Texte intégral
Q - Comment a-t-on perçu dans les milieux français des ONG et de la coopération décentralisée, les nouvelles orientations de la politique française de coopération ?
R - Puisquil y a quelques représentants des ONG dans la salle, je serais tenté de les inviter à répondre à une question qui me parait leur être directement adressée. Je veux simplement faire observer que cest aussi pour prendre en compte le souhait de ces ONG de voir renouveler notre dialogue avec les pays partenaires - et peut-être accorder une plus large place aussi à la société civile - que nous avons conduit cette réforme de la Coopération. Je serais triste si les ONG nadhéraient pas à cette réforme mais je suis convaincu du contraire pour avoir rencontré plusieurs de leurs dirigeants. Mais si des représentants dONG sont là, je serais ravi quils puissent prendre la parole.
R - Un représentant des ONG françaises - Je veux bien essayer de participer activement en tant que représentant des ONG françaises à cette Commission mixte. Je crois que dune certaine manière avec le Burkina Faso, limplication des ONG dans la coopération avait anticipé cette réforme, notamment dans le partenariat initié dans le cadre des coopérations décentralisées et également par la mise en place dun dispositif au niveau de la Coopération française qui a été un programme prioritaire permettant de concerter, de coordonner les actions dun nombre conséquent dONG françaises et burkinabé. Dans ce sens là, nous souhaitons que les dispositifs nouveaux de la coopération française dans le cadre de la réforme puissent prendre en compte ces acquis et permettent de les pérenniser.
R - M. Josselin - Jajoute que pour sen tenir à cet aspect de limplication des ONG, et au-delà delles, de la société civile dans la coopération, le Haut conseil dont jai mentionné lexistence et qui va être installé dans quelques semaines, va être loccasion donnée aux ONG de participer à notre réflexion et de nous faire des propositions, ce qui, je crois, correspond à leur attente.
Q - Cette orientation est accompagnée dune décision avec la création dune zone de solidarité. Je voudrais dabord comprendre la philosophie, les soucis qui ont guidé justement à cette création.
R - Hubert Védrine, le ministre des Affaires étrangères, avait synthétisé en quelque sorte notre démarche par les mots « fidélité et ouverture ». Fidélité en direction des pays avec lesquels nous avons des relations que lHistoire et la géographie ont forgées - et nous pensons là à lAfrique : francophone. Ouverture aussi en direction du reste de lAfrique, car nous croyons à la logique régionale, à la globalisation de léconomie africaine, et il nous paraît souhaitable pour tous les Africains, que toute lAfrique se développe. Il y avait de la part de ces autres pays dAfrique, lusophones ou anglophones, une demande dune meilleure présence française.
Mais louverture cest aussi en direction dautres continents : lAsie y a sa place au travers de la présence du Vietnam, du Laos, du Cambodge par exemple, le monde Caraïbes aussi :
Saint-Domingue, Cuba viennent sajouter à Haïti qui était déjà dans une relation privilégiée avec
la France. Le choix dune zone de solidarité prioritaire élargie ne signifie pas que chaque pays va
automatiquement bénéficier des outils de coopération française au simple fait quil est dans la
zone, mais il a capacité, vocation à en bénéficier
Lélément déclenchant, cest le partenariat. Ce que nous avons fait au travers de cette Commission mixte, cest définir ensemble, un programme de projets qui déclenche la mobilisation des outils de coopération française que sont par exemple le Fonds daide et de coopération, mais que sont aussi les interventions de lAgence française de développement - quon connaît bien ici puisquelle est un acteur du développement économique notamment au niveau des infrastructures. Voilà comment nous avons conçu en quelque sorte ce concept de zone de solidarité prioritaire.
Il va de soi que cest en tenant compte aussi des réalités objectives de chacun de ces pays que nous pourrons faire varier lintensité de notre implication, disons de notre participation. Certains pays, plus pauvres, justifient une aide plus forte mais nous pouvons avoir aussi des raisons qui tiennent à notre propre politique : en voulant faciliter notre relation avec certains pays, nous pouvons vouloir nous y impliquer davantage. Autrement dit, il y a un mélange de considérations objectives qui sont simplement les indicateurs économiques, le degré de développement ou de pauvreté relative des pays et puis il y a des choix plus politiques dont nous pouvons débattre très librement, sachant que le cadre européen est derrière nous et que la France comme vous le savez est très impliquée dans le dialogue entre lEurope et les pays ACP.
Nous sommes très actifs dans la renégociation de ces accords et nous sommes heureux davoir pu préserver ce lien très exceptionnel qui lie lEurope au continent africain en particulier - ce qui nétait pas évident, certains considéraient quil fallait mettre fin à cette relation. La France sest battue pour la préserver et je crois que, les ministres qui mentourent le savent bien, nous avons gagné. Il reste à définir les modalités mais je crois que les choses sont bien avancées.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez mis à profit votre séjour pour rencontrer quelques acteurs de la vie politique burkinabé. Peut-on savoir un peu la teneur des échanges que vous avez pu avoir avec eux, surtout quand on sait que le pays sort dune période de turbulence suite à la mort tragique du journaliste Norbert Zongo.
