Texte intégral
C. Barbier.- N. Sarkozy s'envole pour le Proche-Orient ; à quoi peut servir ce voyage alors que l'offensive terrestre est déclenchée ?
Je crois que ce qui compte c'est que du fait de la qualité de ses relations, tant avec Israël, dont il est un ami, qu'avec le monde arabe, dont il est très proche et dont il est un ami également, avec le Président Moubarak, avec le Président Abbas, eh bien il est probablement l'un des mieux placés, sinon le mieux placé, pour essayer de trouver des points d'accord, des points de convergence. Quand on est dans une situation aussi difficile, aussi conflictuelle, il faut quelqu'un ayant l'écoute et ayant la capacité d'initiative du Président pour justement faire des propositions. Si cela peut concourir à trouver, à retrouver les chemins de la paix, franchement ce sera très bien.
Mieux placé en tout cas que la République tchèque de l'Union européenne... S'agit-il aussi pour N. Sarkozy de supplanter cette présidence, qui a déjà montré un peu ses limites et ses maladresses ?
Vous allez très vite trop loin. Non, le problème n'est pas là. Le problème c'est que le Président N. Sarkozy qui est à l'origine, par exemple, de l'Union pour la Méditerranée, où vous avez un secrétaire général adjoint palestinien, un secrétaire général adjoint israélien, qui est l'un des promoteurs de cette entente euro-méditerranée, eh bien est probablement l'un des mieux placés pour comprendre, analyser, trouver des convergences entre les Palestiniens, le monde arabe et Israël, pour faire en sorte que la sécurité d'Israël ne soit pas mise en cause et que la paix soit retrouvée pour tous.
La position de N. Sarkozy est-elle aussi équilibrée que vous le dites ? N'est-il pas d'abord, avant tout, un ami d'Israël ? On l'a encore vu dans les déclarations à la presse libanaise ce matin, où il dit que le Hamas porte une part de responsabilité énorme dans les souffrances des Palestiniens. Il a choisi son camp, il est avec les Israéliens ?
Ce n'est pas le problème de choisir son camp. Dire que les tirs de roquettes du Hamas n'ont pas, c'est le moins que l'on puisse dire, aidé à maintenir la paix dans le secteur, c'est quand même une évidence.
Mais le blocus israélien n'était pas non plus une bonne...
Bien sûr. Et pour autant, N. Sarkozy est très à l'écoute de tout ce que disent les Palestiniens, de tout ce que dit le monde arabe. Et c'est parce que justement il est un ami d'Israël qu'il pourra dire à Israël "voilà ce que moi je proposerais éventuellement et comment on peut sortir de là". Tout le monde se rend bien compte que personne ne considère que c'est une bonne chose que la guerre se poursuive, qu'il puisse y avoir beaucoup de morts. Tout le monde souhaite que tout cela s'arrête. Il faut quelqu'un probablement pour la médiation, eh bien je trouve que le Président français est le mieux placé pour ça.
Il y a des soldats français présents au sud Liban, ne sont-ils pas des cibles exposées, potentielles, si le conflit s'étend vers le nord d'Israël ?
Non. Pour le moment je crois avoir compris, mais je ne suis pas un spécialiste en la matière, mais je crois avoir compris que justement les autres Etats, les autres secteurs restaient très en dehors de ce conflit. Donc on va voir comment ça peut évoluer sur place à Gaza, on va voir quel est le résultat des initiatives du Président Sarkozy. Il voit M. ABBAS aujourd'hui, il voit les Israéliens, il a vu T. Livni déjà la semaine dernière, il a eu des contacts avec le Président égyptien, avec les Turcs, avec l'ensemble de tous ceux qui peuvent intervenir et être des intercesseurs. Eh bien faisons-lui confiance dans les quarante-huit heures.
Manifestation pour chaque camp à Paris. Il y a eu des incidents samedi à Paris en marge de la manifestation pro palestinienne ; craignez-vous une importation du conflit en France et notamment en Ile-de-France, dans les banlieues ?
J'ai vu qu'un certain nombre de parlementaires, à juste titre, demandaient à ce que l'on prenne des mesures de précaution. De précaution seulement. Je vous rappelle que déjà dans le passé, on a eu une espèce de transplantation du conflit israélo-arabe ou israélo-palestinien dans nos banlieues. C'est tout à fait regrettable et je souhaite que le calme soit évidemment maintenu...
