Point de presse de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur les perspectives d'adhésion de la Géorgie et de l'Ukraine à l'OTAN, les relations interpalestiniennes entre l'Autorité palestinienne et le Hamas et l'Union pour la Méditerranée, Bruxelles le 2 décembre 2008.

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Circonstance : Réunion ministérielle de l'OTAN à Bruxelles le 2 décembre 2008

Texte intégral

Q - A propos du dialogue avec la Russie ?
R - Comme cela a été accepté aujourd'hui, nous pensons, avec les vingt-sept pays de l'Union européenne, que nous devons poursuivre ce dialogue. Bien sûr, on ne doit pas parler de tout à la fois. Nous ne faisons que commencer à écouter les propositions du président Medvedev sur la sécurité en Europe. Nous devons certainement perfectionner et notre langage et les propositions qui seront faites. Mais en attendant, oui, nous pensons en ce qui concerne l'Alliance atlantique que ce dialogue doit être maintenu.
Q - La perspective d'une adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN recule-t-elle ?
R - Non. Elle ne se précise pas suffisamment parce que la situation dans ces deux pays, aussi bien en Ukraine qu'en Géorgie, ne le permet pas. Vous savez qu'il y a une Commission entre l'Alliance atlantique et l'Ukraine et une autre entre l'Alliance atlantique et la Géorgie qui vont permettre, je l'espère, d'améliorer les choses. Mais, en effet, si on nous attendait sur la délivrance ou non de ce fameux MAP, c'est-à-dire le document qui permet au terme d'un certain délai, avec des conditions très précises, l'adhésion à l'Alliance atlantique, eh bien la réponse est non. Nous avons indiqué qu'une décision devrait être prise un jour mais pour le moment, nous voulons continuer à améliorer les rapports entre la Géorgie, l'Ukraine et l'Alliance atlantique.
A part cela, il y avait aussi l'Albanie et la Croatie, ce qui est nouveau et ce qui permet évidemment à tous d'espérer.
En tout cas, tout le monde s'attendait à ce que le fossé apparu à Bucarest se creuse. Eh bien, ce n'est pas le cas ! Nous avons trouvé un langage commun entre la France, l'Allemagne et les Etats-Unis. Tout le monde présente la situation de façon caricaturale. Nous pensons que la Russie est notre voisin et qu'en dépit de toutes les positions, certaines très discutables, la géographie ne change pas. La Russie est notre voisin et nous devons dialoguer, sinon ce serait pire encore.
Q - Concernant les Palestiniens qui vivent actuellement dans la bande de Gaza, les conditions sont telles que l'on a l'impression que l'on va droit à une catastrophe humanitaire. Où en sont les négociations entre l'Autorité palestinienne et le Hamas ?
R - Il s'agit d'un problème avant tout palestinien. Une rencontre entre l'Autorité palestinienne et le Hamas était prévue mais le Hamas a reporté cette rencontre.
En ce qui nous concerne, nous maintenons notre aide. Nous faisons parvenir non seulement une aide humanitaire, mais aussi une aide plus technique. Nous continuons à travailler sur les projets mis en place comme par exemple la question de l'assainissement des eaux. Nous essayons de faire de notre mieux. Nous - pas seulement la France mais également l'Union européenne - soutenons le peuple palestinien, et notamment à Gaza. Cette aide, la plus importante de la communauté internationale, s'élève à la hauteur de 60 %.
Q - Vous dites toujours que vous ne pensez qu'à cela mais tous les rapports de l'ONU et des ONG parlent de catastrophe humaine.
R - Nous faisons tout ce que nous pouvons et encore une fois nous fournissons 60 % de l'aide de la communauté internationale.
On peut toujours faire plus, bien sûr, mais la situation politique nous échappe. Il appartient aux Palestiniens de trouver une solution. Ils devaient se rencontrer fin novembre, mais ils ne l'ont pas fait car le Hamas ne l'a pas voulu. Nous avons encore une fois aujourd'hui fait pression sur nos amis israéliens pour qu'ils lèvent le blocus. J'espère qu'ils vont le faire au plus vite afin que le carburant et les vivres puissent à nouveau circuler.
Q - A propos de l'Union pour la Méditerranée ?
R - Pour le moment, cela se passe très bien. Nous devons désigner un secrétaire général, qui doit venir du Sud, et les six secrétaires généraux adjoints.
Q - Y a-t-il des noms ?
R - Il n'y a pas de nom, mais les nationalités sont définies. Je crois qu'il y a un Turc en plus, il va donc être le sixième. Maintenant, il faut que l'on travaille sur les aspects techniques.
Q - Nous souhaiterions avoir votre point de vue concernant les questions liées à la Géorgie. Quels seront les points débattus demain à l'OTAN notamment dans le cadre de la commission OTAN-Géorgie ?
R - Je ne fais pas partie de la commission OTAN-Géorgie. Aujourd'hui, nous avons décidé sur la forme d'avoir un point de vue commun au sujet du MAP, mais cela ne signifie pas que nous ayons décidé sur le fond, ce n'était pas le bon moment.
Pour répondre à une telle question, il faut que vous sachiez qu'il y a des réunions de ces commissions OTAN-Géorgie, OTAN-Ukraine et qu'il y a encore des progrès à faire avant de prendre une décision.
Q - Qu'est-ce que cela signifie? Qu'en est-il des régions contestées comme la vallée d'Akhalgori ou de Perevi ?
R - Vous avez raison, cela fait partie des discussions qui ont eu lieu à Genève, cela a été débattu. Avec ou sans succès, mais ils devront continuer à le faire. Vous avez tout à fait raison notamment à propos de la vallée d'Akhalgori et de la région de Perevi qui se trouvent à cheval sur la frontière. La question est difficile mais j'espère que, dans les deux cas de figure, nous obtiendrons une résolution.
Q - Qu'en est-il des négociations pour la Géorgie et l'Ukraine dans le cadre d'une éventuelle intégration à l'OTAN ?
R - Ils doivent continuer à faire des progrès. La Géorgie, pour le moment, fait face à une situation de guerre. Quant à l'Ukraine, elle ne dispose pas de gouvernement. Par conséquent, les conditions pour une intégration future à l'OTAN ne sont pas remplies.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 décembre 2008