Texte intégral
La délégation française présente ici a été très bien accueillie par nos amis yéménites. La conversation avec le président a été vive, sincère et fraternelle. Mon entretien avec Abou Bakr Al-Qirbi, le ministre des Affaires étrangères, n'est pas terminé mais il est de même nature.
Nous voulons développer nos relations politiques, économiques, stratégiques. La France s'est beaucoup impliquée dans le processus de paix au Moyen-Orient. La paix est fragile, le cessez-le-feu à Gaza est encore fragile. Nous soutenons les efforts égyptiens, les efforts du Yémen pour que nous arrivions à une unité palestinienne, à un gouvernement palestinien et surtout à un Etat palestinien. Enfin, il ne suffit pas d'insister, il faut voir la réalité des divisions dans le monde arabe mais aussi composer, pour le moment, avec l'incertitude dans la constitution du gouvernement israélien. Nous avons déploré, condamné cette guerre à Gaza. Avec nos amis yéménites, nous allons continuer, nous espérons nous retrouver à la conférence du Caire le 2 mars prochain pour un début de planification de la reconstruction de Gaza.
Nous avons parlé de la Somalie, c'est un dossier très important. Je rencontrerai le nouveau président somalien demain. Nous avons reçu des conseils très avisés du président Saleh. Nous tenons beaucoup à ce que les Somaliens prennent eux-mêmes leurs affaires en mains, parce que l'avenir ne s'inscrit pas dans une force internationale permanente en Somalie.
Nous avons également évoqué la question de la lutte contre la piraterie. Le président du Yémen nous a proposé - et nous avons reçu cette offre et son hospitalité - d'accueillir les bateaux qui luttent contre la piraterie dans les eaux du Yémen et dans ses ports.
Nous en avons profité pour parler de nos projets entre les deux pays, la France - mais aussi la Communauté européenne - et le Yémen. Nous sommes impliqués dans trois grands contrats sur l'électricité que nous voulons mener à bien. Le président nous a fait part d'une possibilité de joindre les efforts de plusieurs pays pour que l'irrigation soit rendue possible à partir du dessalement de l'eau de mer.
Le président a annoncé sa venue à Paris sans doute au cours du mois de juin. J'ai confirmé la venue - sans date encore précise - du président Sarkozy au Yémen. Je vous assure que l'entente est d'une qualité particulière entre les présidents Saleh et Sarkozy.
Q - (A propos des prochaines élections législatives au Yémen)
R - Ce n'est pas à moi de commenter les futures élections législatives au Yémen ! La seule chose que je puisse vous dire c'est que la dernière élection qui fut celle du président du Yémen, nous l'avons acceptée avec beaucoup de bonheur, elle a été contrôlée et personne ne l'a discutée. J'espère qu'il en sera de même pour les élections législatives.
Q - (A propos de la situation au Moyen-Orient)
R - La France, par la voix du président Sarkozy, s'est prononcée clairement pour la fin de la colonisation. Tant qu'il y aura de la colonisation, il n'y aura pas d'Etat palestinien.
Lors de la dernière crise, avec nos amis égyptiens, avec la Syrie, le Qatar, nous avons essayé d'obtenir un cessez-le-feu au plus vite et nous avons réussi en soutenant l'initiative égyptienne. Maintenant, nous sommes devant une échéance précise, à savoir la consolidation du cessez-le-feu qui devait avoir lieu dimanche dernier, il y a huit jours. Ensuite, il devait y avoir, le 22 février, c'est-à-dire demain, la réconciliation palestinienne. Hélas, ce n'est pas le cas pour le moment. Enfin, le 2 mars, devrait se tenir la conférence pour la reconstruction. C'était le programme.
Entre-temps, avec nos amis Egyptiens, avec les Turcs, avec les Israéliens - et, comme nous ne parlons par directement au Hamas mais par l'intermédiaire des Turcs, des Egyptiens, des Norvégiens, etc. - nous avons beaucoup travaillé à la libération du prisonnier franco-israélien Gilad Shalit, ainsi qu'à la libération d'un nombre important de prisonniers palestiniens. Cela non plus n'a pas été obtenu à la date fixée - mais cela ne se passe jamais à la date fixée.
Sur le fond, nous sommes déterminés plus que jamais - car c'est la seule façon d'assurer la paix, la sécurité d'Israël aussi d'ailleurs - à voir la création d'un Etat palestinien, tout le monde le sait.
