Texte intégral
J. Wittenberg.- Bonjour R. Karoutchi. On va parler évidemment de ce qui intéresse les Français c'est-à-dire la crise économique. Le Premier ministre s'est montré très sombre hier dans ses prévisions économiques ; personne ne sait, a-t-il dit, quand la crise s'arrêtera. On a l'impression que vous êtes en train de préparer l'opinion à des temps vraiment difficiles.
Vous savez, sincèrement, il n'y a pas à préparer l'opinion. Quand vous avez 90 000 chômeurs de plus au mois de janvier, quand vous avez eu à peu près 200 000 chômeurs de plus en l'espace de trois mois, naturellement nous sommes dans une crise mondiale financière économique extrêmement grave. Et le Gouvernement ne veut pas mentir. Nous prenons les mesures, nous faisons un plan de relance, nous avons mis 65 milliards de plus dans l'économie en l'espace de six mois. Nous prenons toutes les mesures nécessaires dans l'automobile, pour les PME. Mais pour autant, le Premier ministre a raison, la crise est là, elle est mondiale, elle est difficile. Il ne faut pas mentir aux Français, il faut leur dire la vérité.
Alors finalement quand Bercy, le ministère des finances annonçait lundi qu'on aurait 300 000 destructions d'emploi en 2009, on a l'impression que c'est presque en dessous de la réalité, vous le rappeliez vous-même : 90 000 chômeurs de plus en janvier.
C'est vrai, mais on peut espérer - on peut espérer - un deuxième semestre 2009 meilleur que le premier. Tout simplement parce que tout le monde le dit, tous les économistes, tous les responsables des entreprises nous disent : la phase la plus dure pour nous sera le premier semestre 2009 : conséquence de la fin 2008, carnets de commandes en baisse mais beaucoup pensent, espèrent - alors on va voir - qu'à partir de juin-juillet les choses peuvent un peu s'améliorer. Je ne dis pas que ça va être d'un coup le rebond, le rebond il est attendu plus tard, mais la situation devrait être moins grise. Pour autant toutes les mesures sont prises, le président de la République comme ...
On n'en voit pas les effets de ces mesures pour l'instant.
Si, si. En réalité, on le voit, j'allais dire en creux. Vous dites 90 000 chômeurs de plus en janvier ; le chiffre est mauvais pour les Français je le sais bien, mais enfin dans le même temps vous en avez 2 à 300 000 de plus en Allemagne ou en Espagne, vous en avez 700 000 de plus aux Etats-Unis. C'est à dire qu'en réalité, les mesures fortes qui sont prises par le Gouvernement depuis plusieurs mois limitent la crise - même si pour ceux que ça touche c'est déjà trop dur - limitent la crise et je l'espère très vite ça va permettre quand même de résister et de rebondir.
R. Karoutchi on le rappelle vous êtes secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement. Et hier, le Parlement s'est offert en quelque sorte sa nouvelle formule avec des questions d'actualité « new look », entre guillemets : deux minutes pour chaque question et pour chaque ministre. Finalement quel est l'intérêt parce qu'on a vu le même style de spectacle avec des passes d'arme et pas beaucoup plus de démocratie.
Non, l'intérêt ce n'était pas dans le passage, là, à deux minutes, c'était dans le fait qu'entre les deux séances du mardi et mercredi, les Questions d'actualité, on est revenu au strict équilibre entre la majorité et l'opposition. C'est-à-dire que nous avons dit dans la révision constitutionnelle qu'on allait respecter plus de droit pour l'opposition. L'opposition a aujourd'hui autant de questions d'actualité que la majorité, alors que ça n'était pas le cas jusqu'ici.
Alors paradoxalement, le petit caillou dans la chaussure il ne vient pas de l'opposition, il vient de la majorité en ce moment. On rappelle les faits : il y a une réforme très importante, la réforme pénitentiaire de R. Dati, qui est en discussion au Sénat aujourd'hui, en procédure accélérée, or des députés UMP disent : ce n'est pas une bonne formule.
Alors voilà, voilà, voilà, voilà, et heureusement que je suis venu. Ce n'est pas en procédure accélérée parce que... le texte a été déposé sur le bureau du Sénat bien avant le 1er mars, c'était donc l'ancienne formule de la procédure d'urgence. Alors le président Accoyer comme le président Larcher me disent : ah non mais nous on voudrait qu'il n'y ait pas de procédure d'urgence, pas de procédure accélérée. Je veux bien appliquer la révision constitutionnelle, dès le 1er mars comme il se doit. Mais sur ce texte, nous avions mis la procédure d'urgence depuis, avant le 1er mars, le texte est déposé sur le bureau du Sénat depuis deux mois.
