Texte intégral
L. Bazin Bonjour X. Bertrand.
Bonjour L. Bazin.
Ministre du Travail, pour faire court, parce que, effectivement, le titre est plus long que ça, il inclut notamment les solidarités. Ministre du Travail, y compris le dimanche, c'était en tout cas l'objectif que vous avait fixé N. Sarkozy. On a l'impression - allez - à la proposition de loi déposée par un député UMP, que la montagne a un peu accouché d'une souris, non ?
La première des choses c'est que le travail du dimanche, ce n'est pas à proprement parler une nouveauté, sept millions de français sont amenés à travailler le dimanche, d'ailleurs, ici, à I-Télé...
Les journalistes...
...Vont travailler le dimanche. Et trois millions et demi de Français travaillent tous les dimanches. Mais seulement, nous avons une réglementation qui est à bout de souffle, et il faut avant tout protéger ceux qui voulant travailler le dimanche risquent d'en être empêchés. Vous prenez Plan de Campagne, vous prenez le Val d'Oise, vous avez des enseignes aujourd'hui qui en ont marre de payer des astreintes astronomiques parce qu'elles ouvrent le dimanche, et il faut...
Donc on régularise, il faut dire les choses comme elles sont, c'est un texte technique pour régulariser des situations qui posaient problème et que vous estimiez injustes, c'est ça ?
Oui, tout à fait, et protéger les salariés...
Mais on ne va pas au-delà ?
Protéger les salariés avant tout. Soyons très précis, et comment est-ce que l'on veut protéger ces salariés, comment on veut clarifier les choses, dans des zones touristiques, et ensuite, dans des grandes zones d'attractivité commerciale, Paris, Lyon, Marseille et Lille, avec des garanties ? La garantie déjà que ce texte, parce qu'il est équilibré, évite de déstabiliser le commerce ; voilà pourquoi il faut le feu vert du maire, le feu vert du président de la communauté d'agglomérations, et c'est le préfet qui va faire le zonage. Et ensuite, des garanties pour les salariés. Le principe du volontariat, bien encadré et dans la loi et par le dialogue dans l'entreprise, parce que nous avons bien entendu le message qui nous a été adressé par les syndicats en disant : mais, vous mettez le volontariat dans la loi, mais comment ça va se passer dans les entreprises ? Message reçu. Nous avons apporté une garantie supplémentaire dans l'entreprise.
Vous dites "nous", pour parler d'une proposition de loi, ça veut dire que ça s'est fait en cogestion avec les députés.
Nous assumons tout à fait le fait que c'est une proposition...
C'est votre projet de loi, vous l'assumez comme ça ?
Non, c'est une proposition de loi de R. Mallié, qui est le député de Plan de Campagne, donc qui connaît bien le sujet, et qui a vu avant d'autres l'absurdité de la situation. Nous y avons travaillé avec J.-F. Copé, avec L. Chatel, ensemble.
Alors, il ne faut pas aller au-delà, on n'ira pas au-delà, voilà ce qu'on dit ce matin...
Généraliser le travail du dimanche ?
Oui.
Non...
C'est non...
Faire travailler tous les Français tous les dimanches, non...
Donc quand N. Sarkozy dit : pourquoi continuer...
Il ne s'agit pas de jouer sur les mots...
Pourquoi continuer à empêcher les Français de travailler le dimanche, ça, c'était, si je ne m'abuse, à Rethel, en octobre dernier, vous lui répondez : Monsieur le Président, on a fait ce qu'on a pu, mais on n'ira pas au-delà, pourquoi, parce que les Français étaient contre...
Non, non...
Parce que, pourquoi ?
