Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la célébration de la relation franco-allemande issue de la signature du traité de l'Elysée de 1963, Paris le 22 janvier 2009.

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Circonstance : Remise du prix De Gaulle-Adenauer à l'occasion de la 6ème journée franco-allemande à Paris le 22 janvier 2009

Texte intégral

Messieurs les Ministres,
Cher Günter Gloser, Cher Bruno,
Chers Lauréats,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs et Députés,
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes donc réunis, je ne vous l'apprends pas, à l'occasion de la Journée franco-allemande qui, apparemment, d'après nos amis, s'est bien déroulée et qui fût intéressante. Et nous sommes réunis pour remettre le Prix de Gaulle-Adenauer à M. Anselm Kiefer et à M. Christian Boltanski.
La Journée franco-allemande est célébrée chaque année pour commémorer la signature du Traité de l'Elysée le 22 janvier 1963. Cela ne vous rajeunit pas, moi non plus. Moins de vingt ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, c'était une initiative proprement révolutionnaire. C'est la période qui nous sépare de la chute du mur de Berlin en 1989 : chacun et chacune d'entre nous se souvient précisément de cet événement. Vous pouvez alors imaginer combien de plaies étaient encore ouvertes en 1963, combien de larmes avaient à peine séché. Vous pouvez imaginer quel courage politique immense il fallait pour ceux qui nous ont précédé pour franchir le pas de la réconciliation. Cette journée franco-allemande est aussi l'occasion de leur rendre hommage.
Ce soir représente également une excellente occasion pour rendre hommage aux acteurs clés de cette relation franco-allemande : les hommes et les femmes politiques - je salue chaleureusement les deux co-secrétaires pour la coopération franco-allemande, Günter Gloser et Bruno Le Maire, et tous les membres de nos parlements engagés dans les questions franco-allemandes - les représentants de la société civile, des institutions et associations allemandes, françaises et franco-allemandes ici rassemblées. Un grand merci à vous tous pour votre engagement quotidien. Je pense particulièrement à un homme qui a porté le franco-allemand à bout de bras pendant quatre ans avec un dévouement et une loyauté exemplaires : merci, Eric-André Martin. Vous allez quitter bientôt vos fonctions auprès du ministre allemand pour réintégrer les rangs de la diplomatie française. A Berlin, vous avez fait honneur à la France et je sais que la France peut compter sur vous dans votre nouveau poste à Varsovie.
Mais nous sommes aussi rassemblés ce soir pour rendre hommage aux lauréats du Prix de Gaulle-Adenauer. C'est le prix le plus prestigieux parmi les récompenses franco-allemandes. Il a été créé en 1988 par le président de la République et le chancelier fédéral pour distinguer conjointement des personnalités ou des institutions allemandes et françaises qui se sont distinguées au service de la coopération franco-allemande.
Jusqu'à présent, ce prix a été décerné à des hommes politiques, à des villes jumelées, à des associations et à des journalistes. Parmi les lauréats je ne cite que l'exemple de Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt en janvier 2006 et de Helmut Kohl et Jacques Delors pour l'année dernière - à qui malheureusement le prix n'a pas encore pu être remis du fait de l'état de santé de l'ancien chancelier fédéral.
Mais le Prix de Gaulle-Adenauer pour l'année 2008 est un prix spécial, il ouvre une nouvelle étape car nous allons le remettre ce soir pour la première fois à deux artistes plasticiens. Je salue très chaleureusement Anselm Kiefer et Christian Boltanski. Bravo !
A travers leur histoire personnelle, leur présence dans l'autre pays et à travers leur engagement artistique au niveau international, ils incarnent un des visages modernes des relations entre nos deux pays.
La particularité de ces deux artistes, c'est une approche à la fois complexe et décomplexée de l'art, "complexe et décomplexée" vous aurez noté la hardiesse de la formule. Ils réussissent à nous toucher profondément en nous faisant réfléchir, en utilisant tous les moyens à leur disposition : la provocation, l'allusion, le pastiche, le tragique, cachés au détour d'une mèche de cheveux ou d'une simple boîte en fer blanc. Ils bousculent les idées préconçues, provoquent la réflexion et l'émotion, et contribuent à nous rendre meilleurs. Le chemin est encore long pour cela. Merci à tous. Merci à vous.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 janvier 2009