R - Comme je le fais chaque fois que mon agenda me le permet - ce qui nest pas toujours le cas - jai souhaité rencontrer les différents acteurs de la vie politique burkinabé. Je mets de côté les contacts que jai pu avoir hier - et jen mesure toute limportance - avec le président Compaoré, avec le Premier ministre et quelques uns des membres éminents de léquipe gouvernementale.
Ce matin, jai en effet eu des contacts au niveau des partis politiques. Jai rencontré les représentants des partis, et également les deux autres candidats à lélection présidentielle, M. Frédéric Guirma et M. Ram Ouedraogo. Jai reçu également le professeur Ki-Zerbo accompagné de M. Hermann Yameogo pour lADF/RDA et puis M. Halidou Ouedraogo, le porte-parole du mouvement des Droits de lHomme. Quant à la délégation du CDP, il sagissait de M. Simon Compaoré, secrétaire général et de M. Salif Diallo, secrétaire général adjoint.
Je crois avoir eu ainsi la possibilité de faire un tour dhorizon politique en quelque sorte de la situation burkinabé. Le dialogue politique a été au centre des discussions : jai pu mesurer les nuances qui séparent ces différents interlocuteurs, certains étant beaucoup plus critiques, dautres plus compréhensifs vis-à-vis du pouvoir ce qui me paraît logique. Les événements que vous venez dévoquer ont été aussi, bien sûr, au centre de nos discussions. Jai dit la position de la France qui souhaite quil sagisse là dun accident de parcours, et qui a aussi pris acte des efforts qui ont été faits pour que la commission denquête réponde mieux dans sa composition à ce quen attendait lopposition, ce qui nous paraît devoir être porté au crédit du gouvernement.
Nous attendons évidemment de cette commission denquête, quelle fasse la lumière sur cette affaire et que les conséquences en soient tirées - quelque douloureuses quelles puissent être. Je peux vous dire aussi pour en avoir parlé avec mes interlocuteurs gouvernementaux, quà tous les niveaux de lEtat - y compris au plus haut - on en très conscient de limportance qua cette affaire et du retentissement quelle est susceptible davoir, sur limage du Burkina dans la communauté internationale. Jai trouvé des responsables très conscients de limportance de ce dossier. Voilà ce que je voulais dire sagissant de cette question.
Un certain nombre de propositions mont été transmises par les uns et les autres. Jai dit mon intention de les étudier à tête reposée et de dire très directement au gouvernement burkinabé ce que nous en pensons. Celles qui nous paraissent justifiées, quon les retienne, en tous cas quon les examine avec plus dintérêt, et peut-être dautres : mais je crois que ce concept, « ni indifférence ni ingérence », signifie aussi franchise dans la relation. Il faut que nous puissions parler de tout, y compris de ce qui est un peu difficile. Je crois que si nous avons la volonté de le faire et de manière continue, nous allons faire vivre ce partenariat qui est au coeur du travail que nous avons conclu ce matin avec cette Commission mixte.
Voilà, nous avons bien sûr profité de cette occasion pour évoquer la situation économique et sociale du pays mais jai senti que sur les priorités que nous avons définies au cours de cette Commission mixte, il y avait un large consensus.
Q - Monsieur le Ministre, quelles sont exactement les perspectives novatrices travées par cette sixième Commission mixte franco-burkinabé dans le cadre du renforcement de la coordination avec lUnion européenne ?
R - Dabord je voudrais vous rendre attentifs à une chose : laide publique au développement, malheureusement, a eu tendance à se réduire au cours des années passées. La France na pas totalement échappé à ce mouvement, mais jobserve que notre flux daide publique a été mieux préservé que celui que dautres pays mobilisaient. Ce qui fait de la France aujourdhui le second pays donateur en valeur absolue. Seul le Japon apporte - je le répète en valeur absolue (la population japonaise est deux fois la nôtre) - plus que nous. La part que nous accordons équivaut à 0,45 % de notre PNB. Les Etats-Unis sont tombés à 0,08 %. Cest une donnée que je tiens à rappeler parce quon a parfois tendance à loublier. Jintègre bien sûr dans ces 0,45 %, la part que nous donnons au travers des instances multilatérales en particulier européennes. Le Fonds européen de développement est alimenté pratiquement à hauteur de 25 % par la France.