Nous continuons mais nous ne sommes pas seuls, c'est avec l'Union européenne, aujourd'hui présidée par la République tchèque. Nous avons beaucoup d'espoir avec l'arrivée d'un nouveau président américain, Barack Obama. Nous avons l'impression avec Hillary Clinton, que j'ai rencontrée il y a quinze jours, qu'il y a une volonté de travailler au côté de l'Europe. C'est nécessaire, l'Europe et les Etats-Unis, et pas les Etats-Unis seulement, doivent travailler à la création de cet Etat palestinien. Nous sommes entièrement d'accord avec nos amis américains. Le président vient de le rappeler mais cela ne suffit pas d'être d'accord. Salam Fayyad, le Premier ministre palestinien qui a oeuvré en Cisjordanie attend que l'on continue ce travail et Abou Mazen, le président de l'Autorité palestinienne attend pour que la réconciliation palestinienne se fasse. Il faut les aider.
Q - (A propos de la lutte contre la piraterie)
R - Nos amis yéménites l'ont bien dit. La lutte contre la piraterie, c'est la lutte pour le développement. On doit lutter, bien sûr, contre la piraterie elle-même. On ne doit pas accepter que des bateaux de commerce, que des bateaux de tourisme soient attaqués ni dans les eaux internationales, ni dans les eaux nationales. Nous sommes très fiers, la France, d'avoir commencé et puis d'avoir fait avec l'Europe, la première flotte, la première mission maritime de l'Union européenne, maintenant relayée par des bateaux chinois, des bateaux américains.
Il faut lutter mais je crois qu'il faut, comme l'a dit le président yéménite, qu'autour du nouveau président somalien, les forces de sécurité - composée au moins de 10.000 hommes pour le moment - soient formées avec l'aide de la communauté internationale pour assurer la sécurité en Somalie tout en continuant à lutter contre la piraterie. Il faut que la justice et les institutions somaliennes changent. Il faut qu'il y ait une justice somalienne pour que les pirates soient jugés par les Somaliens. Cela veut dire, comme l'a précisé le président et mon collègue, le ministre des Affaires étrangères, envisager demain avec le président somalien une aide internationale pour qu'ils puissent changer leurs institutions.
Q - (A propos de la crise financière)
R - La crise financière et maintenant la crise économique et sociale sont apparentes pour tout le monde - tout le monde, pas seulement les pays riches, mais aussi les pays en développement. Notre opinion, l'opinion de la France, c'est qu'il ne faut pas s'arrêter. Il ne faut pas laisser de côté les pays en développement, même si notre situation est une situation difficile. Justement parce que c'est une situation difficile, parce que c'est une grave crise mondiale, il faut équilibrer et certainement continuer, non seulement, à fournir une aide mais également contribuer à un travail commun avec les pays en développement. Ce n'est pas facile, il faut convaincre les investisseurs. Nous, nous avons réussi à maintenir notre aide au développement - juste de la maintenir, pas encore de la développer.
Nous continuerons à faire des efforts parce que c'est ainsi que l'on changera le monde. C'est ainsi que l'on changera l 'économie mondiale qui ne sera plus une économie de la folie financière et de l'injustice. Cela prendra encore quelques années. La crise est profonde. Nous continuerons à nous efforcer d'augmenter notre aide au développement. Pour vous, la recette c'est d'élaborer des projets communs, de travailler plus encore, de ne pas seulement développer les investissements, mais aussi développer des idées nouvelles, l'énergie.
Q - (A propos de la dimension juridique de la lutte contre la piraterie)
R - Il y a déjà eu une coordination puisqu'il y a eu deux résolutions des Nations unies. La première était une résolution d'inspiration française. Nous avons commencé à avoir légalement des possibilités de poursuivre les pirates dans les eaux territoriales. A partir de là, s'est développée une attitude internationale, une légalité internationale avec une deuxième résolution d'inspiration américaine qui est allée beaucoup plus loin. Un certain nombre de pays hors de l'Union européenne nous ont rejoints étant donné que le rayon d'action des pirates s'élargissait terriblement. La résolution concernait principalement le golfe d'Aden, les côtes somaliennes - et déjà dans d'autres zones du monde, nous avons constaté des actions similaires.