Je sais que ça pourrait être amusant de dire qu'on a fait différemment, nous avons fait exactement ce que nous avions dit, c'est-à-dire de permettre à ceux qui le veulent de pouvoir le faire, mais, L. Bazin, est-ce qu'on a envie d'avoir l'ouverture des commerces partout en France, ce n'est pas vrai, moi, je suis un provincial. Chez moi, en Picardie, il n'y a aucune demande pour ouvrir le dimanche. En revanche, vous êtes en région parisienne, une heure et demie de trajet le matin, une heure et demie le soir, vous ne faites jamais vos courses le soir en semaine, et le samedi, vous n'avez pas forcément les parents qui sont réunis, il n'y a que le dimanche que la famille est réunie. Et c'est pour certains achats en famille que l'on a envie d'acheter quelque chose. Une voiture, vous l'achetez séparément, vous ? Non, vous l'achetez en famille. Un canapé, un intérieur, vous ne l'achetez pas séparément. C'est en famille, le dimanche, que vous pourrez justement faire ces achats, parce qu'il y a eu aussi des évolutions de consommation, mais pas partout.
Vous avez parlé tout à l'heure de garanties, vous avez dit : on a entendu, on offre des garanties. Quelles garanties offrez-vous par exemple à la Confédération générale des salariés du dimanche, qui vous demandait de poser, d'une certaine manière, votre sceau sur le doublement du tarif des paies du dimanche ; est-ce que vous leur garantissez que ce sera payé double pour tous ?
Dans ces nouveaux secteurs d'activité, oui, c'est marqué noir sur blanc dans le texte de loi. Et j'aimerais d'ailleurs...
Et les autres ?
J'aimerais d'ailleurs, tous ceux qui sont aujourd'hui en activité le dimanche ?
Oui.
C'est le même système qui restera, nous l'avons dit depuis le début, ce sont les conventions collectives, les accords qui existent, et dans tous ces nouveaux secteurs, nous faisons exactement ce que nous avions dit, ça sera payé double parce qu'il faut que le jeu en vaille la chandelle. Attention, si dans une entreprise, on veut payer plus que double, ah, là, les choses seront ouvertes, bien évidemment.
On peut, on a le droit de payer plus si on veut.
Ce qui est le cas d'ailleurs. Moi, je sais que j'ai rencontré un étudiant dans une grande enseigne des Champs-Élysées qui me disait : Monsieur le Ministre, laissez-nous travailler - parce que c'est payé triple dans leur entreprise -, et il nous disait qu'en faisant dix heures le dimanche, c'est son choix, il a l'équivalent de son revenu d'une semaine, et lui préfère travailler le dimanche que travailler tous les soirs en semaine.
Ce texte vous convient parfaitement en l'état, et vous vous faites fort de convaincre les trente députés qui ne veulent pas le voter ?
Je n'ai pas le sentiment qu'il y a trente députés UMP qui ne veulent pas le voter...
Vingt-cinq...
Il ne s'agit pas, pour nous aujourd'hui, de faire de l'arithmétique, mais de bien montrer à ceux qui ont des convictions et qui pensaient qu'il y avait généralisation, de leur expliquer ce qu'il y a dans ce texte, si ça avait été la généralisation du travail le dimanche, même moi, je n'étais pas favorable, mais il ne s'agit pas de cela. C'est un texte qui est équilibré, c'est un texte qui est très pragmatique, nous avons bien entendu les différents messages, les garanties pour les salariés, des garanties sociales, des garanties sociétales, il y a tout cela dans ce texte.
On va continuer à parler avec vous - bien évidemment, et ceux qui se sont exprimés sur les autres antennes ce matin - des Prud'homales, du plan de relance de N. Sarkozy, notamment, ce sera après le rappel des titres. A tout de suite.
[Le rappel des titres.]
On est toujours avec X. Bertrand, on va marquer une pause, et puis, on entendra E. Guigou fustiger le Gouvernement face à la crise, on entendra P. Devedjian, sur le travail du dimanche, B. Accoyer également sur la polémique autour de la nomination directe du patron de l'audiovisuel public par l'Elysée, c'est après une petite pause. [Pause publicitaire.] On est toujours en compagnie de X. Bertrand, le ministre du Travail, secrétaire général adjoint de l'UMP, ça ne nous a pas échappé non plus, on vous posera une petite question là-dessus tout à l'heure, bien sûr. On va entendre E. Guigou sur la crise. Je voudrais que vous disiez un mot des prud'homales quand même, qui se déroulent en ce moment. Dix-neuf millions de salariés sont appelés aux urnes, il s'en déplace, disons, bon an mal an, six millions, ce n'est pas beaucoup ; est-ce que si tout d'un coup, les salariés se mobilisaient, et par exemple, mettaient la CGT massivement en tête, vous considéreriez que c'est un désaveu pour vous ?