C'est quoi "des mesures de précaution" ?
Cela veut dire qu'il faut protéger les lieux de culte, ça veut dire qu'il faut faire attention. Mais je pense que pour le moment, le calme règne, il n'y a pas de difficulté majeure, il faut simplement être attentif.
En France aussi ce soir, la publicité après vingt heures disparaît des écrans de France Télévisions, alors que le Sénat va commencer seulement l'examen de la loi sur l'audiovisuel public. Le Gouvernement méprise-t-il le travail sénatorial ?
Non, ce n'est pas à un ancien sénateur comme moi qu'il faut dire ça. Non, ce n'est pas du tout exact. L'accord avait été conclu avec les dirigeants de France Télévisions qui disaient "tant qu'à supprimer la publicité, faisons-le en début d'année pour qu'il y a une logique annuelle, que ce soit avec les annonceurs d'ailleurs ou avec les programmes que l'on met en place". Et la direction de France Télévisions a annoncé la nouvelle grille il y a déjà plusieurs semaines. Pourquoi est-ce que le Sénat est saisi du texte alors que cette mesure-là est mise en application ? Tout simplement parce que l'obstruction socialiste à l'Assemblée a fait en sorte que ce texte qui était inscrit au Sénat avant Noël, n'a pas pu être pris par le Sénat avant Noël. Mais pour autant, l'essentiel des mesures sur l'organisation de France Télévisions, sur l'équilibre financier avec la compensation et les 450 millions d'euros, tout cela est dans le texte et tout ça va être en débat au Sénat à partir de mercredi.
Obstruction socialiste, mais aussi troubles avant Noël dans la majorité sur certains points du texte. Troubles qu'on retrouve au Sénat. Il n'y a pas de majorité sur ce texte au Sénat, disait J.-P. Raffarin à votre place, le 18 décembre. Est-ce toujours le cas ?
J'espère qu'à ma place tout va bien. Mais je ne crois pas que ce soit le cas. Nous allons avancer, nous avons débattu, il y a des discussions forcément ; à quoi sert le Parlement s'il n'y a pas de discussions ? Bien sûr que nous sommes pour la discussion ! Il y aura au Sénat, on ne lui demande pas un vote conforme, ça veut dire qu'il y aura forcément des amendements et des débats. Madame Albanel a dit hier d'ailleurs que sur le financement, il y aurait débat sur la redevance, est-ce qu'il faut...
Etes-vous prêt, le Gouvernement est-il prêt à accepter une augmentation de la redevance ?
L'augmentation en tant que telle, si c'est pour dire, comme je l'ai lu ici ou là, est-ce qu'on ne peut pas imaginer une augmentation de 30 ou de 40 euros, faisant passer la redevance de 116 à 150 euros, par exemple, pour qu'il n'y ait pas la compensation et les taxes, c'est non, c'est non !
G. Larcher propose 4 euros ce matin dans Le Figaro, de 116 à 120, 10 euros par mois.
On ne va pas commencer à faire boutiquiers tout de suite. Ce que je veux vous dire, c'est que le Gouvernement avait dit "regardons s'il y a un débat là-dessus", mais évidemment, je rappelle, d'abord que s'il y a une hausse, elle sera juste du niveau de l'inflation. Deuxième élément, je ne suis pas sûr que ce soit la bonne solution. Il y aura débat au Sénat, laissons le Sénat débattre.
Audiovisuel public, travail du dimanche, plan de relance, loi organique pour appliquer la nouvelle Constitution, embouteillage de textes au Parlement. Quel est votre plan de travail, quelles sont vos priorités ?
Dans un premier temps, finir l'audiovisuel au Sénat, ça c'est une évidence. Ensuite, au Sénat, il y aura le plan de relance qui vient tout de suite dès ce mercredi à l'Assemblée...
C'est la priorité des priorités...
Le plan de relance, c'est la priorité, 26 milliards réinjectés dans l'économie pour le pouvoir d'achat, pour la création d'emplois, pour relancer l'économie, c'est la priorité des priorités. Les Français ne comprendraient pas qu'on dise "on va débattre de ceci, de cela si on ne relance pas l'économie, c'est leur emploi et leur pouvoir d'achat qui comptent en premier. Donc c'est l'absolue priorité, le plan de relance. Audiovisuel pour finir au Sénat ; travail du dimanche, texte sur le logement et texte hôpital.
