Texte intégral
M.-O. Fogiel.- Tout à l'heure, le débat à l'Assemblée nationale sur la réforme de l'audiovisuel
public promet d'être agité. L'audiovisuel public joue son avenir. La réforme prévoit la création
d'une entreprise unique, la nomination du PDG en Conseil des ministres, ainsi que la
suppression de la pub après 20 heures sur les chaînes publiques. Le manque à gagner devrait
être compensé par une taxe sur les recettes publicitaires des chaînes privées. Vous étiez le
président de la commission sur l'audiovisuel, êtes-vous satisfait ce matin ?
Je suis surtout heureux de voir qu'après un an de travail, on a bâti une réforme super ambitieuse
pour la télé publique de demain, puisque cela va complètement changer les habitudes du
téléspectateur. Désormais, les soirées télé sur les chaînes publiques, elles commenceront à 20
heures 30. Et puis ensuite, deuxième partie de soirée, à 22 heures 15. C'est quand même une
autre manière de voir la télé !
Sauf que les membres de votre commission ont un sentiment de trahison, de détricotage par les
hommes politiques de la majorité ces dernières semaines, et notamment sur le financement de
l'audiovisuel, puisque la contribution des chaînes privées au financement de France Télévisions a
été diminuée de moitié. Donc on a l'impression qu'on dorlote le secteur privé au détriment du
secteur public.
On a, premièrement, complètement garanti le financement de la télé publique avec des recettes
publiques. Et c'est vrai que la taxe que l'on crée sur les fournisseurs d'accès, les téléphones
mobiles qui aujourd'hui diffusent de l'image sans payer un euro, cela me paraît quand même la
moindre des choses. Et quant aux télés privées, elles sont taxées puisqu'elles vont avoir des
recettes publicitaires supplémentaires liées à la suppression de la pub sur la télé publique.
Mais franchement, pourquoi, dans un premier temps alors, avoir établi 3 % de taxes sur les
chaînes privées pour arriver maintenant à 1,5 et être content ? Au final, il fallait démarrer par 1,5...
Non, mais attendez. D'abord, comme vous êtes journaliste, vous êtes précis, donc vous avez
bien lu le texte, ce n'est pas comme ça que ça marche. L'idée est simple : c'est 3 % de leur
chiffre d'affaires, sauf que si l'an prochain, la situation économique est très mauvaise et qu'il
apparaît que les chaînes privées ne reçoivent pas le supplément de pub, parce que la conjoncture
est très mauvaise, on ne va quand même pas les taxer alors même qu'elles n'auront pas reçu
ces recettes supplémentaires. Si jamais la conjoncture est vraiment mauvaise, c'est l'Etat qui
compensera. Mais enfin, il faut rester calme, ce sont des sommes qui sont extrêmement faibles
pour le budget de l'Etat.
Pour le contribuable, il n'y aura pas d'augmentation de la redevance au-delà de l'inflation ?
Exactement ! Et ça, j'y ai tenu personnellement, parce que la redevance, qu'on le veuille ou non,
c'est un impôt que les Français considèrent comme profondément injuste. Il est au même
montant pour tout le monde, et il y en a qui ne le paie pas. Il y a un moment où il faut
comprendre qu'on doit être capable de trouver une autre source. C'est ce qu'on a fait, en taxant
les fournisseurs d'accès et les téléphones mobiles, on fait entrer un nouvel acteur dans le jeu, qui
est très présent sur la technologie de l'image et qui sera demain, pour les télés publiques comme
pour les télés privées, un acteur financier qui va permettre de sauver la télé française.
Que dites-vous aux salariés qui sont en grève ce matin, de France Télévisions ?
D'abord, je veux dire aux salariés de France Télévisions que jamais depuis très, très longtemps,
on a eu un projet aussi ambitieux pour la télé publique. Et je veux les rendre attentifs. Ils sont
très inquiets sur l'avenir des ressources : imaginons qu'on n'ait pas fait la réforme ? Ils auraient
donc gardé la pub, comme le marché est en train de s'effondrer, ils perdraient des recettes, alors
que là, c'est garanti par l'Etat sur les montants de l'année dernière. Donc ça, c'est une vraie
bonne nouvelle.
