Texte intégral
L. Bazin.- Vous êtes une des femmes qui a bougé dans ce gouvernement, non pas que sur les dossiers, mais vous avez déménagé, puisque vous avez emménagé avec B. Hortefeux, rue de Grenelle. Un petit mot prononcé hier par B. Hortefeux lors de la passation de pouvoir, et qui a notamment beaucoup agacé H. Désir, qui demande ce matin des excuses au ministre. Il a dit "c'est la petite dernière, F. Amara, ma compatriote, même si ça ne se voit pas"... Vous l'avez mal pris ?
Non, pas du tout. D'abord, je voudrais dire merci à Harlem, qui s'inquiète toujours des propos qui peuvent être tendancieux....
...Avec qui vous avez milité à SOS Racisme.
Oui, évidemment. Non, en réalité, je ne l'ai pas du tout mal pris parce qu'en fait...
"Compatriote, même si ça ne se voit pas", ce n'était pas...
Mais oui, parce que pourquoi ? C'était du fait que tous les deux, nous sommes auvergnats, et le fait que nous sommes tous les deux auvergnats, lui, blond aux yeux bleus et moi un peu... Voilà, résultat du compte on ne ressemble ni l'un ni l'autre aux Auvergnats, au profil d'auvergnat. Donc c'est pour ça qu'il a dit ça. Mais ce n'est pas la première fois qu'il le dit, même en privé il l'avait dit à maintes reprises, et donc, moi je n'ai vu aucun propos tendancieux. Donc je voudrais rassurer Harlem.
Ça veut dire que c'est la lune de miel entre B. Hortefeux, et vous malgré l'affaire de l'amendement ADN, malgré les mots "dégueulasse" dont vous aviez qualifié, à l'époque, ses propositions, défendues par le Gouvernement au Sénat ?
Je ne dirais pas que c'est la lune de miel, parce que j'ai trop de respect pour sa femme, que je connais un peu aujourd'hui, et que j'apprécie beaucoup. Non, je dirais tout simplement que nous sommes sur des terrains sur lesquels nous devons travailler ensemble.
Mais vous êtes d'accord, franchement, avec B. Hortefeux ?
Non, pas sur tout. Je n'ai jamais été d'accord, par exemple, sur la question de l'ADN. Je ne vais pas changer d'opinion...
Vous l'avez dit. Mais sur sa politique d'immigration ? Sur l'image qu'il a aujourd'hui, le ministre des expulsions ?
Sur la question des expulsions, je me suis exprimée. Je suis pour la régularisation des travailleurs sans papiers avec des conditions, donc je n'ai pas changé d'opinion non plus. Par contre, il faut quand même saluer le travail qui a été fait par B. Hortefeux dans le cadre du pacte de l'immigration, puisque... je le partage assez. Vous savez que quand j'étais responsable associative, je le disais assez, je crois que dans le pacte de l'immigration, on a réussi un truc extraordinaire, et on doit rendre à César ce qui appartient à César. Il dit, quand il a mis en place cette politique d'immigration, il dit tout simplement qu'on sort des postures faussement généreuses d'un côté avec la gauche, ouverture des frontières, un peu n'importe quoi...
La gauche c'était vous !
Oui, mais même y compris à gauche, je le disais déjà. D'ailleurs, ouverture des frontières qui ne mène à rien. Je rappelle que sous la gauche, il y a eu des charters qui sont partis de la même manière. Et puis, de l'autre côté aussi, un truc bêtement répressif, "immigration zéro". Ça ne peut pas exister. Donc en mettant en place une politique de maîtrise d'immigration, on dit quoi ? On dit tout simplement que l'immigration est une chance pour notre pays, la France, mais aussi pour l'Europe, et je crois qu'aujourd'hui tout le monde a bien compris que l'immigration est une chance pour l'économie de notre pays. Et qu'en fait, il s'agit aussi, à travers les politiques qu'a mises en place Brice, il s'agit de les accueillir correctement et dignement. Voilà. Ils ont des devoirs...
Vous vous êtes drôlement convertie quand même !
Non, non. C'est un discours que je tenais déjà quand j'étais responsable associative, parce que j'ai tellement vu, à gauche comme à droite, une instrumentalisation politique éhontée, et honteuse, de la thématique de l'immigration, que je ne supportais plus. Je rappelle que je suis enfant d'immigrés, et que j'en suis fière, et qu'à partir de ce moment-là, je crois qu'à un moment donné, notre pays s'honore à accueillir correctement les étrangers qui viennent chez nous.
Il est aujourd'hui ministre des Affaires sociales, avec un Président qui hier a traité un syndicat d'irresponsable. C'est de la calomnie pour vous, comme le dit SUD ce matin ?
Non, je ne dirais pas ça, "de la calomnie". Je crois qu'à un moment donné, chacun...
Il a raison le président de dire que SUD est irresponsable ou pas ?
Je pense que c'est peut-être un peu maladroit de dire que SUD est irresponsable, mais je pense aussi que si le Président le dit, c'est qu'il est certainement agacé par l'attitude de certains syndicats, pas tous, parce que c'est important la démocratie sociale dans notre pays, c'est important aussi que les syndicats existent et qu'ils jouent leur rôle surtout. Et leur rôle c'est aussi d'être présents à des rendez-vous précis, pour que le pacte social de notre pays réussisse. Souvent, malheureusement...
