Texte intégral
Je suis très heureuse d'être cette année parmi vous en cette journée internationale des personnes handicapées. Et je tiens à vous remercier, Mme la Présidente [Françoise GLENAT présidente de l'association sommitale du Groupe de protection sociale D & O] de m'avoir invitée à participer à cette seconde journée de sensibilisation autour des questions du handicap et de la dépendance.
Le parcours que nous venons d'effectuer dans les allées de ce « village exposition » a été particulièrement intéressant. J'ai beaucoup apprécié les démonstrations qui m'ont été faites de la Domissimo box, de votre conception de l'appartement idéal pour les personnes en perte d'autonomie. J'ai été très favorablement impressionnée également par votre présentation de la ville en 3D et là c'est autant en qualité d'élue du Valenciennois que dans mes fonctions de secrétaire d'Etat à la solidarité que je vous parle.
En une période où on parle beaucoup de la crise, et c'est bien normal qu'on en parle, je me réjouis de constater que des organismes tels que D&O se projettent dans l'avenir en se plaçant sur le terrain de l'innovation. Je suis du reste persuadée que lorsque les personnes handicapées auront testé et adapté ces innovations à leurs besoins, ce sont les personnes valides qui seront intéressées par ces mêmes innovations. Nous savons bien en effet, pour l'avoir vérifié par le passé, que ce qui est fait au bénéfice des personnes handicapées, finit par profiter à l'ensemble de la population : c'est vrai dans le domaine médical, c'est vrai également en matière d'aménagement urbain.
Et je crois vraiment que la crise ne doit en aucun cas nous faire renoncer ou nous faire reculer dans les projets que nous formons pour les personnes en perte d'autonomie. Je pense ainsi au cinquième risque de protection sociale, au plan Alzheimer ou encore au plan de création de places pour les personnes handicapées
En ce qui concerne D&O, vous contribuez concrètement, Madame la présidente à une meilleure prise en charge de la dépendance. Vous le faites à travers les services à la personne pour le maintien à domicile et à travers l'action sociale que vous développez pour les personnes âgées et handicapées ou les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Ce sont des chantiers qui me tiennent tout particulièrement à coeur dans le cadre de mes responsabilités, je tiens à le souligner.
Ces grands thèmes sont autant de sujets de société fondamentaux pour lesquels le Gouvernement et le Président de la République se mobilisent totalement. Le Président de la République l'a d'ailleurs rappelé lors de la
Conférence nationale du handicap qui s'est tenue pour la première fois le 10 juin dernier.
Pourquoi ? Parce que chaque choix de politique publique du handicap ou de la dépendance n'est pas neutre et a des répercussions sur la vie quotidienne des personnes handicapées, de leurs familles et de leurs proches.
Prenons par exemple le plan Alzheimer auquel les pouvoirs publics vont consacrer pas moins d'un milliard six cents millions d'euros d'ici 2012.
Ce plan comporte plusieurs objectifs comme par exemple :
- mieux prendre en charge les malades et leurs familles autour de la survenue de la maladie. Pour cela, 38 consultations mémoire et 3 centres mémoire de ressources et de recherche seront créés d'ici 2012 ;
- autre exemple, améliorer la qualité de vie des malades et des aidants dans la durée une fois le diagnostic établi. Je sais que c'est là que sont les attentes les plus fortes. Le plan favorisera l'intervention d'ergothérapeutes et de psychomotriciens pour aménager le domicile.
Mais le plan Alzheimer a pour premier objectif de mieux connaître la maladie, parce que si on ne la connaît pas mieux, on ne peut pas agir. La France va donc faire un effort sans précédent en matière de recherche et une fondation de coopération scientifique sera créée pour donner un nouvel élan à la recherche sur la maladie d'Alzheimer.
Je veux d'ailleurs saluer à ce titre l'engagement du Professeur Saillant, en tant que Président de l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, Président du Conseil scientifique de la CNSA et qui a aussi été, je crois, Président du comité de suivi du plan « Bien vieillir ». Votre action sera essentielle, professeur, pour promouvoir le développement de la recherche sur les thèmes aussi importants que les maladies neurologiques et neuro-dégénératives et les traumatismes du cerveau et de la moelle épinière.
C'est pourquoi, je soutiens totalement l'initiative qui a été prise, en décidant une participation de D&O à hauteur de 2 millions d'euros au financement de deux fonds de recherche de l'Institut du professeur Saillant. Rendre plus solidaire notre société, changer le regard c'est possible, par exemple à travers ces partenariats entre tous les acteurs de la santé et de la protection sociale. Je suis également persuadée que c'est l'engagement de tous les acteurs, publics et privés, qui permettra d'avancer au-delà de l'existant.
Je voudrais également dire quelques mots sur un cadre plus vaste, celui de la création d'un cinquième risque de protection sociale.
Notre objectif c'est de mettre en cohérence l'ensemble des dispositifs de prise en charge de la perte d'autonomie. Pour cela, nous travaillons sur des chantiers majeurs dans le cadre de la convergence entre le champ des personnes âgées et de celui des personnes handicapées. Nous préparons ainsi l'instauration d'un droit universel à un plan personnalisé de compensation quel que soit l'âge. Nous réfléchissons aussi à la réforme des Maisons départementales des personnes handicapées qui conduira à la création des Maison départementale de l'autonomie. A travers la création des agences régionales de santé, nous souhaitons favoriser une approche enfin décloisonnée du champ sanitaire et du champ médico-social.
C'est pourquoi, nous voulons que les procédures d'autorisation actuelles dans le secteur médico-social, trop longues, passent de 4 ans à 2 ans aussi bien pour les établissements pour les personnes âgées que pour les établissements pour personnes handicapées.
Afin d'accélérer l'installation effective des places, une démarche d'appel à projet sera mise en oeuvre en pleine concertation avec les associations et les collectivités territoriales. Par ailleurs, nous allons améliorer la prise en charge des personnes handicapées vieillissantes en mettant fin à la rupture de prise en charge à 60 ans : c'est notamment la politique de médicalisation progressive des foyers de vie.
Je voudrais enfin vous rappeler que la Présidence Française de l'Union européenne a fait de la lutte contre toutes les discriminations une nécessité. Tel est l'objet de la directive en cours de discussion pour lutter contre les inégalités fondées notamment sur l'âge ou le handicap dans l'accès aux biens et services ou à la protection sociale.
J'ai personnellement soutenu tout au long de la Présidence française ce projet qui s'inscrit dans la droite ligne de la Convention des Nations-Unies pour le droit des personnes handicapées et nous sommes désormais en bonne voie d'aboutir à un consensus sur le premier et de ratifier l'autre. Une autre des objectifs de la Présidence française et de la Commission européenne est la préparation d'un plan européen de lutte contre la maladie d'Alzheimer, qui permettra de développer un socle commun de bonnes pratiques de bientraitance dans le domaine du soin et de la prise en charge, de développer des compétences spécifiques et d'adapter les métiers.
En conclusion, Mesdames, Messieurs, permettez-moi de vous redire combien je suis heureuse que vous partagiez notre combat pour faire en sorte que notre société soit accueillante aux plus fragiles, et que nous évoluions dans un monde plus accueillant, où la technique, comme je l'ai vu tout à l'heure doit être au service du plus exclu afin que chaque individu puisse trouver sa place et développer son projet de vie.
Je vous remercie.
Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 8 décembre 2008