Texte intégral
C. Barbier.- B. Accoyer, bonjour. "Nous devons être animés par un véritable esprit de civisme", a objurgué F. Fillon, hier soir, lors du dîner du CRIF. Ne dramatise-t-il pas un peu ?
Moi, j'ai toujours été convaincu que lorsqu'il y a des difficultés aussi importantes que la crise mondiale à laquelle la France, évidemment, est confrontée, il faut se rassembler. C'est ce que font la plupart des peuples, des pays qui, comme la France, sont confrontés à la crise. Donc, je suis tout à fait d'accord avec F. Fillon.
Alors, quand l'UMP dit aux présidents de régions socialistes : "Appliquez le plan de relance ; soyez solidaires", est-ce que ce n'est pas un peu beaucoup ? Ils ne sont pas d'accord avec cette politique.
Encore une fois, l'intérêt du pays c'est de savoir taire nos petites différences, garder nos convictions, bien sûr, mais faire le maximum de chemin ensemble pour avoir comme priorité d'aider ceux de nos compatriotes qui sont d'ores et déjà touchés par la crise, par le chômage, par la menace sur leur emploi et puis par leur anxiété pour l'avenir. Et cette mobilisation en elle-même est déjà un moyen de lutter contre la crise. On est plus réactifs, les entreprises se défendent mieux, les affaires vont mieux lorsqu'on a le moral et que l'on veut y aller ensemble, et tous ensemble.
F. Fillon craint que l'on cherche un coupable dans la crise et que chacun se dresse l'un contre l'autre. Mais c'est le président de la République qui a commencé à dire à l'automne dernier :" il y aura des responsables, il faudra que des têtes tombent".
Il y a toujours, dans toute aventure ou dans toute réussite comme dans tout échec, certains qui sont plus ou moins en avant. Il y a, c'est vrai, dans le domaine financier et en particulier dans le domaine bancaire et la spéculation financière, il y a eu des coupables, on le sait bien. D'ailleurs, on en parle même au niveau mondial ; non seulement il y a eu des coupables mais il y a eu des escroqueries.
S. Royal vient de déclarer qu'elle veut que l'Etat entre au capital des banques, les nationalise s'il le faut. C'est votre ligne ?
Vous savez très bien que l'Etat a déjà apporté une garantie pour les prêts interbancaires.
Mais très peu d'entrées au capital, à quelques exceptions près !
L'Etat a sauvé le système bancaire. Les Etats, d'ailleurs, à la suite de l'initiative française...
Il faut aller plus loin, nationaliser certaines banques, que l'Etat prenne le pouvoir dans les banques ?
Tout ceci est déjà enclenché, mais la France n'a pas besoin, pour le moment, de nationaliser des banques, tout simplement parce que nos banques n'ont pas fait les erreurs que des banques, dans d'autres pays, ont pu faire, et dont on voit encore aujourd'hui les conséquences. Donc, on peut aussi, de temps en temps, regarder ce qui va bien en France, et mieux qu'ailleurs.
Alors, S. Royal veut que l'on regarde aussi ailleurs, c'est-à-dire en Allemagne. Elle veut créer un ministère de la Relance franco-allemand. C'est une bonne idée ?
Deux choses. D'abord, il y a déjà un ministre de la Relance, qui a été nommé....
Franco-français !
... qui est P. Devedjian et qui fait très bien son travail. Et je peux vous dire que, sur le terrain, les décisions passent très bien. Deuxièmement, qu'il y ait besoin d'une relance européenne, le président de la République lui-même, N. Sarkozy, ne cesse, d'abord, de le concrétiser et de vouloir aller encore plus loin parce que c'est vrai qu'une réponse européenne, une réponse collective, je le disais tout à l'heure, au niveau d'une Nation, c'est mieux lorsqu'on est tous ensemble. Si tous les pays d'Europe font la même chose, c'est encore mieux.
Est-ce qu'il ne faut pas un deuxième plan de relance, en France, encore plus social ? 300.000 chômeurs de plus, sans doute, sur l'année 2009, disent les experts.
