Texte intégral
M.-B. Allaire.- La polémique enfle depuis hier sur la situation des Urgences. Un patient est mort dimanche, six heures après un premier accident cardiaque, parce qu'il n'avait pas pu être pris en charge à temps dans un service adéquat, en région parisienne. Son épouse porte plainte pour mise en péril de la vie d'autrui. Alors les Urgences vont mal, R. Bachelot ?
Je veux dire d'abord que ce malade, il a été pris en charge, immédiatement dans un service d'urgence. Il y a eu un dysfonctionnement dans la chaîne de régulation qui fait, qu'alors qu'il y avait une offre de lit de réanimation - onze lits de réanimation étaient disponibles dans des hôpitaux à proximité, à moins de 20 minutes d'ambulance - l'offre de soin n'a pas rencontré la demande de soin. C'est la raison pour laquelle j'ai mandaté une inspection de l'Inspection générale des Affaires sociales pour que toute la lumière soit faite. Pourquoi est-ce qu'on n'a pas téléphoné au SAMU 75, sans doute... qui centralise...
Le service qui l'a pris en charge a contacté plus d'une vingtaine d'hôpitaux.
Oui, justement, alors qu'il suffisait de téléphoner au SAMU 75 qui centralise ces demandes. Il y avait la possibilité de faire une coronarographie absolument indispensable à toute proximité dans un établissement hospitalier, situé à quelques kilomètres. Enfin moi, il ne me revient pas...
Où ça ?
A Massy ! Moi, il ne me revient pas évidemment de faire l'enquête à la place et de la Justice et de l'Inspection générale des Affaires sociales. Il faut, s'il y a des dysfonctionnements qu'ils soient analysés, qu'ils ne se reproduisent plus. Mais ce que je veux dire c'est que l'hôpital public, c'est évidemment des centaines de milliers de personnes qui y travaillent. Des millions d'actes qui y sont pratiqués. Nous recevons 16 millions de personnes aux Urgences. Vous me parliez des Urgences, ce nombre a doublé en moins de 10 ans, il peut se passer des erreurs, des fautes. Ma responsabilité de ministre de la Santé c'est de faire en sorte que ces fautes, ces dysfonctionnements soient analysés, et que ces fautes ne se reproduisent plus. Mais je veux dire aussi que l'on fait un effort considérable pour les Urgences.
L'Association des médecins urgentistes qui est présidée par le docteur P. Pelloux dit que la sécurité des patients n'est plus assurée en Ile-de-France, pendant les fêtes. Que les établissements ferment des lits pour maintenir leur budget pendant les fêtes. Est-ce que c'est faux selon vous ?
Je m'inscris en faux devant cette récupération politicienne. Cet urgentiste a déjà essayé de mettre le feu, il y a quelques jours à propos de la mort dramatique de ce petit garçon, en indiquant qu'il s'agissait d'un problème d'urgence - l'enfant a été reçu dans un service de pédiatrie générale - en disant qu'il n'y avait pas assez de personnel. Or, l'enquête révèle qu'il y avait assez de personnel, qu'on est en face d'une erreur humaine. Donc qui ne met pas en cause la structure, la structure d'accueil dans l'hôpital public. Voyant que son coup avait échoué, il réédite... Moi je dis aux Français qu'il faut qu'ils aient confiance dans leur hôpital public. On ne peut pas laisser l'hôpital public attaqué de cette façon. Les Urgences c'est véritablement un effort considérable. Là, en ce qui concerne les lits de réanimation par exemple, 95 % des lits de réanimation, alors que le personnel a le droit lui aussi à des vacances, 95% des lits de réanimation sont ouverts. On a évidemment mis les opérations qu'on appelle programmées, on les a mises en janvier pour faire en sorte que le parc hospitalier soit consacré aux urgences. Nous venons de mettre un milliard d'euros dans la rénovation des Urgences, nous allons continuer. Le nombre des services d'urgence ouverts ne cesse d'augmenter. 5 200 personnes ont été embauchées dans les services d'urgence dans les deux années qui viennent de s'écouler. 7 500 lits ont été créés, c'est ça la vérité.
Il n'y a pas que le docteur Pelloux, il y a le président de la Mutualité française, J.-P. Davant qui dit - alors vous parliez du cas du petit Ilyes tout à l'heure - qui dit, qu'après la mort du petit Ilyes, ce cas du patient de l'Essonne, c'était évitable et cela illustre la dégradation de la qualité des soins en France, plus généralement.
Je ne partage absolument pas cet avis, cet avis misérabiliste. Que l'hôpital ait besoin de se réformer c'est tout à fait évident. Parce que nous sommes devant des mutations considérables. Ces mutations quelles sont-elles ? Elles ont de trois ordres : des progrès technologiques considérables, le vieillissement de la population et puis le changement de mode de vie des personnels soignants et en particulier des médecins. C'est pour cela que je vais présenter un projet de loi de réforme de l'hôpital, mais plus largement de l'organisation des soins - pour faire en sorte que l'hôpital public et notre organisation des soins puissent faire face à ces défis. Je prends un exemple : il est bien évident qu'on ne passe pas de 8 millions à 16 millions de passages aux urgences en moins de 10 ans, sans se poser la question de la permanence des soins. Je visite plusieurs services hospitaliers par semaine et en particulier des services d'urgences. On se rend bien compte qu'il y a des gens qui, excusez-moi de le dire, n'ont rien à y faire et qui pourraient être pris en charge d'une autre façon.
