Texte intégral
J.-L. Hees.- Je vais tenter ma chance, on nous a annoncé des chiffres du chômage difficiles, difficiles et douloureux pour bien des Français pour le mois d'octobre. Je présume que vous avez une idée, on connaîtra officiellement les chiffres demain...
Cela a été dit par C. Lagarde, cela a été dit par L. Wauquiez qui sont directement en charge du sujet. On sait qu'on a une tendance qui ne sera pas bonne, mais on n'a pas encore les chiffres précis au moment où je vous parle.
J'insiste un tout petit peu, pardonnez moi : L. Wauquiez parlait de chiffres aussi mauvais qu'au mois d'août et à l'époque, on avait 42.000 chômeurs en plus.
Entendons nous bien : il ne s'agit pas de faire les mystérieux, c'est que ces chiffres, ils doivent être consolidés, et donc, ce qui est en notre connaissance, et nous le disons dès que nous le savons, c'est quelle est cette tendance. Mais il faut être précis sur des sujets comme ceux-là. Et ce n'est qu'à partir de demain qu'on aura les chiffres officiels, je vous assure.
On attendra demain. Il y a une crise économique qui secoue le monde entier, pas seulement la France. Les Français sont au courant, mais est-ce qu'à votre avis, ils ont la perception à 100 % de ce qui peut arriver ? Je pense à cela parce qu'il y a beaucoup d'anxiété autour.
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que pour avoir la perception précise de ce qui va se passer, il faut à la fois intégrer la réalité économique dans certains pays, je pense notamment aux Etats-Unis, et il n'est pas question un seul instant de faire croire que cette crise économique, notamment aux Etats-Unis, va s'arrêter au milieu de l'Atlantique. L'heure n'est plus à refaire le coup du nuage de Tchernobyl qui s'était arrêté à la frontière. Nous sommes tellement liés dans la relation commerciale avec les Etats-Unis que s'il y a une récession là-bas, cela a des conséquences économiques en Europe, et donc en France. Mais en revanche, il n'est pas question non plus de rester les bras croisés face à cette situation. Et en ce moment, pour le Président comme pour le Gouvernement, l'enjeu est simple : c'est d'être attentif comme jamais à ce qui se passe et ce qui peut se passer pour être en initiative comme jamais. De façon à éviter que les conséquences de cette crise économique ne soient des conséquences trop importantes. De façon à éviter aussi qu'avec la reprise que nous connaîtrons forcément, la France soit cette fois-ci en retard comme elle m'a été les fois précédentes. Rappelez-vous, en 1992, une crise économique importante en Europe, la plupart de nos voisins Européens sorte de cette crise en 1995. Et la France n'en sortira qu'en 1997, 1998. Pourquoi ? Parce qu'à l'époque, on n'avait pas engagé suffisamment de réformes de fond, on n'avait pas pris suffisamment d'initiatives. Il n'est pas question d'avoir la mémoire courte et de ne pas tirer les leçons de ce qui c'était passé par le passé.
X. Bertrand, tout de même, comment - les faits économiques sont têtus en ce moment -, est-ce qu'on peut accompagner, par exemple, les gens qui sont très angoissés en ce moment ? On voit beaucoup de chômage technique, on voit des fermetures d'usines... Comment est-ce qu'on peut accompagner au coup par coup cette évolution négative de l'économie ?
Avant d'accompagner l'évolution négative, évitons qu'elle ne soit trop négative. Je crois que c'est important de bien prendre les choses également en amont. Il a déjà fallu mettre en place ce plan de sauvetage des banques, parce qu'on est passé quand même à deux doigt de la catastrophe absolue en matière financière, avec une machine financière qui a failli s'arrêter et une machine économique qui se serait arrêtée. C'est ce qui c'était passé en 1929. On a évité ça grâce au volontarisme politique. Ensuite, d'autres initiatives économiques ont déjà été prises. Quand le président de la République dit que les nouveaux investissements jusqu'à fin 2009 ne rentreront pas dans le calcul de la taxe professionnelle, le message est le suivant : pour certains secteurs d'activité, la crise est déjà là qui frappe, c'est vrai. Mais pour d'autres secteurs d'activité, les carnets de commandes sont toujours bons, mais les chefs d'entreprise en question se disent "mon environnement ralentit, donc, par précaution, je vais ralentir". Et le message qu'on leur adresse, c'est le suivant : n'attendez pas 2010 pour investir, faites-le dès 2009, parce que là, ça ne comptera pas dans le calcul de la taxe professionnelle". C'est un message très fort. Et je me déplace toutes les semaines en Province et je vois des chefs d'entreprise qui nous disent, "ce message-là, nous l'avons bien reçu, nous n'allons pas différer nos investissements". Et s'il y a un investissement, il y a du travail notamment pour l'activité économique, pour réaliser par exemple des nouveaux bâtiments. Et tout cela a un rôle important aussi sur l'économie et aussi sur la croissance. Les 30.000 logements en panne, l'Etat qui intervient, ce n'est pas pour devenir promoteur immobilier, c'est tout simplement pour permettre la commercialisation de ces logements. Et vous savez, un logement, c'est plus de deux emplois à la clé. Donc, voilà toutes les initiatives que nous avons déjà prises, entre autres. Et puis, vous le savez, on ne va pas rester les bras croisés. Le président de la République a annoncé un plan de relance assez massif dans les dix jours. Nous attendons aussi des orientations, des décisions de la Commission européenne. Il est hors de question en ce moment de rester passif.