D'abord, il faut aussi regarder, d'une part, ceux qui sont frappés par le chômage mais aussi on peut regarder que nous avons des chiffres moins catastrophiques qu'ailleurs. Et restons sur cette volonté d'être meilleurs que les autres, ou moins mauvais, si vous le voulez, mais toujours aller dans cette direction. Et il faut se préparer à ce que la crise dure et que nous en sortions plus vite et plus fort que les autres. Pour le moment, toute chose comparée, la France s'en sort moins mal, elle s'en sort mieux que les autres pays.
Pas de deuxième plan de relance nécessaire, en urgence ?
Il y a eu des mesures sociales importantes, qui ont été prises, contrairement à ceux qui le démentent. Et peut-être faudra-t-il d'autres mesures. Mais ce doit être des mesures ciblées sur ceux des Français qui en ont le plus besoin. La relance par la consommation, générale, ce n'est pas une solution envisageable.
Alors, [il y a] un domaine où l'on est moins bons que les autres, c'est le déficit budgétaire ; 100 milliards d'euros prévus sur 2009, plus de 5 % du PIB. La France est en faillite ?
Non. Non. Bien sûr que non. La France n'est pas en faillite, mais nous partons d'un endettement qui est significatif. Ce qui fait qu'un certain nombre de pays ont un déficit moins important. Mais néanmoins, nous aurons un déficit d'environ 5 % du PIB et, dans le contexte, il y a beaucoup de pays qui auront une situation beaucoup plus, beaucoup plus dégradée, et il faut faire face à la crise avec un certain pragmatisme. C'est ce que fait le gouvernement.
Alors, aux Antilles, des accords très complexes, tout doucement, sont en vue, sortent des négociations. Confirmez-moi : les contribuables de métropole vont payer les augmentations des salaires du privé aux Antilles.
Non, parce qu'en réalité, il y a l'application du RSA par anticipation, il y a toute une série de mesures et le Gouvernement, à part un certain nombre d'exonérations de charges sur un certain nombre de primes, le Gouvernement a tenu le cap. Mais, permettez-moi de vous dire à propos des Antilles, que l'on ne peut que regretter qu'il n'y ait pas eu un dialogue social en anticipation, digne de ce nom et qu'il fait fallu...
Eh bien pourquoi B. Hortefeux ne s'en mêle pas ? Il pourrait y aller, lui, B. Hortefeux !
...et qu'il ait fallu de la violence, mort d'homme, également un sondage qui indiquait que les Français de métropole regardaient ce conflit avec un regard préoccupant...
Et presque un souhait d'indépendance.
... quant à l'unité nationale, pour qu'on en arrive-là.
Mais les ministres ne sont pas sur place...
Et puis les tendances violentes se sont doublées de menaces. Tout cela n'est pas acceptable.
Pour le dialogue social, B. Hortefeux, ministre du Travail, pourrait aller sur place ?
Mais, vous savez très bien qu'il est totalement engagé dans ce dossier.
De loin...
Mais, il y a eu LE membre du Gouvernement, qui est responsable, qui n'a pas ménagé sa peine et contrairement à ce qui est dit, qui a fait les choses de son mieux, et pour ma part, je considère tout à fait correctement, Y. Jégo ; le gouvernement était constamment présent.
Alors, venons-en, à la vie de l'Assemblée nationale, que vous présidez. L'opposition envisage une audition, par la commission des Finances, de F. Pérol, nouveau patron des Caisses d'épargne et Banques populaires réunies. Soutenez-vous cette initiative ?
Les commissions ont leur autonomie. Si la commission juge utile d'entendre tel ou tel dirigeant ou telle ou telle personnalité, qui a un rôle dans le système financier et bancaire, elle en a toute liberté. La commission des Finances, qui d'ailleurs est présidée par un membre de l'opposition, au demeurant très compétent, D. Migaud, a un pouvoir d'investigation considérable. On ne le sait pas assez.
Alors, l'Assemblée nationale vit sous une sorte de nouveau règlement, nouveau régime, avec la nouvelle Constitution...
A partir d'aujourd'hui, ça démarre, oui.
Vous êtes en train d'échanger un peu de blabla donné à l'opposition dans le questions, le temps de parole, en échange d'une restriction du droit à l'amendement ?