C'est un problème que l'on pointe depuis des années et des années.
C'est pour cela que je veux y remédier de façon globale, on ne peut pas traiter le système de soins français en tuyaux d'orgue. C'est la raison pour laquelle je vais présenter dans quelques semaines une réforme globale de notre système de santé. Je précise d'ailleurs, système de santé pour lequel nous faisons un effort financier considérable. Imaginez que dans la période de crise que nous vivons, nous avons fixé une progression des dépenses pour l'hôpital de 3,1%, c'est-à-dire une progression beaucoup plus importante que la progression de la richesse nationale. Et que nous allons injecter dans les quatre années 10 milliards d'investissements dans l'hôpital et tout particulièrement dans l'hôpital public.
Donc vous dites, ce n'est pas un problème de moyens, c'est un problème d'organisation ?
C'est un problème d'organisation surtout. Des moyens il en faut, bien entendu, mais avant de prélever dans le porte-monnaie des Français pour des dépenses nouvelles, enfin des dépenses qui seraient peut-être inutiles, il faut se poser la question de l'efficience de notre système ?
Deux sans abri ont été retrouvés morts hier en région parisienne et votre collègue, C. Boutin dit : tous les gens qui sont décédés ont été pris en charge, ils se sont vus proposer un logement, mais ils l'ont refusé. C'est une réponse satisfaisante selon vous ?
Cela montre que la prise en charge des personnes dans la rue, qui souffrent d'ailleurs souvent, les spécialistes disent un sur deux, de maladies psychiatriques parfois assez graves, doivent avoir une prise en charge globale qui ne se contente pas de l'offre d'un logement dont ils ne veulent pas souvent. Ou de l'offre d'un repas, c'est une prise en charge médico-sociale importante. C'est la raison pour laquelle, j'ai voulu créer ce qu'on appelle des équipes mobiles de psychiatrie et qu'ainsi cette année, j'ai créé 22 équipes nouvelles mobiles de psychiatrie pour prendre en charge ces personnes, extrêmement fragiles sur le plan de la santé.
La psychiatrie où il y a aussi...
Où il y a beaucoup de réformes et où je suis en train de préparer une réforme également de la psychiatrie avec les professionnels.
Merci R. Bachelot, bonne journée ! Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 janvier 2008
Je veux dire d'abord que ce malade, il a été pris en charge, immédiatement dans un service d'urgence. Il y a eu un dysfonctionnement dans la chaîne de régulation qui fait, qu'alors qu'il y avait une offre de lit de réanimation - onze lits de réanimation étaient disponibles dans des hôpitaux à proximité, à moins de 20 minutes d'ambulance - l'offre de soin n'a pas rencontré la demande de soin. C'est la raison pour laquelle j'ai mandaté une inspection de l'Inspection générale des Affaires sociales pour que toute la lumière soit faite. Pourquoi est-ce qu'on n'a pas téléphoné au SAMU 75, sans doute... qui centralise...
Le service qui l'a pris en charge a contacté plus d'une vingtaine d'hôpitaux.
Oui, justement, alors qu'il suffisait de téléphoner au SAMU 75 qui centralise ces demandes. Il y avait la possibilité de faire une coronarographie absolument indispensable à toute proximité dans un établissement hospitalier, situé à quelques kilomètres. Enfin moi, il ne me revient pas...
Où ça ?
A Massy ! Moi, il ne me revient pas évidemment de faire l'enquête à la place et de la Justice et de l'Inspection générale des Affaires sociales. Il faut, s'il y a des dysfonctionnements qu'ils soient analysés, qu'ils ne se reproduisent plus. Mais ce que je veux dire c'est que l'hôpital public, c'est évidemment des centaines de milliers de personnes qui y travaillent. Des millions d'actes qui y sont pratiqués. Nous recevons 16 millions de personnes aux Urgences. Vous me parliez des Urgences, ce nombre a doublé en moins de 10 ans, il peut se passer des erreurs, des fautes. Ma responsabilité de ministre de la Santé c'est de faire en sorte que ces fautes, ces dysfonctionnements soient analysés, et que ces fautes ne se reproduisent plus. Mais je veux dire aussi que l'on fait un effort considérable pour les Urgences.
L'Association des médecins urgentistes qui est présidée par le docteur P. Pelloux dit que la sécurité des patients n'est plus assurée en Ile-de-France, pendant les fêtes. Que les établissements ferment des lits pour maintenir leur budget pendant les fêtes. Est-ce que c'est faux selon vous ?
