Déclaration de Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative, sur le dépistage et l'organisation des soins dans le cadre de la lutte contre le cancer, Paris le 8 décembre 2008.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Installation de la commission présidée par Jean-Pierre Grünfeld (nouveau plan Cancer) à Paris le 8 décembre 2008

Texte intégral


Monsieur le président, cher Jean-Pierre Grünfeld,
Mesdames et Messieurs,
La lutte contre le cancer, première cause de mortalité en France et maladie la plus redoutée des Français, doit être l'une de nos priorités en santé publique.
En 2005, 320 000 nouveaux cas de cancers étaient diagnostiqués.
Derrière les chiffres et derrière la maladie, comment ne pas évoquer les existences bouleversées, la difficulté de maintenir une vie sociale, les contraintes du traitement, la peur de ne pas guérir, et, pour ceux qui ont cette chance, la stigmatisation qui continue et la difficile réinsertion sociale et professionnelle ?
En matière de dépistage ou d'organisation des soins notamment, le premier plan cancer 2003-2007 a permis des avancées significatives. Pour les mesurer de nombreux rapports, ont déjà été publiés ou en cours de rédaction, par la Cour des Comptes, le Haut conseil de la santé publique, l'Inspection générale des affaires sociales ou la Direction générale de la santé.
Néanmoins, nous ne devons pas ignorer ses faiblesses, qu'il nous faudra analyser en toute objectivité et auxquelles il faudra remédier. Parmi celles-ci, je citerai les disparités territoriales trop prononcées, la généralisation des consultations d'annonce trop théorique, ou encore l'aspect psychologique de la prise en charge trop inégalement reconnu.
Il convient donc de consolider les résultats obtenus en améliorant encore la prise en charge des malades.
Il nous faut également identifier les sujets non résolus par ce plan ou non envisagés en 2003.
C'est la raison pour laquelle le président de la République a souhaité que soit mis en place un nouveau plan cancer, pour lequel il vous a chargé, cher Jean-Pierre Grünfeld, d'élaborer des recommandations.
Dans cette perspective, vous devrez être particulièrement attentifs à certaines priorités.
La recherche, dont le haut niveau est un des garants de la qualité des soins, doit être organisée de la façon la plus performante.
A cet égard, la création d'un institut thématique associant l'INSERM et l'INCa paraît prometteuse.
Il vous faudra, en outre, vous assurer de la mise en place effective du système d'agrément des établissements de santé dans le domaine des traitements des cancers.
La qualité et la sécurité des soins sont, en effet, des objectifs à poursuivre sans relâche.
Pour mieux prendre en charge, nous devons aussi disposer de toutes les informations épidémiologiques nécessaires.
Il sera important, en ce sens, d'améliorer la surveillance des cancers, grâce à une centralisation des données provenant de sources différentes.
Vous le savez, les mesures de prévention sont essentielles.
Bien manger, avoir une activité physique régulière sont des actions simples et à la portée de tous qui participent de cette prévention.
A l'inverse, certains facteurs de risque, comme le tabac et l'alcool, ont été parfaitement reconnus. D'autres, moins immédiatement imputables, n'en sont pas moins soupçonnés, tels ceux liés à l'environnement ou aux carcinogènes professionnels.
Ainsi, la prévention devra être une autre de vos priorités.
Les politiques de dépistage devront également être poursuivies, notamment envers les populations qui ne répondent pas spontanément aux campagnes.
50,7 % de participation au dépistage du cancer du sein, 43 % à celui du cancer colorectal : c'est encore trop peu, lorsque l'on sait toute l'importance du dépistage pour augmenter ses chances de vivre plus longtemps en bonne santé.
Enfin, l'amélioration de la qualité de vie des patients doit être un axe fort de ce nouveau plan.
Nous devons prendre en charge les malades de façon globale pendant leur traitement, en luttant contre la douleur, en favorisant l'éducation thérapeutique ou en les maintenant, autant que possible, dans leur lieu de vie.
Cet accompagnement, cependant, ne doit pas se limiter au moment de la maladie, mais se poursuivre après la guérison.
Puisque près d'un cancer sur deux se guérit, la vie après le cancer doit faire l'objet de toutes nos attentions.
Vous veillerez à proposer des indicateurs réalistes et pertinents qui permettront de suivre efficacement les avancées du plan.
Je tiens à ce que l'ensemble de ces actions s'inscrivent dans le cadre des orientations fondamentales que j'ai souhaité fixer à ma politique de santé : garantir la qualité et la sécurité des pratiques, assurer l'égalité territoriale et sociale dans l'accès à l'offre de prise en charge.
En outre, ce nouveau plan cancer devra se faire en cohérence avec les autres plans de santé publique : programme national nutrition santé, plan national santé environnement 2, plan amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes de maladies chroniques, plan de lutte contre la douleur, plan soins palliatifs.
Vous l'aurez compris, la mission qui vous est confiée est une mission d'envergure.
Elle répond aux besoins et aux attentes des malades et de leurs proches.
Les propositions que vous ferez, les mesures que nous prendrons, seront déterminantes pour les patients comme pour les professionnels de santé.
Aussi je tiens à vous remercier, cher Jean-Pierre Grünfeld, d'avoir accepté de présider cette commission.
Je ne doute pas que vous saurez déployer toute l'énergie et toute la détermination nécessaires.
Vous les avez amplement démontrées en rencontrant d'ores et déjà plus d'une centaine d'acteurs dans le domaine du cancer.
Grâce à votre mobilisation, et à celle de tous les membres de la commission, aux profils et aux parcours très divers, ce nouvel élan du plan cancer sera l'élan de tous les Français contre le cancer.
Je me réjouis en ce sens qu'associations de malades, personnel paramédical et médical, chercheurs, responsables d'établissements de soins, services des ministères et des agences concernés soient entendus et apportent leur contribution.
Le temps vous est compté : vous devrez rendre vos propositions en janvier prochain.
Contre le cancer, en effet, nous devons agir vite.
Comment donner à chacun la possibilité d'être bien soigné ?
Et de manière plus générale, comment, pendant et après la maladie, accompagner ?
Telles sont nos préoccupations communes.
Les malades du cancer et leurs proches doivent savoir qu'ils ne sont pas seuls.
Avec eux, nous partageons ce combat pour la vie .
Je vous remercie.
Source http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr, le 10 décembre 2008