Sur les suppressions de postes prévues à France Télévisions par votre collègue, F. Lefebvre,
qu'en dites-vous ? Puisque l'on parle beaucoup d'intrusion des parlementaires UMP dans la
télévision publique. Certains se prennent pour des directeurs de programmes...
Ce que je peux vous dire, c'est que chacun doit être dans son rôle et moi, mon boulot, c'est de
veiller à ce que chacun fasse son métier. Donc nous, on n'est pas là, effectivement, pour faire les
programmes, ni même l'organisation de l'entreprise. Par contre, on est là pour voter la disposition
qui permet à France Télévisions d'être une vraie entreprise unique et non pas ce magma de 49
sociétés dispersées au sein du groupe et que le président de France Télévisions, jusqu'à présent,
n'avait pas vraiment les moyens de manager. Demain, il aura les moyens.
Vous ne prédisez pas des suppressions de postes à France Télévisions ?
Non, parce qu'en réalité, il y a une pyramide des âges qui fait que si on ne remplace par un
certain nombre de départs en retraite et qu'on modernise un certain nombre d'équipements, en
réalité, ce sera une manière tout à fait moderne de travailler.
Certains parlementaires parlent tout à l'heure de "Vietnam parlementaire" à l'Assemblée. Ça va
débattre sévère ; êtes-vous prêts ?
Pardon, mais vous savez, tout ça, - ça tombe bien, on est en train de parler de télé -, c'est un
peu du cinoche ! Si à chaque fois qu'il y a un texte un peu compliqué, on menace de faire -
comment dites-vous ? - "un Vietnam", eh bien dites donc ! Je vais vous dire une chose : pour
moi, ce qui compte, c'est que cette réforme elle se fasse. Et ce sera une belle occasion aussi de
voir ce que les socialistes ont d'autre à proposer. Moi, je me rappelle que quand ils étaient un
peu plus jeunes, c'est eux qui souhaitaient la suppression de la pub. Les voir défendre le
maintien de la pub sur la télé publique, franchement, cela ne fait qu'ajouter au désordre ambiant à
gauche. Et je vous avoue que sur ce sujet, je rêverais qu'on soit plus constructifs les uns avec les
autres. Mais peut-être un jour, peut-être qui sait...
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 novembre 2008
public promet d'être agité. L'audiovisuel public joue son avenir. La réforme prévoit la création
d'une entreprise unique, la nomination du PDG en Conseil des ministres, ainsi que la
suppression de la pub après 20 heures sur les chaînes publiques. Le manque à gagner devrait
être compensé par une taxe sur les recettes publicitaires des chaînes privées. Vous étiez le
président de la commission sur l'audiovisuel, êtes-vous satisfait ce matin ?
Je suis surtout heureux de voir qu'après un an de travail, on a bâti une réforme super ambitieuse
pour la télé publique de demain, puisque cela va complètement changer les habitudes du
téléspectateur. Désormais, les soirées télé sur les chaînes publiques, elles commenceront à 20
heures 30. Et puis ensuite, deuxième partie de soirée, à 22 heures 15. C'est quand même une
autre manière de voir la télé !
Sauf que les membres de votre commission ont un sentiment de trahison, de détricotage par les
hommes politiques de la majorité ces dernières semaines, et notamment sur le financement de
l'audiovisuel, puisque la contribution des chaînes privées au financement de France Télévisions a
été diminuée de moitié. Donc on a l'impression qu'on dorlote le secteur privé au détriment du
secteur public.
On a, premièrement, complètement garanti le financement de la télé publique avec des recettes
publiques. Et c'est vrai que la taxe que l'on crée sur les fournisseurs d'accès, les téléphones
mobiles qui aujourd'hui diffusent de l'image sans payer un euro, cela me paraît quand même la
moindre des choses. Et quant aux télés privées, elles sont taxées puisqu'elles vont avoir des
recettes publicitaires supplémentaires liées à la suppression de la pub sur la télé publique.
Mais franchement, pourquoi, dans un premier temps alors, avoir établi 3 % de taxes sur les
chaînes privées pour arriver maintenant à 1,5 et être content ? Au final, il fallait démarrer par 1,5...
