Texte intégral
C. Barbier.- Une voiture en flammes précipitée contre une synagogue à Toulouse, des cocktails Molotov découverts à proximité. Le conflit israélo-palestinien est-il en train de s'importer en France ?
Nous sommes extrêmement vigilants, et c'est la raison pour laquelle M. Alliot-Marie a décidé de recevoir l'ensemble des représentants des différentes communautés, puisque nous avons en France des représentants de toutes les communautés qui sont directement concernées par le conflit qui se déroule en Palestine. Donc vigilance de tous les instants, c'est un petit peu l'attitude du Gouvernement en la matière.
Faut-il renforcer les mesures de proximité, à proximité des lieux de cultes, par exemple.
Elles l'ont été, elles l'ont été. Et donc, nous sommes encore une fois extrêmement vigilants pour qu'il n'y ait pas ce type de contagion. J'observe que nous avons déjà eu par le passé ce type d'attitude préventive de la part des gouvernements lorsqu'il y a eu des conflits précédents au Moyen-Orient.
Le président de la République est au Proche-Orient. N'est-il pas condamné à une forme de gesticulation un peu inutile ? Il discute, pendant ce temps-là la guerre avance...
Non, vous savez, je crois que toutes les médiations sont utiles et sont nécessaires, surtout dans les difficultés qu'on connaît aujourd'hui. Il y a eu une rupture de la trêve et une rupture de la stratégie de paix qui est organisée depuis plusieurs années au Moyen-Orient. Et donc toutes les initiatives qui peuvent concourir à la paix sont utiles pour l'ensemble de la région. Et c'est ce qu'a voulu faire le président de la République. Il l'a fait en tant que chef de l'Etat français, parce que la France est à la fois l'amie d'Israël et elle est aussi amie des Palestiniens, donc elle a une relation de confiance avec les différents acteurs.
Il a dit qu'il parlait aussi au nom de l'Europe...
Oui, parce que...
Est-ce qu'il sait qu'il n'est plus Président en exercice de l'Union européenne ?
Mais je vous rappelle qu'il est aussi président de l'Union pour la Méditerranée, coprésident avec H. Moubarak, avec l'Egypte, et c'est aussi à ce titre qu'il est là-bas. Et je rappelle que nous avons comme secrétaire général-adjoint de l'Union pour la Méditerranée, un représentant israélien et un représentant palestinien. Donc, si l'UPM peut aider au processus de paix, je pense que c'est un outil très important et très utile en la matière. Dernier élément, je rappelle que N. Sarkozy est aussi ce mois-ci, en tant que chef de l'Etat français, le président du Conseil de sécurité des Nations unies.
"Ce n'est plus l'omni Président, dit L. Fabius ce matin, c'est l'ego Président, moi, moi, moi..."
Monsieur Fabius doit savoir de quoi il parle en la matière. Je ne suis pas sûr qu'on ait besoin de ça aujourd'hui, je crois qu'on a plutôt besoin, à la fois, de par la situation économique et nationale, et en même temps par la préoccupante situation géopolitique au Moyen-Orient, de se serrer les coudes, et d'une opposition qui soit constructive et qui sorte de la caricature et de la petite phrase.
Rentrée parlementaire aujourd'hui et première soirée hier sans publicité sur France Télévisions. F. Fillon réunit les présidents de groupes de la majorité sénatoriale. Y a-t-il aujourd'hui une majorité au Sénat pour voter ce texte sur l'audiovisuel public ?
Je le crois. Naturellement, c'est aux sénateurs de s'exprimer en la matière. Maintenant, j'ai entendu le groupe UMP, j'ai entendu le Nouveau centre ; à l'Assemblée nationale, le texte a été adopté et les éléments que je peux avoir et les informations que j'ai entendues de la part du président du Sénat, laissent entendre qu'il y a une majorité en la matière. Simplement, le Parlement va jouer son rôle, c'est-à-dire qu'il va débattre, il va apporter sa pierre à l'édifice, les amendements....
