Texte intégral
J.-P. Elkabbach .- Bonjour J.-L. Borloo.
Bonjour.
Bienvenue. Est-ce que vous êtes bien installé ?
Oui très bien.
Parce qu'Europe 1 vous offre une chaise, mieux un fauteuil et apparemment vous êtes mieux ici qu'à Bruxelles ?
Non c'était formidable Bruxelles. Vous savez je crois que dans 20 ans, on se retournera sur cet accord qui a été passé par les 27 pays européens. Au fond, c'est la première fois dans l'histoire de l'humanité que délibérément, volontairement, de manière contraignante, des pays, 27 pays lires décident de changer leurs fondements industriels et énergétiques. C'est une révolution absolument unique.
Mais il a fallu que les chefs d'Etat s'en mêlent directement et personnellement ?
Oui parce qu'à vrai dire, on pouvait le faire autrement. On pouvait le faire par les conseils énergie, les conseils environnement, en gros les réunions de ministres. Ce qu'on a fait, on est arrivé à 95% d'un accord mais à un moment donné, ce qu'avait voulu N. Sarkozy et il avait raison, c'était la règle de l'unanimité alors que ce n'était pas obligatoire et c'est au niveau des chefs d'Etat parce c'est majeur. Imaginez-vous, vous êtes Polonais, dirigeant polonais ou parlementaire polonais. 95% de votre énergie, c'est du charbon. Vous avez 180 000 mineurs. Faire évoluer l'économie polonaise en étant très attentif aux problèmes sociaux, ces mutations ce n'est pas des trucs simples à faire, c'est au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement.
Mais ce qui est extraordinaire, c'est qu'il a fallu que le président de la République intervienne pour qu'on ajoute un siège pour vous et que vous puissiez participer à la discussion finale sur le plan climat. Est-ce que ça veut dire qu'il faudra chaque fois casser ainsi les rites et les bureaucraties de l'Europe bruxelloise ?
Cette anecdote exprimée volontairement par le président français, c'est effectivement ce que vous dites. Cette espèce d'Europe figée, cette Europe arrêtée, cette Europe protocolaire, cette Europe... Il a eu une très jolie phrase quand il a conclu. Il disait : vous voyez l'Europe elle s'arrête sur toutes les difficultés quand elle n'a pas d'ambition. Tout devient compliqué, y compris le protocole et le nombre de chaises. Changer la TVA, pour des tas de sujets, ça n'avance pas. Mais dès qu'il y a un énorme projet, une ambition majeure - et le paquet climat/énergie en était une, c'est une première mondiale - toutes les difficultés de tous ces pays si différents se sont aplanies.
Donc l'Union européenne existe et elle est crédible dans ce domaine, aujourd'hui ?
C'est même, j'allais dire le chevalier blanc du monde aujourd'hui. Il n'y a aucun doute là-dessus.
Vous n'en faites pas trop là ?
Non, quel est le pays au monde, est-ce que vous pouvez me citer un pays au monde qui se soit mis dans une situation de mutation, de réduction des émissions de gaz à effet de serre comme l'Europe ? Il faut bien se rendre compte de quoi on parle là. Les Français doivent savoir que nous avons décidé des obligations contraignantes en matière automobile, en matière d'aviation, en matière de transports maritimes, en matière d'énergies renouvelables. Pour la France, ce doit être 23% d'énergies renouvelables dans les années qui viennent.
On commence quand et par quoi ?
Alors la France a déjà commencé par le Grenelle de l'environnement - en fait, le Grenelle est la répétition en réalité du paquet climat/énergie. C'est très extraordinaire parce que la France est le seul pays pour lequel le débat sur le paquet climat/énergie n'a suscité aucune polémique en France. Ni l'opposition, ni les syndicats, ni les entreprises. Partout ailleurs ça a été un débat de politique intérieure d'une extrême violence.
On commence quand et par quoi ?
... ou dans les coalitions, ou les présidents contre les Premiers ministres etc. On a commencé, ce sont des directives. C'est comme un traité. Chaque année, dans chaque pays, chaque secteur devra rendre des comptes sur ce qu'il a fait et si ce n'est pas honoré, sanction.
Pour vous est-ce que c'est mission accomplie, est-ce que vous avez envie de continuer ?
Mais moi je suis responsable d'un ministère qui prépare complètement le siècle à venir. Pensez une seconde...