Est-ce que vous aurez le temps, avant le 1er mars, de faire passer les lois organiques pour appliquer la nouvelle Constitution ?
Cela dépend de l'organisation des travaux, du fait que, naturellement, nous n'ayons pas un système de blocage que nous avons eu sur l'audiovisuel, sur la loi organique, qui, sincèrement, est la transcription de la révision constitutionnelle et qui donc ne mérite pas, pour être très franc, ni l'excès d'indignité ni l'excès d'honneurs qu'on cherche à avoir d'un côté ou de l'autre, c'est la transcription. Cela va permettre dans les règlements de l'Assemblée et du Sénat, sur lesquels le Gouvernement n'a pas la main, en tout cas de faire en sorte qu'on puisse avancer.
Pour que ça se passe bien, vous pouvez renoncer à une mesure qui fâche la gauche, c'est ce qu'on appelle "le temps global", c'est-à-dire limiter la discussion lors des amendements.
Je trouve ça absolument extraordinaire ! D'abord, la loi organique ne parle pas de temps global, elle donne la possibilité à l'Assemblée et au Sénat, dans les règlements intérieurs, d'envisager ce que vous appelez le temps global, mais la loi organique, elle, ne le fixe pas. Premier point. Deuxième point, tout de même, tout de même, un, il n'est pas question de toucher au droit d'amendement, on pourra déposer autant d'amendements qu'on veut en commission, et après la commission, autant d'amendements qu'on le veut en séance plénière. Qui plus est, c'est ce gouvernement qui a partagé l'ordre du jour, qui donne la moitié de l'ordre du jour à l'Assemblée et au Sénat. C'est ce gouvernement qui dit c'est le texte de la commission, six semaines, six semaines pour les commissions au lieu de deux semaines en moyenne aujourd'hui de travail en commission, et c'est le texte de la commission qui arrive dans l'Hémicycle. Franchement, on a donné au Parlement beaucoup plus de pouvoirs que qui que ce soit n'en a donnés depuis au moins cinquante ans ! Et on est là à dire "oh la la, mais attention !". Qu'est-ce que ça veut dire ?". C'est-à-dire que les socialistes qui n'ont pas voté la révision constitutionnelle, qui ont voté contre, c'est-à-dire qu'ils vont voter contre l'équilibre, le plus de pouvoir pour le Parlement, ils viennent nous faire la leçon ! Ils sont mal placés ! Et puisqu'on m'annonce une audition musclée demain, je suis prêt ! Je suis prêt !
A la commission des lois...
Moi, je ne fais pas de gym, mais je suis prêt pour l'audition musclée, parce qu'il ne faudrait quand même pas inverser le rôle des choses. C'est nous qui avons donné plus de pouvoirs au Parlement et c'est eux qui l'ont refusé, alors on va s'expliquer !
Les socialistes appellent ça « le temps guillotiniste »...
Non ! Qu'est-ce que c'est "le temps guillotine" ? Vous savez que sur l'audiovisuel, on a passé des jours et des nuits, presque un mois, pour faire quoi ? Pour savoir si oui ou non l'amendement, pour savoir si on faisait la publicité pour le thon en boîte, pour le thon frais, pour le thon cuit, pour le saumon grillé, pour le saumon cuit, voilà ce qu'on a eu ! Est-ce que c'est digne du Parlement ? Ma réponse est non ! Et moi je suis un défenseur du Parlement, j'ai été parlementaire longtemps, je le serai à nouveau. Eh bien moi je défends le Parlement et une certaine conception républicaine du Parlement. Les Français, qui ont des problèmes de pouvoir d'achat, qui ont des problèmes de logement, qui ont des problèmes de fins de mois, ils ont droit à un Parlement qui fasse autre chose que de la publicité ou des amendements sur le thon en boîte ou le thon frais.
Ce sera chaud au Parlement, ce sera chaud aussi dans la rue. Réunion des syndicats, manifestation des lycéens jeudi. Vous craignez le janvier social ?
