Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- Le Gouvernement vous a-t-il donné l'objectif de 26.000 reconduites à la frontière par an ?
27.000. Chiffre qui m'a été donné par le président de la République et par le Premier ministre la semaine dernière. B. Hortefeux, mon prédécesseur, avait eu un objectif de 26.000 et 30.000 réalisés. Là, on me donne un objectif de 27.000.
Donc c'est une sorte de compétition officielle, à qui expulsera le plus ?
Non, ce n'est pas une compétition officielle, c'est une stratégie. N. Sarkozy, lorsqu'il était candidat, avait dit "je ne suis pas partisan de l'immigration zéro", c'était une rupture intellectuelle extrêmement importante. Il n'a jamais joué avec ça, il a dit : "je ne crois pas à l'immigration zéro, je crois à l'immigration légale, à la capacité d'accueil de la France", et pour accueillir, il faut pouvoir offrir un emploi et un logement. Et cela veut dire, de façon consubstantielle, qu'il faut en même temps que celles et ceux qui viennent sur notre territoire "sans papiers" comme on dit, c'est-à-dire démunis du titre de séjour, soient reconduits à la frontière. C'est incohérent, et ce n'est pas la politique de la France, c'est la politique de l'Union européenne puisque les 27 ont adopté, quel que soit leur gouvernement, de droite ou de gauche, exactement la même politique.
C'est une consolation qu'il y ait toute l'Europe dans une même ligne ?
Non, ce n'est pas une consolation, c'est un constat que, si on est raisonnable et pragmatique, on ne peut pas faire autrement.
Les migrants ou les immigrés, venus des coins les plus lointains du monde sont d'abord victimes passeurs anonymes et impunis. Ceux-là, ils sont impunis !
Ils ne sont pas impunis. L'année dernière, 120 filières ont été démantelées en France. Et dès ma nomination, j'ai dit que je voulais aller encore plus loin, je vous le dis de façon un peu martiale en apparence...
Des mots, pardon, des mots, des mots, des mots...
Non, je veux déclarer la guerre aux passeurs, je veux déclarer la guerre aux filières clandestines, je veux déclarer la guerre à celles et ceux qui exploitent la misère humaine. Je peux vous dire, en ce moment même, et depuis 6 heures du matin, la PAF, la Police de l'Air aux Frontières, est en train de mener une vaste opération de démantèlement d'une filière clandestine très importante, d'origine asiatique. Il y a des dizaines de perquisitions en cours, les huit têtes de réseau, les huit organisateurs ont été interpellés entre 6heures et 7 heures ce matin. Je vous donne un ordre de grandeur : ils faisaient payer, ils font payer des ressortissants d'origine asiatique, 3.000 euros pour faire leur sale travail. Ce sont des filières mafieuses, des filières criminelles. Et il faut dire quelque chose que les Français ne savent pas toujours, ces passeurs gagnent beaucoup d'argent. Si vous me permettez l'expression, c'est un business tristement mais hautement lucratif.
Mais alors, ils sont à Paris, dans différentes grandes villes de France, ils gagnent beaucoup d'argent. À quels endroits ils interviennent, comment font-ils ?
Je suis allé à Calais il y a dix jours, vous le savez, et j'ai rencontré des Afghans, des Pakistanais, des Somaliens, des Erythréens, qui sont victimes de ces réseaux clandestins. On leur promet un Eldorado, en la circonstance l'Angleterre, d'autant que Londres s'étant vu attribuer les Jeux Olympiques de 2012, on leur dit : il va y avoir du travail et du travail clandestin. C'est pour ça que, la semaine prochaine, j'irai voir mon collègue ministre britannique de l'Immigration pour faire un travail ensemble.
Mais qu'est-ce que vous allez faire, puisqu'on fermé Sangatte en 2002, est-ce que vous allez créer un bâtiment pour les migrants ou des petites cellules d'accueil tout au long du littoral ?
D'abord, on va essayer de tarir les flux. Il fallait fermer Sangatte. Sangatte, c'était insupportable, tout le monde en était d'accord. En même temps, aujourd'hui, il y a une recrudescence de ces filières clandestines d'immigration. Il faut dire clairement à celles et ceux qui exploitent la misère humaine qu'on ne passe plus outre-Manche à partir de Calais. Et en même temps, vous l'avez suggéré, traiter dignement, humainement, les victimes de cette opération. C'est ce que je suis en train de faire. Et je me suis engagé à retourner avant fin avril à Calais pour apporter des solutions.