Quelle caricature, qui ne correspond absolument pas à ce qui est la plus grosse réforme de la Constitution et du règlement de l'Assemblée nationale, depuis 50 ans. En réalité, le Parlement prend, vous allez vous en rendre compte, chaque jour un peu plus, un pouvoir nouveau, un pouvoir important, sur la rédaction des textes eux-mêmes et sur le contrôle et l'évaluation des politiques publiques. Croyez-moi, c'est un changement qui est une véritable révolution, une modernisation de la Vème sans précédent.
Vous maîtrisez l'ordre du jour, mais vous allez sous-traiter quand même les projets ficelés par le Gouvernement.
Non. Pourquoi dites-vous ça ? Il y aura comme toujours...
Vous allez à Matignon le lundi soir ou à l'Elysée, prendre un peu la consigne !
Mais, la Vème, c'est quoi ? C'est que le Gouvernement est issu de la majorité qui siège à l'Assemblée nationale et donc le couple gouvernement-majorité du moment à l'Assemblée nationale, doit pouvoir travailler ensemble, mais dans le respect et dans le rôle plein et entier de l'un et de l'autre.
Sur le droit d'amendement, illimité ou non, de l'opposition, sur l'incapacité parfois à travailler, parce qu'il y a obstruction vous avancez dans le dialogue avec les socialistes ?
D'abord, je travaille sur cette question depuis le début de la législature. Il y a eu une interruption des échanges pendant quelques semaines, parce que les socialistes n'ont pas voulu participer à ces échanges, pendant que la loi organique était discutée. Nous avons repris nos échanges, et nous avançons. J'ai bon espoir d'arriver à une solution qui sera largement acceptée. Si ce n'est pas le cas, j'en serai vraiment extrêmement préoccupé, mais en tout état de cause, il faut bien comprendre qu'il serait vraiment stupide, pour quelque majorité que ce soit et encore plus pour quelque président de l'Assemblée que ce soit, de faire un règlement qui ne donnerait pas toute sa place aux uns et aux autres, parce que la démocratie, c'est que chacun puisse s'exprimer, parce que les uns et les autres sont à la place, réciproquement, des uns et des autres.
Pour lutter contre l'absentéisme, adopterez-vous le vote biométrique ? On met son empreinte digitale pour pouvoir voter, quand on est député.
J'y travaille, effectivement, tout simplement pour des raisons de commodité, de rapidité, et nous procèderons, dans l'été au câblage de l'hémicycle, ce qui permettra d'utiliser ces technologies, notamment le vote biométrique, le moment venu.
Alors, l'Assemblée débat en ce moment de la loi sur l'hôpital. Faut-il interdire aux médecins - et vous en êtes un - de s'installer dans les territoires où il y a déjà trop de médecins ?
Je ne suis pas favorable à des mesures de cette nature. Pour toutes les professions de santé, c'est la même problématique, parce qu'on parle des médecins, mais il y a aussi les infirmières et d'autres professions de santé, vous avez une nécessité qui s'impose, parce que nous sommes dans un pays de libertés, qui est de respecter ceux et celles qui ont fait de longues études et qui ont des projets personnels depuis de longues, de longues, longues années. Et donc, il faut trouver une formule qui soit une formule incitatrice. J'ai quelques idées, mais en tant que président de l'Assemblée nationale, je les garde pour moi. J'espère néanmoins que d'autres les auront.
Et en tant que président de l'Assemblée nationale, acceptez-vous, quand le texte viendra chez vous - il est au Sénat - de ne pas procéder par l'urgence sur la loi pénitentiaire, pour que l'on aille au fond du débat ?
Eh bien, pour tout vous dire, je suis préoccupé que ce texte ait été marqué par une déclaration d'urgence. C'est un texte sur les libertés, un texte qui mérite de faire la navette. Ce serait beaucoup plus efficace, plus serein, plus détendu, et je souhaite que la déclaration d'urgence sur ce texte soit levée, elle n'a pas lieu d'être.
Le statut des beaux-parents est à l'étude, N. Morano prépare un texte sur ce sujet. Faut-il l'étendre aux couples homosexuels ?
Le Parlement sera saisi des questions qui relèvent vraiment de son pouvoir, le moment venu.
Votre conviction personnelle ?
Je suis très partagé. Je suis défavorable à ce que l'on substitue le droit à l'enfant au droit tout court et au droit des enfants. Donc, c'est un débat de société très complexe et très lourd, qui ne peut pas être tranché, comme ça, sur un plateau. A titre personnel, je pense qu'il faut avant tout respecter l'enfant et ses droits.