Les deux secteurs, pour revenir sur le plan de relance qu'on connaîtra dans une dizaine de jours - je crois qu'on parle d'une vingtaine de milliards d'euros -, les deux secteurs prioritaires, pour vous, c'est le bâtiment et l'automobile ?
Il y a bien sûr des secteurs dont on sent bien qu'ils sont pris dans une tourmente. L'industrie automobile, on l'a vu aux Etats-Unis, on le voit aussi en Europe, est pris dans une tourmente comme rarement on a pu le voir. Mais il est important de prendre en compte la situation des constructeurs et des sous-traitants, parce qu'avec la reprise, si vous avez uniquement soutenu les constructeurs et oublié les sous-traitants, comment les constructeurs vont faire si les sous-traitants ont disparu ? Voilà pourquoi c'est toute la filière qui nous intéresse, et on le voit aussi sur le secteur du bâtiment, ce sont des secteurs sur lesquels on peut agir, massivement, rapidement, efficacement, et ce sont des secteurs qu'on ne veut certainement pas voir disparaître.
C'est une question qui va directement au ministre du Travail. On parle de faciliter la mise en oeuvre du chômage technique et de mieux indemniser ce chômage technique.
Pourquoi ? Parce que le chômage technique c'est la façon de ne pas éloigner le salarié de l'entreprise. Il y a une baisse d'activité, notamment si vous vendez beaucoup moins de voitures, vous allez moins en produire pour éviter que les stocks ne se constituent, et dans ces conditions, vous savez que c'est temporaire. Eh bien, il faut permettre de pouvoir donner plus d'heures de chômage technique et aussi de mieux indemniser les salariés. C'est le choix qui est fait. A un autre moment, quand vous avez des salariés qu'une entreprise ne peut pas garder, eh bien, là, c'est la logique du contrat de transition professionnel, une meilleure indemnisation, une meilleure prise en charge aussi de la formation. Je l'ai vu la semaine dernière à Vitré, en déplacement à Vitré, chez P. Méhaignerie, en inaugurant justement une entreprise de centre d'appels téléphoniques, des salariés qui étaient dans le textile, leur entreprise a fermé. Ils ont été pris en contrats de transition professionnelle avec 80 % d'indemnisations brutes de leur dernier salaire. Eh bien, la première des choses c'est que pour ces salariés-là, ils n'ont pas l'angoisse de savoir s'ils vont pouvoir payer leur loyer. Ils n'ont pas l'angoisse de savoir s'ils vont payer leur crédit parce que leur revenu est garanti, et cela leur permet beaucoup plus facilement de se former, de changer de secteur d'activité, et de retrouver un emploi. Le Président a annoncé donc hier l'extension de ce dispositif.
Donc il n'y a pas le choix. C'est le volontarisme...
Plus que jamais.
...quitte à modifier un certain nombre même pas d'idéologies mais de philosophie de départ. Il faut s'adapter.
Notre philosophie c'est l'efficacité. Aujourd'hui, nous avons des valeurs : nous nous en sortirons par le travail ; nous nous en sortirons par l'esprit d'entreprise, nous allons tenir le cap du changement, mais en même temps tenir le cap de la cohésion sociale. Parce que pour ceux qui sont éloignés aujourd'hui du travail, il faut aussi faire jouer la solidarité. Les personnes âgées, les retraités, quand on décide d'augmenter le minimum vieillesse, d'augmenter les pensions de réversion pour les veuves les plus modestes, c'est la même logique. Là, ce n'est pas le travail qui va permettre à ces personnes-là de faire face à la situation, c'est la solidarité qui doit jouer.