Et notamment une pierre financière, puisque on parle de au Sénat d'élever un peu la redevance pour financer l'audiovisuel public. Êtes-vous prêts, au Gouvernement, à accepter une hausse de la redevance ?
Le Gouvernement a donné sa position là-dessus : nous ne sommes pas favorables à une augmentation de principe, nous sommes favorables à un alignement sur l'inflation, l'évolution du coût de la vie. C'est ce qui a été validé à l'Assemblée nationale. Nous sommes maintenant en discussion au Sénat, et effectivement, comme vous l'avez indiqué, le Premier ministre réunira ce matin les responsables de la majorité pour évoquer cette question.
Est-il acceptable, par exemple, que quand on a une résidence secondaire, on paye une deuxième redevance si on a une deuxième télévision ?
Le Gouvernement, encore une fois, a donné son point de vue là-dessus, nous ne le souhaitons pas, et nous ne souhaitons pas qu'il y ait une augmentation, une évolution au-delà de l'inflation, surtout au moment où on va supprimer la publicité, d'aller transférer vers les ménages ce type de ressource ne me semble pas opportun.
Débat sur la relance également demain, à l'Assemblée nationale. B. Obama dope la relance américaine, l'Allemagne lance un second plan de relance de 50 milliards d'euros sur deux ans. Est-ce que le plan français annoncé en décembre n'est pas déjà obsolète, déjà dépassé, ne faut-il pas un deuxième plan de relance ?
La réponse est non. Je crois que c'est un plan massif, un plan sans précédent de par son montant et de par sa réactivité, son immédiateté. Je rappelle que 75 % de ces 26 milliards d'euros seront injectés dans l'économie dès cette année, dès l'année 2009, donc avec un retour sur investissement, avec un impact maximal. Deuxièmement, par rapport à ces 26 milliards d'euros, il va y avoir un accompagnement, un effet de levier de montants qui vont être investis par les collectivités locales, et on peut espérer que à 1 euro donné par l'Etat, il y ait environ 3 euros par les différents partenaires de l'Etat. Ce qui fait au total, on n'est pas à 26 milliards d'euros mais au-delà de 100 milliards d'euros. Donc c'est un plan massif par son ampleur, et nous avons été très réactifs en la matière, puisque le Président a présenté ce plan le 4 décembre, et il est aujourd'hui, un mois après, débattu au Parlement.
Ne doit-il pas être complété par un véritable plan de soutien à la consommation, et par exemple de baisse des impôts ? L'Allemagne envisage désormais de baisser les impôts, B. Obama envisage 300 milliards de dollars de baisses d'impôts. Ça manque !
Il ne vous a pas échappé que la situation de l'Allemagne n'est pas exactement la même en matière de fiscalité. D'abord, je vous rappelle que la fiscalité sur l'impôt sur les sociétés est supérieure en Allemagne donc qu'en France. Donc, à la limite, qu'ils baissent leur fiscalité, qu'ils s'alignent sur la France, ce n'est pas complètement aberrant. Et deuxièmement, ils ne sont pas exactement dans la même situation budgétaire. Donc il n'est pas question aujourd'hui de travailler sur ce type de mesure. Quant à la consommation, je rappelle que dans ce plan, il y a des mesures en faveur de la consommation. Je pense notamment à la prime à la casse, qui est une prime très importante, puisque elle a un impact sur la demande, et en particulier sur la demande d'automobiles qui est un marché très important. Et les premiers éléments dont nous disposons - nous serons tout à l'heure avec P. Devedjian chez un concessionnaire Renault, en région parisienne -, mais les premiers éléments dont nous disposons nous laissent à penser qu'il y a un impact positif. On a vu les résultats du mois de décembre du marché français.
Vous arrivez à chiffrer cet impact positif de la prime à la casse ? Moins 0,7 sur l'année, ce n'est pas une trop grave chute pour l'automobile française...
