Texte intégral
Alors qu'un de ses plus proches collaborateurs a été mis en examen, l'ancien ministre de l'Intérieur répond aux questions du Figaro. Il affirme à nouveau n'avoir jamais rencontré Pierre Falcone et n'avoir pas eu "la moindre" connaissance du trafic présumé de ventes d'armes à l'Angola.
Bernard Guillet, un de vos plus proches collaborateurs, vient d'être mis en examen avec un contrôle judiciaire strict, lui interdisant notamment tout contact avec vous. Comment réagissez-vous?
Tout d'abord, Bernard Guillet a toujours mon amitié et mon estime. Je trouve exorbitant le contrôle judiciaire qui lui est infligé, puisque outre le fait qu'il ne puisse plus me rencontrer, il ne peut plus exercer ses activités au conseil général des Hauts-de-Seine ni se rendre à l'étranger. Pour quelqu'un chargé des affaires internationales, cela revient à une interdiction de travailler.
Pour le reste je ne vois pas de quoi il est accusé. C'est probablement un nouvel épisode de l'affaire Falcone. Je n'imagine pas un seul instant qu'il ait pu commettre le moindre fait délictueux. Les juges continuent de mener leur enquête en suivant leur conviction, qui est que le RPF a été subventionné par Falcone. J'ai beau répéter que nous n'avons pas touché un centime, rien n'y fait. C'est leur droit de continuer à chercher... Moi, je suis serein.
En fait, la justice soupçonne l'association France-Afrique-Orient (FAO), dont Bernard Guillet était le secrétaire, d'avoir reçu 1,5 million de francs de Pierre Falcone en 1996. De l'argent qui aurait pu, ensuite, bénéficier à l'association "Demain la France" que vous dirigiez...
France-Afrique-Orient est une association loi de 1901 et, par conséquent, il est très facile de vérifier ses comptes. Il suffit de voir la préfecture de police où ils sont déposés chaque année. S'il y a eu un don, c'est légal, il doit y figurer.
Outre France-Afrique-Orient, d'autres structures proches de vous sont dans le collimateur de la justice. Par exemple Demain la France, France-Orient ou France-Sibérie-Russie. Que savez-vous du financement de ces différentes structures?
Demain la France s'est dissoute le lendemain de la création du RPF, les autres associations ne me concernent pas.
La justice cherche également à savoir si vous possédiez des comptes à l'étranger. Est-ce effectivement le cas?
Les moyens dont je dispose sont clairs et je n'ai pas d'autres comptes qu'en France.
Vous avez toujours déclaré n'avoir jamais rencontré Pierre Falcone. Or Jean-Bernard Curial a déclaré aux juges qu'"il disait être un ami de votre famille". Curial a encore dit qu'entre 1993 et 1995, il avait l'imprimatur du ministère de l'Intérieur pour ses différentes activités. Que pensez-vous de ce témoignage?
Plus on monte dans la hiérarchie sociale, plus on a de gens qui disent vous connaître depuis toujours. Mais le problème n'est pas là, j'ai lu une fois de plus un procès-verbal dans la presse. C'est scandaleux! A quel moment le garde des Sceaux va-t-il prendre des décisions pour faire respecter le secret de l'instruction? Ou bien alors, il faut le supprimer et faire des instructions publiques!
Concernant les déclarations de Curial: je ne connais pas Curial, je ne connais pas Falcone, qui n'est en rien un ami de ma famille. Ce n'est pas moi qui l'ai recruté à la Sofremi (ndlr, Société française d'exportation de matériels et de systèmes du ministère de l'Intérieur), ce sont mes prédécesseurs. Quant à ce que dit Curial, il semble régler des comptes, c'est son problème.
Maintenez-vous toujours n'avoir jamais eu la moindre connaissance de l'opération de ventes d'armes à l'Angola?