Un sujet un peu différent, même très, très différent. Quel est le meilleur ennemi de la majorité : S. Royal ou M. Aubry ? J'aimerais avoir votre commentaire sur ce qui s'est passé au PS.
Notre meilleur ennemi ce serait de nous intéresser à eux. Parce que ce qui nous intéresse aujourd'hui ce sont les Français, c'est les inquiétudes des Français, c'est les propositions qu'on doit faire pour prendre en compte aujourd'hui les questions que se posent les Français. Et nous, le sujet est très simple, on ne va pas passer notre temps à parler au Parti socialiste, parce qu'ils s'invectivent suffisamment entre eux, mais c'est d'être concentrés sur la mission qui est la nôtre, et ne jamais oublier, ne jamais oublier que notre fonction essentielle c'est prendre en compte les problèmes de ce pays, et mettre en place des projets d'avenir.
Mais je me disais aussi, monsieur le ministre, que dans ces périodes de difficultés, c'est peut-être bien aussi d'avoir une opposition plus structurée, plutôt qu'une opposition déliquescente. Cela peut aider de temps en temps à améliorer la psychologie d'un pays, non ?
Mais franchement, ça, ça ne dépend pas de nous.
Bon, c'est vrai. J'ai vu en arrivant que vous éteigniez votre téléphone portable. Et ce qu'on lit dans le Figaro, là : "les fous du téléphone et du Blackberry". Alors, vous faites partie de ces gens qui ont deux cerveaux : un disponible pour les affaires et puis l'autre pour le Blackberry ?
Non, non, je n'en ai qu'un, et je vais vous faire une confidence, je vais vous dire ce que je regardais avant d'entrer dans ce studio : c'est le chiffre de participation aux élections prud'homales sur Internet. On vient de passer à 60.300 personnes qui ont décidé de voter par Internet pour les prud'homales, et c'est jusqu'à ce soir, 18 heures, que l'on peut voter par Internet. C'est un formidable succès, c'est que c'est une première le vote par Internet. Et on me donnait les tout derniers chiffres avant que je rentre dans le studio.
Et donc c'est un taux de participation en hausse, par rapport au... ?
C'est la première fois qu'on vote par Internet. Mais plus de 60.000 personnes - c'était sur Paris uniquement - qui font ce choix, ça montre, un, qu'Internet est aussi reconnu comme un vecteur intéressant, intelligent aussi pour voter ; et puis, cela nous donne une indication, parce que je pense que ces élections prud'homales c'est un rendez-vous essentiel, c'est le 3 décembre, et là, on vote pour qui l'on veut, mais que l'on soit employeur ou salarié, il est important de se mobiliser, parce que le taux de mobilisation va permettre aussi de renforcer les partenaires sociaux. Les employeurs qui vont voter pour leurs employeurs, cela montre justement qu'on fait confiance au dialogue social. Et les salariés qui vont voter massivement, s'ils vont voter massivement c'est aussi une façon de renforcer les syndicats, et nous avons besoin, dans une société comme la nôtre, d'avoir un dialogue social, une démocratie sociale et des partenaires sociaux forts. Plus forts encore.
Dernière question, X. Bertrand, je ne sais pas si vous avez le temps d'aller acheter des livres, mais il y a un livre qui paraît chez Anne Carrière, qui s'appelle "Chouchou : le fabuleux destin de X. Bertrand". "Chouchou" c'est déjà un titre particulier. On sait que vous avez une excellente relation avec le président de la République, mais est-ce que cela veut dire que vous avez un destin, enfin, comment dire, rapide, à portée d'ambitions ?
Bon, déjà, ce livre-là je ne l'ai pas lu. Je ne l'ai pas lu. Je n'étais pas demandeur de cette biographie. Je ne sais pas précisément de qui je suis le chouchou. Certainement pas des auteurs. J'ai vu dans un hebdomadaire deux pages. Dans ces deux pages, il y avait déjà sept erreurs, donc je n'ai pas eu envie de lire ce livre. Il y avait des erreurs, il y avait des approximations, il y avait aussi, j'ai vu aussi, sur certains points, de sérieuses contrevérités et des mensonges.
Je vous remercie. Je souhaite une bonne journée à monsieur Bertrand.