Ceci étant dit, les contraintes budgétaires étant ce quelles sont, nous allons nous battre pour préserver ce flux daide publique. Nous essaierons de laccroître mais il nest pas sûr que nous puissions le faire autant et aussi vite quil le faudrait même si la France, au sein des instances multilatérales pour que tous les pays industrialisés fassent un effort, plaide en faveur de laide au développement. Certains préconisent le commerce, nous ne le décourageons pas - bien au contraire - mais nous pensons que laide publique au développement est un préalable au développement tout court, et que sil faut favoriser les échanges commerciaux, il ne suffit pas de préconiser le libre-échange pour dun coup apporter le développement.
Mais puisque aussi bien nous sommes dans ce contexte budgétaire nécessairement difficile, encore faut-il utiliser avec plus defficacité cette aide publique au développement. Nous pensons quil y a besoin de renforcer la coordination entre ce que fait lEurope de son côté et ce que nous faisons du nôtre. Nous avons fait le choix dexpérimenter ici, au Burkina, un modèle de concertation plus resserré avec lEurope. Nous faisons cette proposition avec laccord des représentants de lUnion européenne à Ouagadougou et nous espérons que nous pourrons progressivement étendre ce modèle.
Q - Au cours de la session de cette Commission mixte, vous avez relevé certainement des insuffisances dans cette coopération, lesquelles ?
R - Les experts pourraient peut-être répondre plus en détail à votre question. Si je devais pointer les secteurs où des efforts particuliers doivent être faits, il y a par exemple, lorganisation judiciaire : des progrès doivent être faits non seulement du point de vue des Droits de lHomme mais aussi pour sécuriser les investisseurs. Les entreprises le demandent aussi, doù les efforts particuliers que nous avons lintention dapporter dans ce domaine-là. Je pense quil faut continuer leffort entrepris pour mieux former une administration qui a besoin de se consolider. Nous lavons dit hier matin, cest parfois au niveau des responsables intermédiaires quil nous faut renforcer la formation pour les mettre dans une situation de meilleure responsabilité. Cela me paraît important.
Laccès à la santé et à léducation nest pas satisfaisant aujourdhui, les autorités burkinabé sont les premières à le reconnaître, doù ces deux axes prioritaires que la Commission mixte a affirmé et qui vont pouvoir se développer avec lintervention de lAgence française de développement, qui est désormais opérateur reconnu, pour les équipements et infrastructures en matière de santé et déducation.
Nous avons évoqué lintégration régionale. Nous avons dit que si elle était un objectif de développement, cest le choix du gouvernement burkinabé - ceci rejoint aussi notre analyse. Il faut en mesurer les effets, en prévenir les conséquences donc être capable dapprécier par avance ce que cette intégration régionale va représenter y compris du point de vue des Finances publiques, ce qui est un élément tout à fait considérable. Voilà autant de points que nous avons ciblés pour définir les secteurs où il nous faut encore faire un certain nombre defforts. Pardonnez-moi de ne pas reprendre toute la liste mais je voulais mettre laccent sur ceux-là.
Q - Une autre question Monsieur le Ministre, lors des réunions internationales, leffacement de la dette africaine revient souvent. Quelle est la position de la France par rapport à cette question ?
R - Je vous remercie de me la poser car ceci me permet de rappeler le rôle que la France joue et veut jouer de plus en plus au sein des instances multilatérales. Vous savez que dans la globalisation qui est la réalité de plus en plus quotidienne, le poids des grandes instances financières que sont le Fonds monétaire international et la Banque mondiale va être de plus eu plus important. La France veut être, au sein de ces instances, lavocat des pays en développement. Elle pense que lexpérience qui est la sienne, lui fait à la fois obligation mais aussi lui donne la possibilité de parler haut et clair sur ces problèmes.
Nous espérons dailleurs pourvoir le faire en concertation avec nos collègues européens car nous pensons que lEurope doit mieux saffirmer au sein de ces grandes institutions internationales. Si on totalise les participations financières des pays européens, on découvre que cest lEurope qui, très largement, est le premier financier de ces grandes institutions, or elle ne sy fait pas entendre comme il le faudrait. Nous avons donc lintention de renforcer cette position. En ce moment, il y a une initiative au bénéfice des pays les plus endettés qui a justement pour ambition dalléger le poids de la dette, considérant que cette dette les empêche de se développer.
Le Burkina a de très bonne chances de bénéficier de cette initiative qui permettrait de le soulager de sa dette multilatérale qui aujourdhui ne peut pas être réduite dans le cadre des accords qui existent dans le cadre du Club de Paris. Ce Club, dont la France assure la présidence, est le lieu où les différents pays créanciers se retrouvent pour décider de réduire la dette de tel ou tel pays - il sagit des dettes des créances nationales. Pour linstant les dettes vis-à-vis du Fonds monétaire ou de la Banque mondiale ne pouvaient pas être réduites par cette procédure. Doù linitiative spécifique qui vient dêtre prise et - je le répète - le Burkina a de bonnes chances den profiter. La France, est-il besoin de le rajouter, est bien sûr lavocat au sein de ces instances du Burkina, en liaison en particulier avec le ministre de lEconomie et des Finances. Je crois que, sous peu, le Burkina devrait voir le poids de sa dette multilatérale très réduite.