Je n'ai jamais eu la moindre connaissance de cette opération. Je vous indique au passage qu'elle n'a rien d'un trafic mais tout d'une vente d'armes entre deux États souverains. Je vous rappelle encore que, dans une opération de vente d'armes, le ministère de l'Intérieur n'est pas concerné, c'est le ministère de la Défense qui est compétent.
Si vous ne connaissiez pas Pierre Falcone, cela ne semble pas être le cas d'un de vos proches: Jean-Charles Marchiani. L'enquête semble attester que son nom de code était "Robert" et qu'il aurait reçu d'importantes sommes en liquide de Falcone?
Je n'ai jamais entendu dire qu'on l'appelait "Robert". Pour moi c'est Jean-Charles ou Stefani, mais c'était simplement son surnom pour la libération des otages. Et tout le reste il l'a démenti lui-même.
Au-delà de l'affaire des ventes d'armes, les juges s'intéressent au financement du RPF. Une lettre de caution d'une banque camerounaise a ainsi été découverte, pour un montant de 3 millions de francs. D'après l'expert judiciaire, cette lettre a permis au RPF d'éviter d'être en cessation de paiement. A quoi correspond cette opération et quel était le mystérieux "client" qui a demandé à cette banque d'être caution?
Encore une fois, il y a violation du secret de l'instruction! Mais bon. A la fin de l'année dernière, le RPF était dans une situation financière difficile, ce qui est d'ailleurs toujours le cas. C'est un ami, Michel Tomi, qui a tout simplement demandé à sa banque, la SGB au Cameroun (ndlr, Société générale de banque) de se porter caution. Qu'y a-t-il donc d'extraordinaire à cela. Tout est transparent et légal. Je tiens à préciser que nous n'avons pas fait fonctionner cette caution mais que nous en avons toujours la possibilité.
Beaucoup de vos "proches" sont aujourd'hui directement ou indirectement impliqués dans des procédures judiciaires...
Mon idée est que les juges enquêtent avec leurs propres convictions, sans se soucier d'instruire à charge et à décharge. Et dans le même temps, il est clair qu'il y a une opération politique visant à déstabiliser mon mouvement et à faire en sorte que je ne sois pas candidat à l'élection présidentielle. Eh bien, tant pis pour eux: je serai candidat et je ne laisserai pas, sans réagir, dénigrer le RPF.
Qui sont d'après vous les ordonnateurs de ce que vous appelez une campagne?
Cherchez à qui profite le crime...
A qui?
Ils sont nombreux.
Êtes-vous prêt, malgré tout, à répondre à une convocation des juges?
J'attends tout cela avec sérénité car, je le répète, je n'ai rien à voir avec cette affaire. Quoi qu'il en soit, si on a quelque chose à me dire, qu'on me le dise.
Que pensez-vous de l'éventuelle demande de levée d'immunité parlementaire de Jean-Charles Marchiani?
J'ignore ce à quoi vous faites allusion. Il faudrait pour cela qu'il y ait des éléments probants et le Parlement européen est très sourcilleux sur les motifs qui la justifient. Je constate également qu'à l'approche des élections "les affaires" se multiplient. Ce n'est pas un hasard. Je crois que la tentation est grande pour certains juges de se transformer en autorité judiciaire. Or, pour l'instant, ils doivent se contenter de respecter le droit. S'ils veulent s'ériger en pouvoir, ils doivent demander à être élus.
Pensez-vous que Jacques Chirac aurait dû répondre à la convocation du juge Halphen?
Certainement pas! Le président ne peut être poursuivi que devant la Haute Cour. Les choses sont parfaitement claires. Et il doit respecter lui-même les règles constitutionnelles.
Valéry Giscard d'Estaing a pourtant déclaré qu'il aurait dû se rendre chez le juge?
Giscard règle ses comptes. Mais il n'y a pas que lui. A aucun moment, Jospin n'a pris la défense non pas du président de la République mais du pouvoir présidentiel, ce même pouvoir qu'il brigue pourtant. Sur cette histoire, il ne s'est pas comporté en homme d'État mais comme un petit politicien.