Mais ça serait un formidable encouragement pour la démocratie sociale...
Au contraire.
Les partenaires sociaux, les syndicats sont exigeants en France...
C'est l'expression d'une grogne, disons...
Eh bien, je préfère avoir des partenaires sociaux renforcés que des partenaires sociaux justement vers lesquels les salariés ne se tourneraient pas. Non, moi, je préfère qu'on ait une participation beaucoup plus importante, et d'ailleurs, il y a un paradoxe sur les prud'homales, quand on demande aux Français : est-ce que vous pensez que les prud'hommes, c'est important, ils sont neuf sur dix à vous dire oui, et quand on leur demande : est-ce que vous allez aller voter, ils ne sont que trois sur dix à vous dire oui.
Et ils ne mentent pas, puisque c'est à peu près le pourcentage de votants...
C'est ça, mais attention, ça n'a pas toujours été le cas. En 82, vous aviez six salariés sur dix qui allaient voter, et aujourd'hui, trois sur dix, j'espère qu'à partir de ce soir, on pourra voir un retour d'une participation supérieure, ça serait un bon signe pour tout le monde. Il n'y a pas que les salariés qui votent, les employeurs aussi, plus de 500.000 employeurs sont aussi appelés aux urnes, que tout le monde aille voter, vous connaissez la formule : votez pour qui vous voulez, vous-même, Laurent, votez pour qui vous voulez, mais allez voter, c'est important pour renforcer la démocratie sociale.
E. Guigou donc sur Europe 1 fustige les réponses que vous faites, que fait le président Sarkozy à la crise.
E. Guigou (document Europe 1) : La seule réponse pour l'instant à la crise économique terrible que nous vivons, et à la crise sociale encore plus terrible qui s'annonce, c'est pour l'instant : la retraite à 70 ans, n'est-ce pas, quel que soit le type de travail qu'on ait fait, même si on peut comprendre que les cadres ou des gens qui ont des métiers valorisants aient envie, etc., la retraite à 70 ans et le travail le dimanche. Monsieur Sarkozy, vous, qui demandez aux Européens de faire un plan de relance, eh bien, ne faites pas le contraire en France. Pour l'instant, nous avons un budget national qui réduit les aides à l'emploi, qui réduit les aides au logement alors qu'on a une pénurie de logements sociaux qui s'annonce, et qui réduit les dotations en collectivités locales.
X. Bertrand, est-ce qu'il faut attendre demain un plan massif, est-ce que c'est le mot qu'on doit employer ?
Eh bien tout d'abord, heureusement qu'on n'a pas attendu les propositions des socialistes pour bâtir un plan de relance, parce que quand j'entends madame Guigou, pour eux, il ne s'est toujours rien passé, on est dans une opposition systématique, mais ils n'ont pas compris que même leurs électeurs leur demandent de temps en temps de proposer. Avec ce que j'ai entendu, le PS n'est toujours pas de retour, toujours pas.
Bon, au-delà de ça, est-ce qu'on s'en tirera avec des Sarkozettes - pardon du néologisme - c'est-à-dire des primes à la casse et des taux, des prêts à 0%, facilités ; est-ce que ça suffira ?
Le plan, demain, sera un plan massif, parce que nous avons totalement pris la mesure de ce qui s'était passé et de ce qu'il faut faire. Vous savez, nous sommes attentifs et à l'écoute comme jamais, et nous serons en initiative comme jamais, et n'oubliez pas qu'on ne commencera pas à partir de demain à prendre des mesures. Quand l'Etat a décidé de reprendre le financement de 30.000 logements, qui était laissé en plan, c'est le cas de le dire, ce n'est pas pour devenir promoteur immobilier, c'est parce qu'un logement, c'est deux emplois à chaque fois. Quand il a été décidé que les nouveaux investissements seraient sortis de la taxe professionnelle, c'est pour dire aux chefs d'entreprise : si aujourd'hui, vous êtes tentés, vous, de ralentir par précaution, parce que votre environnement ralentit, n'attendez pas, investissez, parce que de l'investissement, c'est aussi de l'activité, c'est aussi de l'emploi. Nous n'avons pas arrêté et on ne restera jamais les bras croisés, jamais.