Ces deux résolutions constituent un droit international moderne même s'il existait déjà un droit international contre la piraterie et un droit de la mer. Ce dernier entraînait déjà l'obligation pour les capitaines de navires d'agir contre la piraterie. Il y a, désormais, beaucoup de nationalités qui se manifestent et c'est la raison pour laquelle avec nos amis, ici à Sanaa, nous avons envisagé l'accueil des bateaux - parce qu'il y en a qui viennent de très loin. Le port de coordination de la lutte contre la piraterie se situe en Grande-Bretagne à Northwood, c'est très loin, il faut donc que l'on réussisse à coordonner tout cela d'une meilleure façon. Il y a la Mer Rouge où l'on nous avait demandé d'être vigilants mais les choses se présentaient un peu différemment. Tout cela va devoir se mettre en place, mais la légalité est déjà issue de ces deux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 février 2009
Nous voulons développer nos relations politiques, économiques, stratégiques. La France s'est beaucoup impliquée dans le processus de paix au Moyen-Orient. La paix est fragile, le cessez-le-feu à Gaza est encore fragile. Nous soutenons les efforts égyptiens, les efforts du Yémen pour que nous arrivions à une unité palestinienne, à un gouvernement palestinien et surtout à un Etat palestinien. Enfin, il ne suffit pas d'insister, il faut voir la réalité des divisions dans le monde arabe mais aussi composer, pour le moment, avec l'incertitude dans la constitution du gouvernement israélien. Nous avons déploré, condamné cette guerre à Gaza. Avec nos amis yéménites, nous allons continuer, nous espérons nous retrouver à la conférence du Caire le 2 mars prochain pour un début de planification de la reconstruction de Gaza.
Nous avons parlé de la Somalie, c'est un dossier très important. Je rencontrerai le nouveau président somalien demain. Nous avons reçu des conseils très avisés du président Saleh. Nous tenons beaucoup à ce que les Somaliens prennent eux-mêmes leurs affaires en mains, parce que l'avenir ne s'inscrit pas dans une force internationale permanente en Somalie.
Nous avons également évoqué la question de la lutte contre la piraterie. Le président du Yémen nous a proposé - et nous avons reçu cette offre et son hospitalité - d'accueillir les bateaux qui luttent contre la piraterie dans les eaux du Yémen et dans ses ports.
Nous en avons profité pour parler de nos projets entre les deux pays, la France - mais aussi la Communauté européenne - et le Yémen. Nous sommes impliqués dans trois grands contrats sur l'électricité que nous voulons mener à bien. Le président nous a fait part d'une possibilité de joindre les efforts de plusieurs pays pour que l'irrigation soit rendue possible à partir du dessalement de l'eau de mer.
Le président a annoncé sa venue à Paris sans doute au cours du mois de juin. J'ai confirmé la venue - sans date encore précise - du président Sarkozy au Yémen. Je vous assure que l'entente est d'une qualité particulière entre les présidents Saleh et Sarkozy.
Q - (A propos des prochaines élections législatives au Yémen)
R - Ce n'est pas à moi de commenter les futures élections législatives au Yémen ! La seule chose que je puisse vous dire c'est que la dernière élection qui fut celle du président du Yémen, nous l'avons acceptée avec beaucoup de bonheur, elle a été contrôlée et personne ne l'a discutée. J'espère qu'il en sera de même pour les élections législatives.
Q - (A propos de la situation au Moyen-Orient)
R - La France, par la voix du président Sarkozy, s'est prononcée clairement pour la fin de la colonisation. Tant qu'il y aura de la colonisation, il n'y aura pas d'Etat palestinien.
Lors de la dernière crise, avec nos amis égyptiens, avec la Syrie, le Qatar, nous avons essayé d'obtenir un cessez-le-feu au plus vite et nous avons réussi en soutenant l'initiative égyptienne. Maintenant, nous sommes devant une échéance précise, à savoir la consolidation du cessez-le-feu qui devait avoir lieu dimanche dernier, il y a huit jours. Ensuite, il devait y avoir, le 22 février, c'est-à-dire demain, la réconciliation palestinienne. Hélas, ce n'est pas le cas pour le moment. Enfin, le 2 mars, devrait se tenir la conférence pour la reconstruction. C'était le programme.
Entre-temps, avec nos amis Egyptiens, avec les Turcs, avec les Israéliens - et, comme nous ne parlons par directement au Hamas mais par l'intermédiaire des Turcs, des Egyptiens, des Norvégiens, etc. - nous avons beaucoup travaillé à la libération du prisonnier franco-israélien Gilad Shalit, ainsi qu'à la libération d'un nombre important de prisonniers palestiniens. Cela non plus n'a pas été obtenu à la date fixée - mais cela ne se passe jamais à la date fixée.
Sur le fond, nous sommes déterminés plus que jamais - car c'est la seule façon d'assurer la paix, la sécurité d'Israël aussi d'ailleurs - à voir la création d'un Etat palestinien, tout le monde le sait.