Ceux qui écoutaient RFI hier soir ont peut-être entendu Dominique Strauss-Kahn, le collègue de Tertius Zongo, parler du dispositif que nous mettons en place actuellement, destiné à réinvestir dans léducation et la santé les annulations des dettes consenties aux pays les plus pauvres. Je crois que cest une ingérence bien comprise qui consiste à dire : « vous nous devez de largent, nous sommes daccord pour effacer la dette mais on aimerait bien que cet argent vous le réinvestissiez dans la santé et dans léducation ». Voilà le choix que nous avons fait et je sais que la semaine prochaine, dans le cadre dune rencontre y compris avec les ONG on aura loccasion dévoquer la manière de réinvestir ces sommes.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez parlé tantôt de la zone de solidarité prioritaire. A travers la définition de cette zone on sent peut-être une volonté de changer un peu la politique de coopération de la France qui est souvent assez critiquée en Afrique. En dehors de la zone, quest-ce qui va changer concrètement dans la coopération française en Afrique ?
R - Je crois avoir commencé à répondre à cette question tout à lheure à la suite de lintervention dun de vos confrère. La Coopération, ce quon appelait le ministère de la Coopération qui avait son fonctionnement propre, distinct - les méchantes langues diront parfois opposé à dautres ministères - entretenait en quelque sort la dualité de la politique extérieure de la France. Il y avait une politique extérieure de la France spéciale à lAfrique francophone et puis il y avait une politique extérieure de la France pour le reste du monde.
Ceci en clair signifiait - paradoxalement - une sorte dexclusion de lAfrique francophone par rapport à une relation internationale normale, comme sil y avait encore une relation dassistance entre la France et lAfrique francophone, disons les anciennes colonies, il faut appeler les choses par leur nom. La réforme de la Coopération, cest aussi tourner la page. Cest considérer que désormais notre relation avec tous les pays africains doit sorganiser sur la base dun partenariat, dun volontariat dans la relation.
Nous considérons que les pays africains sont parfaitement en droit ne pas revendiquer une relation exclusive avec la France, ils peuvent avoir envie davoir des relations avec dautres pays, cest leur droit. De la même manière la France considère quelle na pas à limiter sa relation à lAfrique aux seuls pays dAfrique francophone. Elle peut avoir la possibilité de dialoguer avec dautres pays. Vous voyez bien limportance de la réforme que nous avons conduite et on peut dire en simplifiant que cest passer dune relation paternelle à une relation fraternelle.
Q - Monsieur le Ministre, le président Compaoré, président en exercice de lOUA, souhaite réunir à la fin de ce mois un Sommet extraordinaire des chefs dEtat de lOrganisation sur les grands conflits qui minent le continent. Peut-on savoir la contribution et le rôle que peut jouer la France pour la réussite dun tel projet car les plus pessimistes doutent fort quun quorum puisse être atteint tellement les antagonismes sont très très grands en ce moment ?
R - Jai dit au président Compaoré, comme je lai dit dailleurs au ministre des Affaires étrangères M. Youssouf Ouedraogo, combien la France espère quune majorité sera réunie qui permettrait dorganiser ce Sommet. Nous sommes prêts là aussi à y apporter, sur le plan logistique en quelque sorte, notre participation, et à nous y impliquer.
Je souhaite vivement que cette initiative puisse être suivie deffets car la situation de nombreux pays africains nest pas satisfaisante. Du point de vue de la sécurité, la violence y prévaut et ceci déforme limage de lAfrique car hélas il y a un effet de loupe sur les pays qui sont en conflit. On finit par oublier ceux qui sont en paix, ce qui est extraordinairement regrettable, parce que lAfrique est très diverse mais les gens en ont de loin une image parfois univoque. Cest la violence qui aujourdhui est en train de faire cette image-là contre laquelle il faut absolument lutter.
On évoquait tout à lheure la réforme de la coopération française, qui est aussi de considérer que nous devons aider les Africains à assurer eux-mêmes leur sécurité. Cest-à-dire quil faut que les Africains sachent eux-mêmes prévenir et gérer les conflits. LOUA est faite, entre autre, pour cela, pas seulement mais aussi pour cela. Je sais que le président Compaoré semploie beaucoup à la tête de cette organisation difficile, compliquée à faire bouger, pour apporter sa pierre dans la solution des conflits des pays proches comme la Sierra Leone ou la Guinée Bissao, plus lointains comme les Grands lacs, encore plus le conflit entre lEthiopie et lErythrée. Je crois que linitiative à laquelle vous faites allusion mérite dêtre encouragée. En tous cas, cest sur cette ligne-là que la France se situe actuellement.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 mars 1999)
R - Puisquil y a quelques représentants des ONG dans la salle, je serais tenté de les inviter à répondre à une question qui me parait leur être directement adressée. Je veux simplement faire observer que cest aussi pour prendre en compte le souhait de ces ONG de voir renouveler notre dialogue avec les pays partenaires - et peut-être accorder une plus large place aussi à la société civile - que nous avons conduit cette réforme de la Coopération. Je serais triste si les ONG nadhéraient pas à cette réforme mais je suis convaincu du contraire pour avoir rencontré plusieurs de leurs dirigeants. Mais si des représentants dONG sont là, je serais ravi quils puissent prendre la parole.
