Déclaration de M. Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie, sur l'action de l'Agence française de développement, à Paris le 30 janvier 2009.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Réunion du réseau Agence française de développement, à Paris le 30 janvier 2009

Texte intégral

Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs les Directeurs d'agence,
Chers Amis,
Je suis heureux d'assister à la traditionnelle réunion du réseau qui réunit les représentants de l'AFD sur le terrain. J'ai eu l'occasion de rencontrer certains d'entre vous dans mes nombreux déplacements, africains notamment, et j'ai apprécié votre professionnalisme.
Je souhaite saluer particulièrement les agents qui oeuvrent dans des pays difficiles qui sont le lieu de violences, de conflits, de coups d'Etat ou de catastrophes naturelles. Je pense notamment à ceux d'entre vous qui servent en Haïti, en RDC, en Guinée, en Côte d'ivoire, au Pakistan ou en Inde. Qu'ils soient ici remerciés pour leur dévouement.
2009 est une année clé pour l'AFD : elle verra le début concret de la mise en oeuvre de la RGPP et sera marquée par un élan nouveau dans le développement de l'activité de votre établissement.
Quelques mots d'abord sur le sujet fort complexe de la RGPP, que Christian Massé a traité devant vous.
Il s'agit de conforter l'AFD dans son rôle d'opérateur central de l'aide française en matière de développement économique et social, et de conseil de l'Etat, au niveau local comme au niveau parisien.
L'AFD se voit ainsi transférer la responsabilité du financement direct des ONG, dans le cadre d'un dispositif spécifique qui confère le pouvoir de décision à un comité ad hoc, ceci au moins dans un premier temps.
Les questions régionales et le conseil des ministres étrangers, qui relevaient auparavant des Services de Coopération, reviennent également désormais à l'AFD. Le Directeur de l'AFD jouera un rôle majeur dans le pôle développement qui éclairera l'Ambassadeur.
Tout ceci requiert bien évidemment des relations très étroites avec celui-ci. Un décret en préparation rappellera que l'ambassadeur exerce vis-à-vis des agences une autorité de coordination et d'animation au sens du décret de 1979 relatif aux pouvoirs des Ambassadeurs et à l'organisation des services de l'Etat à l'étranger. Ce décret rappellera également que l'Ambassadeur donne un avis à chaque stade des projets de l'AFD et un avis sur la nomination des directeurs et sur leur manière de servir.
Une réflexion est en cours en vue d'une meilleure articulation des Cadres d'Intervention Pays de l'AFD et des Documents Cadres de Partenariat qui fondent l'intervention de l'ensemble de la coopération française dans un pays.
Tout ceci vient formaliser des relations dont on me dit qu'elles sont, dans l'immense majorité des cas, très bonnes.
La nouvelle direction générale de la Mondialisation et des Partenariats définira la stratégie française en matière d'APD et les positions de notre pays dans les enceintes internationales. Je souhaite que la réflexion de la direction soit nourrie à la fois par vos expériences de terrain et par les recherches conduites par l'AFD. Ceci doit reposer sur des échanges permanents d'information, et aussi de personnels.
J'attends que vous continuiez à faire preuve d'une grande capacité de "mise en musique" des orientations politiques, et mieux, d'une capacité permanente de proposition. L'AFD est ainsi à l'origine de la conception technique de l'Initiative pour la croissance en Afrique lancée au Cap par le président de la République. Aujourd'hui, en liaison permanente avec ses tutelles et avec leur appui, l'AFD met en place un outil financier international innovant, le Fonds d'Investissement pour l'Agriculture en Afrique. Ce Fonds contribuera à la mise en oeuvre du Partenariat mondial pour l'Agriculture et la Sécurité alimentaire, également lancé par le président de la République.
La direction générale de la mondialisation et des partenariats inclura une cellule légère de suivi de l'AFD, directement rattachée au directeur général. L'homme d'entreprise que je suis considère toutefois que le contact direct avec les dirigeants demeure indispensable.
Il importe que la communication de l'AFD soit parfaitement cohérente avec celle du gouvernement.
A l'issue d'un dialogue franc, et au final fructueux, j'ai pu ainsi nouer des relations étroites avec votre direction générale. J'ai ainsi fixé à l'AFD des priorités claires en matière de répartition des subventions, en assumant politiquement de la sorte des choix pas toujours aisés.
Dans ce cadre, quelles perspectives d'activité s'offrent à l'AFD ?