(source http://www.rpfie.org, le 23 avril 2001)
Bernard Guillet, un de vos plus proches collaborateurs, vient d'être mis en examen avec un contrôle judiciaire strict, lui interdisant notamment tout contact avec vous. Comment réagissez-vous?
Tout d'abord, Bernard Guillet a toujours mon amitié et mon estime. Je trouve exorbitant le contrôle judiciaire qui lui est infligé, puisque outre le fait qu'il ne puisse plus me rencontrer, il ne peut plus exercer ses activités au conseil général des Hauts-de-Seine ni se rendre à l'étranger. Pour quelqu'un chargé des affaires internationales, cela revient à une interdiction de travailler.
Pour le reste je ne vois pas de quoi il est accusé. C'est probablement un nouvel épisode de l'affaire Falcone. Je n'imagine pas un seul instant qu'il ait pu commettre le moindre fait délictueux. Les juges continuent de mener leur enquête en suivant leur conviction, qui est que le RPF a été subventionné par Falcone. J'ai beau répéter que nous n'avons pas touché un centime, rien n'y fait. C'est leur droit de continuer à chercher... Moi, je suis serein.
En fait, la justice soupçonne l'association France-Afrique-Orient (FAO), dont Bernard Guillet était le secrétaire, d'avoir reçu 1,5 million de francs de Pierre Falcone en 1996. De l'argent qui aurait pu, ensuite, bénéficier à l'association "Demain la France" que vous dirigiez...
France-Afrique-Orient est une association loi de 1901 et, par conséquent, il est très facile de vérifier ses comptes. Il suffit de voir la préfecture de police où ils sont déposés chaque année. S'il y a eu un don, c'est légal, il doit y figurer.
Outre France-Afrique-Orient, d'autres structures proches de vous sont dans le collimateur de la justice. Par exemple Demain la France, France-Orient ou France-Sibérie-Russie. Que savez-vous du financement de ces différentes structures?
Demain la France s'est dissoute le lendemain de la création du RPF, les autres associations ne me concernent pas.
La justice cherche également à savoir si vous possédiez des comptes à l'étranger. Est-ce effectivement le cas?
Les moyens dont je dispose sont clairs et je n'ai pas d'autres comptes qu'en France.
Vous avez toujours déclaré n'avoir jamais rencontré Pierre Falcone. Or Jean-Bernard Curial a déclaré aux juges qu'"il disait être un ami de votre famille". Curial a encore dit qu'entre 1993 et 1995, il avait l'imprimatur du ministère de l'Intérieur pour ses différentes activités. Que pensez-vous de ce témoignage?
Plus on monte dans la hiérarchie sociale, plus on a de gens qui disent vous connaître depuis toujours. Mais le problème n'est pas là, j'ai lu une fois de plus un procès-verbal dans la presse. C'est scandaleux! A quel moment le garde des Sceaux va-t-il prendre des décisions pour faire respecter le secret de l'instruction? Ou bien alors, il faut le supprimer et faire des instructions publiques!
Concernant les déclarations de Curial: je ne connais pas Curial, je ne connais pas Falcone, qui n'est en rien un ami de ma famille. Ce n'est pas moi qui l'ai recruté à la Sofremi (ndlr, Société française d'exportation de matériels et de systèmes du ministère de l'Intérieur), ce sont mes prédécesseurs. Quant à ce que dit Curial, il semble régler des comptes, c'est son problème.
Maintenez-vous toujours n'avoir jamais eu la moindre connaissance de l'opération de ventes d'armes à l'Angola?
Je n'ai jamais eu la moindre connaissance de cette opération. Je vous indique au passage qu'elle n'a rien d'un trafic mais tout d'une vente d'armes entre deux États souverains. Je vous rappelle encore que, dans une opération de vente d'armes, le ministère de l'Intérieur n'est pas concerné, c'est le ministère de la Défense qui est compétent.