Donc, pour vous, c'était une prise d'otages, Saint-Lazare, comme pour N. Sarkozy ?
J'ai été scandalisée de ce qui s'est passé à Saint-Lazare. Je crois que quand on interroge les Français qui auraient dû rentrer en temps et en heure chez eux, ils ont été pris en otages. Je ne pense pas que ce soit une attitude, je dirais, ce n'est pas l'attitude, en tout cas, de l'ensemble des syndicats. Et ce n'est pas une attitude noble, justement, pour porter des vraies revendications sociales. Je crois qu'il faut faire attention. Il faut vraiment arriver à faire en sorte que la question du pacte social dans notre pays se fasse vraiment dans un dialogue et dans le respect des uns et des autres, et dans le rôle des uns et des autres.
Quelle place va être laissée à la banlieue avec B. Hortefeux à la tête d'un ministère des Affaires sociales ? Franchement... il y a un comité interministériel à la banlieue, à la ville pardon, mardi prochain. Est-ce qu'il sera confirmé, par exemple, le fait que vous aurez sur la table les milliards que vous espériez avoir ?
Les milliards ?...
4,3 milliards en 2009.
Oui, oui, ça y est, c'est confirmé. Le CIV va nous permettre, sous la responsabilité du Premier ministre, F. Fillon, avec l'ensemble des ministres concernés par la thématique de la politique de la ville, de faire un premier pré-bilan de ce que nous avons mis en place depuis que le président de la République, le 8 février dernier, dans son discours, a demandé à chaque ministre de mettre en place un programme triennal. Donc là, nous allons faire un premier bilan de ce que nous avons mis en place.
Vous entendez bien ce que disent notamment les habitants des banlieues, et les jeunes de banlieue, il n'y a rien pour nous, c'est les banquiers, on tape sur les syndicats, et nous on n'a rien vu venir.
Non, il ne faut pas dire ça. Je ne pense pas que ce soit opportun de dire ça, et je vais vous dire, moi je fais quatre, cinq visites de terrain par semaine dans les cités, je suis carrément tout le temps dans les quartiers, ce n'est pas ce que j'entends. J'ai conscience, et on ne va pas se raconter d'histoire, j'ai conscience que dans notre pays, nous traversons une crise très grave, j'ai conscience aussi que ça va être beaucoup plus difficile qu'on ne le pensait, parce que évidemment, on n'est plus dans l'embellie du départ, nous sommes dans une situation...
Est-ce que la banlieue est encore une priorité pour ce gouvernement ?
Bien sûr, qu'elle est prioritaire, évidemment, même y compris...
Malgré la crise ? Malgré les aides aux banques ? Malgré le plan de relance à l'automobile ?
Oui... Mais, aider les banques, il ne faut pas être démagogique, moi je vous le dis, aider les banques, contrairement à ce qu'on croit, ce n'est pas aider les banques pour aider les banques, c'est aider les banques pour sauver un certain système qui va permettre de sauvegarder des emplois au bout de la chaîne. Donc y compris des emplois des gens qui habitent les quartiers prioritaires. A un moment donné, il faut arrêter d'avoir une certaine démagogie sur cette thématique-là. Alors, pour revenir sur la question du CIV, nous allons avoir une sorte de pré-bilan, mais surtout ce que je voudrais dire, c'est que le fait que je travaille aujourd'hui au ministère des Affaires sociales, et de la Famille, et de la Solidarité, est un très gros ministère avec des directions. Donc ça va booster, en réalité...
Vous aurez plus de moyens aujourd'hui que vous n'en n'aviez hier auprès de C. Boutin ?
Exactement. Ça va booster et accélérer la mise en place de "l'interministérialité" et la mise en place de la dynamique "Espoir banlieue". Et puis surtout, ça va permettre aussi que je puisse aussi participer, aux côtés de B. Hortefeux, à vraiment mettre en place un véritable bouclier social.
C'est vraiment votre nouvel ami alors ?
Moi, je suis amie avec toutes celles et ceux qui font en sorte que, un, on porte des réformes fortes et en profondeur dans notre pays, pour vraiment renforcer le pacte social et réussir le pari de protéger toutes les personnes qui sont en situation de difficulté. C'est pour ça que la question d'être aux côtés de B. Hortefeux, vraiment, j'insiste, pour aider à la mise en place d'un véritable bouclier social, pour moi c'est très important.
Oui, son image en banlieue, il va falloir que vous y travailliez...
Oui, mais je pense qu'il n'a pas besoin de moi, il peut...
...Parce qu'elle n'est pas très bonne, il est le ministre des expulsions.
Oui, on ne va pas se raconter d'histoire, c'est vrai que beaucoup pensent qu'il est le ministre de l'expulsion, mais je crois... Je lui fais assez confiance pour savoir que quand il décide quelque chose, il est capable aussi d'aller dans les quartiers, d'expliquer ce qu'il a mis en place quand il était ministre de l'Immigration, mais surtout d'expliquer ce qu'il va mettre en place tout de suite, justement pour la mise en place de ce fameux bouclier social. [Rappel actu]
Et F. Amara, la nouvelle amie de B. Hortefeux, est donc sur notre plateau ce matin. Ça la fait sourire. Elle nous a confirmé - et elle défend l'idée - qu'elle aura plus de moyens demain qu'elle n'en avait hier grâce à lui. Vous maintenez ça : il y aura plus de moyens pour la banlieue ?