Mais les gens que vous êtes en train de... Enfin, que la police est en train d'arrêter, et ce réseau démantelé, c'est un réseau, dites-vous, asiatique n'est-ce pas ?
Oui.
Est-ce qu'il a des complicités ou des aides avec d'autres réseaux maghrébins, africains ?
Je ne crois pas, il faudra...
C'est cloisonné ?
...Il faudra voir l'enquête, mais l'expérience prouve que ces réseaux sont cloisonnés. Mais je veux aller plus loin : je veux absolument doter les préfets de nouveaux outils pour lutter contre les filières clandestines.
C'est-à-dire ?
Demain, je vais signer symboliquement en préfecture de police une circulaire par laquelle nous allons donner aux préfets, préfet de Paris, préfets départementaux, la possibilité d'accorder des titres de séjour, provisoires, et qui peuvent être ensuite renouvelés, aux clandestins victimes de filières clandestines qui décideraient de coopérer avec la police et donc, pour parler clairement, de dénoncer ces filières clandestines.
C'est de la folie ça !
Pourquoi c'est de la folie ?
Mais vous demandez à des sans-papiers clandestins de dénoncer les passeurs pour être plus vite régularisés ?!
Et en quoi ça vous choque ? !
Et vous demandez de coopérer, de collaborer avec la police... C'est-à-dire qu'on récompensera les collabos ?
Non, on "récompensera" entre guillemets...D'abord, on ne récompensera pas, on démantèlera les filières. L'objectif premier, c'est celui-là. Deuxièmement, mettez-vous à la place, aujourd'hui d'un clandestin totalement exploité - ça arrive, ça arrive chez des particuliers, la prostitution, ça arrive dans un certain nombre de petites entreprises.
Mais, pardon, vous imaginez que les victimes de ces réseaux, qui n'ont aucun titre de séjour, vont aller dans les commissariats à la police dire... Mais ils vont se livrer eux-mêmes !
Je suis en train d'essayer de vous répondre, en vous disant que, justement, aujourd'hui, ils sont dans un statut qui ne leur permet pas d'aller dénoncer leur triste condition, puisque précisément, ils n'ont aucun titre de séjour. Donc ils peuvent avoir peur d'aller à la gendarmerie ou à la police dénoncer. Avec le système que nous mettons en place, ils savent que s'ils dénoncent celles et ceux qui les ont mis dans cette situation, ils peuvent obtenir instantanément un titre de séjour provisoire et coopérer effectivement avec la police.
Mais beaucoup vont être choqués, vont dire que "c'est inqualifiable", parce que c'est une question de principe. Les Français...
Non, non, non...
...les Français connaissent leur histoire, ils ont de la mémoire. Comment vont-ils accepter cette prime donnée à la délation ?
La question de principe - et peut-être que je le mettrai sur la place publique dans quelques jours -, c'est de voir ce que sont les conditions d'esclavage moderne dans lesquelles se retrouvent un certain nombre de clandestins qui vivent dans des sous-sols, sans même voir le jour, pendant des mois et des années ! C'est à ça que je veux m'attaquer. Je ne peux pas tarir le flux sans essayer de m'en prendre à la source. Et les sources, ce sont ces filières et ces passeurs.
Mais ce n'est pas à la police de faire le travail ?
Bien sûr que c'est à la police !
Mais vous demandez aux clandestins eux-mêmes, aux victimes, d'aller "dénoncer"... Enfin, je ne sais pas, de...
La police fait son travail. Je vous ai dit : 120 filières démantelées en 2008 ; je veux qu'on essaye de doubler ce chiffre cette année, et c'est pour ça que symboliquement ma première visite a été à l'Office qui démantèle ces filières. Mais je vous dis aussi, que les clandestins eux-mêmes peuvent coopérer avec la police pour sortir de la situation dont ils sont victimes et je pense que ça ne choquera aucun humaniste.
Vous, l'homme, qui fut de gauche, et qui dit le rester, votre conscience qu'est-ce qu'elle vous dit sur le fait de dénoncer ?
Je viens de vous répondre par anticipation en disant que, non seulement aucun humaniste ne devrait être choqué, mais tout humaniste devrait l'assumer et le revendiquer.
Vous avez dit tout à l'heure qu'on arrêtait plusieurs dizaines de passeurs en ce moment. Vont-ils être détenus, jugés, peut-être condamnés en France ?
