Texte intégral
R. Duchemin.- Bonjour J.-P. Jouyet.
Bonjour.
Secrétaire d'Etat aux Affaires européennes. Merci d'être en direct avec nous ce matin sur France Info.
Merci à vous.
Vous êtes un homme de gauche, dans un gouvernement de droite, un ami aussi de l'ex couple Hollande/Royal. Cela vous fait mal, dites-moi, aujourd'hui, de voir finalement le parti se déchirer ?
C'est une situation qui n'est pas... finalement, je veux dire la perception de la politique au-delà du Parti socialiste, par l'ensemble de nos concitoyens, de voir ce qu'est la principale force d'opposition dans cet état n'est pas une bonne chose. Ce n'est pas une bonne chose, pour personne d'ailleurs.
Et qu'est-ce que doit faire le PS, aujourd'hui, selon vous ? Il est fini, en l'état actuel ? Il peut retomber sur ses pieds, après ces déchirements ?
Non, je ne crois pas qu'on puisse dire que c'est un parti fini. Moi, si je me situe de l'extérieur, c'est un parti qui devra le moment voulu, revoir ses règles. Ce sera un déchirement qui sera long, et c'est... je veux dire qu'il y a énormément de choses à revoir dedans.
C'est un nouveau Parti socialiste qui va devoir renaître ?
Oui. Cela va prendre un peu de temps.
Alors, ça profite, d'après vous, au MoDem, à qui, à la gauche, l'extrême gauche, au Gouvernement ?
Non, moi je ne suis pas suffisamment spécialiste pour vous dire tout cela. Je crois que les... Je vous dis, ce n'est pas quelque chose qui est bon pour l'ensemble de la politique, au vu du spectacle qui est donné aux concitoyens. Donc, je crois qu'au-delà du Parti socialiste, la première victime c'est le fonctionnement de la politique en tant que telle, voilà. Mais je crois qu'après, comme vous devez avoir des éléments plus ou moins bons dans tous les camps, je crois que ce qui s'est passé serait confirmé.
J.-P. Jouyet, vous serez ce matin au Conseil des ministres franco- allemands qui se tient à l'Elysée. N. Sarkozy a planché, je crois, avec J.-M. Barroso sur les détails d'un plan de relance de la Commission. Vous pensez qu'il y a aujourd'hui dans le texte, dans l'état actuel, de quoi obtenir un feu vert allemand à ce plan de relance et aux modalités ?
Le président de la République en discutera avec la Chancelière. Je crois que le fait qu'en Europe, nous ayons besoin de soutenir l'activité, d'utiliser toutes les marges disponibles pour faire en sorte que l'investissement, que le financement de l'économie, que tout ce qui a trait à l'innovation, à la recherche, aux dépenses d'avenir, soutien aussi de la consommation - on voit bien ce qu'a fait G. Brown au Royaume- Uni...
Alors, justement, vous en pensez quoi ? La baisse de la TVA c'est une bonne initiative ?
Je pense que c'est une initiative qui est à considérer. Le problème de la baisse de la TVA c'est de regarder quels sont les taux qui existent, quelle est vraiment la réponse de la consommation à la baisse quoi est faite. Et troisièmement, quelles sont les marges budgétaires dont vous disposez. Je crois que l'Angleterre est dans une... le Royaume-Uni, pardon, est dans une situation de ( ?), et dans une situation économique qui peut le laisser penser. Il faut aussi faire attention à ce que les baisses de TVA soient bien répercutées sur le consommateur... Leur principal problème, c'est qu'ils peuvent... il y a une partie qui peut être récupérée dans les marges des entreprises, il y a aussi une partie qui doit aller directement au consommateur. Or c'est fait pour relancer la consommation. Mais enfin, ce que je retiens, c'est que l'ensemble des acteurs européens, la Commission, vous l'avez rappelé, le président de la République a rencontré le président Barroso, maintenant, ne conteste plus le fait qu'il faille bien un plan de soutien coordonné, à l'économie européenne.