B. Accoyer, merci, bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 3 mars 2009
Moi, j'ai toujours été convaincu que lorsqu'il y a des difficultés aussi importantes que la crise mondiale à laquelle la France, évidemment, est confrontée, il faut se rassembler. C'est ce que font la plupart des peuples, des pays qui, comme la France, sont confrontés à la crise. Donc, je suis tout à fait d'accord avec F. Fillon.
Alors, quand l'UMP dit aux présidents de régions socialistes : "Appliquez le plan de relance ; soyez solidaires", est-ce que ce n'est pas un peu beaucoup ? Ils ne sont pas d'accord avec cette politique.
Encore une fois, l'intérêt du pays c'est de savoir taire nos petites différences, garder nos convictions, bien sûr, mais faire le maximum de chemin ensemble pour avoir comme priorité d'aider ceux de nos compatriotes qui sont d'ores et déjà touchés par la crise, par le chômage, par la menace sur leur emploi et puis par leur anxiété pour l'avenir. Et cette mobilisation en elle-même est déjà un moyen de lutter contre la crise. On est plus réactifs, les entreprises se défendent mieux, les affaires vont mieux lorsqu'on a le moral et que l'on veut y aller ensemble, et tous ensemble.
F. Fillon craint que l'on cherche un coupable dans la crise et que chacun se dresse l'un contre l'autre. Mais c'est le président de la République qui a commencé à dire à l'automne dernier :" il y aura des responsables, il faudra que des têtes tombent".
Il y a toujours, dans toute aventure ou dans toute réussite comme dans tout échec, certains qui sont plus ou moins en avant. Il y a, c'est vrai, dans le domaine financier et en particulier dans le domaine bancaire et la spéculation financière, il y a eu des coupables, on le sait bien. D'ailleurs, on en parle même au niveau mondial ; non seulement il y a eu des coupables mais il y a eu des escroqueries.
S. Royal vient de déclarer qu'elle veut que l'Etat entre au capital des banques, les nationalise s'il le faut. C'est votre ligne ?
Vous savez très bien que l'Etat a déjà apporté une garantie pour les prêts interbancaires.
Mais très peu d'entrées au capital, à quelques exceptions près !
L'Etat a sauvé le système bancaire. Les Etats, d'ailleurs, à la suite de l'initiative française...
Il faut aller plus loin, nationaliser certaines banques, que l'Etat prenne le pouvoir dans les banques ?
Tout ceci est déjà enclenché, mais la France n'a pas besoin, pour le moment, de nationaliser des banques, tout simplement parce que nos banques n'ont pas fait les erreurs que des banques, dans d'autres pays, ont pu faire, et dont on voit encore aujourd'hui les conséquences. Donc, on peut aussi, de temps en temps, regarder ce qui va bien en France, et mieux qu'ailleurs.
Alors, S. Royal veut que l'on regarde aussi ailleurs, c'est-à-dire en Allemagne. Elle veut créer un ministère de la Relance franco-allemand. C'est une bonne idée ?
Deux choses. D'abord, il y a déjà un ministre de la Relance, qui a été nommé....
Franco-français !
... qui est P. Devedjian et qui fait très bien son travail. Et je peux vous dire que, sur le terrain, les décisions passent très bien. Deuxièmement, qu'il y ait besoin d'une relance européenne, le président de la République lui-même, N. Sarkozy, ne cesse, d'abord, de le concrétiser et de vouloir aller encore plus loin parce que c'est vrai qu'une réponse européenne, une réponse collective, je le disais tout à l'heure, au niveau d'une Nation, c'est mieux lorsqu'on est tous ensemble. Si tous les pays d'Europe font la même chose, c'est encore mieux.
Est-ce qu'il ne faut pas un deuxième plan de relance, en France, encore plus social ? 300.000 chômeurs de plus, sans doute, sur l'année 2009, disent les experts.
D'abord, il faut aussi regarder, d'une part, ceux qui sont frappés par le chômage mais aussi on peut regarder que nous avons des chiffres moins catastrophiques qu'ailleurs. Et restons sur cette volonté d'être meilleurs que les autres, ou moins mauvais, si vous le voulez, mais toujours aller dans cette direction. Et il faut se préparer à ce que la crise dure et que nous en sortions plus vite et plus fort que les autres. Pour le moment, toute chose comparée, la France s'en sort moins mal, elle s'en sort mieux que les autres pays.