Bien sûr, mais ça c'est l'affaire de la justice. Je suis membre de l'exécutif, et mon rôle c'est d'inciter la police à faire ce travail.
En Italie, en Allemagne, aux Etats-Unis, est en train de se produire une vraie chasse aux immigrés. En Grande-Bretagne, travailliste, les ouvriers sont en grève sauvage contre la main-d'oeuvre étrangère. Tous ces pays réclament la fermeture de leurs frontières aux hommes qui viennent d'ailleurs, et ils veulent garder les emplois pour les nationaux. Est-ce que la France va les imiter ?
Surtout pas, surtout pas ! Vous connaissez les conséquences de la crise de 1929, le crédit, les déposants, etc. C'est tout ce que le Gouvernement a voulu éviter par le plan de relance. Il y a d'autres risques, la montée du protectionnisme, je ne dis pas "des protections", mais du protectionnisme...
Des nationalistes, du protectionnisme...
...Et la montée de la xénophobie. L'immigration a été, et historiquement a enrichi la France. Il n'y a qu'à voir la victoire dimanche après-midi encore de l'Equipe de France de handball pour voir ce qu'est le succès de la diversité française. Donc nous devons tout faire. Lutter contre l'immigration illégale, c'est aussi lutter pour l'intégration des étrangers en situation régulière.
Est-ce que l'UMP va vous soutenir ?
Je le crois, j'en suis sûr, oui.
Vous êtes nouveau secrétaire général, vous vous êtes installé avec X. Bertrand hier...
Secrétaire général adjoint...
Vous avez découvert votre bureau, votre mission. Votre mission c'est quoi ?
Ma mission c'est d'essayer de travailler sur ce qu'on appelle la prospective, à trois ans, cinq ans, sept ans, et les idées. Je vais relancer, raffermir les réseaux d'experts - économistes, historiens, sociologues, etc.
Il y aurait beaucoup à vous demander encore. Mais, B. Kouchner, attaqué dans un livre, est l'objet de polémiques, vives. Que dit E. Besson ?
Que je ne connais rien sur le fond à cette affaire, mais je connais B. Kouchner. Ce n'est pas un homme d'argent. S'il l'avait été, il aurait mené une autre carrière. C'est un homme de causes et de missions. Et mon préjugé, mon présupposé, c'est que c'est un honnête homme.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 février 2009
27.000. Chiffre qui m'a été donné par le président de la République et par le Premier ministre la semaine dernière. B. Hortefeux, mon prédécesseur, avait eu un objectif de 26.000 et 30.000 réalisés. Là, on me donne un objectif de 27.000.
Donc c'est une sorte de compétition officielle, à qui expulsera le plus ?
Non, ce n'est pas une compétition officielle, c'est une stratégie. N. Sarkozy, lorsqu'il était candidat, avait dit "je ne suis pas partisan de l'immigration zéro", c'était une rupture intellectuelle extrêmement importante. Il n'a jamais joué avec ça, il a dit : "je ne crois pas à l'immigration zéro, je crois à l'immigration légale, à la capacité d'accueil de la France", et pour accueillir, il faut pouvoir offrir un emploi et un logement. Et cela veut dire, de façon consubstantielle, qu'il faut en même temps que celles et ceux qui viennent sur notre territoire "sans papiers" comme on dit, c'est-à-dire démunis du titre de séjour, soient reconduits à la frontière. C'est incohérent, et ce n'est pas la politique de la France, c'est la politique de l'Union européenne puisque les 27 ont adopté, quel que soit leur gouvernement, de droite ou de gauche, exactement la même politique.
C'est une consolation qu'il y ait toute l'Europe dans une même ligne ?
Non, ce n'est pas une consolation, c'est un constat que, si on est raisonnable et pragmatique, on ne peut pas faire autrement.
Les migrants ou les immigrés, venus des coins les plus lointains du monde sont d'abord victimes passeurs anonymes et impunis. Ceux-là, ils sont impunis !
Ils ne sont pas impunis. L'année dernière, 120 filières ont été démantelées en France. Et dès ma nomination, j'ai dit que je voulais aller encore plus loin, je vous le dis de façon un peu martiale en apparence...
Des mots, pardon, des mots, des mots, des mots...