Que ça ?
Eh bien oui. Vous avez vécu pendant... nous avons vécu pendant un siècle en gros sur la rente pétrolière, pour dire les choses simplement, une économie parfaitement dispendieuse, prenant sur la planète beaucoup plus que ce qu'elle pouvait produire dans tous les domaines. Nous sommes chargés de bâtir une économie, en faisant très attention socialement, une économie qui sera respectueuse des fruits de la planète et qui soit moins dépendante du pétrole et du charbon. Avouez que c'est quand même formidable.
Bien sûr mais quelle garantie et quelle preuve vous avez que protéger la nature, à long terme, c'est protéger et promouvoir les emplois et les industries ici maintenant ? Est-ce qu'il y a pas de contradiction ?
Aucune. Je peux vous garantir une chose, c'est que si vous ne le faites pas, de toutes façons, on va au désastre. Au désastre social, au désastre écologique, au désastre. Vous pensez une seconde qu'un constructeur automobile qui fera des voitures à 200 grammes de CO² a une seule chance d'en vendre dans 5 ans, une seule. Vous voyez les centaines de milliers d'emplois qui sont en cause.
C'est ce qu'il faut que le président de la République dise tout à l'heure aux constructeurs et aux acteurs de la filière automobile qui vont le voir à l'Elysée ?
Evidemment, on les voit depuis un an. On a lancé le bonus malus. Personne ne croyait d'ailleurs à cette histoire. On a dépassé 50% du marché parce que les consommateurs sont d'accord. Mais vous savez toutes ces mutations, elles demandent beaucoup d'attention sociale parce que c'est clair qu'on créera beaucoup plus d'emplois. On va revenir à des productions de proximité pour des consommateurs de proximité mais en même temps ces mutations, elles sont compliquées. Il faut le faire avec les partenaires sociaux.
Donc, la crise peut avoir du bon pour la planète, comme dit Sir Nicolas Stern, si on change les habitudes et les modes de production qui sont usés ?
Moi je suis convaincu que la crise financière est un enfant de la crise industrielle et de la crise économique. Pendant des décennies, nous avons continué à faire produire très, très loin pour des différences de salaire, sans modifier nos consommations, des produits qu'on payait, on n'avait pas assez d'argent, ça entraînait le déficit des ménages, puis le déficit des banques et le déficit des Etats. Il faut re-localiser l'intégralité des productions alimentaires, des productions industrielles et des productions de service.
Ca veut dire changer en profondeur ? Les constructeurs automobiles traversent une épreuve durable. Ils produisent moins et ils vendent moins. Et ce n'est qu'un début. Ils appellent au secours comme C. Ghosn. Et si les aider, ce n'était pas la première priorité ?
Mais bien entendu.
Non je veux dire ne pas les aider, comme première priorité. Pour qu'ils changent eux aussi et qu'ils fassent ce qu'ils n'ont pas fait jusqu'ici.
Toutes les mutations sont par nature compliquées et vous êtes obligé de gérer à la fois le court terme - parce que vous avez des salariés, vous avez des emplois, vous avez des enjeux absolument majeurs - et en même temps, il faut aller vers la voiture de demain. La France était plutôt performante, les constructeurs français font partie, les deux, des trois moins polluants du monde. Il faut quand même le dire. Mais on est très doué sur le moteur thermique, moteur à explosion, celui sur lequel on émettait peu de CO² par rapport aux autres. Mais on a un retard assez significatif sur la révolution d'après.
Donc il faut les aider à condition...
On a mis en place, on est en train de mettre en place un système d'aide à la voiture « décarbonée ». Le président le dévoilera de manière un peu plus précise.
« Décarbonée » ?
« Décarbonée », c'est-à-dire tout système qui soit peu ou pas à moteur à explosion. On travaille là-dessus avec eux, enfin ils travaillent avec nous. C'est toujours pareil, quand vous êtes à peu près bons sur un système, vous avez beaucoup de mal à vouloir en changer. Sauf qu'on est à la fin d'une histoire. En Chine, 2012, 25% des voitures construites et vendues seront sans aucune émission de CO². Voilà la bataille industrielle, elle est là. Qu'on le veuille ou non.
A terme, ça veut dire que le marché de l'environnement, du vert, va devenir un marché porteur sur le plan économique ?
