Texte intégral
Q - Réunion extraordinaire des dirigeants européens. Quelles sont vos ambitions Monsieur Jouyet ?
R - D'abord la régulation. Je pense qu'il y a un consensus entre Etats européens pour promouvoir l'idée que le FMI doit voir son rôle renforcé dans ce domaine, que nous devons avoir quelques principes simples. Il faut réglementer les acteurs qui sont non régulés. Il faut améliorer le fonctionnement de la finance sans pour autant la tuer.
Q - Traditionnellement on peut penser que ce sont les Britanniques qui sont les plus rétifs à l'idée d'une régulation financière. Est-ce que c'est le cas en ce moment ?
R - Les Britanniques se sont aperçus des limites de l'absence de régulation. Mais je reconnais qu'ils ont une tradition fondée sur l'autorégulation. Il faudra que l'on discute avec eux. Les Britanniques se sont aperçus que les comportements de risques excessifs mettaient en cause l'ensemble de la sécurité du système. Ils ont évité de peu des queues d'épargnants et de déposants dans la rue. Ils souhaiteront, comme les autres, avoir plus d'éthique dans le fonctionnement de la régulation financière internationale. Sur le reste, nous allons travailler sur les sujets techniques. La nouvelle administration américaine est en faveur d'une nouvelle régulation internationale. Le président élu, Barack Obama, l'a dit : "l'ère de l'absence de régulation est terminée". C'est un point important à prendre en compte lorsque vous abordez cette série de sommets.
Q - Il y a l'autre aspect, l'économie réelle, entendons-nous sur ce terme. On a l'impression que la France a remis de la tension dans l'ensemble du processus qui aurait pu amener à l'ébauche d'un plan de relance commun ?
R - Non, je ne partage absolument pas votre avis. Ce que nous disons, c'est qu'il vaut mieux avoir une union économique plutôt que des réponses nationales désordonnées, parce qu'il y a une influence de la crise financière sur la situation économique réelle. La Banque centrale européenne a pris ses responsabilités, réduit les taux d'intérêt de 0,5 %. Son président, M. Trichet, a été véritablement une des personnalités qui est ressortie renforcée de cette période de crise financière, comme le président Sarkozy ou comme Gordon Brown. Il me paraît normal que l'Eurogroupe prenne ses responsabilités.
Q - Mais comment en arrive-t-on à un point tel que l'Allemagne refuse une phrase qui se contentait d'imaginer que l'on puisse ébaucher des solutions communes ? C'est bien qu'il y a une erreur tactique qui a été commise par la France.
R - Pourquoi ne voulez-vous pas que ce soit une erreur de fond de l'Allemagne ?
Q - D'accord, mais parce que vous êtes diplomate et que la rupture est toujours une erreur Monsieur Jouyet.
R - Nous ne voulons pas de rupture mais une entente et, au contraire, la coordination et l'union. Il faut, bien sûr, qu'il y ait des solutions communes. En cas de crise, il faut être pragmatique. Ce n'est pas la tactique qui est importante. Nous sommes face à des questions de fond. Celle qui est posée aujourd'hui face à la crise économique c'est : Est-ce que nous voulons plus d'union et de coordination ? Vous savez, à un moment donné, les choses sont assez simples et assez binaires.
Q - La réponse de nos partenaires, c'est non ?
R - Nous verrons, compte tenu des dernières prévisions du Fonds monétaire international et de la Commission européenne, si nous pourrons et combien de temps nous pourrons nous soustraire au devoir européen, qui est avant tout, comme son nom l'indique, l'union. Je crois que les opinions publiques attendent partout en Europe de la coordination et de l'union et qu'elles savent bien que face à une crise de cette dimension, les attitudes nationales et désordonnées ne sont pas une bonne réponse.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 novembre 2008
R - D'abord la régulation. Je pense qu'il y a un consensus entre Etats européens pour promouvoir l'idée que le FMI doit voir son rôle renforcé dans ce domaine, que nous devons avoir quelques principes simples. Il faut réglementer les acteurs qui sont non régulés. Il faut améliorer le fonctionnement de la finance sans pour autant la tuer.
Q - Traditionnellement on peut penser que ce sont les Britanniques qui sont les plus rétifs à l'idée d'une régulation financière. Est-ce que c'est le cas en ce moment ?
R - Les Britanniques se sont aperçus des limites de l'absence de régulation. Mais je reconnais qu'ils ont une tradition fondée sur l'autorégulation. Il faudra que l'on discute avec eux. Les Britanniques se sont aperçus que les comportements de risques excessifs mettaient en cause l'ensemble de la sécurité du système. Ils ont évité de peu des queues d'épargnants et de déposants dans la rue. Ils souhaiteront, comme les autres, avoir plus d'éthique dans le fonctionnement de la régulation financière internationale. Sur le reste, nous allons travailler sur les sujets techniques. La nouvelle administration américaine est en faveur d'une nouvelle régulation internationale. Le président élu, Barack Obama, l'a dit : "l'ère de l'absence de régulation est terminée". C'est un point important à prendre en compte lorsque vous abordez cette série de sommets.
Q - Il y a l'autre aspect, l'économie réelle, entendons-nous sur ce terme. On a l'impression que la France a remis de la tension dans l'ensemble du processus qui aurait pu amener à l'ébauche d'un plan de relance commun ?
R - Non, je ne partage absolument pas votre avis. Ce que nous disons, c'est qu'il vaut mieux avoir une union économique plutôt que des réponses nationales désordonnées, parce qu'il y a une influence de la crise financière sur la situation économique réelle. La Banque centrale européenne a pris ses responsabilités, réduit les taux d'intérêt de 0,5 %. Son président, M. Trichet, a été véritablement une des personnalités qui est ressortie renforcée de cette période de crise financière, comme le président Sarkozy ou comme Gordon Brown. Il me paraît normal que l'Eurogroupe prenne ses responsabilités.
Q - Mais comment en arrive-t-on à un point tel que l'Allemagne refuse une phrase qui se contentait d'imaginer que l'on puisse ébaucher des solutions communes ? C'est bien qu'il y a une erreur tactique qui a été commise par la France.
R - Pourquoi ne voulez-vous pas que ce soit une erreur de fond de l'Allemagne ?
Q - D'accord, mais parce que vous êtes diplomate et que la rupture est toujours une erreur Monsieur Jouyet.
R - Nous ne voulons pas de rupture mais une entente et, au contraire, la coordination et l'union. Il faut, bien sûr, qu'il y ait des solutions communes. En cas de crise, il faut être pragmatique. Ce n'est pas la tactique qui est importante. Nous sommes face à des questions de fond. Celle qui est posée aujourd'hui face à la crise économique c'est : Est-ce que nous voulons plus d'union et de coordination ? Vous savez, à un moment donné, les choses sont assez simples et assez binaires.
Q - La réponse de nos partenaires, c'est non ?
R - Nous verrons, compte tenu des dernières prévisions du Fonds monétaire international et de la Commission européenne, si nous pourrons et combien de temps nous pourrons nous soustraire au devoir européen, qui est avant tout, comme son nom l'indique, l'union. Je crois que les opinions publiques attendent partout en Europe de la coordination et de l'union et qu'elles savent bien que face à une crise de cette dimension, les attitudes nationales et désordonnées ne sont pas une bonne réponse.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 novembre 2008