Non, c'est une bonne tenue, dans la mesure où, en plus, le marché de 2008 sera légèrement supérieur au marché de 2006, et 2007 était un petit peu biaisé parce que, comme il y avait l'annonce du bonus-malus, il y a eu un certain nombre d'achats en fin d'année 2007 de véhicules automobiles. Donc, le marché a plutôt bien tenu sur la première partie de l'année grâce au bonus-malus, et grâce au fait que les véhicules français sont plutôt en phase avec ces dispositifs de bonus-malus, c'est-à-dire qu'ils consomment moins de carburant. Et puis, au mois de décembre, il a effectivement bien tenu grâce à la prime à la casse. Un constructeur comme Citroën, qui a très bien joué le jeu, puisque dès l'annonce, ils ont immédiatement accompagné la prime à la casse de mesures promotionnelles et ont communiqué très rapidement, et ils ont annoncé hier qu'ils étaient à + 30 % sur le mois de décembre.
Quand tiendrez-vous les états généraux de l'automobile que vous avez promis ?
Le 20 janvier prochain. Il fallait aller vite parce que la situation automobile, malgré la bonne tenue du mois de décembre, elle est préoccupante, parce que si la France se tient bien, les marchés du Sud de l'Europe se sont complètement effondrés. Et puis, de manière plus structurelle, l'automobile a besoin de réfléchir à son avenir. De réfléchir aux véhicules propres, aux véhicules décarbonés, de concentrer les moyens de recherche et développement, de faire en sorte qu'on soit les meilleurs en la matière. Et puis elle a besoin d'améliorer sa compétitivité. Comment fait-on pour garder les usines en France ? C'est ça le vrai enjeu. Et donc je mettrai autour de la table - d'ailleurs, j'ai installé un comité stratégique, un comité organisation - l'ensemble des partenaires, les constructeurs, les équipementiers, les sous-traitants, les représentants du personnel, les pôles de compétitivité, ceux qui travaillent sur la recherche. Et j'organiserai donc le 20 janvier prochain les états généraux, où toutes ces personnes vont se retrouver pour faire des propositions : comment on améliore la compétitivité de l'industrie automobile française, comment fait-on en sorte que l'automobile ait encore un avenir en France ?
Est-ce que la prime à la casse pourrait être augmentée dans le courant de l'année 2009 pour continuer à doper le marché ?
Ce n'est pas d'actualité aujourd'hui, d'autant que, manifestement, sur la demande, le marché s'est inversé et la tendance est plutôt meilleure. Mais je le vérifierai tout à l'heure chez un concessionnaire en région parisienne.
Comment pouvez-vous faciliter l'accès au crédit pour les Français qui veulent acheter une voiture ? Ils ne trouvent pas le financement.
Nous l'avons déjà fait dans le cadre du plan de relance, en mobilisant deux fois 500 millions d'euros pour les deux constructeurs français, de la société de financement de l'économie, les fameux 320 milliards d'euros qui avaient été débloqués par l'Etat au moment du plan de relance des banques au mois d'octobre. Donc nous l'avons déjà fait. Nous sommes actuellement en discussion avec les différents constructeurs pour voir s'il ne faut pas aller plus loin dans ce domaine, parce que c'est vrai qu'il n'y a pas encore un retour à une liquidité totale du marché et les constructeurs ont parfois des difficultés à se financer pour leurs clients. Et je rappelle que deux véhicules sur trois neufs sont achetés à crédit. Mais aussi, pour leurs investissements courants. Donc c'est une préoccupation que nous avons aujourd'hui.
Vous n'avez pas l'impression qu'on a brûlé plus de voitures le 31 décembre pour toucher les primes à l'assurance, une forme d'escroquerie ? 4.000 euros c'est mieux que 1.000 à la casse...
Le ministère de l'Intérieur est en train de regarder cette situation de près parce qu'il y a effectivement des phénomènes troublants en la matière. Les sports d'hiver se sont plutôt bien portés à Noël, ils ont fait recette.
Les autres chiffres de consommation, les avez-vous ? Est-ce que les Français ont différé leurs achats en attendant les soldes ou ont-ils consommé pour les fêtes ?