C'est pas une arme aussi juridique, est-ce que vous ne deviez pas dans l'esprit de cette nouvelle loi faire en sorte qu'une loi aussi importante - je rappelle de quoi il s'agit, il s'agit de faire en sorte que la surpopulation carcérale, 69 000 détenus pour 51 000 places soit améliorée, est-ce que ça ne mériterait pas un peu plus de temps ?
Je vais vous dire, le texte est déposé depuis l'été dernier. Est-ce que vous ne croyez pas sincèrement - et je le dis à tous les Français - est-ce que vous ne croyez pas que justement avant l'été qui est la période la plus difficile dans le monde carcéral, est-ce qu'on n'a pas intérêt à ce que ce texte de loi soit voté définitivement avant l'été pour que les mesures prennent effet tout de suite, et soient meilleures pour la vie dans les prisons et pour l'ensemble du monde carcéral tout de suite ?
Donc B. Accoyer, le président de l'Assemblée n'aura pas satisfaction, vous en restez à la procédure actuelle ?
J'ai dit hier à B. Accoyer comme je l'ai dit à G. Larcher : pour le moment, il n'est pas question de revenir sur la procédure d'urgence. Alors on verra dans les jours qui viennent, mais pour le moment, non.
Vous vous occupez du calendrier parlementaire, il y a des gros morceaux à attendre d'ici le mois de juin ?
Les gros morceaux : on a l'hôpital, on a l'Internet, on a le débat sur l'OTAN, le Premier ministre viendra devant l'assemblée le 17 mars, puis devant le Sénat le même jour le soir pour le débat sur l'OTAN, c'est un débat extrêmement important. Et puis, il y a toute une série de textes avec une loi de programmation militaire....
Un débat qui fait débat si j'ose dire y compris à l'UMP, tout le monde n'est pas d'accord pour ce retour de la France dans l'OTAN.
Ce n'est pas le retour de la France dans l'OTAN, la France est liée dans l'OTAN, c'est le retour dans l'un des comités du commandement intégré, mais ce n'est pas tout à fait la même chose que... on y est déjà dans l'OTAN. Il y a une trentaine de comités dans l'OTAN, je crois qu'on est déjà membre de 28 ou de 29, ou... Donc en réalité, on y est déjà. Nos forces vont déjà souvent sous commandement OTAN dans des opérations extérieures. Mais c'est un élément qui doit être débattu. Mais oui à l'OTAN si en parallèle il y a une défense européenne.
En tout cas il y aura une discussion au Parlement, vous nous dites ce matin, le 17 mars.
Ah il y aura une discussion au Parlement le 17 mars. Ca c'est sûr.
On en vient maintenant pour finir cet entretien à votre casquette d'UMP en Ile-de-France, on a entendu beaucoup la semaine dernière...
Casquette bleue paraît-il.
Casquette bleue, UMP donc, les propositions de la commission Balladur, ça a fait si on peut dire un tollé général, la plupart des élus n'en veulent pas, de ce regroupement des régions, de cette suppression des cantons, et vous qu'est-ce que vous en dites ?
Moi je vais vous dire, je pense que si on reste au statut quo c'est la mort de nos collectivités, c'est la mort par exemple de l'Ile de France dans sa formule d'aujourd'hui.
Pourquoi ?
Parce que ça ne fonctionne pas, parce que c'est trop compliqué, c'est trop freiné. Alors ce que propose E. Balladur, je ne sais pas s'il faut tout prendre, moi j'ai pas dit oui à tout, je dis simplement attention, moi je veux que le débat ait lieu et je veux qu'on se saisisse de ce rapport pour faire un vrai débat. Non au statut quo, oui à des avancées.
A l'UMP, on prépare déjà les élections régionales de2010...
Que je gagnerai.
Ah vous allez gagner ?
Ah oui, bien sûr.
Vous nous l'annoncez ce matin.
Ah oui, oui, ça je vous fais une annonce là, je vous fais une dépêche : je gagnerai les élections régionales en 2010.
Face à J.-P. Huchon, et d'abord face à V. Pécresse qui est votre concurrente à l'UMP ?
