est une immigration choisie et concertée, c'est-à-dire que moi je suis un homme de dialogue, le président de la République m'a demandé de nouer le dialogue avec les pays terres d'immigration. Deux immigrés sur trois qui arrivent sur notre territoire proviennent du continent africain. Moi, je suis le ministre de l'Immigration, je suis ministre de l'Intégration, c'est-à-dire que je suis le ministre des immigrés légaux, de ceux qui ont la volonté de s'intégrer, je suis là aussi pour les défendre. Maîtriser les flux migratoires, défendre les immigrés légaux.
Mais est-ce que la crise économique, ça veut dire un nouveau tour de vis ou pas ?
Nous sommes aujourd'hui à la crise financière, nous n'en sommes pas à la crise économique, mais s'il y avait une crise économique, avec des conséquences sur l'emploi, l'ensemble de la communauté nationale, quelles que soient ses origines, sera naturellement hélas touchée.
Au niveau européen, il y a un pacte sur l'immigration qui a été signé, ça veut dire quoi ? Ca veut dire que l'Europe va devenir une forteresse ?
Non, c'est exactement le principe d'un équilibre. Nous voulons bâtir une Europe qui ne soit ni une forteresse, ni un bunker, mais pas non plus une passoire. Et ce qui est exceptionnel, et ce qui démontre que la politique que nous menons est juste et équilibrée, c'est que tous les pays d'Europe, quelle que soit leur situation géographique, que ce soit la Grèce, Chypre, la Slovénie, la République tchèque ou les cinq pays, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, le Royaume Uni, la France qui concentrent 80 % des flux migratoires, nous sommes tous d'accord. Au-delà des situations géographiques, et quelle que soit la situation politique, des communistes chypriotes, des socialistes espagnols, nous bâtissons ensemble une politique qui est une politique de l'immigration, encore une fois, juste, c'est-à-dire qu'on maîtrise les flux migratoires, on organise l'immigration légale et qu'on lutte contre l'immigration illégale. Voilà des principes communs sur lesquels on s'est tous mis d'accord à l'unanimité.
La semaine prochaine, il y a une conférence sur l'intégration au niveau européen, ça va servir à quoi ?
C'est très simple. J'ai souhaité - moi je suis un élu auvergnat - qu'il y ait une conférence qui se tienne à Vichy, parce que c'est une ville qui est capable d'accueillir des réunions importantes...
Il y a eu une petite polémique là-dessus...
Mais il n'en demeure pas moins que nous avons à faire face à un gigantesque défi, l'intégration. Il n'y a aucun pays qui ait parfaitement réussi et pendant deux jours, on va réfléchir, confronter, comparer les initiatives et je suis sûr que nous arriverons à retenir des uns et les autres des propositions pour mieux intégrer ceux qui ont la volonté d'y parvenir.
Juste un mot sur la poupée vaudou de N. Sarkozy : il a demandé le retrait de la vente de cette poupée, il n'a pas obtenu gain de cause. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
D'abord, N. Sarkozy n'est pas le premier président de la République ainsi à saisir les tribunaux. Vous avez eu ça avec G. Pompidou dans les années 70, parce que son image était accolée à la publicité d'un bateau. Vous avez eu V. Giscard d'Estaing qui l'a fait quelques années plus tard, parce qu'il y avait un jeu des Sept familles qui s'appelait "la giscarte". N. Sarkozy, c'est très simple, il n'est pas au-dessus des lois, mais il ne doit pas être en dessous des lois non plus. Et donc, il a eu raison de porter plainte, parce qu'il considérait que distribuer un jeu dans lequel il y a une poupée avec douze aiguilles et un jeu de 56 cartes plus que satyrique, il a eu raison de le faire. Il a décidé de faire appel, il l'a fait comme tout citoyen français.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 novembre 2008
Non. Il y a une réalité, un principe simple, c'est que comme dans tous les pays du monde, le droit à la scolarisation est un droit qui ne souffre pas d'être contesté, quelle que soit la situation de la famille. Ca signifie très concrètement qu'en France, un enfant est scolarisé parce qu'il ne faut pas empêcher naturellement son avenir. Et donc, il y a cette règle dans la France de Jules Ferry, on a le droit et la possibilité, quelle que soit la situation de la famille, d'être inscrit à l'école. Simplement, ce qui est vrai, c'est qu'être inscrit à l'école ne donne pas un droit automatique à une régularisation de la famille. Vous comprenez bien que l'objectif, ce n'est pas de créer de nouvelles filières d'immigration. Ce n'est pas l'objectif.
Oui, mais l'enfant ne va pas aller s'inscrire tout seul, c'est les parents qui vont l'inscrire. S'il est dénoncé le parent...
Vous avez observé la politique que je mène. Je suis ministre de l'Immigration et de ces questions depuis le mois de mai 2007, il n'y a pas eu une seule fois, pas une seule fois, une interpellation à proximité des écoles.
Donc il n'y a pas de nouvelle directive ?
C'est toujours la même politique qui s'applique.
C'est un fonctionnaire qui a fait du zèle ?