Les derniers chiffres que nous avons en matière de consommation sont ceux du mois de novembre, qui étaient relativement positifs, puisqu'ils étaient à 0,3 % d'augmentation par rapport à l'année passée. Et donc, le cumul que nous avons sur l'année 2008 est en progression par rapport à l'année 2007. Donc, pour l'instant, la consommation, dans un environnement économique très difficile, se tenait plutôt bien. Sur le mois de décembre et les fêtes, nous n'avons que ce que j'appellerais "des notes individuantes", c'est-à-dire des remontées de terrain. J'ai contacté un certain nombre de distributeurs pour voir un peu comment s'étaient passées les fêtes, et les résultats sont plutôt encourageants. C'est-à-dire qu'on a plutôt l'impression que les Français n'ont pas boudé les lieux de consommation au moment des fêtes. Donc la période des soldes va être très importante, parce qu'il s'agit de bien démarrer l'année 2009, c'est traditionnellement un moment de consommation important. Cette année, ça va être un moment de bonnes affaires.
Pourquoi ?
Parce que d'abord, de manière structurelle, les prix commencent à baisser et on va avoir l'impact de la loi de modernisation de l'économie, et que là-dessus, on va avoir des rabais sans précédent, exceptionnels. On a vu que des magasins déjà annoncent des moins 70 % en début de soldes. Donc c'est vraiment l'occasion d'aller faire vos soldes.
Vous avez promis de ne pas augmenter le gaz pendant l'hiver, mais il y a la crise GazProm-Ukraine. Cette nuit, la Bulgarie, la Grèce n'ont pas reçu de gaz. N'allez-vous pas être obligé d'augmenter le gaz par raréfaction de l'alimentation ?
Non. Encore une fois, C. Lagarde a eu l'occasion des s'exprimer sur ce sujet, il n'y a pas de danger en la matière. La France a décidé, le Gouvernement a décidé de ne pas augmenter le gaz parce que, d'abord, le prix du pétrole a énormément baissé, il a été divisé par trois depuis l'été. Et puis ensuite, parce que nous attendons l'impact. Le calcul du prix du gaz se fait sur une période de six mois, et nous verrons au mois d'avril si on ne peut pas même baisser le gaz dans la mesure où le prix du pétrole sera resté au niveau où il est aujourd'hui.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 6 janvier 2009
Nous sommes extrêmement vigilants, et c'est la raison pour laquelle M. Alliot-Marie a décidé de recevoir l'ensemble des représentants des différentes communautés, puisque nous avons en France des représentants de toutes les communautés qui sont directement concernées par le conflit qui se déroule en Palestine. Donc vigilance de tous les instants, c'est un petit peu l'attitude du Gouvernement en la matière.
Faut-il renforcer les mesures de proximité, à proximité des lieux de cultes, par exemple.
Elles l'ont été, elles l'ont été. Et donc, nous sommes encore une fois extrêmement vigilants pour qu'il n'y ait pas ce type de contagion. J'observe que nous avons déjà eu par le passé ce type d'attitude préventive de la part des gouvernements lorsqu'il y a eu des conflits précédents au Moyen-Orient.
Le président de la République est au Proche-Orient. N'est-il pas condamné à une forme de gesticulation un peu inutile ? Il discute, pendant ce temps-là la guerre avance...
Non, vous savez, je crois que toutes les médiations sont utiles et sont nécessaires, surtout dans les difficultés qu'on connaît aujourd'hui. Il y a eu une rupture de la trêve et une rupture de la stratégie de paix qui est organisée depuis plusieurs années au Moyen-Orient. Et donc toutes les initiatives qui peuvent concourir à la paix sont utiles pour l'ensemble de la région. Et c'est ce qu'a voulu faire le président de la République. Il l'a fait en tant que chef de l'Etat français, parce que la France est à la fois l'amie d'Israël et elle est aussi amie des Palestiniens, donc elle a une relation de confiance avec les différents acteurs.
Il a dit qu'il parlait aussi au nom de l'Europe...
Oui, parce que...
Est-ce qu'il sait qu'il n'est plus Président en exercice de l'Union européenne ?