Donc un plan massif, on l'entend dans votre bouche ce matin. B. Accoyer, grosse polémique, vous le savez, en ce moment à l'Assemblée, autour de la réforme de l'audiovisuel. Ecoutez ce qu'en dit le président de cette dite Assemblée.
B. Accoyer (Document France 2) : Eh bien, écoutez, moi, je suis très surpris qu'il y ait une polémique sur ce point, parce que je pense que c'est une avancée. D'abord, c'est moins d'hypocrisie, et ensuite, c'est une double sécurisation. Le nom pressenti par le chef de l'Etat sera soumis au CSA, qui devra donner un avis conforme, c'est-à-dire que le CSA pourra accepter ou refuser. Donc il a toujours le pouvoir de décision. Deuxièmement, il y a un contrôle parlementaire, c'est-à-dire que le Parlement pourra s'opposer au nom pressenti, à la nomination pressentie, donc c'est une double sécurisation. Franchement, il y a une polémique sur ce point, alors que c'est la fin de l'hypocrisie, et c'est une double sécurisation, plus de transparence.
Je pense que vous êtes d'accord avec ça. La fin de l'hypocrisie, c'est un mot qu'a employé aussi P. Devedjian ce matin, je voulais vous le dire, ça prouve que là aussi, vous êtes d'accord au sein de la majorité, à propos du travail du dimanche, c'était sur Canal+ : « Il faut sortir de l'hypocrisie. Mais il doit y avoir des exceptions », voilà ce qu'a dit le secrétaire général de l'UMP. Au fait, tout le monde est candidat ce matin à la suite de P. Devedjian...
Ah, je n'ai pas entendu ça chez B. Accoyer...
On a entendu N. Morano ne pas se l'interdire, pas B. Accoyer. B. Hortefeux l'envisage visiblement à très haute voix, tout le monde fait de vous le favori, on ne va pas se raconter d'histoires ce matin, est-ce que si vous devenez le secrétaire général de l'UMP, vous quitterez le Gouvernement ?
Je vais vous dire une chose, je ne suis pas très doué pour la politique fiction, et je vois que vous vous posez beaucoup la question, vous, mais franchement, les militants, les sympathisants, jamais ne se posent la question.
Vous, vous ne la posez jamais ?
Ah, franchement, non.
Vraiment ?
Non, parce que, en ce moment, il vaut mieux être concentré sur ce que l'on a à faire, sur le travail du dimanche, sur la façon dont on doit être attentif justement aux plus fragiles, à la présidence française de l'Union européenne, ça, oui. Le ministre du Travail, L. Bazin, a beaucoup de travail, et puis, être secrétaire général adjoint de l'UMP, c'est très bien.
Donc vous n'envisagez pas de devenir secrétaire général de l'UMP ?
Je viens de vous dire que secrétaire général adjoint, c'est très bien.
Pour l'instant ?
Non, mais je peux vous le refaire, je peux vous le refaire.
Moi aussi. Merci beaucoup d'avoir été notre invité.
Merci à vous.
On en restera-là, mais on vous reposera la question plus tard, les choses peuvent changer.
Il y a plein d'autres questions, je suis sûr, qui passionnent vos téléspectateurs...
... Celles dont on a largement parlé au cours de cette interview...
Exactement. C'est vrai.
Merci encore. Bonne journée à vous. Merci. On attend les résultats des prud'homales dans la nuit prochaine, donc on pourra vous les donner dès 06h demain matin. C'est important : votez, vous a dit tout à l'heure X. Bertrand... ..