Vous pouvez l'interpréter comme ça.
Les chiffres de reconduite à la frontière, vous en parliez hier à l'Assemblée nationale. Ce sont des chiffres qui sont en augmentation. L'objectif c'est quoi ? On en est où ?
D'abord, il y a un principe qui doit être clair : le président de la République et le Premier ministre m'ont fixé des objectifs, ces objectifs seront atteints. Quels sont les objectifs ? C'est naturellement la lutte contre les fraudes. Fraude à ceux qui viennent sur le territoire sans y avoir été autorisés. Fraude de travailleurs qui travaillent avec des faux papiers, des faux papiers falsifiés. Fraude des employeurs qui exploitent précisément ces salariés avec des faux papiers. Fraude de tous ceux qui en réalité profitent, c'est-à-dire ces véritables pirates qui rackettent des populations en leur demandant des sommes hallucinantes pour venir sur le territoire français. J'ai engagé ce combat contre les fraudes et ce combat sera gagné. Alors, concernant les reconduites, de quoi s'agit til ? Il s'agit encore une fois d'un principe simple, l'application d'un principe simple. Quels sont les principes de la politique d'immigration française ? Un, notre pays a le droit, comme tous les pays du monde, de choisir qui il veut et qui il peut accueillir sur son territoire. Deux, un étranger en situation légale, c'est-à-dire qui est venu avec une autorisation, et qui a la volonté de s'intégrer et qui partage nos valeurs, qui travaille, doit bénéficier, pour l'essentiel, des mêmes droits économiques et sociaux que tout citoyen. Trois, et c'est là votre question et votre remarque, un étranger en situation irrégulière a vocation à être reconduit dans son pays d'origine. Qu'est-ce que c'est en situation irrégulière ? C'est tout simplement quelqu'un qui a menti sur le motif de sa venue sur le territoire. Il est donc en infraction avec la loi et je suis là pour faire respecter la loi. Encore une fois, il y a des exceptions sanitaires, humaines, sociales, au nom des liberté, et ainsi de suite. Mais ce sont les trois principes.
Mais là, pour les six premiers mois de l'année, le chiffre de reconduite à la frontière est supérieur à tout ce qu'il était pour l'année précédente.
Non, c'est sur les neuf premiers mois de l'année.
Pour les neuf premiers mois de l'année...
Mais j'ai, au-delà de ça...
Est-ce que, comme le disent vos adversaires, il y a une volonté de faire du chiffre ?
Pas du tout. Il y a une volonté d'adresser un message simple et compréhensible : pour venir sur le territoire français, encore une fois comme pour tous les pays du monde qui sont concernés par l'immigration, il faut y être autorisé. Vous-même, quand on veut venir chez vous, on vous demande l'autorisation, on ne vient pas sans vous demander votre avis. Eh bien là, c'est la même chose. Nous disons, il faut appliquer ce principe - en France comme d'ailleurs partout, dans tous les pays qui sont concernés par l'immigration -, pour venir, il faut y être autorisé. Il ne faut pas mentir sur les raisons de la venue. Il ne faut pas demander un visa touristique de trois mois et puis, tout d'un coup, disparaître dans la nature. Il faut respecter les règles. Mais pardon R. Sicard, la vraie nouvelle, la vraie nouveauté, ce qui est une rupture totale avec ce qui se pratiquait précédemment et qui montre que le message est en train d'être compris et partagé, c'est que parmi ces reconduites, il y avait, il y a deux ans, simplement 7 % qui se faisaient de manière volontaire. Vraisemblablement, nous terminerons l'année aux alentours de plus du tiers, 33 à 35 %. C'est une rupture.
Alors c'est quoi, c'est l'aide au retour qui fonctionne ?
Cela signifie tout simplement d'ailleurs que le message que je viens de développer est un message qui est compris. C'est un message qui est entendu. On ne reste pas sur le territoire français si on n'y est pas autorisé. Et simplement, je veux accompagner le retour, je veux que ceux qui repartent puissent avoir un avenir, qu'ils puissent concrètement, dans les pays terres d'immigration, c'est-à-dire en gros, pour nous essentiellement, dans les pays et territoires d'Afrique subsaharienne, avec lesquels je discute, avec lesquels nous sommes amis, avec lesquels nous avons des liens, eh bien je veux qu'ils puissent bâtir un avenir sur place. Et c'est ça qui est formidable, c'est que plus du tiers sera des retours, des reconduites, sera effectué de manière volontaire. C'est la véritable rupture dans la politique d'immigration française.
Cette année, il y aura combien de reconduites à la frontière en tout ?
Je n'en sais rien. Je vous redis simplement, le président de la République et le Premier ministre m'ont fixé des objectifs, ces objectifs...
C'est 26.000...
...de lutte contre toutes les fraudes, pas simplement cet aspect-là, puisque vous n'évoquez qu'une toute petite partie de la politique que je mène, c'est un des éléments, ce n'est pas le tout, ce n'est pas l'alpha et l'oméga, c'est un des éléments. Les objectifs qui m'ont été fixés seront atteints.