Mais je vous rappelle qu'il est aussi président de l'Union pour la Méditerranée, coprésident avec H. Moubarak, avec l'Egypte, et c'est aussi à ce titre qu'il est là-bas. Et je rappelle que nous avons comme secrétaire général-adjoint de l'Union pour la Méditerranée, un représentant israélien et un représentant palestinien. Donc, si l'UPM peut aider au processus de paix, je pense que c'est un outil très important et très utile en la matière. Dernier élément, je rappelle que N. Sarkozy est aussi ce mois-ci, en tant que chef de l'Etat français, le président du Conseil de sécurité des Nations unies.
"Ce n'est plus l'omni Président, dit L. Fabius ce matin, c'est l'ego Président, moi, moi, moi..."
Monsieur Fabius doit savoir de quoi il parle en la matière. Je ne suis pas sûr qu'on ait besoin de ça aujourd'hui, je crois qu'on a plutôt besoin, à la fois, de par la situation économique et nationale, et en même temps par la préoccupante situation géopolitique au Moyen-Orient, de se serrer les coudes, et d'une opposition qui soit constructive et qui sorte de la caricature et de la petite phrase.
Rentrée parlementaire aujourd'hui et première soirée hier sans publicité sur France Télévisions. F. Fillon réunit les présidents de groupes de la majorité sénatoriale. Y a-t-il aujourd'hui une majorité au Sénat pour voter ce texte sur l'audiovisuel public ?
Je le crois. Naturellement, c'est aux sénateurs de s'exprimer en la matière. Maintenant, j'ai entendu le groupe UMP, j'ai entendu le Nouveau centre ; à l'Assemblée nationale, le texte a été adopté et les éléments que je peux avoir et les informations que j'ai entendues de la part du président du Sénat, laissent entendre qu'il y a une majorité en la matière. Simplement, le Parlement va jouer son rôle, c'est-à-dire qu'il va débattre, il va apporter sa pierre à l'édifice, les amendements....
Et notamment une pierre financière, puisque on parle de au Sénat d'élever un peu la redevance pour financer l'audiovisuel public. Êtes-vous prêts, au Gouvernement, à accepter une hausse de la redevance ?
Le Gouvernement a donné sa position là-dessus : nous ne sommes pas favorables à une augmentation de principe, nous sommes favorables à un alignement sur l'inflation, l'évolution du coût de la vie. C'est ce qui a été validé à l'Assemblée nationale. Nous sommes maintenant en discussion au Sénat, et effectivement, comme vous l'avez indiqué, le Premier ministre réunira ce matin les responsables de la majorité pour évoquer cette question.
Est-il acceptable, par exemple, que quand on a une résidence secondaire, on paye une deuxième redevance si on a une deuxième télévision ?
Le Gouvernement, encore une fois, a donné son point de vue là-dessus, nous ne le souhaitons pas, et nous ne souhaitons pas qu'il y ait une augmentation, une évolution au-delà de l'inflation, surtout au moment où on va supprimer la publicité, d'aller transférer vers les ménages ce type de ressource ne me semble pas opportun.
Débat sur la relance également demain, à l'Assemblée nationale. B. Obama dope la relance américaine, l'Allemagne lance un second plan de relance de 50 milliards d'euros sur deux ans. Est-ce que le plan français annoncé en décembre n'est pas déjà obsolète, déjà dépassé, ne faut-il pas un deuxième plan de relance ?
La réponse est non. Je crois que c'est un plan massif, un plan sans précédent de par son montant et de par sa réactivité, son immédiateté. Je rappelle que 75 % de ces 26 milliards d'euros seront injectés dans l'économie dès cette année, dès l'année 2009, donc avec un retour sur investissement, avec un impact maximal. Deuxièmement, par rapport à ces 26 milliards d'euros, il va y avoir un accompagnement, un effet de levier de montants qui vont être investis par les collectivités locales, et on peut espérer que à 1 euro donné par l'Etat, il y ait environ 3 euros par les différents partenaires de l'Etat. Ce qui fait au total, on n'est pas à 26 milliards d'euros mais au-delà de 100 milliards d'euros. Donc c'est un plan massif par son ampleur, et nous avons été très réactifs en la matière, puisque le Président a présenté ce plan le 4 décembre, et il est aujourd'hui, un mois après, débattu au Parlement.