Bonne journée à vous. Merci. Le ministre du Travail qui vous dit, si vous ne l'avez pas fait, si vous voulez le faire, votez encore par Internet.
On ira voter. Merci.Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 novembre 2008
Cela a été dit par C. Lagarde, cela a été dit par L. Wauquiez qui sont directement en charge du sujet. On sait qu'on a une tendance qui ne sera pas bonne, mais on n'a pas encore les chiffres précis au moment où je vous parle.
J'insiste un tout petit peu, pardonnez moi : L. Wauquiez parlait de chiffres aussi mauvais qu'au mois d'août et à l'époque, on avait 42.000 chômeurs en plus.
Entendons nous bien : il ne s'agit pas de faire les mystérieux, c'est que ces chiffres, ils doivent être consolidés, et donc, ce qui est en notre connaissance, et nous le disons dès que nous le savons, c'est quelle est cette tendance. Mais il faut être précis sur des sujets comme ceux-là. Et ce n'est qu'à partir de demain qu'on aura les chiffres officiels, je vous assure.
On attendra demain. Il y a une crise économique qui secoue le monde entier, pas seulement la France. Les Français sont au courant, mais est-ce qu'à votre avis, ils ont la perception à 100 % de ce qui peut arriver ? Je pense à cela parce qu'il y a beaucoup d'anxiété autour.
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que pour avoir la perception précise de ce qui va se passer, il faut à la fois intégrer la réalité économique dans certains pays, je pense notamment aux Etats-Unis, et il n'est pas question un seul instant de faire croire que cette crise économique, notamment aux Etats-Unis, va s'arrêter au milieu de l'Atlantique. L'heure n'est plus à refaire le coup du nuage de Tchernobyl qui s'était arrêté à la frontière. Nous sommes tellement liés dans la relation commerciale avec les Etats-Unis que s'il y a une récession là-bas, cela a des conséquences économiques en Europe, et donc en France. Mais en revanche, il n'est pas question non plus de rester les bras croisés face à cette situation. Et en ce moment, pour le Président comme pour le Gouvernement, l'enjeu est simple : c'est d'être attentif comme jamais à ce qui se passe et ce qui peut se passer pour être en initiative comme jamais. De façon à éviter que les conséquences de cette crise économique ne soient des conséquences trop importantes. De façon à éviter aussi qu'avec la reprise que nous connaîtrons forcément, la France soit cette fois-ci en retard comme elle m'a été les fois précédentes. Rappelez-vous, en 1992, une crise économique importante en Europe, la plupart de nos voisins Européens sorte de cette crise en 1995. Et la France n'en sortira qu'en 1997, 1998. Pourquoi ? Parce qu'à l'époque, on n'avait pas engagé suffisamment de réformes de fond, on n'avait pas pris suffisamment d'initiatives. Il n'est pas question d'avoir la mémoire courte et de ne pas tirer les leçons de ce qui c'était passé par le passé.
X. Bertrand, tout de même, comment - les faits économiques sont têtus en ce moment -, est-ce qu'on peut accompagner, par exemple, les gens qui sont très angoissés en ce moment ? On voit beaucoup de chômage technique, on voit des fermetures d'usines... Comment est-ce qu'on peut accompagner au coup par coup cette évolution négative de l'économie ?
Avant d'accompagner l'évolution négative, évitons qu'elle ne soit trop négative. Je crois que c'est important de bien prendre les choses également en amont. Il a déjà fallu mettre en place ce plan de sauvetage des banques, parce qu'on est passé quand même à deux doigt de la catastrophe absolue en matière financière, avec une machine financière qui a failli s'arrêter et une machine économique qui se serait arrêtée. C'est ce qui c'était passé en 1929. On a évité ça grâce au volontarisme politique. Ensuite, d'autres initiatives économiques ont déjà été prises. Quand le président de la République dit que les nouveaux investissements jusqu'à fin 2009 ne rentreront pas dans le calcul de la taxe professionnelle, le message est le suivant : pour certains secteurs d'activité, la crise est déjà là qui frappe, c'est vrai. Mais pour d'autres secteurs d'activité, les carnets de commandes sont toujours bons, mais les chefs d'entreprise en question se disent "mon environnement ralentit, donc, par précaution, je vais ralentir". Et le message qu'on leur adresse, c'est le suivant : n'attendez pas 2010 pour investir, faites-le dès 2009, parce que là, ça ne comptera pas dans le calcul de la taxe professionnelle". C'est un message très fort. Et je me déplace toutes les semaines en Province et je vois des chefs d'entreprise qui nous disent, "ce message-là, nous l'avons bien reçu, nous n'allons pas différer nos investissements". Et s'il y a un investissement, il y a du travail notamment pour l'activité économique, pour réaliser par exemple des nouveaux bâtiments. Et tout cela a un rôle important aussi sur l'économie et aussi sur la croissance. Les 30.000 logements en panne, l'Etat qui intervient, ce n'est pas pour devenir promoteur immobilier, c'est tout simplement pour permettre la commercialisation de ces logements. Et vous savez, un logement, c'est plus de deux emplois à la clé. Donc, voilà toutes les initiatives que nous avons déjà prises, entre autres. Et puis, vous le savez, on ne va pas rester les bras croisés. Le président de la République a annoncé un plan de relance assez massif dans les dix jours. Nous attendons aussi des orientations, des décisions de la Commission européenne. Il est hors de question en ce moment de rester passif.