Non, mais attendez. D'abord, comme vous êtes journaliste, vous êtes précis, donc vous avez
bien lu le texte, ce n'est pas comme ça que ça marche. L'idée est simple : c'est 3 % de leur
chiffre d'affaires, sauf que si l'an prochain, la situation économique est très mauvaise et qu'il
apparaît que les chaînes privées ne reçoivent pas le supplément de pub, parce que la conjoncture
est très mauvaise, on ne va quand même pas les taxer alors même qu'elles n'auront pas reçu
ces recettes supplémentaires. Si jamais la conjoncture est vraiment mauvaise, c'est l'Etat qui
compensera. Mais enfin, il faut rester calme, ce sont des sommes qui sont extrêmement faibles
pour le budget de l'Etat.
Pour le contribuable, il n'y aura pas d'augmentation de la redevance au-delà de l'inflation ?
Exactement ! Et ça, j'y ai tenu personnellement, parce que la redevance, qu'on le veuille ou non,
c'est un impôt que les Français considèrent comme profondément injuste. Il est au même
montant pour tout le monde, et il y en a qui ne le paie pas. Il y a un moment où il faut
comprendre qu'on doit être capable de trouver une autre source. C'est ce qu'on a fait, en taxant
les fournisseurs d'accès et les téléphones mobiles, on fait entrer un nouvel acteur dans le jeu, qui
est très présent sur la technologie de l'image et qui sera demain, pour les télés publiques comme
pour les télés privées, un acteur financier qui va permettre de sauver la télé française.
Que dites-vous aux salariés qui sont en grève ce matin, de France Télévisions ?
D'abord, je veux dire aux salariés de France Télévisions que jamais depuis très, très longtemps,
on a eu un projet aussi ambitieux pour la télé publique. Et je veux les rendre attentifs. Ils sont
très inquiets sur l'avenir des ressources : imaginons qu'on n'ait pas fait la réforme ? Ils auraient
donc gardé la pub, comme le marché est en train de s'effondrer, ils perdraient des recettes, alors
que là, c'est garanti par l'Etat sur les montants de l'année dernière. Donc ça, c'est une vraie
bonne nouvelle.
Sur les suppressions de postes prévues à France Télévisions par votre collègue, F. Lefebvre,
qu'en dites-vous ? Puisque l'on parle beaucoup d'intrusion des parlementaires UMP dans la
télévision publique. Certains se prennent pour des directeurs de programmes...
Ce que je peux vous dire, c'est que chacun doit être dans son rôle et moi, mon boulot, c'est de
veiller à ce que chacun fasse son métier. Donc nous, on n'est pas là, effectivement, pour faire les
programmes, ni même l'organisation de l'entreprise. Par contre, on est là pour voter la disposition
qui permet à France Télévisions d'être une vraie entreprise unique et non pas ce magma de 49
sociétés dispersées au sein du groupe et que le président de France Télévisions, jusqu'à présent,
n'avait pas vraiment les moyens de manager. Demain, il aura les moyens.
Vous ne prédisez pas des suppressions de postes à France Télévisions ?
Non, parce qu'en réalité, il y a une pyramide des âges qui fait que si on ne remplace par un
certain nombre de départs en retraite et qu'on modernise un certain nombre d'équipements, en
réalité, ce sera une manière tout à fait moderne de travailler.
Certains parlementaires parlent tout à l'heure de "Vietnam parlementaire" à l'Assemblée. Ça va
débattre sévère ; êtes-vous prêts ?
Pardon, mais vous savez, tout ça, - ça tombe bien, on est en train de parler de télé -, c'est un
peu du cinoche ! Si à chaque fois qu'il y a un texte un peu compliqué, on menace de faire -
comment dites-vous ? - "un Vietnam", eh bien dites donc ! Je vais vous dire une chose : pour
moi, ce qui compte, c'est que cette réforme elle se fasse. Et ce sera une belle occasion aussi de
voir ce que les socialistes ont d'autre à proposer. Moi, je me rappelle que quand ils étaient un
peu plus jeunes, c'est eux qui souhaitaient la suppression de la pub. Les voir défendre le
maintien de la pub sur la télé publique, franchement, cela ne fait qu'ajouter au désordre ambiant à
gauche. Et je vous avoue que sur ce sujet, je rêverais qu'on soit plus constructifs les uns avec les
autres. Mais peut-être un jour, peut-être qui sait...
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 novembre 2008