Non, je crois que les Français sont conscients que le Gouvernement se bat avec eux. Et nous, nous ne faisons pas de fausses promesses et de faux-semblants. Nous nous battons, nous avons un président de la République extraordinairement réactif, extraordinairement présent sur l'avant de leurs préoccupations. Et on va se battre avec tous les Français pour que ça aille mieux.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 janvier 2009
Je crois que ce qui compte c'est que du fait de la qualité de ses relations, tant avec Israël, dont il est un ami, qu'avec le monde arabe, dont il est très proche et dont il est un ami également, avec le Président Moubarak, avec le Président Abbas, eh bien il est probablement l'un des mieux placés, sinon le mieux placé, pour essayer de trouver des points d'accord, des points de convergence. Quand on est dans une situation aussi difficile, aussi conflictuelle, il faut quelqu'un ayant l'écoute et ayant la capacité d'initiative du Président pour justement faire des propositions. Si cela peut concourir à trouver, à retrouver les chemins de la paix, franchement ce sera très bien.
Mieux placé en tout cas que la République tchèque de l'Union européenne... S'agit-il aussi pour N. Sarkozy de supplanter cette présidence, qui a déjà montré un peu ses limites et ses maladresses ?
Vous allez très vite trop loin. Non, le problème n'est pas là. Le problème c'est que le Président N. Sarkozy qui est à l'origine, par exemple, de l'Union pour la Méditerranée, où vous avez un secrétaire général adjoint palestinien, un secrétaire général adjoint israélien, qui est l'un des promoteurs de cette entente euro-méditerranée, eh bien est probablement l'un des mieux placés pour comprendre, analyser, trouver des convergences entre les Palestiniens, le monde arabe et Israël, pour faire en sorte que la sécurité d'Israël ne soit pas mise en cause et que la paix soit retrouvée pour tous.
La position de N. Sarkozy est-elle aussi équilibrée que vous le dites ? N'est-il pas d'abord, avant tout, un ami d'Israël ? On l'a encore vu dans les déclarations à la presse libanaise ce matin, où il dit que le Hamas porte une part de responsabilité énorme dans les souffrances des Palestiniens. Il a choisi son camp, il est avec les Israéliens ?
Ce n'est pas le problème de choisir son camp. Dire que les tirs de roquettes du Hamas n'ont pas, c'est le moins que l'on puisse dire, aidé à maintenir la paix dans le secteur, c'est quand même une évidence.
Mais le blocus israélien n'était pas non plus une bonne...
Bien sûr. Et pour autant, N. Sarkozy est très à l'écoute de tout ce que disent les Palestiniens, de tout ce que dit le monde arabe. Et c'est parce que justement il est un ami d'Israël qu'il pourra dire à Israël "voilà ce que moi je proposerais éventuellement et comment on peut sortir de là". Tout le monde se rend bien compte que personne ne considère que c'est une bonne chose que la guerre se poursuive, qu'il puisse y avoir beaucoup de morts. Tout le monde souhaite que tout cela s'arrête. Il faut quelqu'un probablement pour la médiation, eh bien je trouve que le Président français est le mieux placé pour ça.
Il y a des soldats français présents au sud Liban, ne sont-ils pas des cibles exposées, potentielles, si le conflit s'étend vers le nord d'Israël ?
Non. Pour le moment je crois avoir compris, mais je ne suis pas un spécialiste en la matière, mais je crois avoir compris que justement les autres Etats, les autres secteurs restaient très en dehors de ce conflit. Donc on va voir comment ça peut évoluer sur place à Gaza, on va voir quel est le résultat des initiatives du Président Sarkozy. Il voit M. ABBAS aujourd'hui, il voit les Israéliens, il a vu T. Livni déjà la semaine dernière, il a eu des contacts avec le Président égyptien, avec les Turcs, avec l'ensemble de tous ceux qui peuvent intervenir et être des intercesseurs. Eh bien faisons-lui confiance dans les quarante-huit heures.
Manifestation pour chaque camp à Paris. Il y a eu des incidents samedi à Paris en marge de la manifestation pro palestinienne ; craignez-vous une importation du conflit en France et notamment en Ile-de-France, dans les banlieues ?
J'ai vu qu'un certain nombre de parlementaires, à juste titre, demandaient à ce que l'on prenne des mesures de précaution. De précaution seulement. Je vous rappelle que déjà dans le passé, on a eu une espèce de transplantation du conflit israélo-arabe ou israélo-palestinien dans nos banlieues. C'est tout à fait regrettable et je souhaite que le calme soit évidemment maintenu...
C'est quoi "des mesures de précaution" ?