Pas de deuxième plan de relance nécessaire, en urgence ?
Il y a eu des mesures sociales importantes, qui ont été prises, contrairement à ceux qui le démentent. Et peut-être faudra-t-il d'autres mesures. Mais ce doit être des mesures ciblées sur ceux des Français qui en ont le plus besoin. La relance par la consommation, générale, ce n'est pas une solution envisageable.
Alors, [il y a] un domaine où l'on est moins bons que les autres, c'est le déficit budgétaire ; 100 milliards d'euros prévus sur 2009, plus de 5 % du PIB. La France est en faillite ?
Non. Non. Bien sûr que non. La France n'est pas en faillite, mais nous partons d'un endettement qui est significatif. Ce qui fait qu'un certain nombre de pays ont un déficit moins important. Mais néanmoins, nous aurons un déficit d'environ 5 % du PIB et, dans le contexte, il y a beaucoup de pays qui auront une situation beaucoup plus, beaucoup plus dégradée, et il faut faire face à la crise avec un certain pragmatisme. C'est ce que fait le gouvernement.
Alors, aux Antilles, des accords très complexes, tout doucement, sont en vue, sortent des négociations. Confirmez-moi : les contribuables de métropole vont payer les augmentations des salaires du privé aux Antilles.
Non, parce qu'en réalité, il y a l'application du RSA par anticipation, il y a toute une série de mesures et le Gouvernement, à part un certain nombre d'exonérations de charges sur un certain nombre de primes, le Gouvernement a tenu le cap. Mais, permettez-moi de vous dire à propos des Antilles, que l'on ne peut que regretter qu'il n'y ait pas eu un dialogue social en anticipation, digne de ce nom et qu'il fait fallu...
Eh bien pourquoi B. Hortefeux ne s'en mêle pas ? Il pourrait y aller, lui, B. Hortefeux !
...et qu'il ait fallu de la violence, mort d'homme, également un sondage qui indiquait que les Français de métropole regardaient ce conflit avec un regard préoccupant...
Et presque un souhait d'indépendance.
... quant à l'unité nationale, pour qu'on en arrive-là.
Mais les ministres ne sont pas sur place...
Et puis les tendances violentes se sont doublées de menaces. Tout cela n'est pas acceptable.
Pour le dialogue social, B. Hortefeux, ministre du Travail, pourrait aller sur place ?
Mais, vous savez très bien qu'il est totalement engagé dans ce dossier.
De loin...
Mais, il y a eu LE membre du Gouvernement, qui est responsable, qui n'a pas ménagé sa peine et contrairement à ce qui est dit, qui a fait les choses de son mieux, et pour ma part, je considère tout à fait correctement, Y. Jégo ; le gouvernement était constamment présent.
Alors, venons-en, à la vie de l'Assemblée nationale, que vous présidez. L'opposition envisage une audition, par la commission des Finances, de F. Pérol, nouveau patron des Caisses d'épargne et Banques populaires réunies. Soutenez-vous cette initiative ?
Les commissions ont leur autonomie. Si la commission juge utile d'entendre tel ou tel dirigeant ou telle ou telle personnalité, qui a un rôle dans le système financier et bancaire, elle en a toute liberté. La commission des Finances, qui d'ailleurs est présidée par un membre de l'opposition, au demeurant très compétent, D. Migaud, a un pouvoir d'investigation considérable. On ne le sait pas assez.
Alors, l'Assemblée nationale vit sous une sorte de nouveau règlement, nouveau régime, avec la nouvelle Constitution...
A partir d'aujourd'hui, ça démarre, oui.
Vous êtes en train d'échanger un peu de blabla donné à l'opposition dans le questions, le temps de parole, en échange d'une restriction du droit à l'amendement ?
Quelle caricature, qui ne correspond absolument pas à ce qui est la plus grosse réforme de la Constitution et du règlement de l'Assemblée nationale, depuis 50 ans. En réalité, le Parlement prend, vous allez vous en rendre compte, chaque jour un peu plus, un pouvoir nouveau, un pouvoir important, sur la rédaction des textes eux-mêmes et sur le contrôle et l'évaluation des politiques publiques. Croyez-moi, c'est un changement qui est une véritable révolution, une modernisation de la Vème sans précédent.