L'AFD a connu sur les dernières années une forte croissance de son activité. Entre 2003 et 2007, les engagements totaux du groupe ont augmenté de 68 %, les engagements dans les Etats étrangers augmentant quant à eux de 137 %. Les effectifs totaux ont quant à eux augmenté de 7 % seulement. Ceci a été permis par une augmentation du nombre et du montant moyen des gros projets, par l'externalisation de certaines activités, et surtout par un effort très important des collaborateurs, que je tiens à féliciter.
Les tutelles demandent à l'AFD de poursuivre la hausse de son activité. Son bilan le lui permet : une gestion prudente de ses placements l'a mise à l'abri de sinistres majeurs, et l'importance de ses fonds propres doit lui permettre de faire face à un risque de montée des impayés.
L'objectif 2008 était de 3,9 milliards d'euros d'engagements. 4,3 milliards d'euros ont été engagés. Lors de votre dernier Conseil d'administration, un plan d'affaires 2009-2011 prévoyant des engagements 2009 de 5,1 milliards d'euros a été adopté.
Il est prévu que l'Afrique représente 45 % des engagements et 63 % de l'effort de l'Etat, en conformité avec la priorité africaine de notre aide. Le plan d'affaires contribuera à la réalisation des chantiers que j'ai ouverts pour l'Afrique dans "Cap 8", notamment en matière de soutien au secteur privé et de relance des agricultures.
Compte tenu du montant limité de subventions disponible jusqu'en 2011, la croissance de l'activité dans les Etats étrangers nécessitera une importante augmentation des prêts, notamment non-souverains.
Ceci doit permettre à l'AFD de jouer un rôle contracyclique dans la crise.
Compte tenu des incertitudes actuelles, nous devons bien sûr rester vigilants : certes l'intérêt pour les financements de l'AFD devrait croître avec la tendance au repli des banques privées, mais la qualité de certaines contreparties qu'il est envisagé de financer pourrait se dégrader, ceci inégalement selon les pays. Un rendez-vous à mi-année me semble utile, pour être en mesure d'adapter si besoin nos objectifs à la situation, en volume comme en répartition géographique ou sectorielle.
L'accent mis sur le financement du secteur productif, notamment agricole, rencontre mon plein assentiment.
Je redis ma conviction profonde : il n'est point de perspective de développement durable vers l'atteinte des OMD sans accroissement de la production de richesses.
Mes interlocuteurs du Sud en sont au demeurant persuadés, et les difficultés auxquelles sont confrontés les pays développés les renforcent dans l'idée que le développement de leur base productive est la meilleure garante de l'amélioration du niveau de vie des populations. C'est aussi une question de dignité.
Pour atteindre les objectifs ambitieux qui lui ont été fixés, l'AFD a été autorisée à mobiliser les moyens nécessaires, en termes humains et budgétaires. Je suis en outre très ouvert à une extension de son champ géographique d'action. L'AFD doit bénéficier d'une grande liberté de prospection, notamment pour ses activités non concessionnelles. En fonction des résultats de cette prospection, elle devra faire des propositions à ses tutelles.
Avant de conclure, permettez-moi de dire quelques mots sur le rôle de l'AFD dans le concert européen des bailleurs.
Nous sortons de la Présidence du Conseil de l'Union européenne, au cours de laquelle la France a milité pour une mise en oeuvre accélérée du code de conduite.
Il me semble important pour la France que l'AFD, dont les procédures ont été certifiées par la Commission, bénéficie d'une part importante des délégations que l'Union européenne va mettre en place dans le cadre de la division du travail. J'ai eu l'occasion de m'exprimer sur le sujet à l'occasion du séminaire d'Ermenonville. J'ajouterai que la connaissance ancienne qu'a l'AFD de certains pays et son expertise dans certains secteurs lui donne pleinement vocation à y jouer le rôle de chef de file des bailleurs. Elle contribuera ainsi à notre politique d'influence.
Monsieur le Directeur général, Mesdames, Messieurs,
L'AFD occupe une place éminente dans notre dispositif de coopération. Croyez que je suis prêt à accorder à l'Agence un soutien sincère et vigilant, à la mesure de l'intérêt que je lui porte. Ma porte est ouverte en permanence pour la poursuite de notre collaboration : je suis à l'écoute de vos préoccupations, comme vous savez l'être des orientations que vous fixe le gouvernement.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 février 2009