Si vous ne connaissiez pas Pierre Falcone, cela ne semble pas être le cas d'un de vos proches: Jean-Charles Marchiani. L'enquête semble attester que son nom de code était "Robert" et qu'il aurait reçu d'importantes sommes en liquide de Falcone?
Je n'ai jamais entendu dire qu'on l'appelait "Robert". Pour moi c'est Jean-Charles ou Stefani, mais c'était simplement son surnom pour la libération des otages. Et tout le reste il l'a démenti lui-même.
Au-delà de l'affaire des ventes d'armes, les juges s'intéressent au financement du RPF. Une lettre de caution d'une banque camerounaise a ainsi été découverte, pour un montant de 3 millions de francs. D'après l'expert judiciaire, cette lettre a permis au RPF d'éviter d'être en cessation de paiement. A quoi correspond cette opération et quel était le mystérieux "client" qui a demandé à cette banque d'être caution?
Encore une fois, il y a violation du secret de l'instruction! Mais bon. A la fin de l'année dernière, le RPF était dans une situation financière difficile, ce qui est d'ailleurs toujours le cas. C'est un ami, Michel Tomi, qui a tout simplement demandé à sa banque, la SGB au Cameroun (ndlr, Société générale de banque) de se porter caution. Qu'y a-t-il donc d'extraordinaire à cela. Tout est transparent et légal. Je tiens à préciser que nous n'avons pas fait fonctionner cette caution mais que nous en avons toujours la possibilité.
Beaucoup de vos "proches" sont aujourd'hui directement ou indirectement impliqués dans des procédures judiciaires...
Mon idée est que les juges enquêtent avec leurs propres convictions, sans se soucier d'instruire à charge et à décharge. Et dans le même temps, il est clair qu'il y a une opération politique visant à déstabiliser mon mouvement et à faire en sorte que je ne sois pas candidat à l'élection présidentielle. Eh bien, tant pis pour eux: je serai candidat et je ne laisserai pas, sans réagir, dénigrer le RPF.
Qui sont d'après vous les ordonnateurs de ce que vous appelez une campagne?
Cherchez à qui profite le crime...
A qui?
Ils sont nombreux.
Êtes-vous prêt, malgré tout, à répondre à une convocation des juges?
J'attends tout cela avec sérénité car, je le répète, je n'ai rien à voir avec cette affaire. Quoi qu'il en soit, si on a quelque chose à me dire, qu'on me le dise.
Que pensez-vous de l'éventuelle demande de levée d'immunité parlementaire de Jean-Charles Marchiani?
J'ignore ce à quoi vous faites allusion. Il faudrait pour cela qu'il y ait des éléments probants et le Parlement européen est très sourcilleux sur les motifs qui la justifient. Je constate également qu'à l'approche des élections "les affaires" se multiplient. Ce n'est pas un hasard. Je crois que la tentation est grande pour certains juges de se transformer en autorité judiciaire. Or, pour l'instant, ils doivent se contenter de respecter le droit. S'ils veulent s'ériger en pouvoir, ils doivent demander à être élus.
Pensez-vous que Jacques Chirac aurait dû répondre à la convocation du juge Halphen?
Certainement pas! Le président ne peut être poursuivi que devant la Haute Cour. Les choses sont parfaitement claires. Et il doit respecter lui-même les règles constitutionnelles.
Valéry Giscard d'Estaing a pourtant déclaré qu'il aurait dû se rendre chez le juge?
Giscard règle ses comptes. Mais il n'y a pas que lui. A aucun moment, Jospin n'a pris la défense non pas du président de la République mais du pouvoir présidentiel, ce même pouvoir qu'il brigue pourtant. Sur cette histoire, il ne s'est pas comporté en homme d'État mais comme un petit politicien.
(source http://www.rpfie.org, le 23 avril 2001)