Mais il l'est déjà. Mais enfin c'est formidable. Nul n'est prophète en son pays. Quand B. Obama vous dit que c'est sa stratégie industrielle, on applaudit. Mais on le fait en France de manière beaucoup plus impliquée encore avec le Grenelle de l'environnement.
Deux questions. Pendant ces six mois, vous avez souvent accompagné le président de la République. Après son rôle à la tête de l'Union européenne, où et comment peut-il déployer en 2009 son énergie et surprendre ?
Je ne sais pas mais il y a une chose que je peux vous dire, c'est que un, il abandonnera pas l'Europe pour autant. On ne peut pas être devenu le vrai leader parce que dans la dernière soirée, là, au moment du paquet climat/énergie, moi j'avais fait le boulot technique mais si il y a pas son autorité renforcée par la crise géorgienne, la crise financière pour dire "allez, on y va vraiment", je vous jure que ça aurait été difficile.
Vous en pouvez plus ce matin d'admiration pour N. Sarkozy ?
Mais j'ai vécu un truc, mais on en parlera dans 50 ans de ce paquet climat/énergie et de cet accord de Bruxelles.
Où il déploie son énergie ?
Alors il y a l'Union pour la Méditerranée, qui est aussi une idée extraordinaire, qui s'appuie aussi sur l'énergie, sur la dépollution de la mer, sur l'eau, sur la lutte contre les déchets et puis sur la France.
Dernière chose, vous avez lancé hier à Massy un appel. Vous avez tendu la main aux orphelins de la social-démocratie. Qui sont t-ils ?
Tous ceux qui ne croient pas, pour l'instant, que le Parti socialiste organisé, les grandes formations de gauche soient en empathie avec les problèmes du siècle qui s'ouvre. Il faut bâtir le siècle nouveau. Il ne ressemblera pas au 20ème siècle.
Oui d'accord mais qu'ils viennent... Ils ont perdu un papa les socialistes, ils ont retrouvé une maman. Est-ce qu'ils viennent vers vous ?
Je ne sais pas si je suis la maman mais en tous les cas, je les accueillerais bien volontiers sur mes genoux.
Non, non, non, M. Aubry est la maman. Vous les accueilleriez ?
Bien sûr.
Bonne journée. Merci d'être venu.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 15 décembre 2008
Bonjour.
Bienvenue. Est-ce que vous êtes bien installé ?
Oui très bien.
Parce qu'Europe 1 vous offre une chaise, mieux un fauteuil et apparemment vous êtes mieux ici qu'à Bruxelles ?
Non c'était formidable Bruxelles. Vous savez je crois que dans 20 ans, on se retournera sur cet accord qui a été passé par les 27 pays européens. Au fond, c'est la première fois dans l'histoire de l'humanité que délibérément, volontairement, de manière contraignante, des pays, 27 pays lires décident de changer leurs fondements industriels et énergétiques. C'est une révolution absolument unique.
Mais il a fallu que les chefs d'Etat s'en mêlent directement et personnellement ?
Oui parce qu'à vrai dire, on pouvait le faire autrement. On pouvait le faire par les conseils énergie, les conseils environnement, en gros les réunions de ministres. Ce qu'on a fait, on est arrivé à 95% d'un accord mais à un moment donné, ce qu'avait voulu N. Sarkozy et il avait raison, c'était la règle de l'unanimité alors que ce n'était pas obligatoire et c'est au niveau des chefs d'Etat parce c'est majeur. Imaginez-vous, vous êtes Polonais, dirigeant polonais ou parlementaire polonais. 95% de votre énergie, c'est du charbon. Vous avez 180 000 mineurs. Faire évoluer l'économie polonaise en étant très attentif aux problèmes sociaux, ces mutations ce n'est pas des trucs simples à faire, c'est au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement.
Mais ce qui est extraordinaire, c'est qu'il a fallu que le président de la République intervienne pour qu'on ajoute un siège pour vous et que vous puissiez participer à la discussion finale sur le plan climat. Est-ce que ça veut dire qu'il faudra chaque fois casser ainsi les rites et les bureaucraties de l'Europe bruxelloise ?