Nous continuons mais nous ne sommes pas seuls, c'est avec l'Union européenne, aujourd'hui présidée par la République tchèque. Nous avons beaucoup d'espoir avec l'arrivée d'un nouveau président américain, Barack Obama. Nous avons l'impression avec Hillary Clinton, que j'ai rencontrée il y a quinze jours, qu'il y a une volonté de travailler au côté de l'Europe. C'est nécessaire, l'Europe et les Etats-Unis, et pas les Etats-Unis seulement, doivent travailler à la création de cet Etat palestinien. Nous sommes entièrement d'accord avec nos amis américains. Le président vient de le rappeler mais cela ne suffit pas d'être d'accord. Salam Fayyad, le Premier ministre palestinien qui a oeuvré en Cisjordanie attend que l'on continue ce travail et Abou Mazen, le président de l'Autorité palestinienne attend pour que la réconciliation palestinienne se fasse. Il faut les aider.
Q - (A propos de la lutte contre la piraterie)
R - Nos amis yéménites l'ont bien dit. La lutte contre la piraterie, c'est la lutte pour le développement. On doit lutter, bien sûr, contre la piraterie elle-même. On ne doit pas accepter que des bateaux de commerce, que des bateaux de tourisme soient attaqués ni dans les eaux internationales, ni dans les eaux nationales. Nous sommes très fiers, la France, d'avoir commencé et puis d'avoir fait avec l'Europe, la première flotte, la première mission maritime de l'Union européenne, maintenant relayée par des bateaux chinois, des bateaux américains.
Il faut lutter mais je crois qu'il faut, comme l'a dit le président yéménite, qu'autour du nouveau président somalien, les forces de sécurité - composée au moins de 10.000 hommes pour le moment - soient formées avec l'aide de la communauté internationale pour assurer la sécurité en Somalie tout en continuant à lutter contre la piraterie. Il faut que la justice et les institutions somaliennes changent. Il faut qu'il y ait une justice somalienne pour que les pirates soient jugés par les Somaliens. Cela veut dire, comme l'a précisé le président et mon collègue, le ministre des Affaires étrangères, envisager demain avec le président somalien une aide internationale pour qu'ils puissent changer leurs institutions.
Q - (A propos de la crise financière)
R - La crise financière et maintenant la crise économique et sociale sont apparentes pour tout le monde - tout le monde, pas seulement les pays riches, mais aussi les pays en développement. Notre opinion, l'opinion de la France, c'est qu'il ne faut pas s'arrêter. Il ne faut pas laisser de côté les pays en développement, même si notre situation est une situation difficile. Justement parce que c'est une situation difficile, parce que c'est une grave crise mondiale, il faut équilibrer et certainement continuer, non seulement, à fournir une aide mais également contribuer à un travail commun avec les pays en développement. Ce n'est pas facile, il faut convaincre les investisseurs. Nous, nous avons réussi à maintenir notre aide au développement - juste de la maintenir, pas encore de la développer.
Nous continuerons à faire des efforts parce que c'est ainsi que l'on changera le monde. C'est ainsi que l'on changera l 'économie mondiale qui ne sera plus une économie de la folie financière et de l'injustice. Cela prendra encore quelques années. La crise est profonde. Nous continuerons à nous efforcer d'augmenter notre aide au développement. Pour vous, la recette c'est d'élaborer des projets communs, de travailler plus encore, de ne pas seulement développer les investissements, mais aussi développer des idées nouvelles, l'énergie.
Q - (A propos de la dimension juridique de la lutte contre la piraterie)
R - Il y a déjà eu une coordination puisqu'il y a eu deux résolutions des Nations unies. La première était une résolution d'inspiration française. Nous avons commencé à avoir légalement des possibilités de poursuivre les pirates dans les eaux territoriales. A partir de là, s'est développée une attitude internationale, une légalité internationale avec une deuxième résolution d'inspiration américaine qui est allée beaucoup plus loin. Un certain nombre de pays hors de l'Union européenne nous ont rejoints étant donné que le rayon d'action des pirates s'élargissait terriblement. La résolution concernait principalement le golfe d'Aden, les côtes somaliennes - et déjà dans d'autres zones du monde, nous avons constaté des actions similaires.
Ces deux résolutions constituent un droit international moderne même s'il existait déjà un droit international contre la piraterie et un droit de la mer. Ce dernier entraînait déjà l'obligation pour les capitaines de navires d'agir contre la piraterie. Il y a, désormais, beaucoup de nationalités qui se manifestent et c'est la raison pour laquelle avec nos amis, ici à Sanaa, nous avons envisagé l'accueil des bateaux - parce qu'il y en a qui viennent de très loin. Le port de coordination de la lutte contre la piraterie se situe en Grande-Bretagne à Northwood, c'est très loin, il faut donc que l'on réussisse à coordonner tout cela d'une meilleure façon. Il y a la Mer Rouge où l'on nous avait demandé d'être vigilants mais les choses se présentaient un peu différemment. Tout cela va devoir se mettre en place, mais la légalité est déjà issue de ces deux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 février 2009