R - Un représentant des ONG françaises - Je veux bien essayer de participer activement en tant que représentant des ONG françaises à cette Commission mixte. Je crois que dune certaine manière avec le Burkina Faso, limplication des ONG dans la coopération avait anticipé cette réforme, notamment dans le partenariat initié dans le cadre des coopérations décentralisées et également par la mise en place dun dispositif au niveau de la Coopération française qui a été un programme prioritaire permettant de concerter, de coordonner les actions dun nombre conséquent dONG françaises et burkinabé. Dans ce sens là, nous souhaitons que les dispositifs nouveaux de la coopération française dans le cadre de la réforme puissent prendre en compte ces acquis et permettent de les pérenniser.
R - M. Josselin - Jajoute que pour sen tenir à cet aspect de limplication des ONG, et au-delà delles, de la société civile dans la coopération, le Haut conseil dont jai mentionné lexistence et qui va être installé dans quelques semaines, va être loccasion donnée aux ONG de participer à notre réflexion et de nous faire des propositions, ce qui, je crois, correspond à leur attente.
Q - Cette orientation est accompagnée dune décision avec la création dune zone de solidarité. Je voudrais dabord comprendre la philosophie, les soucis qui ont guidé justement à cette création.
R - Hubert Védrine, le ministre des Affaires étrangères, avait synthétisé en quelque sorte notre démarche par les mots « fidélité et ouverture ». Fidélité en direction des pays avec lesquels nous avons des relations que lHistoire et la géographie ont forgées - et nous pensons là à lAfrique : francophone. Ouverture aussi en direction du reste de lAfrique, car nous croyons à la logique régionale, à la globalisation de léconomie africaine, et il nous paraît souhaitable pour tous les Africains, que toute lAfrique se développe. Il y avait de la part de ces autres pays dAfrique, lusophones ou anglophones, une demande dune meilleure présence française.
Mais louverture cest aussi en direction dautres continents : lAsie y a sa place au travers de la présence du Vietnam, du Laos, du Cambodge par exemple, le monde Caraïbes aussi :
Saint-Domingue, Cuba viennent sajouter à Haïti qui était déjà dans une relation privilégiée avec
la France. Le choix dune zone de solidarité prioritaire élargie ne signifie pas que chaque pays va
automatiquement bénéficier des outils de coopération française au simple fait quil est dans la
zone, mais il a capacité, vocation à en bénéficier
Lélément déclenchant, cest le partenariat. Ce que nous avons fait au travers de cette Commission mixte, cest définir ensemble, un programme de projets qui déclenche la mobilisation des outils de coopération française que sont par exemple le Fonds daide et de coopération, mais que sont aussi les interventions de lAgence française de développement - quon connaît bien ici puisquelle est un acteur du développement économique notamment au niveau des infrastructures. Voilà comment nous avons conçu en quelque sorte ce concept de zone de solidarité prioritaire.
Il va de soi que cest en tenant compte aussi des réalités objectives de chacun de ces pays que nous pourrons faire varier lintensité de notre implication, disons de notre participation. Certains pays, plus pauvres, justifient une aide plus forte mais nous pouvons avoir aussi des raisons qui tiennent à notre propre politique : en voulant faciliter notre relation avec certains pays, nous pouvons vouloir nous y impliquer davantage. Autrement dit, il y a un mélange de considérations objectives qui sont simplement les indicateurs économiques, le degré de développement ou de pauvreté relative des pays et puis il y a des choix plus politiques dont nous pouvons débattre très librement, sachant que le cadre européen est derrière nous et que la France comme vous le savez est très impliquée dans le dialogue entre lEurope et les pays ACP.
Nous sommes très actifs dans la renégociation de ces accords et nous sommes heureux davoir pu préserver ce lien très exceptionnel qui lie lEurope au continent africain en particulier - ce qui nétait pas évident, certains considéraient quil fallait mettre fin à cette relation. La France sest battue pour la préserver et je crois que, les ministres qui mentourent le savent bien, nous avons gagné. Il reste à définir les modalités mais je crois que les choses sont bien avancées.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez mis à profit votre séjour pour rencontrer quelques acteurs de la vie politique burkinabé. Peut-on savoir un peu la teneur des échanges que vous avez pu avoir avec eux, surtout quand on sait que le pays sort dune période de turbulence suite à la mort tragique du journaliste Norbert Zongo.