Cette anecdote exprimée volontairement par le président français, c'est effectivement ce que vous dites. Cette espèce d'Europe figée, cette Europe arrêtée, cette Europe protocolaire, cette Europe... Il a eu une très jolie phrase quand il a conclu. Il disait : vous voyez l'Europe elle s'arrête sur toutes les difficultés quand elle n'a pas d'ambition. Tout devient compliqué, y compris le protocole et le nombre de chaises. Changer la TVA, pour des tas de sujets, ça n'avance pas. Mais dès qu'il y a un énorme projet, une ambition majeure - et le paquet climat/énergie en était une, c'est une première mondiale - toutes les difficultés de tous ces pays si différents se sont aplanies.
Donc l'Union européenne existe et elle est crédible dans ce domaine, aujourd'hui ?
C'est même, j'allais dire le chevalier blanc du monde aujourd'hui. Il n'y a aucun doute là-dessus.
Vous n'en faites pas trop là ?
Non, quel est le pays au monde, est-ce que vous pouvez me citer un pays au monde qui se soit mis dans une situation de mutation, de réduction des émissions de gaz à effet de serre comme l'Europe ? Il faut bien se rendre compte de quoi on parle là. Les Français doivent savoir que nous avons décidé des obligations contraignantes en matière automobile, en matière d'aviation, en matière de transports maritimes, en matière d'énergies renouvelables. Pour la France, ce doit être 23% d'énergies renouvelables dans les années qui viennent.
On commence quand et par quoi ?
Alors la France a déjà commencé par le Grenelle de l'environnement - en fait, le Grenelle est la répétition en réalité du paquet climat/énergie. C'est très extraordinaire parce que la France est le seul pays pour lequel le débat sur le paquet climat/énergie n'a suscité aucune polémique en France. Ni l'opposition, ni les syndicats, ni les entreprises. Partout ailleurs ça a été un débat de politique intérieure d'une extrême violence.
On commence quand et par quoi ?
... ou dans les coalitions, ou les présidents contre les Premiers ministres etc. On a commencé, ce sont des directives. C'est comme un traité. Chaque année, dans chaque pays, chaque secteur devra rendre des comptes sur ce qu'il a fait et si ce n'est pas honoré, sanction.
Pour vous est-ce que c'est mission accomplie, est-ce que vous avez envie de continuer ?
Mais moi je suis responsable d'un ministère qui prépare complètement le siècle à venir. Pensez une seconde...
Que ça ?
Eh bien oui. Vous avez vécu pendant... nous avons vécu pendant un siècle en gros sur la rente pétrolière, pour dire les choses simplement, une économie parfaitement dispendieuse, prenant sur la planète beaucoup plus que ce qu'elle pouvait produire dans tous les domaines. Nous sommes chargés de bâtir une économie, en faisant très attention socialement, une économie qui sera respectueuse des fruits de la planète et qui soit moins dépendante du pétrole et du charbon. Avouez que c'est quand même formidable.
Bien sûr mais quelle garantie et quelle preuve vous avez que protéger la nature, à long terme, c'est protéger et promouvoir les emplois et les industries ici maintenant ? Est-ce qu'il y a pas de contradiction ?
Aucune. Je peux vous garantir une chose, c'est que si vous ne le faites pas, de toutes façons, on va au désastre. Au désastre social, au désastre écologique, au désastre. Vous pensez une seconde qu'un constructeur automobile qui fera des voitures à 200 grammes de CO² a une seule chance d'en vendre dans 5 ans, une seule. Vous voyez les centaines de milliers d'emplois qui sont en cause.
C'est ce qu'il faut que le président de la République dise tout à l'heure aux constructeurs et aux acteurs de la filière automobile qui vont le voir à l'Elysée ?
Evidemment, on les voit depuis un an. On a lancé le bonus malus. Personne ne croyait d'ailleurs à cette histoire. On a dépassé 50% du marché parce que les consommateurs sont d'accord. Mais vous savez toutes ces mutations, elles demandent beaucoup d'attention sociale parce que c'est clair qu'on créera beaucoup plus d'emplois. On va revenir à des productions de proximité pour des consommateurs de proximité mais en même temps ces mutations, elles sont compliquées. Il faut le faire avec les partenaires sociaux.
Donc, la crise peut avoir du bon pour la planète, comme dit Sir Nicolas Stern, si on change les habitudes et les modes de production qui sont usés ?
Moi je suis convaincu que la crise financière est un enfant de la crise industrielle et de la crise économique. Pendant des décennies, nous avons continué à faire produire très, très loin pour des différences de salaire, sans modifier nos consommations, des produits qu'on payait, on n'avait pas assez d'argent, ça entraînait le déficit des ménages, puis le déficit des banques et le déficit des Etats. Il faut re-localiser l'intégralité des productions alimentaires, des productions industrielles et des productions de service.