Oui, parce que vous êtes dans un gros ministère, là. Donc, ça va aller... ça va s'accélérer et ça va aller encore plus vite et plus fort, évidemment. Mais, en même temps, je rappelle que, y compris dans ce que nous avons annoncé dès le départ, vous avez aussi, et c'est pour ça que c'est intéressant, à cause de la crise on a dû mettre en place un pacte de relance, et à partir du moment où il y a eu le pacte de relance, et à partir du moment où il y a eu le pacte de relance il faut savoir que les grands chantiers qui vont être mis en place et qui sont portés par Monsieur Devedjian vont aussi au bénéfice des quartiers prioritaires et des gens qui y habitent. Mais, il ne faut pas qu'on se raconte d'histoire, ça va être difficile et moi je suis là vraiment pour faire en sorte, avec l'ensemble du Gouvernement, pour vraiment arriver à faire en sorte qu'on gagne la bataille et qu'on résiste bien pour 2009 et qu'on s'en sorte le mieux du monde, notamment de l'impact de cette crise. C'est pour ça que c'est intéressant d'être aux Affaires sociales, qui est un gros ministère. Encore une fois, je le dis, c'est important aujourd'hui...
(Vous êtes) sans regret d'avoir quitté C. Boutin qui, paraît-il, d'ailleurs, a sablé le champagne, hier, midi, pour fêter votre départ, dites donc.
Ah, je ne sais pas, mais en tout cas ce que je voudrais dire c'est que j'ai beaucoup appris à côté de C. Boutin, contrairement à ce que certains pensent, voilà.
Bon.
Et c'est vrai que c'est important aujourd'hui. Tout ça va me servir, en réalité, à vraiment être...
Ca vous rend plus politique tout ça ?
Je crois que la vie politique...
...à gauche, on dit « Fadela, elle reste... » - ils vous appellent comme ça, c'est pour ça que je me permets de vous appeler par votre prénom.
Oui, non mais ce n'est pas...
« Fadela elle reste parce qu'elle y a pris goût à tout ça », finalement ?
Ecoutez, moi, quand j'étais à gauche, je le suis toujours d'ailleurs, mais quand j'étais militante encartée à gauche, c'était toujours très difficile de parler de sujets, notamment quand on parlait des questions d'immigration, quand on parlait du droit de vote, quand on parlait de la question de l'exclusion sociale, etc. Et des banlieues, voilà. Et quand on regarde mon parcours, on voit bien qu'il y a une certaine constance, je ne suis pas devenue ministre de la Santé, je ne suis pas devenue ministre de l'Education nationale, donc je n'ai pas de leçons à recevoir de la gauche. Je regrette simplement que la gauche à un moment donné, quand elle a été si longtemps au pouvoir, elle n'a pas été capable, elle, d'aller jusqu'au bout et de résoudre la question du malaise des banlieues, voilà. Alors, ils peuvent se targuer de tout ce qu'ils veulent et lancer des accusations, ce n'est pas facile ce que j'ai fait comme décision, ce n'est pas facile d'être de gauche et de rentrer dans un Gouvernement de droite, ce n'est pas facile non plus à un moment donné de s'occuper d'une thématique aussi cruciale pour notre pays au nom justement du projet républicain, surtout en plus quand on rentre dans une crise. Mais j'ai une confiance totale au président de la République parce que je sais que lui, réellement, s'intéresse à la question des banlieues et qu'il a vraiment envie de transformer les choses. On le voit bien, regardez le discours sur la diversité, regardez comment il a eu le courage politique de nommer Rachida et Rama et moi-même, regardez comment il a envie de bouger les lignes. Eh bien, voilà, moi, j'ai envie aussi comme le président de la République de faire des vraies réformes de fond et de bouger les lignes. J'en ai assez, moi, de ces projets politiques dans lesquels quelques-uns se contentent justement de produire, je dirais, des privilèges pour quelques-uns et de laisser crever les autres, voilà. Donc, je veux participer à un vrai projet qui permettra justement de mettre en place et de créer ce vrai bouclier social qui va aider les personnes les plus démunies, voilà.
Vous avez dit tout à l'heure : « le Président a peut-être été maladroit avec Sud ». Ecoutons ce qu'en dit Sud, ce matin. (Extrait interview C. Mahieux - RTL). D'abord, le pacte social, avez-vous dit tout à l'heure, il faut reprendre un véritable dialogue même si le Président a été maladroit. B. Hamon...
... non mais, là, je voudrais quand même préciser juste une chose, c'est que le droit de grève dans notre pays existe et tant mieux et heureusement, heureusement. Sauf que je ferai juste remarquer à un moment donné, c'est qu'il y a des gens qui prennent le transport pour aller travailler et que des fois quand ils sont pris en otages de cette manière-là - et c'est pourquoi le Président a eu cette phrase - je pense qu'à un moment donné, il faut raison garder et surtout avoir la responsabilité à un moment donné de vraiment aider à la création d'un vrai pacte social, c'est-à-dire être présent dans des rendez-vous, notamment quand il s'agit de réunir pour le dialogue social, pour construire un vrai projet politique et le vrai pacte social qui permette à tout le monde de pouvoir être bien dans notre pays. Il ne s'agit pas de dénoncer...