Et il faut absolument le soutien massif de l'Allemagne, de Berlin, c'est ce que va s'attacher à faire aujourd'hui N. Sarkozy ? Qu'est-ce qui fait que c'est si important ? Il ne faut pas que la machine soit grippée ? Il faut absolument que l'Allemagne pèse de tout son poids dans ce plan de relance ?
L'Allemagne a déjà pris en interne des mesures de relance, donc il faut faire en sorte que les mesures allemandes soient également coordonnées avec ce qui se fait au niveau européen. Le but, c'est comment, en ce qui concerne le traitement de la crise financière, il est normal que vous ayez des actions qui soient différentes, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, que vous ayez un plan qui soit élaboré par la Commission, et on l'attend pour mercredi, et il faut que les actions nationales soient coordonnées dans un ensemble européen. Après, la véritable discussion porte sur les modalités que vous pensez mettre en oeuvre au niveau européen. On a parlé de la baisse de la TVA, c'est ce qui se fait au Royaume-Uni, ce n'est pas toujours ce qui se fait en Allemagne, mais enfin, en Allemagne, on a un qui également... un plan qui a été établi par le leader social-démocrate qui est le vice- Chancelier...
... et c'est quelque chose qu'on pourrait faire, nous, en France, cette baisse de la TVA ?
Il faut voir ce qui va être proposé par la Commission européenne, mais il est possible qu'il y ait au niveau européen des baisses ciblées de TVA. C'est quelque chose qui est en discussions.
Alors, l'Union européenne va aussi devoir travailler avec les Etats- Unis, les Etats-Unis de B. Obama.
Oui !
A priori, est-ce qu'il y a, selon vous, un moyen de s'entendre avec B. Obama et sa politique économique, celle qu'il souhaite aujourd'hui mettre en place ? On a vu qu'il nommait aujourd'hui ses responsables économiques.
Oui, il se trouve que je connais bien T. Geithner qui va être nommé secrétaire d'Etat au Trésor. Il était directeur du Trésor pendant que j'étais directeur du Trésor. C'est l'homme qui était responsable de la FED de New York. Moi, j'ai toujours pensé que ce serait lui qui serait désigné. Et, je pense qu'avec les Etats-Unis on a effectivement la possibilité de s'entendre. Dès lors que l'Europe utilise les marges disponibles pour soutenir l'activité économique, pour relancer celle-ci et pour faire qu'il y ait des mesures en termes d'investissement et de consommation, c'est ce qui se fera aux Etats-Unis. Le président Obama, le président élu, a demandé à T. Geithner qu'il y ait... qui est d'ailleurs quelqu'un qui est très pragmatique, a demandé à T. Geithner de faire en sorte qu'il y ait des mesures de soutien de l'investissement et de la consommation aussi aux Etats-Unis, et de relance d'un certain nombre de travaux, ce qu'on doit faire en Europe aussi, de financer de nouvelles infrastructures. On a des besoins nouveaux, ce serait idiot de ne pas profiter de ce ralentissement économique très fort pour au contraire investir dans les dépenses d'avenir.
J.-P. Jouyet, dernière question, vous partez bientôt du Gouvernement, ce sera pour le 15 décembre, pour la présidence de l'AMF, c'est-à-dire le gendarme de la bourse. Vous avez, dit-on, le profil idéal, c'est en tout cas ce que dit de vous F. Fillon puisque vous avez été directeur du Trésor. En pleine crise financière et économique, en France notamment, c'est quand même une lourde tâche qui vous attend.
Oui, c'est un nouveau défi, c'est une rude tâche. Il y a un besoin de régulation, il y a un besoin de régulation financière et de ses marchés, et de régulation qui doit se faire au niveau européen et international. Je pense que compte tenu de ce que j'ai fait, c'est ce qui a intéressé. Vous savez, ce n'est pas non plus sans pincement au coeur et sans nostalgie que je quitte le Gouvernement. Ce n'est jamais facile, mais enfin, on m'a fait cette proposition, on me fait confiance, j'en sais gré au Président de la République et au Premier ministre. Je vais essayer de faire de mon mieux.
Et on vous accueillera, bien sûr, avec votre nouvelle casquette. Merci beaucoup. C'est-à-dire la présidence de l'AMF. Merci d'avoir été en direct avec nous sur France Info.
Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 24 novembre 2008
Bonjour.
Secrétaire d'Etat aux Affaires européennes. Merci d'être en direct avec nous ce matin sur France Info.
Merci à vous.
Vous êtes un homme de gauche, dans un gouvernement de droite, un ami aussi de l'ex couple Hollande/Royal. Cela vous fait mal, dites-moi, aujourd'hui, de voir finalement le parti se déchirer ?
C'est une situation qui n'est pas... finalement, je veux dire la perception de la politique au-delà du Parti socialiste, par l'ensemble de nos concitoyens, de voir ce qu'est la principale force d'opposition dans cet état n'est pas une bonne chose. Ce n'est pas une bonne chose, pour personne d'ailleurs.
Et qu'est-ce que doit faire le PS, aujourd'hui, selon vous ? Il est fini, en l'état actuel ? Il peut retomber sur ses pieds, après ces déchirements ?
Non, je ne crois pas qu'on puisse dire que c'est un parti fini. Moi, si je me situe de l'extérieur, c'est un parti qui devra le moment voulu, revoir ses règles. Ce sera un déchirement qui sera long, et c'est... je veux dire qu'il y a énormément de choses à revoir dedans.
C'est un nouveau Parti socialiste qui va devoir renaître ?
Oui. Cela va prendre un peu de temps.
Alors, ça profite, d'après vous, au MoDem, à qui, à la gauche, l'extrême gauche, au Gouvernement ?
Non, moi je ne suis pas suffisamment spécialiste pour vous dire tout cela. Je crois que les... Je vous dis, ce n'est pas quelque chose qui est bon pour l'ensemble de la politique, au vu du spectacle qui est donné aux concitoyens. Donc, je crois qu'au-delà du Parti socialiste, la première victime c'est le fonctionnement de la politique en tant que telle, voilà. Mais je crois qu'après, comme vous devez avoir des éléments plus ou moins bons dans tous les camps, je crois que ce qui s'est passé serait confirmé.
J.-P. Jouyet, vous serez ce matin au Conseil des ministres franco- allemands qui se tient à l'Elysée. N. Sarkozy a planché, je crois, avec J.-M. Barroso sur les détails d'un plan de relance de la Commission. Vous pensez qu'il y a aujourd'hui dans le texte, dans l'état actuel, de quoi obtenir un feu vert allemand à ce plan de relance et aux modalités ?
Le président de la République en discutera avec la Chancelière. Je crois que le fait qu'en Europe, nous ayons besoin de soutenir l'activité, d'utiliser toutes les marges disponibles pour faire en sorte que l'investissement, que le financement de l'économie, que tout ce qui a trait à l'innovation, à la recherche, aux dépenses d'avenir, soutien aussi de la consommation - on voit bien ce qu'a fait G. Brown au Royaume- Uni...
Alors, justement, vous en pensez quoi ? La baisse de la TVA c'est une bonne initiative ?
Je pense que c'est une initiative qui est à considérer. Le problème de la baisse de la TVA c'est de regarder quels sont les taux qui existent, quelle est vraiment la réponse de la consommation à la baisse quoi est faite. Et troisièmement, quelles sont les marges budgétaires dont vous disposez. Je crois que l'Angleterre est dans une... le Royaume-Uni, pardon, est dans une situation de ( ?), et dans une situation économique qui peut le laisser penser. Il faut aussi faire attention à ce que les baisses de TVA soient bien répercutées sur le consommateur... Leur principal problème, c'est qu'ils peuvent... il y a une partie qui peut être récupérée dans les marges des entreprises, il y a aussi une partie qui doit aller directement au consommateur. Or c'est fait pour relancer la consommation. Mais enfin, ce que je retiens, c'est que l'ensemble des acteurs européens, la Commission, vous l'avez rappelé, le président de la République a rencontré le président Barroso, maintenant, ne conteste plus le fait qu'il faille bien un plan de soutien coordonné, à l'économie européenne.
Et il faut absolument le soutien massif de l'Allemagne, de Berlin, c'est ce que va s'attacher à faire aujourd'hui N. Sarkozy ? Qu'est-ce qui fait que c'est si important ? Il ne faut pas que la machine soit grippée ? Il faut absolument que l'Allemagne pèse de tout son poids dans ce plan de relance ?