R - Comme je le fais chaque fois que mon agenda me le permet - ce qui nest pas toujours le cas - jai souhaité rencontrer les différents acteurs de la vie politique burkinabé. Je mets de côté les contacts que jai pu avoir hier - et jen mesure toute limportance - avec le président Compaoré, avec le Premier ministre et quelques uns des membres éminents de léquipe gouvernementale.
Ce matin, jai en effet eu des contacts au niveau des partis politiques. Jai rencontré les représentants des partis, et également les deux autres candidats à lélection présidentielle, M. Frédéric Guirma et M. Ram Ouedraogo. Jai reçu également le professeur Ki-Zerbo accompagné de M. Hermann Yameogo pour lADF/RDA et puis M. Halidou Ouedraogo, le porte-parole du mouvement des Droits de lHomme. Quant à la délégation du CDP, il sagissait de M. Simon Compaoré, secrétaire général et de M. Salif Diallo, secrétaire général adjoint.
Je crois avoir eu ainsi la possibilité de faire un tour dhorizon politique en quelque sorte de la situation burkinabé. Le dialogue politique a été au centre des discussions : jai pu mesurer les nuances qui séparent ces différents interlocuteurs, certains étant beaucoup plus critiques, dautres plus compréhensifs vis-à-vis du pouvoir ce qui me paraît logique. Les événements que vous venez dévoquer ont été aussi, bien sûr, au centre de nos discussions. Jai dit la position de la France qui souhaite quil sagisse là dun accident de parcours, et qui a aussi pris acte des efforts qui ont été faits pour que la commission denquête réponde mieux dans sa composition à ce quen attendait lopposition, ce qui nous paraît devoir être porté au crédit du gouvernement.
Nous attendons évidemment de cette commission denquête, quelle fasse la lumière sur cette affaire et que les conséquences en soient tirées - quelque douloureuses quelles puissent être. Je peux vous dire aussi pour en avoir parlé avec mes interlocuteurs gouvernementaux, quà tous les niveaux de lEtat - y compris au plus haut - on en très conscient de limportance qua cette affaire et du retentissement quelle est susceptible davoir, sur limage du Burkina dans la communauté internationale. Jai trouvé des responsables très conscients de limportance de ce dossier. Voilà ce que je voulais dire sagissant de cette question.
Un certain nombre de propositions mont été transmises par les uns et les autres. Jai dit mon intention de les étudier à tête reposée et de dire très directement au gouvernement burkinabé ce que nous en pensons. Celles qui nous paraissent justifiées, quon les retienne, en tous cas quon les examine avec plus dintérêt, et peut-être dautres : mais je crois que ce concept, « ni indifférence ni ingérence », signifie aussi franchise dans la relation. Il faut que nous puissions parler de tout, y compris de ce qui est un peu difficile. Je crois que si nous avons la volonté de le faire et de manière continue, nous allons faire vivre ce partenariat qui est au coeur du travail que nous avons conclu ce matin avec cette Commission mixte.
Voilà, nous avons bien sûr profité de cette occasion pour évoquer la situation économique et sociale du pays mais jai senti que sur les priorités que nous avons définies au cours de cette Commission mixte, il y avait un large consensus.
Q - Monsieur le Ministre, quelles sont exactement les perspectives novatrices travées par cette sixième Commission mixte franco-burkinabé dans le cadre du renforcement de la coordination avec lUnion européenne ?
R - Dabord je voudrais vous rendre attentifs à une chose : laide publique au développement, malheureusement, a eu tendance à se réduire au cours des années passées. La France na pas totalement échappé à ce mouvement, mais jobserve que notre flux daide publique a été mieux préservé que celui que dautres pays mobilisaient. Ce qui fait de la France aujourdhui le second pays donateur en valeur absolue. Seul le Japon apporte - je le répète en valeur absolue (la population japonaise est deux fois la nôtre) - plus que nous. La part que nous accordons équivaut à 0,45 % de notre PNB. Les Etats-Unis sont tombés à 0,08 %. Cest une donnée que je tiens à rappeler parce quon a parfois tendance à loublier. Jintègre bien sûr dans ces 0,45 %, la part que nous donnons au travers des instances multilatérales en particulier européennes. Le Fonds européen de développement est alimenté pratiquement à hauteur de 25 % par la France.