Ca veut dire changer en profondeur ? Les constructeurs automobiles traversent une épreuve durable. Ils produisent moins et ils vendent moins. Et ce n'est qu'un début. Ils appellent au secours comme C. Ghosn. Et si les aider, ce n'était pas la première priorité ?
Mais bien entendu.
Non je veux dire ne pas les aider, comme première priorité. Pour qu'ils changent eux aussi et qu'ils fassent ce qu'ils n'ont pas fait jusqu'ici.
Toutes les mutations sont par nature compliquées et vous êtes obligé de gérer à la fois le court terme - parce que vous avez des salariés, vous avez des emplois, vous avez des enjeux absolument majeurs - et en même temps, il faut aller vers la voiture de demain. La France était plutôt performante, les constructeurs français font partie, les deux, des trois moins polluants du monde. Il faut quand même le dire. Mais on est très doué sur le moteur thermique, moteur à explosion, celui sur lequel on émettait peu de CO² par rapport aux autres. Mais on a un retard assez significatif sur la révolution d'après.
Donc il faut les aider à condition...
On a mis en place, on est en train de mettre en place un système d'aide à la voiture « décarbonée ». Le président le dévoilera de manière un peu plus précise.
« Décarbonée » ?
« Décarbonée », c'est-à-dire tout système qui soit peu ou pas à moteur à explosion. On travaille là-dessus avec eux, enfin ils travaillent avec nous. C'est toujours pareil, quand vous êtes à peu près bons sur un système, vous avez beaucoup de mal à vouloir en changer. Sauf qu'on est à la fin d'une histoire. En Chine, 2012, 25% des voitures construites et vendues seront sans aucune émission de CO². Voilà la bataille industrielle, elle est là. Qu'on le veuille ou non.
A terme, ça veut dire que le marché de l'environnement, du vert, va devenir un marché porteur sur le plan économique ?
Mais il l'est déjà. Mais enfin c'est formidable. Nul n'est prophète en son pays. Quand B. Obama vous dit que c'est sa stratégie industrielle, on applaudit. Mais on le fait en France de manière beaucoup plus impliquée encore avec le Grenelle de l'environnement.
Deux questions. Pendant ces six mois, vous avez souvent accompagné le président de la République. Après son rôle à la tête de l'Union européenne, où et comment peut-il déployer en 2009 son énergie et surprendre ?
Je ne sais pas mais il y a une chose que je peux vous dire, c'est que un, il abandonnera pas l'Europe pour autant. On ne peut pas être devenu le vrai leader parce que dans la dernière soirée, là, au moment du paquet climat/énergie, moi j'avais fait le boulot technique mais si il y a pas son autorité renforcée par la crise géorgienne, la crise financière pour dire "allez, on y va vraiment", je vous jure que ça aurait été difficile.
Vous en pouvez plus ce matin d'admiration pour N. Sarkozy ?
Mais j'ai vécu un truc, mais on en parlera dans 50 ans de ce paquet climat/énergie et de cet accord de Bruxelles.
Où il déploie son énergie ?
Alors il y a l'Union pour la Méditerranée, qui est aussi une idée extraordinaire, qui s'appuie aussi sur l'énergie, sur la dépollution de la mer, sur l'eau, sur la lutte contre les déchets et puis sur la France.
Dernière chose, vous avez lancé hier à Massy un appel. Vous avez tendu la main aux orphelins de la social-démocratie. Qui sont t-ils ?
Tous ceux qui ne croient pas, pour l'instant, que le Parti socialiste organisé, les grandes formations de gauche soient en empathie avec les problèmes du siècle qui s'ouvre. Il faut bâtir le siècle nouveau. Il ne ressemblera pas au 20ème siècle.
Oui d'accord mais qu'ils viennent... Ils ont perdu un papa les socialistes, ils ont retrouvé une maman. Est-ce qu'ils viennent vers vous ?
Je ne sais pas si je suis la maman mais en tous les cas, je les accueillerais bien volontiers sur mes genoux.
Non, non, non, M. Aubry est la maman. Vous les accueilleriez ?
Bien sûr.
Bonne journée. Merci d'être venu.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 15 décembre 2008