Ne doit-il pas être complété par un véritable plan de soutien à la consommation, et par exemple de baisse des impôts ? L'Allemagne envisage désormais de baisser les impôts, B. Obama envisage 300 milliards de dollars de baisses d'impôts. Ça manque !
Il ne vous a pas échappé que la situation de l'Allemagne n'est pas exactement la même en matière de fiscalité. D'abord, je vous rappelle que la fiscalité sur l'impôt sur les sociétés est supérieure en Allemagne donc qu'en France. Donc, à la limite, qu'ils baissent leur fiscalité, qu'ils s'alignent sur la France, ce n'est pas complètement aberrant. Et deuxièmement, ils ne sont pas exactement dans la même situation budgétaire. Donc il n'est pas question aujourd'hui de travailler sur ce type de mesure. Quant à la consommation, je rappelle que dans ce plan, il y a des mesures en faveur de la consommation. Je pense notamment à la prime à la casse, qui est une prime très importante, puisque elle a un impact sur la demande, et en particulier sur la demande d'automobiles qui est un marché très important. Et les premiers éléments dont nous disposons - nous serons tout à l'heure avec P. Devedjian chez un concessionnaire Renault, en région parisienne -, mais les premiers éléments dont nous disposons nous laissent à penser qu'il y a un impact positif. On a vu les résultats du mois de décembre du marché français.
Vous arrivez à chiffrer cet impact positif de la prime à la casse ? Moins 0,7 sur l'année, ce n'est pas une trop grave chute pour l'automobile française...
Non, c'est une bonne tenue, dans la mesure où, en plus, le marché de 2008 sera légèrement supérieur au marché de 2006, et 2007 était un petit peu biaisé parce que, comme il y avait l'annonce du bonus-malus, il y a eu un certain nombre d'achats en fin d'année 2007 de véhicules automobiles. Donc, le marché a plutôt bien tenu sur la première partie de l'année grâce au bonus-malus, et grâce au fait que les véhicules français sont plutôt en phase avec ces dispositifs de bonus-malus, c'est-à-dire qu'ils consomment moins de carburant. Et puis, au mois de décembre, il a effectivement bien tenu grâce à la prime à la casse. Un constructeur comme Citroën, qui a très bien joué le jeu, puisque dès l'annonce, ils ont immédiatement accompagné la prime à la casse de mesures promotionnelles et ont communiqué très rapidement, et ils ont annoncé hier qu'ils étaient à + 30 % sur le mois de décembre.
Quand tiendrez-vous les états généraux de l'automobile que vous avez promis ?
Le 20 janvier prochain. Il fallait aller vite parce que la situation automobile, malgré la bonne tenue du mois de décembre, elle est préoccupante, parce que si la France se tient bien, les marchés du Sud de l'Europe se sont complètement effondrés. Et puis, de manière plus structurelle, l'automobile a besoin de réfléchir à son avenir. De réfléchir aux véhicules propres, aux véhicules décarbonés, de concentrer les moyens de recherche et développement, de faire en sorte qu'on soit les meilleurs en la matière. Et puis elle a besoin d'améliorer sa compétitivité. Comment fait-on pour garder les usines en France ? C'est ça le vrai enjeu. Et donc je mettrai autour de la table - d'ailleurs, j'ai installé un comité stratégique, un comité organisation - l'ensemble des partenaires, les constructeurs, les équipementiers, les sous-traitants, les représentants du personnel, les pôles de compétitivité, ceux qui travaillent sur la recherche. Et j'organiserai donc le 20 janvier prochain les états généraux, où toutes ces personnes vont se retrouver pour faire des propositions : comment on améliore la compétitivité de l'industrie automobile française, comment fait-on en sorte que l'automobile ait encore un avenir en France ?
Est-ce que la prime à la casse pourrait être augmentée dans le courant de l'année 2009 pour continuer à doper le marché ?