Vos fiches sont très bien faites, ce matin !
Non mais, ça n'a rien à voir, parce qu'en vérité c'est les contrats autonomie, là, et tout ça, non. D'accord. Vous voyez bien, donc c'est juste parce qu'à un moment donné je me dis : « s'il m'interroge sur le... ».
Oui, on ne sait jamais, méfions-nous de Bazin !
Non, pas du tout, alors là, moi, j'ai un gros problème, c'est que je suis toujours trop impulsive, paraît-il.
Pas assez prudente, oui.
Non mais, je ne veux pas être prudente et je ne veux pas être cynique, voilà. Je veux rester ce que je suis, et ça plaît ou ça ne plaît pas, eh bien tant pis, voilà.
On dit un mot sur Gaza parce que vous devez nous quitter. Comment on arrête ce qui se passe en ce moment ? Est-ce qu'il fallait être plus dur avec Israël ?
Je crois d'abord, la position de la France est une position qui est très particulière et très intéressante surtout. On le sait tous, la France est amie d'Israël, c'est un pays qui est ami avec Israël, et c'est un pays qui est ami aussi avec les pays arabes et qui est un pays qui est aussi ami avec la Palestine. Et je crois que parce que justement on est dans cette posture-là, on peut dire des choses, et le président de la République l'a très bien dit quand il a fait son discours à...
... ça n'a servi à rien sur le nucléaire, oui, enfin...
Je pense qu'il faut impérativement tout faire aujourd'hui, tout faire parce que les images sont insupportables, voilà. Et c'est d'ailleurs pour ça que dans notre pays des hommes et des femmes manifestent. Ils manifestent parce qu'ils ont des valeurs et qu'ils ne supportent plus ce qui se passe dans la bande de Gaza. Il faut tout faire pour cesser le feu.
Il n'y a pas de récupération.
Et puis que ce ne soit pas importé dans notre pays, mais ça c'est une deuxième discussion ça. Mais tout doit être fait, et B. Kouchner mais vraiment se bouge, ainsi que le président de la République pour faire en sorte qu'on cesse définitivement de faire parler les armes là-bas, voilà. Et la deuxième étape, c'est d'arriver à réunir tout le monde, tous les partenaires, pour faire en sorte qu'on retrouve le chemin de la paix et qu'au bout de ce chemin de la paix, enfin on crée cet Etat palestinien et enfin Israël peut vivre tranquillisé dans des frontières sécurisées au côté de cet Etat palestinien.
Et, de cette manière-là, on aura la paix en France sur ce terrain-là ?
On aura la paix en France et partout dans le monde, parce que vous voyez bien, c'est à travers le monde qu'on manifeste : c'est en Europe, c'est aussi à l'extérieur. Ce que je pense, c'est qu'il faut éviter, et c'est pour ça que je suis extrêmement vigilante, éviter qu'on importe le conflit israélo-palestinien dans notre pays. Vous le savez comme moi, il y a des groupuscules, il y a quelques petits malins qui tentent de vouloir, à travers des discours extrêmement haineux, instrumentaliser, l'importer ici ce conflit, et radicaliser les discours ici, avec les actes, des passages à l'acte racistes et antisémites sur lesquels il faut être intransigeant.
C'était Villeneuve-Saint-Georges, hier, c'était Toulouse, c'était samedi...
Il ne faut absolument pas accepter ni acte raciste, ni acte antisémite, dans notre pays. En cela, le président de la République d'ailleurs a été très clair, et tant mieux que ce soit entendu par tout le monde. Moi, j'ai organisé une réunion avec des associations de quartiers, avec l'UEFJ (l'Union des étudiants juifs de France), SOS Racisme, Ni putes ni soumises, les associations de quartiers du 19e...
...ça suffira, F. Amara, d'un mot, ça suffira ?
Oui, parce que ce sont... bien sûr qu'il faut continuer à être vigilant, mais ce sont des associations qui sont au quotidien dans les cités, partout, et qui participent à tricoter, encore une fois, la cohésion sociale et le lien social. Et je crois que partout où on fera entendre le message de la sagesse... Je vais vous dire, on ne construit rien sur des discours de haine et sur les décombres de la haine, voilà. Et je crois qu'aujourd'hui il faut absolument laisser s'exprimer les citoyens de notre pays qui veulent dire un message très fort qui est « stop et ça suffit, cessez le feu et cessez cette guerre ». Mais il faut aussi - et Bernard le fait très bien, B. Kouchner, pardon, le fait très bien - porter la voix de la France en solidarité avec toutes les initiatives internationales pour qu'enfin on puisse construire la paix là-bas avec en définitive la construction et la création d'un Etat palestinien aux côtés d'un Etat israélien dans des frontières sécurisées. Moi, vous savez, j'ai fait partie des... j'ai été militante...
... d'un mot, vous allez être en retard et moi aussi.
Ce n'est pas grave ! Mais j'ai été militante, et je le suis toujours militante de la paix, j'ai été signataire du pacte de Genève, on l'a porté avec des délégations de l'Autorité palestinienne et une délégation israélienne, parce que moi je suis convaincue d'une chose, et on le sait bien, quand ça va mal là-bas, ça va mal partout dans le monde aussi. Et je crois qu'on est nombreux à dire : « enfin, s'il vous plaît, faites en sorte que cet Etat palestinien puisse exister aux côtés d'un Etat israélien dans des frontières sécurisées ».