Ceci étant dit, les contraintes budgétaires étant ce quelles sont, nous allons nous battre pour préserver ce flux daide publique. Nous essaierons de laccroître mais il nest pas sûr que nous puissions le faire autant et aussi vite quil le faudrait même si la France, au sein des instances multilatérales pour que tous les pays industrialisés fassent un effort, plaide en faveur de laide au développement. Certains préconisent le commerce, nous ne le décourageons pas - bien au contraire - mais nous pensons que laide publique au développement est un préalable au développement tout court, et que sil faut favoriser les échanges commerciaux, il ne suffit pas de préconiser le libre-échange pour dun coup apporter le développement.
Mais puisque aussi bien nous sommes dans ce contexte budgétaire nécessairement difficile, encore faut-il utiliser avec plus defficacité cette aide publique au développement. Nous pensons quil y a besoin de renforcer la coordination entre ce que fait lEurope de son côté et ce que nous faisons du nôtre. Nous avons fait le choix dexpérimenter ici, au Burkina, un modèle de concertation plus resserré avec lEurope. Nous faisons cette proposition avec laccord des représentants de lUnion européenne à Ouagadougou et nous espérons que nous pourrons progressivement étendre ce modèle.
Q - Au cours de la session de cette Commission mixte, vous avez relevé certainement des insuffisances dans cette coopération, lesquelles ?
R - Les experts pourraient peut-être répondre plus en détail à votre question. Si je devais pointer les secteurs où des efforts particuliers doivent être faits, il y a par exemple, lorganisation judiciaire : des progrès doivent être faits non seulement du point de vue des Droits de lHomme mais aussi pour sécuriser les investisseurs. Les entreprises le demandent aussi, doù les efforts particuliers que nous avons lintention dapporter dans ce domaine-là. Je pense quil faut continuer leffort entrepris pour mieux former une administration qui a besoin de se consolider. Nous lavons dit hier matin, cest parfois au niveau des responsables intermédiaires quil nous faut renforcer la formation pour les mettre dans une situation de meilleure responsabilité. Cela me paraît important.
Laccès à la santé et à léducation nest pas satisfaisant aujourdhui, les autorités burkinabé sont les premières à le reconnaître, doù ces deux axes prioritaires que la Commission mixte a affirmé et qui vont pouvoir se développer avec lintervention de lAgence française de développement, qui est désormais opérateur reconnu, pour les équipements et infrastructures en matière de santé et déducation.
Nous avons évoqué lintégration régionale. Nous avons dit que si elle était un objectif de développement, cest le choix du gouvernement burkinabé - ceci rejoint aussi notre analyse. Il faut en mesurer les effets, en prévenir les conséquences donc être capable dapprécier par avance ce que cette intégration régionale va représenter y compris du point de vue des Finances publiques, ce qui est un élément tout à fait considérable. Voilà autant de points que nous avons ciblés pour définir les secteurs où il nous faut encore faire un certain nombre defforts. Pardonnez-moi de ne pas reprendre toute la liste mais je voulais mettre laccent sur ceux-là.
Q - Une autre question Monsieur le Ministre, lors des réunions internationales, leffacement de la dette africaine revient souvent. Quelle est la position de la France par rapport à cette question ?
R - Je vous remercie de me la poser car ceci me permet de rappeler le rôle que la France joue et veut jouer de plus en plus au sein des instances multilatérales. Vous savez que dans la globalisation qui est la réalité de plus en plus quotidienne, le poids des grandes instances financières que sont le Fonds monétaire international et la Banque mondiale va être de plus eu plus important. La France veut être, au sein de ces instances, lavocat des pays en développement. Elle pense que lexpérience qui est la sienne, lui fait à la fois obligation mais aussi lui donne la possibilité de parler haut et clair sur ces problèmes.
Nous espérons dailleurs pourvoir le faire en concertation avec nos collègues européens car nous pensons que lEurope doit mieux saffirmer au sein de ces grandes institutions internationales. Si on totalise les participations financières des pays européens, on découvre que cest lEurope qui, très largement, est le premier financier de ces grandes institutions, or elle ne sy fait pas entendre comme il le faudrait. Nous avons donc lintention de renforcer cette position. En ce moment, il y a une initiative au bénéfice des pays les plus endettés qui a justement pour ambition dalléger le poids de la dette, considérant que cette dette les empêche de se développer.
Le Burkina a de très bonne chances de bénéficier de cette initiative qui permettrait de le soulager de sa dette multilatérale qui aujourdhui ne peut pas être réduite dans le cadre des accords qui existent dans le cadre du Club de Paris. Ce Club, dont la France assure la présidence, est le lieu où les différents pays créanciers se retrouvent pour décider de réduire la dette de tel ou tel pays - il sagit des dettes des créances nationales. Pour linstant les dettes vis-à-vis du Fonds monétaire ou de la Banque mondiale ne pouvaient pas être réduites par cette procédure. Doù linitiative spécifique qui vient dêtre prise et - je le répète - le Burkina a de bonnes chances den profiter. La France, est-il besoin de le rajouter, est bien sûr lavocat au sein de ces instances du Burkina, en liaison en particulier avec le ministre de lEconomie et des Finances. Je crois que, sous peu, le Burkina devrait voir le poids de sa dette multilatérale très réduite.