Pour qui vous voulez.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 4 décembre 2008
Bonjour L. Bazin.
Ministre du Travail, pour faire court, parce que, effectivement, le titre est plus long que ça, il inclut notamment les solidarités. Ministre du Travail, y compris le dimanche, c'était en tout cas l'objectif que vous avait fixé N. Sarkozy. On a l'impression - allez - à la proposition de loi déposée par un député UMP, que la montagne a un peu accouché d'une souris, non ?
La première des choses c'est que le travail du dimanche, ce n'est pas à proprement parler une nouveauté, sept millions de français sont amenés à travailler le dimanche, d'ailleurs, ici, à I-Télé...
Les journalistes...
...Vont travailler le dimanche. Et trois millions et demi de Français travaillent tous les dimanches. Mais seulement, nous avons une réglementation qui est à bout de souffle, et il faut avant tout protéger ceux qui voulant travailler le dimanche risquent d'en être empêchés. Vous prenez Plan de Campagne, vous prenez le Val d'Oise, vous avez des enseignes aujourd'hui qui en ont marre de payer des astreintes astronomiques parce qu'elles ouvrent le dimanche, et il faut...
Donc on régularise, il faut dire les choses comme elles sont, c'est un texte technique pour régulariser des situations qui posaient problème et que vous estimiez injustes, c'est ça ?
Oui, tout à fait, et protéger les salariés...
Mais on ne va pas au-delà ?
Protéger les salariés avant tout. Soyons très précis, et comment est-ce que l'on veut protéger ces salariés, comment on veut clarifier les choses, dans des zones touristiques, et ensuite, dans des grandes zones d'attractivité commerciale, Paris, Lyon, Marseille et Lille, avec des garanties ? La garantie déjà que ce texte, parce qu'il est équilibré, évite de déstabiliser le commerce ; voilà pourquoi il faut le feu vert du maire, le feu vert du président de la communauté d'agglomérations, et c'est le préfet qui va faire le zonage. Et ensuite, des garanties pour les salariés. Le principe du volontariat, bien encadré et dans la loi et par le dialogue dans l'entreprise, parce que nous avons bien entendu le message qui nous a été adressé par les syndicats en disant : mais, vous mettez le volontariat dans la loi, mais comment ça va se passer dans les entreprises ? Message reçu. Nous avons apporté une garantie supplémentaire dans l'entreprise.
Vous dites "nous", pour parler d'une proposition de loi, ça veut dire que ça s'est fait en cogestion avec les députés.
Nous assumons tout à fait le fait que c'est une proposition...
C'est votre projet de loi, vous l'assumez comme ça ?
Non, c'est une proposition de loi de R. Mallié, qui est le député de Plan de Campagne, donc qui connaît bien le sujet, et qui a vu avant d'autres l'absurdité de la situation. Nous y avons travaillé avec J.-F. Copé, avec L. Chatel, ensemble.
Alors, il ne faut pas aller au-delà, on n'ira pas au-delà, voilà ce qu'on dit ce matin...
Généraliser le travail du dimanche ?
Oui.
Non...
C'est non...
Faire travailler tous les Français tous les dimanches, non...
Donc quand N. Sarkozy dit : pourquoi continuer...
Il ne s'agit pas de jouer sur les mots...
Pourquoi continuer à empêcher les Français de travailler le dimanche, ça, c'était, si je ne m'abuse, à Rethel, en octobre dernier, vous lui répondez : Monsieur le Président, on a fait ce qu'on a pu, mais on n'ira pas au-delà, pourquoi, parce que les Français étaient contre...
Non, non...
Parce que, pourquoi ?