L'Allemagne a déjà pris en interne des mesures de relance, donc il faut faire en sorte que les mesures allemandes soient également coordonnées avec ce qui se fait au niveau européen. Le but, c'est comment, en ce qui concerne le traitement de la crise financière, il est normal que vous ayez des actions qui soient différentes, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, que vous ayez un plan qui soit élaboré par la Commission, et on l'attend pour mercredi, et il faut que les actions nationales soient coordonnées dans un ensemble européen. Après, la véritable discussion porte sur les modalités que vous pensez mettre en oeuvre au niveau européen. On a parlé de la baisse de la TVA, c'est ce qui se fait au Royaume-Uni, ce n'est pas toujours ce qui se fait en Allemagne, mais enfin, en Allemagne, on a un qui également... un plan qui a été établi par le leader social-démocrate qui est le vice- Chancelier...
... et c'est quelque chose qu'on pourrait faire, nous, en France, cette baisse de la TVA ?
Il faut voir ce qui va être proposé par la Commission européenne, mais il est possible qu'il y ait au niveau européen des baisses ciblées de TVA. C'est quelque chose qui est en discussions.
Alors, l'Union européenne va aussi devoir travailler avec les Etats- Unis, les Etats-Unis de B. Obama.
Oui !
A priori, est-ce qu'il y a, selon vous, un moyen de s'entendre avec B. Obama et sa politique économique, celle qu'il souhaite aujourd'hui mettre en place ? On a vu qu'il nommait aujourd'hui ses responsables économiques.
Oui, il se trouve que je connais bien T. Geithner qui va être nommé secrétaire d'Etat au Trésor. Il était directeur du Trésor pendant que j'étais directeur du Trésor. C'est l'homme qui était responsable de la FED de New York. Moi, j'ai toujours pensé que ce serait lui qui serait désigné. Et, je pense qu'avec les Etats-Unis on a effectivement la possibilité de s'entendre. Dès lors que l'Europe utilise les marges disponibles pour soutenir l'activité économique, pour relancer celle-ci et pour faire qu'il y ait des mesures en termes d'investissement et de consommation, c'est ce qui se fera aux Etats-Unis. Le président Obama, le président élu, a demandé à T. Geithner qu'il y ait... qui est d'ailleurs quelqu'un qui est très pragmatique, a demandé à T. Geithner de faire en sorte qu'il y ait des mesures de soutien de l'investissement et de la consommation aussi aux Etats-Unis, et de relance d'un certain nombre de travaux, ce qu'on doit faire en Europe aussi, de financer de nouvelles infrastructures. On a des besoins nouveaux, ce serait idiot de ne pas profiter de ce ralentissement économique très fort pour au contraire investir dans les dépenses d'avenir.
J.-P. Jouyet, dernière question, vous partez bientôt du Gouvernement, ce sera pour le 15 décembre, pour la présidence de l'AMF, c'est-à-dire le gendarme de la bourse. Vous avez, dit-on, le profil idéal, c'est en tout cas ce que dit de vous F. Fillon puisque vous avez été directeur du Trésor. En pleine crise financière et économique, en France notamment, c'est quand même une lourde tâche qui vous attend.
Oui, c'est un nouveau défi, c'est une rude tâche. Il y a un besoin de régulation, il y a un besoin de régulation financière et de ses marchés, et de régulation qui doit se faire au niveau européen et international. Je pense que compte tenu de ce que j'ai fait, c'est ce qui a intéressé. Vous savez, ce n'est pas non plus sans pincement au coeur et sans nostalgie que je quitte le Gouvernement. Ce n'est jamais facile, mais enfin, on m'a fait cette proposition, on me fait confiance, j'en sais gré au Président de la République et au Premier ministre. Je vais essayer de faire de mon mieux.
Et on vous accueillera, bien sûr, avec votre nouvelle casquette. Merci beaucoup. C'est-à-dire la présidence de l'AMF. Merci d'avoir été en direct avec nous sur France Info.
Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 24 novembre 2008