Les deux secteurs, pour revenir sur le plan de relance qu'on connaîtra dans une dizaine de jours - je crois qu'on parle d'une vingtaine de milliards d'euros -, les deux secteurs prioritaires, pour vous, c'est le bâtiment et l'automobile ?
Il y a bien sûr des secteurs dont on sent bien qu'ils sont pris dans une tourmente. L'industrie automobile, on l'a vu aux Etats-Unis, on le voit aussi en Europe, est pris dans une tourmente comme rarement on a pu le voir. Mais il est important de prendre en compte la situation des constructeurs et des sous-traitants, parce qu'avec la reprise, si vous avez uniquement soutenu les constructeurs et oublié les sous-traitants, comment les constructeurs vont faire si les sous-traitants ont disparu ? Voilà pourquoi c'est toute la filière qui nous intéresse, et on le voit aussi sur le secteur du bâtiment, ce sont des secteurs sur lesquels on peut agir, massivement, rapidement, efficacement, et ce sont des secteurs qu'on ne veut certainement pas voir disparaître.
C'est une question qui va directement au ministre du Travail. On parle de faciliter la mise en oeuvre du chômage technique et de mieux indemniser ce chômage technique.
Pourquoi ? Parce que le chômage technique c'est la façon de ne pas éloigner le salarié de l'entreprise. Il y a une baisse d'activité, notamment si vous vendez beaucoup moins de voitures, vous allez moins en produire pour éviter que les stocks ne se constituent, et dans ces conditions, vous savez que c'est temporaire. Eh bien, il faut permettre de pouvoir donner plus d'heures de chômage technique et aussi de mieux indemniser les salariés. C'est le choix qui est fait. A un autre moment, quand vous avez des salariés qu'une entreprise ne peut pas garder, eh bien, là, c'est la logique du contrat de transition professionnel, une meilleure indemnisation, une meilleure prise en charge aussi de la formation. Je l'ai vu la semaine dernière à Vitré, en déplacement à Vitré, chez P. Méhaignerie, en inaugurant justement une entreprise de centre d'appels téléphoniques, des salariés qui étaient dans le textile, leur entreprise a fermé. Ils ont été pris en contrats de transition professionnelle avec 80 % d'indemnisations brutes de leur dernier salaire. Eh bien, la première des choses c'est que pour ces salariés-là, ils n'ont pas l'angoisse de savoir s'ils vont pouvoir payer leur loyer. Ils n'ont pas l'angoisse de savoir s'ils vont payer leur crédit parce que leur revenu est garanti, et cela leur permet beaucoup plus facilement de se former, de changer de secteur d'activité, et de retrouver un emploi. Le Président a annoncé donc hier l'extension de ce dispositif.
Donc il n'y a pas le choix. C'est le volontarisme...
Plus que jamais.
...quitte à modifier un certain nombre même pas d'idéologies mais de philosophie de départ. Il faut s'adapter.
Notre philosophie c'est l'efficacité. Aujourd'hui, nous avons des valeurs : nous nous en sortirons par le travail ; nous nous en sortirons par l'esprit d'entreprise, nous allons tenir le cap du changement, mais en même temps tenir le cap de la cohésion sociale. Parce que pour ceux qui sont éloignés aujourd'hui du travail, il faut aussi faire jouer la solidarité. Les personnes âgées, les retraités, quand on décide d'augmenter le minimum vieillesse, d'augmenter les pensions de réversion pour les veuves les plus modestes, c'est la même logique. Là, ce n'est pas le travail qui va permettre à ces personnes-là de faire face à la situation, c'est la solidarité qui doit jouer.