Non, je veux déclarer la guerre aux passeurs, je veux déclarer la guerre aux filières clandestines, je veux déclarer la guerre à celles et ceux qui exploitent la misère humaine. Je peux vous dire, en ce moment même, et depuis 6 heures du matin, la PAF, la Police de l'Air aux Frontières, est en train de mener une vaste opération de démantèlement d'une filière clandestine très importante, d'origine asiatique. Il y a des dizaines de perquisitions en cours, les huit têtes de réseau, les huit organisateurs ont été interpellés entre 6heures et 7 heures ce matin. Je vous donne un ordre de grandeur : ils faisaient payer, ils font payer des ressortissants d'origine asiatique, 3.000 euros pour faire leur sale travail. Ce sont des filières mafieuses, des filières criminelles. Et il faut dire quelque chose que les Français ne savent pas toujours, ces passeurs gagnent beaucoup d'argent. Si vous me permettez l'expression, c'est un business tristement mais hautement lucratif.
Mais alors, ils sont à Paris, dans différentes grandes villes de France, ils gagnent beaucoup d'argent. À quels endroits ils interviennent, comment font-ils ?
Je suis allé à Calais il y a dix jours, vous le savez, et j'ai rencontré des Afghans, des Pakistanais, des Somaliens, des Erythréens, qui sont victimes de ces réseaux clandestins. On leur promet un Eldorado, en la circonstance l'Angleterre, d'autant que Londres s'étant vu attribuer les Jeux Olympiques de 2012, on leur dit : il va y avoir du travail et du travail clandestin. C'est pour ça que, la semaine prochaine, j'irai voir mon collègue ministre britannique de l'Immigration pour faire un travail ensemble.
Mais qu'est-ce que vous allez faire, puisqu'on fermé Sangatte en 2002, est-ce que vous allez créer un bâtiment pour les migrants ou des petites cellules d'accueil tout au long du littoral ?
D'abord, on va essayer de tarir les flux. Il fallait fermer Sangatte. Sangatte, c'était insupportable, tout le monde en était d'accord. En même temps, aujourd'hui, il y a une recrudescence de ces filières clandestines d'immigration. Il faut dire clairement à celles et ceux qui exploitent la misère humaine qu'on ne passe plus outre-Manche à partir de Calais. Et en même temps, vous l'avez suggéré, traiter dignement, humainement, les victimes de cette opération. C'est ce que je suis en train de faire. Et je me suis engagé à retourner avant fin avril à Calais pour apporter des solutions.
Mais les gens que vous êtes en train de... Enfin, que la police est en train d'arrêter, et ce réseau démantelé, c'est un réseau, dites-vous, asiatique n'est-ce pas ?
Oui.
Est-ce qu'il a des complicités ou des aides avec d'autres réseaux maghrébins, africains ?
Je ne crois pas, il faudra...
C'est cloisonné ?
...Il faudra voir l'enquête, mais l'expérience prouve que ces réseaux sont cloisonnés. Mais je veux aller plus loin : je veux absolument doter les préfets de nouveaux outils pour lutter contre les filières clandestines.
C'est-à-dire ?
Demain, je vais signer symboliquement en préfecture de police une circulaire par laquelle nous allons donner aux préfets, préfet de Paris, préfets départementaux, la possibilité d'accorder des titres de séjour, provisoires, et qui peuvent être ensuite renouvelés, aux clandestins victimes de filières clandestines qui décideraient de coopérer avec la police et donc, pour parler clairement, de dénoncer ces filières clandestines.
C'est de la folie ça !
Pourquoi c'est de la folie ?
Mais vous demandez à des sans-papiers clandestins de dénoncer les passeurs pour être plus vite régularisés ?!
Et en quoi ça vous choque ? !
Et vous demandez de coopérer, de collaborer avec la police... C'est-à-dire qu'on récompensera les collabos ?
Non, on "récompensera" entre guillemets...D'abord, on ne récompensera pas, on démantèlera les filières. L'objectif premier, c'est celui-là. Deuxièmement, mettez-vous à la place, aujourd'hui d'un clandestin totalement exploité - ça arrive, ça arrive chez des particuliers, la prostitution, ça arrive dans un certain nombre de petites entreprises.
Mais, pardon, vous imaginez que les victimes de ces réseaux, qui n'ont aucun titre de séjour, vont aller dans les commissariats à la police dire... Mais ils vont se livrer eux-mêmes !
Je suis en train d'essayer de vous répondre, en vous disant que, justement, aujourd'hui, ils sont dans un statut qui ne leur permet pas d'aller dénoncer leur triste condition, puisque précisément, ils n'ont aucun titre de séjour. Donc ils peuvent avoir peur d'aller à la gendarmerie ou à la police dénoncer. Avec le système que nous mettons en place, ils savent que s'ils dénoncent celles et ceux qui les ont mis dans cette situation, ils peuvent obtenir instantanément un titre de séjour provisoire et coopérer effectivement avec la police.