Je m'inscris en faux devant cette récupération politicienne. Cet urgentiste a déjà essayé de mettre le feu, il y a quelques jours à propos de la mort dramatique de ce petit garçon, en indiquant qu'il s'agissait d'un problème d'urgence - l'enfant a été reçu dans un service de pédiatrie générale - en disant qu'il n'y avait pas assez de personnel. Or, l'enquête révèle qu'il y avait assez de personnel, qu'on est en face d'une erreur humaine. Donc qui ne met pas en cause la structure, la structure d'accueil dans l'hôpital public. Voyant que son coup avait échoué, il réédite... Moi je dis aux Français qu'il faut qu'ils aient confiance dans leur hôpital public. On ne peut pas laisser l'hôpital public attaqué de cette façon. Les Urgences c'est véritablement un effort considérable. Là, en ce qui concerne les lits de réanimation par exemple, 95 % des lits de réanimation, alors que le personnel a le droit lui aussi à des vacances, 95% des lits de réanimation sont ouverts. On a évidemment mis les opérations qu'on appelle programmées, on les a mises en janvier pour faire en sorte que le parc hospitalier soit consacré aux urgences. Nous venons de mettre un milliard d'euros dans la rénovation des Urgences, nous allons continuer. Le nombre des services d'urgence ouverts ne cesse d'augmenter. 5 200 personnes ont été embauchées dans les services d'urgence dans les deux années qui viennent de s'écouler. 7 500 lits ont été créés, c'est ça la vérité.
Il n'y a pas que le docteur Pelloux, il y a le président de la Mutualité française, J.-P. Davant qui dit - alors vous parliez du cas du petit Ilyes tout à l'heure - qui dit, qu'après la mort du petit Ilyes, ce cas du patient de l'Essonne, c'était évitable et cela illustre la dégradation de la qualité des soins en France, plus généralement.
Je ne partage absolument pas cet avis, cet avis misérabiliste. Que l'hôpital ait besoin de se réformer c'est tout à fait évident. Parce que nous sommes devant des mutations considérables. Ces mutations quelles sont-elles ? Elles ont de trois ordres : des progrès technologiques considérables, le vieillissement de la population et puis le changement de mode de vie des personnels soignants et en particulier des médecins. C'est pour cela que je vais présenter un projet de loi de réforme de l'hôpital, mais plus largement de l'organisation des soins - pour faire en sorte que l'hôpital public et notre organisation des soins puissent faire face à ces défis. Je prends un exemple : il est bien évident qu'on ne passe pas de 8 millions à 16 millions de passages aux urgences en moins de 10 ans, sans se poser la question de la permanence des soins. Je visite plusieurs services hospitaliers par semaine et en particulier des services d'urgences. On se rend bien compte qu'il y a des gens qui, excusez-moi de le dire, n'ont rien à y faire et qui pourraient être pris en charge d'une autre façon.
C'est un problème que l'on pointe depuis des années et des années.
C'est pour cela que je veux y remédier de façon globale, on ne peut pas traiter le système de soins français en tuyaux d'orgue. C'est la raison pour laquelle je vais présenter dans quelques semaines une réforme globale de notre système de santé. Je précise d'ailleurs, système de santé pour lequel nous faisons un effort financier considérable. Imaginez que dans la période de crise que nous vivons, nous avons fixé une progression des dépenses pour l'hôpital de 3,1%, c'est-à-dire une progression beaucoup plus importante que la progression de la richesse nationale. Et que nous allons injecter dans les quatre années 10 milliards d'investissements dans l'hôpital et tout particulièrement dans l'hôpital public.
Donc vous dites, ce n'est pas un problème de moyens, c'est un problème d'organisation ?
C'est un problème d'organisation surtout. Des moyens il en faut, bien entendu, mais avant de prélever dans le porte-monnaie des Français pour des dépenses nouvelles, enfin des dépenses qui seraient peut-être inutiles, il faut se poser la question de l'efficience de notre système ?
Deux sans abri ont été retrouvés morts hier en région parisienne et votre collègue, C. Boutin dit : tous les gens qui sont décédés ont été pris en charge, ils se sont vus proposer un logement, mais ils l'ont refusé. C'est une réponse satisfaisante selon vous ?
Cela montre que la prise en charge des personnes dans la rue, qui souffrent d'ailleurs souvent, les spécialistes disent un sur deux, de maladies psychiatriques parfois assez graves, doivent avoir une prise en charge globale qui ne se contente pas de l'offre d'un logement dont ils ne veulent pas souvent. Ou de l'offre d'un repas, c'est une prise en charge médico-sociale importante. C'est la raison pour laquelle, j'ai voulu créer ce qu'on appelle des équipes mobiles de psychiatrie et qu'ainsi cette année, j'ai créé 22 équipes nouvelles mobiles de psychiatrie pour prendre en charge ces personnes, extrêmement fragiles sur le plan de la santé.
La psychiatrie où il y a aussi...
Où il y a beaucoup de réformes et où je suis en train de préparer une réforme également de la psychiatrie avec les professionnels.
Merci R. Bachelot, bonne journée ! Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 janvier 2008