Un sujet un peu différent, même très, très différent. Quel est le meilleur ennemi de la majorité : S. Royal ou M. Aubry ? J'aimerais avoir votre commentaire sur ce qui s'est passé au PS.
Notre meilleur ennemi ce serait de nous intéresser à eux. Parce que ce qui nous intéresse aujourd'hui ce sont les Français, c'est les inquiétudes des Français, c'est les propositions qu'on doit faire pour prendre en compte aujourd'hui les questions que se posent les Français. Et nous, le sujet est très simple, on ne va pas passer notre temps à parler au Parti socialiste, parce qu'ils s'invectivent suffisamment entre eux, mais c'est d'être concentrés sur la mission qui est la nôtre, et ne jamais oublier, ne jamais oublier que notre fonction essentielle c'est prendre en compte les problèmes de ce pays, et mettre en place des projets d'avenir.
Mais je me disais aussi, monsieur le ministre, que dans ces périodes de difficultés, c'est peut-être bien aussi d'avoir une opposition plus structurée, plutôt qu'une opposition déliquescente. Cela peut aider de temps en temps à améliorer la psychologie d'un pays, non ?
Mais franchement, ça, ça ne dépend pas de nous.
Bon, c'est vrai. J'ai vu en arrivant que vous éteigniez votre téléphone portable. Et ce qu'on lit dans le Figaro, là : "les fous du téléphone et du Blackberry". Alors, vous faites partie de ces gens qui ont deux cerveaux : un disponible pour les affaires et puis l'autre pour le Blackberry ?
Non, non, je n'en ai qu'un, et je vais vous faire une confidence, je vais vous dire ce que je regardais avant d'entrer dans ce studio : c'est le chiffre de participation aux élections prud'homales sur Internet. On vient de passer à 60.300 personnes qui ont décidé de voter par Internet pour les prud'homales, et c'est jusqu'à ce soir, 18 heures, que l'on peut voter par Internet. C'est un formidable succès, c'est que c'est une première le vote par Internet. Et on me donnait les tout derniers chiffres avant que je rentre dans le studio.
Et donc c'est un taux de participation en hausse, par rapport au... ?
C'est la première fois qu'on vote par Internet. Mais plus de 60.000 personnes - c'était sur Paris uniquement - qui font ce choix, ça montre, un, qu'Internet est aussi reconnu comme un vecteur intéressant, intelligent aussi pour voter ; et puis, cela nous donne une indication, parce que je pense que ces élections prud'homales c'est un rendez-vous essentiel, c'est le 3 décembre, et là, on vote pour qui l'on veut, mais que l'on soit employeur ou salarié, il est important de se mobiliser, parce que le taux de mobilisation va permettre aussi de renforcer les partenaires sociaux. Les employeurs qui vont voter pour leurs employeurs, cela montre justement qu'on fait confiance au dialogue social. Et les salariés qui vont voter massivement, s'ils vont voter massivement c'est aussi une façon de renforcer les syndicats, et nous avons besoin, dans une société comme la nôtre, d'avoir un dialogue social, une démocratie sociale et des partenaires sociaux forts. Plus forts encore.
Dernière question, X. Bertrand, je ne sais pas si vous avez le temps d'aller acheter des livres, mais il y a un livre qui paraît chez Anne Carrière, qui s'appelle "Chouchou : le fabuleux destin de X. Bertrand". "Chouchou" c'est déjà un titre particulier. On sait que vous avez une excellente relation avec le président de la République, mais est-ce que cela veut dire que vous avez un destin, enfin, comment dire, rapide, à portée d'ambitions ?
Bon, déjà, ce livre-là je ne l'ai pas lu. Je ne l'ai pas lu. Je n'étais pas demandeur de cette biographie. Je ne sais pas précisément de qui je suis le chouchou. Certainement pas des auteurs. J'ai vu dans un hebdomadaire deux pages. Dans ces deux pages, il y avait déjà sept erreurs, donc je n'ai pas eu envie de lire ce livre. Il y avait des erreurs, il y avait des approximations, il y avait aussi, j'ai vu aussi, sur certains points, de sérieuses contrevérités et des mensonges.
Je vous remercie. Je souhaite une bonne journée à monsieur Bertrand.
Bonne journée à vous. Merci. Le ministre du Travail qui vous dit, si vous ne l'avez pas fait, si vous voulez le faire, votez encore par Internet.
On ira voter. Merci.Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 novembre 2008