Vous maîtrisez l'ordre du jour, mais vous allez sous-traiter quand même les projets ficelés par le Gouvernement.
Non. Pourquoi dites-vous ça ? Il y aura comme toujours...
Vous allez à Matignon le lundi soir ou à l'Elysée, prendre un peu la consigne !
Mais, la Vème, c'est quoi ? C'est que le Gouvernement est issu de la majorité qui siège à l'Assemblée nationale et donc le couple gouvernement-majorité du moment à l'Assemblée nationale, doit pouvoir travailler ensemble, mais dans le respect et dans le rôle plein et entier de l'un et de l'autre.
Sur le droit d'amendement, illimité ou non, de l'opposition, sur l'incapacité parfois à travailler, parce qu'il y a obstruction vous avancez dans le dialogue avec les socialistes ?
D'abord, je travaille sur cette question depuis le début de la législature. Il y a eu une interruption des échanges pendant quelques semaines, parce que les socialistes n'ont pas voulu participer à ces échanges, pendant que la loi organique était discutée. Nous avons repris nos échanges, et nous avançons. J'ai bon espoir d'arriver à une solution qui sera largement acceptée. Si ce n'est pas le cas, j'en serai vraiment extrêmement préoccupé, mais en tout état de cause, il faut bien comprendre qu'il serait vraiment stupide, pour quelque majorité que ce soit et encore plus pour quelque président de l'Assemblée que ce soit, de faire un règlement qui ne donnerait pas toute sa place aux uns et aux autres, parce que la démocratie, c'est que chacun puisse s'exprimer, parce que les uns et les autres sont à la place, réciproquement, des uns et des autres.
Pour lutter contre l'absentéisme, adopterez-vous le vote biométrique ? On met son empreinte digitale pour pouvoir voter, quand on est député.
J'y travaille, effectivement, tout simplement pour des raisons de commodité, de rapidité, et nous procèderons, dans l'été au câblage de l'hémicycle, ce qui permettra d'utiliser ces technologies, notamment le vote biométrique, le moment venu.
Alors, l'Assemblée débat en ce moment de la loi sur l'hôpital. Faut-il interdire aux médecins - et vous en êtes un - de s'installer dans les territoires où il y a déjà trop de médecins ?
Je ne suis pas favorable à des mesures de cette nature. Pour toutes les professions de santé, c'est la même problématique, parce qu'on parle des médecins, mais il y a aussi les infirmières et d'autres professions de santé, vous avez une nécessité qui s'impose, parce que nous sommes dans un pays de libertés, qui est de respecter ceux et celles qui ont fait de longues études et qui ont des projets personnels depuis de longues, de longues, longues années. Et donc, il faut trouver une formule qui soit une formule incitatrice. J'ai quelques idées, mais en tant que président de l'Assemblée nationale, je les garde pour moi. J'espère néanmoins que d'autres les auront.
Et en tant que président de l'Assemblée nationale, acceptez-vous, quand le texte viendra chez vous - il est au Sénat - de ne pas procéder par l'urgence sur la loi pénitentiaire, pour que l'on aille au fond du débat ?
Eh bien, pour tout vous dire, je suis préoccupé que ce texte ait été marqué par une déclaration d'urgence. C'est un texte sur les libertés, un texte qui mérite de faire la navette. Ce serait beaucoup plus efficace, plus serein, plus détendu, et je souhaite que la déclaration d'urgence sur ce texte soit levée, elle n'a pas lieu d'être.
Le statut des beaux-parents est à l'étude, N. Morano prépare un texte sur ce sujet. Faut-il l'étendre aux couples homosexuels ?
Le Parlement sera saisi des questions qui relèvent vraiment de son pouvoir, le moment venu.
Votre conviction personnelle ?
Je suis très partagé. Je suis défavorable à ce que l'on substitue le droit à l'enfant au droit tout court et au droit des enfants. Donc, c'est un débat de société très complexe et très lourd, qui ne peut pas être tranché, comme ça, sur un plateau. A titre personnel, je pense qu'il faut avant tout respecter l'enfant et ses droits.
B. Accoyer, merci, bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 3 mars 2009