Mais beaucoup vont être choqués, vont dire que "c'est inqualifiable", parce que c'est une question de principe. Les Français...
Non, non, non...
...les Français connaissent leur histoire, ils ont de la mémoire. Comment vont-ils accepter cette prime donnée à la délation ?
La question de principe - et peut-être que je le mettrai sur la place publique dans quelques jours -, c'est de voir ce que sont les conditions d'esclavage moderne dans lesquelles se retrouvent un certain nombre de clandestins qui vivent dans des sous-sols, sans même voir le jour, pendant des mois et des années ! C'est à ça que je veux m'attaquer. Je ne peux pas tarir le flux sans essayer de m'en prendre à la source. Et les sources, ce sont ces filières et ces passeurs.
Mais ce n'est pas à la police de faire le travail ?
Bien sûr que c'est à la police !
Mais vous demandez aux clandestins eux-mêmes, aux victimes, d'aller "dénoncer"... Enfin, je ne sais pas, de...
La police fait son travail. Je vous ai dit : 120 filières démantelées en 2008 ; je veux qu'on essaye de doubler ce chiffre cette année, et c'est pour ça que symboliquement ma première visite a été à l'Office qui démantèle ces filières. Mais je vous dis aussi, que les clandestins eux-mêmes peuvent coopérer avec la police pour sortir de la situation dont ils sont victimes et je pense que ça ne choquera aucun humaniste.
Vous, l'homme, qui fut de gauche, et qui dit le rester, votre conscience qu'est-ce qu'elle vous dit sur le fait de dénoncer ?
Je viens de vous répondre par anticipation en disant que, non seulement aucun humaniste ne devrait être choqué, mais tout humaniste devrait l'assumer et le revendiquer.
Vous avez dit tout à l'heure qu'on arrêtait plusieurs dizaines de passeurs en ce moment. Vont-ils être détenus, jugés, peut-être condamnés en France ?
Bien sûr, mais ça c'est l'affaire de la justice. Je suis membre de l'exécutif, et mon rôle c'est d'inciter la police à faire ce travail.
En Italie, en Allemagne, aux Etats-Unis, est en train de se produire une vraie chasse aux immigrés. En Grande-Bretagne, travailliste, les ouvriers sont en grève sauvage contre la main-d'oeuvre étrangère. Tous ces pays réclament la fermeture de leurs frontières aux hommes qui viennent d'ailleurs, et ils veulent garder les emplois pour les nationaux. Est-ce que la France va les imiter ?
Surtout pas, surtout pas ! Vous connaissez les conséquences de la crise de 1929, le crédit, les déposants, etc. C'est tout ce que le Gouvernement a voulu éviter par le plan de relance. Il y a d'autres risques, la montée du protectionnisme, je ne dis pas "des protections", mais du protectionnisme...
Des nationalistes, du protectionnisme...
...Et la montée de la xénophobie. L'immigration a été, et historiquement a enrichi la France. Il n'y a qu'à voir la victoire dimanche après-midi encore de l'Equipe de France de handball pour voir ce qu'est le succès de la diversité française. Donc nous devons tout faire. Lutter contre l'immigration illégale, c'est aussi lutter pour l'intégration des étrangers en situation régulière.
Est-ce que l'UMP va vous soutenir ?
Je le crois, j'en suis sûr, oui.
Vous êtes nouveau secrétaire général, vous vous êtes installé avec X. Bertrand hier...
Secrétaire général adjoint...
Vous avez découvert votre bureau, votre mission. Votre mission c'est quoi ?
Ma mission c'est d'essayer de travailler sur ce qu'on appelle la prospective, à trois ans, cinq ans, sept ans, et les idées. Je vais relancer, raffermir les réseaux d'experts - économistes, historiens, sociologues, etc.
Il y aurait beaucoup à vous demander encore. Mais, B. Kouchner, attaqué dans un livre, est l'objet de polémiques, vives. Que dit E. Besson ?
Que je ne connais rien sur le fond à cette affaire, mais je connais B. Kouchner. Ce n'est pas un homme d'argent. S'il l'avait été, il aurait mené une autre carrière. C'est un homme de causes et de missions. Et mon préjugé, mon présupposé, c'est que c'est un honnête homme.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 février 2009