Déclaration de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative, sur l'installation du comité de pilotage "accident vasculaire cérébral", Paris le 28 novembre 2008.

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Circonstance : Installation du Comité de pilotage "AVC" (accident vasculaire cérébral) à Paris le 28 novembre 2008

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Est-il besoin ici de le rappeler, l'accident vasculaire cérébral (ou AVC) est un grave problème de santé publique, tant par le nombre de personnes atteintes, en constante augmentation du fait du vieillissement de la population, que par ses conséquences médicales, sociales et économiques ?
Pouvant survenir n'importe quand, n'importe où et à n'importe qui, il nous impose de définir une stratégie cohérente, destinée à améliorer la prise en charge des patients, mais aussi la prévention.
L'installation de ce comité de pilotage, sous la présidence d'Elisabeth Fery-Lemonnier, que je tiens d'emblée à remercier, comme tous ceux qui ont accepté d'en faire partie, répond à cet objectif fondamental.
J'en suis convaincue, c'est à partir d'un état des lieux complet de la situation actuelle qu'il vous sera possible de faire des propositions pertinentes.
C'est pourquoi l'établissement d'un état des lieux de l'organisation des soins devra être votre premier axe de réflexion.
Depuis 2003, le ministère de la santé a promu la mise en place, au sein de chaque région, d'une filière de prise en charge des patients victimes d'AVC, de l'alerte à la réinsertion.
Cinq ans plus tard, où en sommes-nous ? Les schémas régionaux d'organisation sanitaire de troisième génération, publiés en 2005, réservaient une part inégale à la prise en charge de l'AVC. Si tous envisageaient la création d'unités neurovasculaires (UNV), l'instauration d'une filière spécifique n'était prévue que dans six régions sur vingt-deux.
Aujourd'hui, nous comptons plus de soixante-dix UNV reconnues par les ARH.
Les progrès dans ce domaine ont été considérables, améliorant d'autant la qualité des soins pour les patients qui ont pu et peuvent en bénéficier.
Néanmoins, trop peu de patients bénéficient encore d'une prise en charge optimale.
C'est précisément le deuxième axe sur lequel je souhaiterais vous voir travailler : améliorer les prises en charge, à l'hôpital, mais aussi en amont et en aval.
Cela passe, bien sûr, par les UNV, par une meilleure formation des intervenants, ou encore par une utilisation plus généralisée de la télémédecine.
Cela passe, aussi, par un renforcement de la prise en charge pluridisciplinaire et par une amélioration de la fluidité des parcours.
Nous devons faciliter, pour chaque patient, le passage d'une étape à une autre, du court séjour vers les soins de suite et de réadaptation, et de ces derniers au domicile, en soins de longue durée ou aux centres médico-sociaux.
Ce sujet est crucial : je souhaite que vous y apportiez toute l'attention nécessaire.
J'attends de votre part des propositions réalistes et respectueuses de la ressource médicale, que nous ne pouvons ni gaspiller, ni disperser.
Par ailleurs, nous devons impérativement être en mesure d'évaluer la qualité de cette prise en charge.
Les professionnels le souhaitent, tout comme le ministère et les agences régionales, qui veulent suivre la mise en oeuvre de leur politique et en apprécier l'efficacité et l'efficience.
En ce sens, le rôle du comité de pilotage est bien, aussi, de définir les indicateurs de fonctionnement des filières.
Enfin, il me semble important que vous envisagiez la conception et la diffusion des outils de communication nécessaires, notamment dans le domaine de la prévention et de l'alerte.
Une meilleure information du public et des professionnels de santé est, en effet, essentielle pour réduire les délais de prise en charge.
La campagne de sensibilisation à l'appel du 15 qui s'est déroulée lors de la journée mondiale de l'AVC, le 29 octobre dernier, était, à cet égard, une manifestation encourageante.
Nous devons poursuivre dans cette voie.
Vous l'aurez compris, votre champ de réflexion est large. Il ne doit exclure aucun volet, de la prévention à la réinsertion.
A chaque stade, les pratiques professionnelles peuvent sans doute être améliorées.
Je voudrais ici saluer et remercier la Haute autorité de santé, dont le programme pilote d'amélioration des pratiques professionnelles en matière d'AVC qu'elle s'apprête à lancer, avec d'ailleurs un grand nombre d'entre vous, sera d'autant plus utile qu'il s'inscrira dans un cadre d'actions qui auront été pensées de façon cohérente et discutées au sein de votre comité.
Les logiques de filières et de réseaux, permettant d'apporter une réponse graduée, cohérente et globale aux besoins de soins, doivent se développer.
La prise en charge de l'AVC est ainsi un exemple parfait du type d'organisation que mon projet de loi « Hôpital, patients, santé et territoires » vise à faciliter.
Je ne doute pas que vous saurez tirer parti des expériences nombreuses et des pratiques déjà mises en oeuvre sur le terrain, pour répondre avec efficacité et pragmatisme au défi sanitaire auquel nous sommes confrontés. « Comment prendre en charge au mieux un patient qui fait un AVC dans une zone isolée, où l'on ne trouve pas de neurologue, et dont l'entourage a pu prévenir immédiatement le SAMU ? » : voilà le type de questions, très concrètes, que je souhaite vous voir aborder.
L'AVC est une urgence, une urgence neurologique, une urgence vasculaire, au service de laquelle toutes les compétences doivent être mobilisées.
Pour ce comité aussi, le temps nous est compté. Sans doute est-ce une des conditions de la réussite : nous faire aller à l'essentiel.
Aussi, je souhaite disposer avant la fin du premier trimestre 2009 d'un premier rapport, et d'un rapport définitif pour la fin du premier semestre.
Je sais pouvoir compter sur votre entière mobilisation.
Vous pouvez compter sur mon implication et sur celle de mes services pour, avec vous, « Agir Vite pour le Cerveau » et établir des « Actions vraiment Coordonnées ».
Je vous remercie.
Source http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr, le 3 décembre 2008