Je sais que ça pourrait être amusant de dire qu'on a fait différemment, nous avons fait exactement ce que nous avions dit, c'est-à-dire de permettre à ceux qui le veulent de pouvoir le faire, mais, L. Bazin, est-ce qu'on a envie d'avoir l'ouverture des commerces partout en France, ce n'est pas vrai, moi, je suis un provincial. Chez moi, en Picardie, il n'y a aucune demande pour ouvrir le dimanche. En revanche, vous êtes en région parisienne, une heure et demie de trajet le matin, une heure et demie le soir, vous ne faites jamais vos courses le soir en semaine, et le samedi, vous n'avez pas forcément les parents qui sont réunis, il n'y a que le dimanche que la famille est réunie. Et c'est pour certains achats en famille que l'on a envie d'acheter quelque chose. Une voiture, vous l'achetez séparément, vous ? Non, vous l'achetez en famille. Un canapé, un intérieur, vous ne l'achetez pas séparément. C'est en famille, le dimanche, que vous pourrez justement faire ces achats, parce qu'il y a eu aussi des évolutions de consommation, mais pas partout.
Vous avez parlé tout à l'heure de garanties, vous avez dit : on a entendu, on offre des garanties. Quelles garanties offrez-vous par exemple à la Confédération générale des salariés du dimanche, qui vous demandait de poser, d'une certaine manière, votre sceau sur le doublement du tarif des paies du dimanche ; est-ce que vous leur garantissez que ce sera payé double pour tous ?
Dans ces nouveaux secteurs d'activité, oui, c'est marqué noir sur blanc dans le texte de loi. Et j'aimerais d'ailleurs...
Et les autres ?
J'aimerais d'ailleurs, tous ceux qui sont aujourd'hui en activité le dimanche ?
Oui.
C'est le même système qui restera, nous l'avons dit depuis le début, ce sont les conventions collectives, les accords qui existent, et dans tous ces nouveaux secteurs, nous faisons exactement ce que nous avions dit, ça sera payé double parce qu'il faut que le jeu en vaille la chandelle. Attention, si dans une entreprise, on veut payer plus que double, ah, là, les choses seront ouvertes, bien évidemment.
On peut, on a le droit de payer plus si on veut.
Ce qui est le cas d'ailleurs. Moi, je sais que j'ai rencontré un étudiant dans une grande enseigne des Champs-Élysées qui me disait : Monsieur le Ministre, laissez-nous travailler - parce que c'est payé triple dans leur entreprise -, et il nous disait qu'en faisant dix heures le dimanche, c'est son choix, il a l'équivalent de son revenu d'une semaine, et lui préfère travailler le dimanche que travailler tous les soirs en semaine.
Ce texte vous convient parfaitement en l'état, et vous vous faites fort de convaincre les trente députés qui ne veulent pas le voter ?
Je n'ai pas le sentiment qu'il y a trente députés UMP qui ne veulent pas le voter...
Vingt-cinq...
Il ne s'agit pas, pour nous aujourd'hui, de faire de l'arithmétique, mais de bien montrer à ceux qui ont des convictions et qui pensaient qu'il y avait généralisation, de leur expliquer ce qu'il y a dans ce texte, si ça avait été la généralisation du travail le dimanche, même moi, je n'étais pas favorable, mais il ne s'agit pas de cela. C'est un texte qui est équilibré, c'est un texte qui est très pragmatique, nous avons bien entendu les différents messages, les garanties pour les salariés, des garanties sociales, des garanties sociétales, il y a tout cela dans ce texte.
On va continuer à parler avec vous - bien évidemment, et ceux qui se sont exprimés sur les autres antennes ce matin - des Prud'homales, du plan de relance de N. Sarkozy, notamment, ce sera après le rappel des titres. A tout de suite.
[Le rappel des titres.]
On est toujours avec X. Bertrand, on va marquer une pause, et puis, on entendra E. Guigou fustiger le Gouvernement face à la crise, on entendra P. Devedjian, sur le travail du dimanche, B. Accoyer également sur la polémique autour de la nomination directe du patron de l'audiovisuel public par l'Elysée, c'est après une petite pause. [Pause publicitaire.] On est toujours en compagnie de X. Bertrand, le ministre du Travail, secrétaire général adjoint de l'UMP, ça ne nous a pas échappé non plus, on vous posera une petite question là-dessus tout à l'heure, bien sûr. On va entendre E. Guigou sur la crise. Je voudrais que vous disiez un mot des prud'homales quand même, qui se déroulent en ce moment. Dix-neuf millions de salariés sont appelés aux urnes, il s'en déplace, disons, bon an mal an, six millions, ce n'est pas beaucoup ; est-ce que si tout d'un coup, les salariés se mobilisaient, et par exemple, mettaient la CGT massivement en tête, vous considéreriez que c'est un désaveu pour vous ?