Merci d'avoir été notre invitée ce matin... Merci à vous. ... pour évoquer tous ces sujets, quitte à se mettre en retard à certains rendez-vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 16 janvier 2009
Non, pas du tout. D'abord, je voudrais dire merci à Harlem, qui s'inquiète toujours des propos qui peuvent être tendancieux....
...Avec qui vous avez milité à SOS Racisme.
Oui, évidemment. Non, en réalité, je ne l'ai pas du tout mal pris parce qu'en fait...
"Compatriote, même si ça ne se voit pas", ce n'était pas...
Mais oui, parce que pourquoi ? C'était du fait que tous les deux, nous sommes auvergnats, et le fait que nous sommes tous les deux auvergnats, lui, blond aux yeux bleus et moi un peu... Voilà, résultat du compte on ne ressemble ni l'un ni l'autre aux Auvergnats, au profil d'auvergnat. Donc c'est pour ça qu'il a dit ça. Mais ce n'est pas la première fois qu'il le dit, même en privé il l'avait dit à maintes reprises, et donc, moi je n'ai vu aucun propos tendancieux. Donc je voudrais rassurer Harlem.
Ça veut dire que c'est la lune de miel entre B. Hortefeux, et vous malgré l'affaire de l'amendement ADN, malgré les mots "dégueulasse" dont vous aviez qualifié, à l'époque, ses propositions, défendues par le Gouvernement au Sénat ?
Je ne dirais pas que c'est la lune de miel, parce que j'ai trop de respect pour sa femme, que je connais un peu aujourd'hui, et que j'apprécie beaucoup. Non, je dirais tout simplement que nous sommes sur des terrains sur lesquels nous devons travailler ensemble.
Mais vous êtes d'accord, franchement, avec B. Hortefeux ?
Non, pas sur tout. Je n'ai jamais été d'accord, par exemple, sur la question de l'ADN. Je ne vais pas changer d'opinion...
Vous l'avez dit. Mais sur sa politique d'immigration ? Sur l'image qu'il a aujourd'hui, le ministre des expulsions ?
Sur la question des expulsions, je me suis exprimée. Je suis pour la régularisation des travailleurs sans papiers avec des conditions, donc je n'ai pas changé d'opinion non plus. Par contre, il faut quand même saluer le travail qui a été fait par B. Hortefeux dans le cadre du pacte de l'immigration, puisque... je le partage assez. Vous savez que quand j'étais responsable associative, je le disais assez, je crois que dans le pacte de l'immigration, on a réussi un truc extraordinaire, et on doit rendre à César ce qui appartient à César. Il dit, quand il a mis en place cette politique d'immigration, il dit tout simplement qu'on sort des postures faussement généreuses d'un côté avec la gauche, ouverture des frontières, un peu n'importe quoi...
La gauche c'était vous !
Oui, mais même y compris à gauche, je le disais déjà. D'ailleurs, ouverture des frontières qui ne mène à rien. Je rappelle que sous la gauche, il y a eu des charters qui sont partis de la même manière. Et puis, de l'autre côté aussi, un truc bêtement répressif, "immigration zéro". Ça ne peut pas exister. Donc en mettant en place une politique de maîtrise d'immigration, on dit quoi ? On dit tout simplement que l'immigration est une chance pour notre pays, la France, mais aussi pour l'Europe, et je crois qu'aujourd'hui tout le monde a bien compris que l'immigration est une chance pour l'économie de notre pays. Et qu'en fait, il s'agit aussi, à travers les politiques qu'a mises en place Brice, il s'agit de les accueillir correctement et dignement. Voilà. Ils ont des devoirs...
Vous vous êtes drôlement convertie quand même !
Non, non. C'est un discours que je tenais déjà quand j'étais responsable associative, parce que j'ai tellement vu, à gauche comme à droite, une instrumentalisation politique éhontée, et honteuse, de la thématique de l'immigration, que je ne supportais plus. Je rappelle que je suis enfant d'immigrés, et que j'en suis fière, et qu'à partir de ce moment-là, je crois qu'à un moment donné, notre pays s'honore à accueillir correctement les étrangers qui viennent chez nous.
Il est aujourd'hui ministre des Affaires sociales, avec un Président qui hier a traité un syndicat d'irresponsable. C'est de la calomnie pour vous, comme le dit SUD ce matin ?
Non, je ne dirais pas ça, "de la calomnie". Je crois qu'à un moment donné, chacun...
Il a raison le président de dire que SUD est irresponsable ou pas ?
Je pense que c'est peut-être un peu maladroit de dire que SUD est irresponsable, mais je pense aussi que si le Président le dit, c'est qu'il est certainement agacé par l'attitude de certains syndicats, pas tous, parce que c'est important la démocratie sociale dans notre pays, c'est important aussi que les syndicats existent et qu'ils jouent leur rôle surtout. Et leur rôle c'est aussi d'être présents à des rendez-vous précis, pour que le pacte social de notre pays réussisse. Souvent, malheureusement...
Donc, pour vous, c'était une prise d'otages, Saint-Lazare, comme pour N. Sarkozy ?