Cela veut dire qu'il faut protéger les lieux de culte, ça veut dire qu'il faut faire attention. Mais je pense que pour le moment, le calme règne, il n'y a pas de difficulté majeure, il faut simplement être attentif.
En France aussi ce soir, la publicité après vingt heures disparaît des écrans de France Télévisions, alors que le Sénat va commencer seulement l'examen de la loi sur l'audiovisuel public. Le Gouvernement méprise-t-il le travail sénatorial ?
Non, ce n'est pas à un ancien sénateur comme moi qu'il faut dire ça. Non, ce n'est pas du tout exact. L'accord avait été conclu avec les dirigeants de France Télévisions qui disaient "tant qu'à supprimer la publicité, faisons-le en début d'année pour qu'il y a une logique annuelle, que ce soit avec les annonceurs d'ailleurs ou avec les programmes que l'on met en place". Et la direction de France Télévisions a annoncé la nouvelle grille il y a déjà plusieurs semaines. Pourquoi est-ce que le Sénat est saisi du texte alors que cette mesure-là est mise en application ? Tout simplement parce que l'obstruction socialiste à l'Assemblée a fait en sorte que ce texte qui était inscrit au Sénat avant Noël, n'a pas pu être pris par le Sénat avant Noël. Mais pour autant, l'essentiel des mesures sur l'organisation de France Télévisions, sur l'équilibre financier avec la compensation et les 450 millions d'euros, tout cela est dans le texte et tout ça va être en débat au Sénat à partir de mercredi.
Obstruction socialiste, mais aussi troubles avant Noël dans la majorité sur certains points du texte. Troubles qu'on retrouve au Sénat. Il n'y a pas de majorité sur ce texte au Sénat, disait J.-P. Raffarin à votre place, le 18 décembre. Est-ce toujours le cas ?
J'espère qu'à ma place tout va bien. Mais je ne crois pas que ce soit le cas. Nous allons avancer, nous avons débattu, il y a des discussions forcément ; à quoi sert le Parlement s'il n'y a pas de discussions ? Bien sûr que nous sommes pour la discussion ! Il y aura au Sénat, on ne lui demande pas un vote conforme, ça veut dire qu'il y aura forcément des amendements et des débats. Madame Albanel a dit hier d'ailleurs que sur le financement, il y aurait débat sur la redevance, est-ce qu'il faut...
Etes-vous prêt, le Gouvernement est-il prêt à accepter une augmentation de la redevance ?
L'augmentation en tant que telle, si c'est pour dire, comme je l'ai lu ici ou là, est-ce qu'on ne peut pas imaginer une augmentation de 30 ou de 40 euros, faisant passer la redevance de 116 à 150 euros, par exemple, pour qu'il n'y ait pas la compensation et les taxes, c'est non, c'est non !
G. Larcher propose 4 euros ce matin dans Le Figaro, de 116 à 120, 10 euros par mois.
On ne va pas commencer à faire boutiquiers tout de suite. Ce que je veux vous dire, c'est que le Gouvernement avait dit "regardons s'il y a un débat là-dessus", mais évidemment, je rappelle, d'abord que s'il y a une hausse, elle sera juste du niveau de l'inflation. Deuxième élément, je ne suis pas sûr que ce soit la bonne solution. Il y aura débat au Sénat, laissons le Sénat débattre.
Audiovisuel public, travail du dimanche, plan de relance, loi organique pour appliquer la nouvelle Constitution, embouteillage de textes au Parlement. Quel est votre plan de travail, quelles sont vos priorités ?
Dans un premier temps, finir l'audiovisuel au Sénat, ça c'est une évidence. Ensuite, au Sénat, il y aura le plan de relance qui vient tout de suite dès ce mercredi à l'Assemblée...
C'est la priorité des priorités...
Le plan de relance, c'est la priorité, 26 milliards réinjectés dans l'économie pour le pouvoir d'achat, pour la création d'emplois, pour relancer l'économie, c'est la priorité des priorités. Les Français ne comprendraient pas qu'on dise "on va débattre de ceci, de cela si on ne relance pas l'économie, c'est leur emploi et leur pouvoir d'achat qui comptent en premier. Donc c'est l'absolue priorité, le plan de relance. Audiovisuel pour finir au Sénat ; travail du dimanche, texte sur le logement et texte hôpital.