Mais ça serait un formidable encouragement pour la démocratie sociale...
Au contraire.
Les partenaires sociaux, les syndicats sont exigeants en France...
C'est l'expression d'une grogne, disons...
Eh bien, je préfère avoir des partenaires sociaux renforcés que des partenaires sociaux justement vers lesquels les salariés ne se tourneraient pas. Non, moi, je préfère qu'on ait une participation beaucoup plus importante, et d'ailleurs, il y a un paradoxe sur les prud'homales, quand on demande aux Français : est-ce que vous pensez que les prud'hommes, c'est important, ils sont neuf sur dix à vous dire oui, et quand on leur demande : est-ce que vous allez aller voter, ils ne sont que trois sur dix à vous dire oui.
Et ils ne mentent pas, puisque c'est à peu près le pourcentage de votants...
C'est ça, mais attention, ça n'a pas toujours été le cas. En 82, vous aviez six salariés sur dix qui allaient voter, et aujourd'hui, trois sur dix, j'espère qu'à partir de ce soir, on pourra voir un retour d'une participation supérieure, ça serait un bon signe pour tout le monde. Il n'y a pas que les salariés qui votent, les employeurs aussi, plus de 500.000 employeurs sont aussi appelés aux urnes, que tout le monde aille voter, vous connaissez la formule : votez pour qui vous voulez, vous-même, Laurent, votez pour qui vous voulez, mais allez voter, c'est important pour renforcer la démocratie sociale.
E. Guigou donc sur Europe 1 fustige les réponses que vous faites, que fait le président Sarkozy à la crise.
E. Guigou (document Europe 1) : La seule réponse pour l'instant à la crise économique terrible que nous vivons, et à la crise sociale encore plus terrible qui s'annonce, c'est pour l'instant : la retraite à 70 ans, n'est-ce pas, quel que soit le type de travail qu'on ait fait, même si on peut comprendre que les cadres ou des gens qui ont des métiers valorisants aient envie, etc., la retraite à 70 ans et le travail le dimanche. Monsieur Sarkozy, vous, qui demandez aux Européens de faire un plan de relance, eh bien, ne faites pas le contraire en France. Pour l'instant, nous avons un budget national qui réduit les aides à l'emploi, qui réduit les aides au logement alors qu'on a une pénurie de logements sociaux qui s'annonce, et qui réduit les dotations en collectivités locales.
X. Bertrand, est-ce qu'il faut attendre demain un plan massif, est-ce que c'est le mot qu'on doit employer ?
Eh bien tout d'abord, heureusement qu'on n'a pas attendu les propositions des socialistes pour bâtir un plan de relance, parce que quand j'entends madame Guigou, pour eux, il ne s'est toujours rien passé, on est dans une opposition systématique, mais ils n'ont pas compris que même leurs électeurs leur demandent de temps en temps de proposer. Avec ce que j'ai entendu, le PS n'est toujours pas de retour, toujours pas.
Bon, au-delà de ça, est-ce qu'on s'en tirera avec des Sarkozettes - pardon du néologisme - c'est-à-dire des primes à la casse et des taux, des prêts à 0%, facilités ; est-ce que ça suffira ?
Le plan, demain, sera un plan massif, parce que nous avons totalement pris la mesure de ce qui s'était passé et de ce qu'il faut faire. Vous savez, nous sommes attentifs et à l'écoute comme jamais, et nous serons en initiative comme jamais, et n'oubliez pas qu'on ne commencera pas à partir de demain à prendre des mesures. Quand l'Etat a décidé de reprendre le financement de 30.000 logements, qui était laissé en plan, c'est le cas de le dire, ce n'est pas pour devenir promoteur immobilier, c'est parce qu'un logement, c'est deux emplois à chaque fois. Quand il a été décidé que les nouveaux investissements seraient sortis de la taxe professionnelle, c'est pour dire aux chefs d'entreprise : si aujourd'hui, vous êtes tentés, vous, de ralentir par précaution, parce que votre environnement ralentit, n'attendez pas, investissez, parce que de l'investissement, c'est aussi de l'activité, c'est aussi de l'emploi. Nous n'avons pas arrêté et on ne restera jamais les bras croisés, jamais.