Ceux qui écoutaient RFI hier soir ont peut-être entendu Dominique Strauss-Kahn, le collègue de Tertius Zongo, parler du dispositif que nous mettons en place actuellement, destiné à réinvestir dans léducation et la santé les annulations des dettes consenties aux pays les plus pauvres. Je crois que cest une ingérence bien comprise qui consiste à dire : « vous nous devez de largent, nous sommes daccord pour effacer la dette mais on aimerait bien que cet argent vous le réinvestissiez dans la santé et dans léducation ». Voilà le choix que nous avons fait et je sais que la semaine prochaine, dans le cadre dune rencontre y compris avec les ONG on aura loccasion dévoquer la manière de réinvestir ces sommes.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez parlé tantôt de la zone de solidarité prioritaire. A travers la définition de cette zone on sent peut-être une volonté de changer un peu la politique de coopération de la France qui est souvent assez critiquée en Afrique. En dehors de la zone, quest-ce qui va changer concrètement dans la coopération française en Afrique ?
R - Je crois avoir commencé à répondre à cette question tout à lheure à la suite de lintervention dun de vos confrère. La Coopération, ce quon appelait le ministère de la Coopération qui avait son fonctionnement propre, distinct - les méchantes langues diront parfois opposé à dautres ministères - entretenait en quelque sort la dualité de la politique extérieure de la France. Il y avait une politique extérieure de la France spéciale à lAfrique francophone et puis il y avait une politique extérieure de la France pour le reste du monde.
Ceci en clair signifiait - paradoxalement - une sorte dexclusion de lAfrique francophone par rapport à une relation internationale normale, comme sil y avait encore une relation dassistance entre la France et lAfrique francophone, disons les anciennes colonies, il faut appeler les choses par leur nom. La réforme de la Coopération, cest aussi tourner la page. Cest considérer que désormais notre relation avec tous les pays africains doit sorganiser sur la base dun partenariat, dun volontariat dans la relation.
Nous considérons que les pays africains sont parfaitement en droit ne pas revendiquer une relation exclusive avec la France, ils peuvent avoir envie davoir des relations avec dautres pays, cest leur droit. De la même manière la France considère quelle na pas à limiter sa relation à lAfrique aux seuls pays dAfrique francophone. Elle peut avoir la possibilité de dialoguer avec dautres pays. Vous voyez bien limportance de la réforme que nous avons conduite et on peut dire en simplifiant que cest passer dune relation paternelle à une relation fraternelle.
Q - Monsieur le Ministre, le président Compaoré, président en exercice de lOUA, souhaite réunir à la fin de ce mois un Sommet extraordinaire des chefs dEtat de lOrganisation sur les grands conflits qui minent le continent. Peut-on savoir la contribution et le rôle que peut jouer la France pour la réussite dun tel projet car les plus pessimistes doutent fort quun quorum puisse être atteint tellement les antagonismes sont très très grands en ce moment ?
R - Jai dit au président Compaoré, comme je lai dit dailleurs au ministre des Affaires étrangères M. Youssouf Ouedraogo, combien la France espère quune majorité sera réunie qui permettrait dorganiser ce Sommet. Nous sommes prêts là aussi à y apporter, sur le plan logistique en quelque sorte, notre participation, et à nous y impliquer.
Je souhaite vivement que cette initiative puisse être suivie deffets car la situation de nombreux pays africains nest pas satisfaisante. Du point de vue de la sécurité, la violence y prévaut et ceci déforme limage de lAfrique car hélas il y a un effet de loupe sur les pays qui sont en conflit. On finit par oublier ceux qui sont en paix, ce qui est extraordinairement regrettable, parce que lAfrique est très diverse mais les gens en ont de loin une image parfois univoque. Cest la violence qui aujourdhui est en train de faire cette image-là contre laquelle il faut absolument lutter.
On évoquait tout à lheure la réforme de la coopération française, qui est aussi de considérer que nous devons aider les Africains à assurer eux-mêmes leur sécurité. Cest-à-dire quil faut que les Africains sachent eux-mêmes prévenir et gérer les conflits. LOUA est faite, entre autre, pour cela, pas seulement mais aussi pour cela. Je sais que le président Compaoré semploie beaucoup à la tête de cette organisation difficile, compliquée à faire bouger, pour apporter sa pierre dans la solution des conflits des pays proches comme la Sierra Leone ou la Guinée Bissao, plus lointains comme les Grands lacs, encore plus le conflit entre lEthiopie et lErythrée. Je crois que linitiative à laquelle vous faites allusion mérite dêtre encouragée. En tous cas, cest sur cette ligne-là que la France se situe actuellement.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 mars 1999)