J'ai été scandalisée de ce qui s'est passé à Saint-Lazare. Je crois que quand on interroge les Français qui auraient dû rentrer en temps et en heure chez eux, ils ont été pris en otages. Je ne pense pas que ce soit une attitude, je dirais, ce n'est pas l'attitude, en tout cas, de l'ensemble des syndicats. Et ce n'est pas une attitude noble, justement, pour porter des vraies revendications sociales. Je crois qu'il faut faire attention. Il faut vraiment arriver à faire en sorte que la question du pacte social dans notre pays se fasse vraiment dans un dialogue et dans le respect des uns et des autres, et dans le rôle des uns et des autres.
Quelle place va être laissée à la banlieue avec B. Hortefeux à la tête d'un ministère des Affaires sociales ? Franchement... il y a un comité interministériel à la banlieue, à la ville pardon, mardi prochain. Est-ce qu'il sera confirmé, par exemple, le fait que vous aurez sur la table les milliards que vous espériez avoir ?
Les milliards ?...
4,3 milliards en 2009.
Oui, oui, ça y est, c'est confirmé. Le CIV va nous permettre, sous la responsabilité du Premier ministre, F. Fillon, avec l'ensemble des ministres concernés par la thématique de la politique de la ville, de faire un premier pré-bilan de ce que nous avons mis en place depuis que le président de la République, le 8 février dernier, dans son discours, a demandé à chaque ministre de mettre en place un programme triennal. Donc là, nous allons faire un premier bilan de ce que nous avons mis en place.
Vous entendez bien ce que disent notamment les habitants des banlieues, et les jeunes de banlieue, il n'y a rien pour nous, c'est les banquiers, on tape sur les syndicats, et nous on n'a rien vu venir.
Non, il ne faut pas dire ça. Je ne pense pas que ce soit opportun de dire ça, et je vais vous dire, moi je fais quatre, cinq visites de terrain par semaine dans les cités, je suis carrément tout le temps dans les quartiers, ce n'est pas ce que j'entends. J'ai conscience, et on ne va pas se raconter d'histoire, j'ai conscience que dans notre pays, nous traversons une crise très grave, j'ai conscience aussi que ça va être beaucoup plus difficile qu'on ne le pensait, parce que évidemment, on n'est plus dans l'embellie du départ, nous sommes dans une situation...
Est-ce que la banlieue est encore une priorité pour ce gouvernement ?
Bien sûr, qu'elle est prioritaire, évidemment, même y compris...
Malgré la crise ? Malgré les aides aux banques ? Malgré le plan de relance à l'automobile ?
Oui... Mais, aider les banques, il ne faut pas être démagogique, moi je vous le dis, aider les banques, contrairement à ce qu'on croit, ce n'est pas aider les banques pour aider les banques, c'est aider les banques pour sauver un certain système qui va permettre de sauvegarder des emplois au bout de la chaîne. Donc y compris des emplois des gens qui habitent les quartiers prioritaires. A un moment donné, il faut arrêter d'avoir une certaine démagogie sur cette thématique-là. Alors, pour revenir sur la question du CIV, nous allons avoir une sorte de pré-bilan, mais surtout ce que je voudrais dire, c'est que le fait que je travaille aujourd'hui au ministère des Affaires sociales, et de la Famille, et de la Solidarité, est un très gros ministère avec des directions. Donc ça va booster, en réalité...
Vous aurez plus de moyens aujourd'hui que vous n'en n'aviez hier auprès de C. Boutin ?
Exactement. Ça va booster et accélérer la mise en place de "l'interministérialité" et la mise en place de la dynamique "Espoir banlieue". Et puis surtout, ça va permettre aussi que je puisse aussi participer, aux côtés de B. Hortefeux, à vraiment mettre en place un véritable bouclier social.
C'est vraiment votre nouvel ami alors ?
Moi, je suis amie avec toutes celles et ceux qui font en sorte que, un, on porte des réformes fortes et en profondeur dans notre pays, pour vraiment renforcer le pacte social et réussir le pari de protéger toutes les personnes qui sont en situation de difficulté. C'est pour ça que la question d'être aux côtés de B. Hortefeux, vraiment, j'insiste, pour aider à la mise en place d'un véritable bouclier social, pour moi c'est très important.
Oui, son image en banlieue, il va falloir que vous y travailliez...
Oui, mais je pense qu'il n'a pas besoin de moi, il peut...
...Parce qu'elle n'est pas très bonne, il est le ministre des expulsions.
Oui, on ne va pas se raconter d'histoire, c'est vrai que beaucoup pensent qu'il est le ministre de l'expulsion, mais je crois... Je lui fais assez confiance pour savoir que quand il décide quelque chose, il est capable aussi d'aller dans les quartiers, d'expliquer ce qu'il a mis en place quand il était ministre de l'Immigration, mais surtout d'expliquer ce qu'il va mettre en place tout de suite, justement pour la mise en place de ce fameux bouclier social. [Rappel actu]
Et F. Amara, la nouvelle amie de B. Hortefeux, est donc sur notre plateau ce matin. Ça la fait sourire. Elle nous a confirmé - et elle défend l'idée - qu'elle aura plus de moyens demain qu'elle n'en avait hier grâce à lui. Vous maintenez ça : il y aura plus de moyens pour la banlieue ?