Donc un plan massif, on l'entend dans votre bouche ce matin. B. Accoyer, grosse polémique, vous le savez, en ce moment à l'Assemblée, autour de la réforme de l'audiovisuel. Ecoutez ce qu'en dit le président de cette dite Assemblée.
B. Accoyer (Document France 2) : Eh bien, écoutez, moi, je suis très surpris qu'il y ait une polémique sur ce point, parce que je pense que c'est une avancée. D'abord, c'est moins d'hypocrisie, et ensuite, c'est une double sécurisation. Le nom pressenti par le chef de l'Etat sera soumis au CSA, qui devra donner un avis conforme, c'est-à-dire que le CSA pourra accepter ou refuser. Donc il a toujours le pouvoir de décision. Deuxièmement, il y a un contrôle parlementaire, c'est-à-dire que le Parlement pourra s'opposer au nom pressenti, à la nomination pressentie, donc c'est une double sécurisation. Franchement, il y a une polémique sur ce point, alors que c'est la fin de l'hypocrisie, et c'est une double sécurisation, plus de transparence.
Je pense que vous êtes d'accord avec ça. La fin de l'hypocrisie, c'est un mot qu'a employé aussi P. Devedjian ce matin, je voulais vous le dire, ça prouve que là aussi, vous êtes d'accord au sein de la majorité, à propos du travail du dimanche, c'était sur Canal+ : « Il faut sortir de l'hypocrisie. Mais il doit y avoir des exceptions », voilà ce qu'a dit le secrétaire général de l'UMP. Au fait, tout le monde est candidat ce matin à la suite de P. Devedjian...
Ah, je n'ai pas entendu ça chez B. Accoyer...
On a entendu N. Morano ne pas se l'interdire, pas B. Accoyer. B. Hortefeux l'envisage visiblement à très haute voix, tout le monde fait de vous le favori, on ne va pas se raconter d'histoires ce matin, est-ce que si vous devenez le secrétaire général de l'UMP, vous quitterez le Gouvernement ?
Je vais vous dire une chose, je ne suis pas très doué pour la politique fiction, et je vois que vous vous posez beaucoup la question, vous, mais franchement, les militants, les sympathisants, jamais ne se posent la question.
Vous, vous ne la posez jamais ?
Ah, franchement, non.
Vraiment ?
Non, parce que, en ce moment, il vaut mieux être concentré sur ce que l'on a à faire, sur le travail du dimanche, sur la façon dont on doit être attentif justement aux plus fragiles, à la présidence française de l'Union européenne, ça, oui. Le ministre du Travail, L. Bazin, a beaucoup de travail, et puis, être secrétaire général adjoint de l'UMP, c'est très bien.
Donc vous n'envisagez pas de devenir secrétaire général de l'UMP ?
Je viens de vous dire que secrétaire général adjoint, c'est très bien.
Pour l'instant ?
Non, mais je peux vous le refaire, je peux vous le refaire.
Moi aussi. Merci beaucoup d'avoir été notre invité.
Merci à vous.
On en restera-là, mais on vous reposera la question plus tard, les choses peuvent changer.
Il y a plein d'autres questions, je suis sûr, qui passionnent vos téléspectateurs...
... Celles dont on a largement parlé au cours de cette interview...
Exactement. C'est vrai.
Merci encore. Bonne journée à vous. Merci. On attend les résultats des prud'homales dans la nuit prochaine, donc on pourra vous les donner dès 06h demain matin. C'est important : votez, vous a dit tout à l'heure X. Bertrand... ..
Pour qui vous voulez.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 4 décembre 2008