Est-ce qu'il vous faut des moyens supplémentaires, comme on a cru le comprendre ?
Non, j'ai dit qu'il fallait faire attention parce que le nombre de demandeurs d'asile augmente. Qu'est-ce que c'est les demandeurs d'asile ? En réalité, c'est ceux qui ne sont pas protégés dans leur pays en fonction de convictions philosophiques, religieuses, politiques, et ainsi de suite. Il y a une baisse de 40 % sur les deux années précédentes, il y a une augmentation de 12,7 % cette année, donc vraisemblablement, ceci a un coût. Mais ça, c'est l'honneur et la grandeur de la France, en matière de réfugiés, c'est-à-dire ceux qui sont persécutés, eh bien la France fait partie des trois pays au monde les plus accueillants, les plus ouverts et donc les plus attentifs pour respect des libertés.
On parlait d'"immigration choisie", ça veut dire qu'on prend des immigrés, on choisit des immigrés là où l'économie en a besoin. Est-ce qu'avec la crise économique, il va y avoir un nouveau tour de vis, parce qu'il y aura moins besoin d'immigrés ?
Non mais qu'est-ce que cela veut dire ? D'abord, ce n'est pas l'immigration simplement choisie, c'est une immigration choisie et concertée, c'est-à-dire que moi je suis un homme de dialogue, le président de la République m'a demandé de nouer le dialogue avec les pays terres d'immigration. Deux immigrés sur trois qui arrivent sur notre territoire proviennent du continent africain. Moi, je suis le ministre de l'Immigration, je suis ministre de l'Intégration, c'est-à-dire que je suis le ministre des immigrés légaux, de ceux qui ont la volonté de s'intégrer, je suis là aussi pour les défendre. Maîtriser les flux migratoires, défendre les immigrés légaux.
Mais est-ce que la crise économique, ça veut dire un nouveau tour de vis ou pas ?
Nous sommes aujourd'hui à la crise financière, nous n'en sommes pas à la crise économique, mais s'il y avait une crise économique, avec des conséquences sur l'emploi, l'ensemble de la communauté nationale, quelles que soient ses origines, sera naturellement hélas touchée.
Au niveau européen, il y a un pacte sur l'immigration qui a été signé, ça veut dire quoi ? Ca veut dire que l'Europe va devenir une forteresse ?
Non, c'est exactement le principe d'un équilibre. Nous voulons bâtir une Europe qui ne soit ni une forteresse, ni un bunker, mais pas non plus une passoire. Et ce qui est exceptionnel, et ce qui démontre que la politique que nous menons est juste et équilibrée, c'est que tous les pays d'Europe, quelle que soit leur situation géographique, que ce soit la Grèce, Chypre, la Slovénie, la République tchèque ou les cinq pays, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, le Royaume Uni, la France qui concentrent 80 % des flux migratoires, nous sommes tous d'accord. Au-delà des situations géographiques, et quelle que soit la situation politique, des communistes chypriotes, des socialistes espagnols, nous bâtissons ensemble une politique qui est une politique de l'immigration, encore une fois, juste, c'est-à-dire qu'on maîtrise les flux migratoires, on organise l'immigration légale et qu'on lutte contre l'immigration illégale. Voilà des principes communs sur lesquels on s'est tous mis d'accord à l'unanimité.
La semaine prochaine, il y a une conférence sur l'intégration au niveau européen, ça va servir à quoi ?
C'est très simple. J'ai souhaité - moi je suis un élu auvergnat - qu'il y ait une conférence qui se tienne à Vichy, parce que c'est une ville qui est capable d'accueillir des réunions importantes...
Il y a eu une petite polémique là-dessus...
Mais il n'en demeure pas moins que nous avons à faire face à un gigantesque défi, l'intégration. Il n'y a aucun pays qui ait parfaitement réussi et pendant deux jours, on va réfléchir, confronter, comparer les initiatives et je suis sûr que nous arriverons à retenir des uns et les autres des propositions pour mieux intégrer ceux qui ont la volonté d'y parvenir.
Juste un mot sur la poupée vaudou de N. Sarkozy : il a demandé le retrait de la vente de cette poupée, il n'a pas obtenu gain de cause. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
D'abord, N. Sarkozy n'est pas le premier président de la République ainsi à saisir les tribunaux. Vous avez eu ça avec G. Pompidou dans les années 70, parce que son image était accolée à la publicité d'un bateau. Vous avez eu V. Giscard d'Estaing qui l'a fait quelques années plus tard, parce qu'il y avait un jeu des Sept familles qui s'appelait "la giscarte". N. Sarkozy, c'est très simple, il n'est pas au-dessus des lois, mais il ne doit pas être en dessous des lois non plus. Et donc, il a eu raison de porter plainte, parce qu'il considérait que distribuer un jeu dans lequel il y a une poupée avec douze aiguilles et un jeu de 56 cartes plus que satyrique, il a eu raison de le faire. Il a décidé de faire appel, il l'a fait comme tout citoyen français.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 novembre 2008