Est-ce que vous aurez le temps, avant le 1er mars, de faire passer les lois organiques pour appliquer la nouvelle Constitution ?
Cela dépend de l'organisation des travaux, du fait que, naturellement, nous n'ayons pas un système de blocage que nous avons eu sur l'audiovisuel, sur la loi organique, qui, sincèrement, est la transcription de la révision constitutionnelle et qui donc ne mérite pas, pour être très franc, ni l'excès d'indignité ni l'excès d'honneurs qu'on cherche à avoir d'un côté ou de l'autre, c'est la transcription. Cela va permettre dans les règlements de l'Assemblée et du Sénat, sur lesquels le Gouvernement n'a pas la main, en tout cas de faire en sorte qu'on puisse avancer.
Pour que ça se passe bien, vous pouvez renoncer à une mesure qui fâche la gauche, c'est ce qu'on appelle "le temps global", c'est-à-dire limiter la discussion lors des amendements.
Je trouve ça absolument extraordinaire ! D'abord, la loi organique ne parle pas de temps global, elle donne la possibilité à l'Assemblée et au Sénat, dans les règlements intérieurs, d'envisager ce que vous appelez le temps global, mais la loi organique, elle, ne le fixe pas. Premier point. Deuxième point, tout de même, tout de même, un, il n'est pas question de toucher au droit d'amendement, on pourra déposer autant d'amendements qu'on veut en commission, et après la commission, autant d'amendements qu'on le veut en séance plénière. Qui plus est, c'est ce gouvernement qui a partagé l'ordre du jour, qui donne la moitié de l'ordre du jour à l'Assemblée et au Sénat. C'est ce gouvernement qui dit c'est le texte de la commission, six semaines, six semaines pour les commissions au lieu de deux semaines en moyenne aujourd'hui de travail en commission, et c'est le texte de la commission qui arrive dans l'Hémicycle. Franchement, on a donné au Parlement beaucoup plus de pouvoirs que qui que ce soit n'en a donnés depuis au moins cinquante ans ! Et on est là à dire "oh la la, mais attention !". Qu'est-ce que ça veut dire ?". C'est-à-dire que les socialistes qui n'ont pas voté la révision constitutionnelle, qui ont voté contre, c'est-à-dire qu'ils vont voter contre l'équilibre, le plus de pouvoir pour le Parlement, ils viennent nous faire la leçon ! Ils sont mal placés ! Et puisqu'on m'annonce une audition musclée demain, je suis prêt ! Je suis prêt !
A la commission des lois...
Moi, je ne fais pas de gym, mais je suis prêt pour l'audition musclée, parce qu'il ne faudrait quand même pas inverser le rôle des choses. C'est nous qui avons donné plus de pouvoirs au Parlement et c'est eux qui l'ont refusé, alors on va s'expliquer !
Les socialistes appellent ça « le temps guillotiniste »...
Non ! Qu'est-ce que c'est "le temps guillotine" ? Vous savez que sur l'audiovisuel, on a passé des jours et des nuits, presque un mois, pour faire quoi ? Pour savoir si oui ou non l'amendement, pour savoir si on faisait la publicité pour le thon en boîte, pour le thon frais, pour le thon cuit, pour le saumon grillé, pour le saumon cuit, voilà ce qu'on a eu ! Est-ce que c'est digne du Parlement ? Ma réponse est non ! Et moi je suis un défenseur du Parlement, j'ai été parlementaire longtemps, je le serai à nouveau. Eh bien moi je défends le Parlement et une certaine conception républicaine du Parlement. Les Français, qui ont des problèmes de pouvoir d'achat, qui ont des problèmes de logement, qui ont des problèmes de fins de mois, ils ont droit à un Parlement qui fasse autre chose que de la publicité ou des amendements sur le thon en boîte ou le thon frais.
Ce sera chaud au Parlement, ce sera chaud aussi dans la rue. Réunion des syndicats, manifestation des lycéens jeudi. Vous craignez le janvier social ?
Non, je crois que les Français sont conscients que le Gouvernement se bat avec eux. Et nous, nous ne faisons pas de fausses promesses et de faux-semblants. Nous nous battons, nous avons un président de la République extraordinairement réactif, extraordinairement présent sur l'avant de leurs préoccupations. Et on va se battre avec tous les Français pour que ça aille mieux.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 janvier 2009