Ce n'est pas d'actualité aujourd'hui, d'autant que, manifestement, sur la demande, le marché s'est inversé et la tendance est plutôt meilleure. Mais je le vérifierai tout à l'heure chez un concessionnaire en région parisienne.
Comment pouvez-vous faciliter l'accès au crédit pour les Français qui veulent acheter une voiture ? Ils ne trouvent pas le financement.
Nous l'avons déjà fait dans le cadre du plan de relance, en mobilisant deux fois 500 millions d'euros pour les deux constructeurs français, de la société de financement de l'économie, les fameux 320 milliards d'euros qui avaient été débloqués par l'Etat au moment du plan de relance des banques au mois d'octobre. Donc nous l'avons déjà fait. Nous sommes actuellement en discussion avec les différents constructeurs pour voir s'il ne faut pas aller plus loin dans ce domaine, parce que c'est vrai qu'il n'y a pas encore un retour à une liquidité totale du marché et les constructeurs ont parfois des difficultés à se financer pour leurs clients. Et je rappelle que deux véhicules sur trois neufs sont achetés à crédit. Mais aussi, pour leurs investissements courants. Donc c'est une préoccupation que nous avons aujourd'hui.
Vous n'avez pas l'impression qu'on a brûlé plus de voitures le 31 décembre pour toucher les primes à l'assurance, une forme d'escroquerie ? 4.000 euros c'est mieux que 1.000 à la casse...
Le ministère de l'Intérieur est en train de regarder cette situation de près parce qu'il y a effectivement des phénomènes troublants en la matière. Les sports d'hiver se sont plutôt bien portés à Noël, ils ont fait recette.
Les autres chiffres de consommation, les avez-vous ? Est-ce que les Français ont différé leurs achats en attendant les soldes ou ont-ils consommé pour les fêtes ?
Les derniers chiffres que nous avons en matière de consommation sont ceux du mois de novembre, qui étaient relativement positifs, puisqu'ils étaient à 0,3 % d'augmentation par rapport à l'année passée. Et donc, le cumul que nous avons sur l'année 2008 est en progression par rapport à l'année 2007. Donc, pour l'instant, la consommation, dans un environnement économique très difficile, se tenait plutôt bien. Sur le mois de décembre et les fêtes, nous n'avons que ce que j'appellerais "des notes individuantes", c'est-à-dire des remontées de terrain. J'ai contacté un certain nombre de distributeurs pour voir un peu comment s'étaient passées les fêtes, et les résultats sont plutôt encourageants. C'est-à-dire qu'on a plutôt l'impression que les Français n'ont pas boudé les lieux de consommation au moment des fêtes. Donc la période des soldes va être très importante, parce qu'il s'agit de bien démarrer l'année 2009, c'est traditionnellement un moment de consommation important. Cette année, ça va être un moment de bonnes affaires.
Pourquoi ?
Parce que d'abord, de manière structurelle, les prix commencent à baisser et on va avoir l'impact de la loi de modernisation de l'économie, et que là-dessus, on va avoir des rabais sans précédent, exceptionnels. On a vu que des magasins déjà annoncent des moins 70 % en début de soldes. Donc c'est vraiment l'occasion d'aller faire vos soldes.
Vous avez promis de ne pas augmenter le gaz pendant l'hiver, mais il y a la crise GazProm-Ukraine. Cette nuit, la Bulgarie, la Grèce n'ont pas reçu de gaz. N'allez-vous pas être obligé d'augmenter le gaz par raréfaction de l'alimentation ?
Non. Encore une fois, C. Lagarde a eu l'occasion des s'exprimer sur ce sujet, il n'y a pas de danger en la matière. La France a décidé, le Gouvernement a décidé de ne pas augmenter le gaz parce que, d'abord, le prix du pétrole a énormément baissé, il a été divisé par trois depuis l'été. Et puis ensuite, parce que nous attendons l'impact. Le calcul du prix du gaz se fait sur une période de six mois, et nous verrons au mois d'avril si on ne peut pas même baisser le gaz dans la mesure où le prix du pétrole sera resté au niveau où il est aujourd'hui.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 6 janvier 2009