Oui, parce que vous êtes dans un gros ministère, là. Donc, ça va aller... ça va s'accélérer et ça va aller encore plus vite et plus fort, évidemment. Mais, en même temps, je rappelle que, y compris dans ce que nous avons annoncé dès le départ, vous avez aussi, et c'est pour ça que c'est intéressant, à cause de la crise on a dû mettre en place un pacte de relance, et à partir du moment où il y a eu le pacte de relance, et à partir du moment où il y a eu le pacte de relance il faut savoir que les grands chantiers qui vont être mis en place et qui sont portés par Monsieur Devedjian vont aussi au bénéfice des quartiers prioritaires et des gens qui y habitent. Mais, il ne faut pas qu'on se raconte d'histoire, ça va être difficile et moi je suis là vraiment pour faire en sorte, avec l'ensemble du Gouvernement, pour vraiment arriver à faire en sorte qu'on gagne la bataille et qu'on résiste bien pour 2009 et qu'on s'en sorte le mieux du monde, notamment de l'impact de cette crise. C'est pour ça que c'est intéressant d'être aux Affaires sociales, qui est un gros ministère. Encore une fois, je le dis, c'est important aujourd'hui...
(Vous êtes) sans regret d'avoir quitté C. Boutin qui, paraît-il, d'ailleurs, a sablé le champagne, hier, midi, pour fêter votre départ, dites donc.
Ah, je ne sais pas, mais en tout cas ce que je voudrais dire c'est que j'ai beaucoup appris à côté de C. Boutin, contrairement à ce que certains pensent, voilà.
Bon.
Et c'est vrai que c'est important aujourd'hui. Tout ça va me servir, en réalité, à vraiment être...
Ca vous rend plus politique tout ça ?
Je crois que la vie politique...
...à gauche, on dit « Fadela, elle reste... » - ils vous appellent comme ça, c'est pour ça que je me permets de vous appeler par votre prénom.
Oui, non mais ce n'est pas...
« Fadela elle reste parce qu'elle y a pris goût à tout ça », finalement ?
Ecoutez, moi, quand j'étais à gauche, je le suis toujours d'ailleurs, mais quand j'étais militante encartée à gauche, c'était toujours très difficile de parler de sujets, notamment quand on parlait des questions d'immigration, quand on parlait du droit de vote, quand on parlait de la question de l'exclusion sociale, etc. Et des banlieues, voilà. Et quand on regarde mon parcours, on voit bien qu'il y a une certaine constance, je ne suis pas devenue ministre de la Santé, je ne suis pas devenue ministre de l'Education nationale, donc je n'ai pas de leçons à recevoir de la gauche. Je regrette simplement que la gauche à un moment donné, quand elle a été si longtemps au pouvoir, elle n'a pas été capable, elle, d'aller jusqu'au bout et de résoudre la question du malaise des banlieues, voilà. Alors, ils peuvent se targuer de tout ce qu'ils veulent et lancer des accusations, ce n'est pas facile ce que j'ai fait comme décision, ce n'est pas facile d'être de gauche et de rentrer dans un Gouvernement de droite, ce n'est pas facile non plus à un moment donné de s'occuper d'une thématique aussi cruciale pour notre pays au nom justement du projet républicain, surtout en plus quand on rentre dans une crise. Mais j'ai une confiance totale au président de la République parce que je sais que lui, réellement, s'intéresse à la question des banlieues et qu'il a vraiment envie de transformer les choses. On le voit bien, regardez le discours sur la diversité, regardez comment il a eu le courage politique de nommer Rachida et Rama et moi-même, regardez comment il a envie de bouger les lignes. Eh bien, voilà, moi, j'ai envie aussi comme le président de la République de faire des vraies réformes de fond et de bouger les lignes. J'en ai assez, moi, de ces projets politiques dans lesquels quelques-uns se contentent justement de produire, je dirais, des privilèges pour quelques-uns et de laisser crever les autres, voilà. Donc, je veux participer à un vrai projet qui permettra justement de mettre en place et de créer ce vrai bouclier social qui va aider les personnes les plus démunies, voilà.
Vous avez dit tout à l'heure : « le Président a peut-être été maladroit avec Sud ». Ecoutons ce qu'en dit Sud, ce matin. (Extrait interview C. Mahieux - RTL). D'abord, le pacte social, avez-vous dit tout à l'heure, il faut reprendre un véritable dialogue même si le Président a été maladroit. B. Hamon...
... non mais, là, je voudrais quand même préciser juste une chose, c'est que le droit de grève dans notre pays existe et tant mieux et heureusement, heureusement. Sauf que je ferai juste remarquer à un moment donné, c'est qu'il y a des gens qui prennent le transport pour aller travailler et que des fois quand ils sont pris en otages de cette manière-là - et c'est pourquoi le Président a eu cette phrase - je pense qu'à un moment donné, il faut raison garder et surtout avoir la responsabilité à un moment donné de vraiment aider à la création d'un vrai pacte social, c'est-à-dire être présent dans des rendez-vous, notamment quand il s'agit de réunir pour le dialogue social, pour construire un vrai projet politique et le vrai pacte social qui permette à tout le monde de pouvoir être bien dans notre pays. Il ne s'agit pas de dénoncer...
Vos fiches sont très bien faites, ce matin !
Non mais, ça n'a rien à voir, parce qu'en vérité c'est les contrats autonomie, là, et tout ça, non. D'accord. Vous voyez bien, donc c'est juste parce qu'à un moment donné je me dis : « s'il m'interroge sur le... ».
Oui, on ne sait jamais, méfions-nous de Bazin !
Non, pas du tout, alors là, moi, j'ai un gros problème, c'est que je suis toujours trop impulsive, paraît-il.
Pas assez prudente, oui.
Non mais, je ne veux pas être prudente et je ne veux pas être cynique, voilà. Je veux rester ce que je suis, et ça plaît ou ça ne plaît pas, eh bien tant pis, voilà.
On dit un mot sur Gaza parce que vous devez nous quitter. Comment on arrête ce qui se passe en ce moment ? Est-ce qu'il fallait être plus dur avec Israël ?
Je crois d'abord, la position de la France est une position qui est très particulière et très intéressante surtout. On le sait tous, la France est amie d'Israël, c'est un pays qui est ami avec Israël, et c'est un pays qui est ami aussi avec les pays arabes et qui est un pays qui est aussi ami avec la Palestine. Et je crois que parce que justement on est dans cette posture-là, on peut dire des choses, et le président de la République l'a très bien dit quand il a fait son discours à...
... ça n'a servi à rien sur le nucléaire, oui, enfin...
Je pense qu'il faut impérativement tout faire aujourd'hui, tout faire parce que les images sont insupportables, voilà. Et c'est d'ailleurs pour ça que dans notre pays des hommes et des femmes manifestent. Ils manifestent parce qu'ils ont des valeurs et qu'ils ne supportent plus ce qui se passe dans la bande de Gaza. Il faut tout faire pour cesser le feu.
Il n'y a pas de récupération.
Et puis que ce ne soit pas importé dans notre pays, mais ça c'est une deuxième discussion ça. Mais tout doit être fait, et B. Kouchner mais vraiment se bouge, ainsi que le président de la République pour faire en sorte qu'on cesse définitivement de faire parler les armes là-bas, voilà. Et la deuxième étape, c'est d'arriver à réunir tout le monde, tous les partenaires, pour faire en sorte qu'on retrouve le chemin de la paix et qu'au bout de ce chemin de la paix, enfin on crée cet Etat palestinien et enfin Israël peut vivre tranquillisé dans des frontières sécurisées au côté de cet Etat palestinien.
Et, de cette manière-là, on aura la paix en France sur ce terrain-là ?
On aura la paix en France et partout dans le monde, parce que vous voyez bien, c'est à travers le monde qu'on manifeste : c'est en Europe, c'est aussi à l'extérieur. Ce que je pense, c'est qu'il faut éviter, et c'est pour ça que je suis extrêmement vigilante, éviter qu'on importe le conflit israélo-palestinien dans notre pays. Vous le savez comme moi, il y a des groupuscules, il y a quelques petits malins qui tentent de vouloir, à travers des discours extrêmement haineux, instrumentaliser, l'importer ici ce conflit, et radicaliser les discours ici, avec les actes, des passages à l'acte racistes et antisémites sur lesquels il faut être intransigeant.
C'était Villeneuve-Saint-Georges, hier, c'était Toulouse, c'était samedi...
Il ne faut absolument pas accepter ni acte raciste, ni acte antisémite, dans notre pays. En cela, le président de la République d'ailleurs a été très clair, et tant mieux que ce soit entendu par tout le monde. Moi, j'ai organisé une réunion avec des associations de quartiers, avec l'UEFJ (l'Union des étudiants juifs de France), SOS Racisme, Ni putes ni soumises, les associations de quartiers du 19e...
...ça suffira, F. Amara, d'un mot, ça suffira ?
Oui, parce que ce sont... bien sûr qu'il faut continuer à être vigilant, mais ce sont des associations qui sont au quotidien dans les cités, partout, et qui participent à tricoter, encore une fois, la cohésion sociale et le lien social. Et je crois que partout où on fera entendre le message de la sagesse... Je vais vous dire, on ne construit rien sur des discours de haine et sur les décombres de la haine, voilà. Et je crois qu'aujourd'hui il faut absolument laisser s'exprimer les citoyens de notre pays qui veulent dire un message très fort qui est « stop et ça suffit, cessez le feu et cessez cette guerre ». Mais il faut aussi - et Bernard le fait très bien, B. Kouchner, pardon, le fait très bien - porter la voix de la France en solidarité avec toutes les initiatives internationales pour qu'enfin on puisse construire la paix là-bas avec en définitive la construction et la création d'un Etat palestinien aux côtés d'un Etat israélien dans des frontières sécurisées. Moi, vous savez, j'ai fait partie des... j'ai été militante...
... d'un mot, vous allez être en retard et moi aussi.
Ce n'est pas grave ! Mais j'ai été militante, et je le suis toujours militante de la paix, j'ai été signataire du pacte de Genève, on l'a porté avec des délégations de l'Autorité palestinienne et une délégation israélienne, parce que moi je suis convaincue d'une chose, et on le sait bien, quand ça va mal là-bas, ça va mal partout dans le monde aussi. Et je crois qu'on est nombreux à dire : « enfin, s'il vous plaît, faites en sorte que cet Etat palestinien puisse exister aux côtés d'un Etat israélien dans des frontières sécurisées ».
Merci d'avoir été notre invitée ce matin... Merci à vous. ... pour évoquer tous ces sujets, quitte à se mettre en retard à certains rendez-vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 16 janvier 2009