Oui il y a d'abord une primaire.
Pourquoi vous allez gagner ?
Parce que les adhérents et puis les électeurs se diront : il faut sortir de l'immobilisme, il faut sortir des clivages, il faut sortir de tout ça, et il faut aller vers vraiment de l'expérience, de la volonté de sortir la région de l'ornière.
R. Karoutchi, merci beaucoup.
Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 mars 2009
Vous savez, sincèrement, il n'y a pas à préparer l'opinion. Quand vous avez 90 000 chômeurs de plus au mois de janvier, quand vous avez eu à peu près 200 000 chômeurs de plus en l'espace de trois mois, naturellement nous sommes dans une crise mondiale financière économique extrêmement grave. Et le Gouvernement ne veut pas mentir. Nous prenons les mesures, nous faisons un plan de relance, nous avons mis 65 milliards de plus dans l'économie en l'espace de six mois. Nous prenons toutes les mesures nécessaires dans l'automobile, pour les PME. Mais pour autant, le Premier ministre a raison, la crise est là, elle est mondiale, elle est difficile. Il ne faut pas mentir aux Français, il faut leur dire la vérité.
Alors finalement quand Bercy, le ministère des finances annonçait lundi qu'on aurait 300 000 destructions d'emploi en 2009, on a l'impression que c'est presque en dessous de la réalité, vous le rappeliez vous-même : 90 000 chômeurs de plus en janvier.
C'est vrai, mais on peut espérer - on peut espérer - un deuxième semestre 2009 meilleur que le premier. Tout simplement parce que tout le monde le dit, tous les économistes, tous les responsables des entreprises nous disent : la phase la plus dure pour nous sera le premier semestre 2009 : conséquence de la fin 2008, carnets de commandes en baisse mais beaucoup pensent, espèrent - alors on va voir - qu'à partir de juin-juillet les choses peuvent un peu s'améliorer. Je ne dis pas que ça va être d'un coup le rebond, le rebond il est attendu plus tard, mais la situation devrait être moins grise. Pour autant toutes les mesures sont prises, le président de la République comme ...
On n'en voit pas les effets de ces mesures pour l'instant.
Si, si. En réalité, on le voit, j'allais dire en creux. Vous dites 90 000 chômeurs de plus en janvier ; le chiffre est mauvais pour les Français je le sais bien, mais enfin dans le même temps vous en avez 2 à 300 000 de plus en Allemagne ou en Espagne, vous en avez 700 000 de plus aux Etats-Unis. C'est à dire qu'en réalité, les mesures fortes qui sont prises par le Gouvernement depuis plusieurs mois limitent la crise - même si pour ceux que ça touche c'est déjà trop dur - limitent la crise et je l'espère très vite ça va permettre quand même de résister et de rebondir.
R. Karoutchi on le rappelle vous êtes secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement. Et hier, le Parlement s'est offert en quelque sorte sa nouvelle formule avec des questions d'actualité « new look », entre guillemets : deux minutes pour chaque question et pour chaque ministre. Finalement quel est l'intérêt parce qu'on a vu le même style de spectacle avec des passes d'arme et pas beaucoup plus de démocratie.
Non, l'intérêt ce n'était pas dans le passage, là, à deux minutes, c'était dans le fait qu'entre les deux séances du mardi et mercredi, les Questions d'actualité, on est revenu au strict équilibre entre la majorité et l'opposition. C'est-à-dire que nous avons dit dans la révision constitutionnelle qu'on allait respecter plus de droit pour l'opposition. L'opposition a aujourd'hui autant de questions d'actualité que la majorité, alors que ça n'était pas le cas jusqu'ici.
Alors paradoxalement, le petit caillou dans la chaussure il ne vient pas de l'opposition, il vient de la majorité en ce moment. On rappelle les faits : il y a une réforme très importante, la réforme pénitentiaire de R. Dati, qui est en discussion au Sénat aujourd'hui, en procédure accélérée, or des députés UMP disent : ce n'est pas une bonne formule.
Alors voilà, voilà, voilà, voilà, et heureusement que je suis venu. Ce n'est pas en procédure accélérée parce que... le texte a été déposé sur le bureau du Sénat bien avant le 1er mars, c'était donc l'ancienne formule de la procédure d'urgence. Alors le président Accoyer comme le président Larcher me disent : ah non mais nous on voudrait qu'il n'y ait pas de procédure d'urgence, pas de procédure accélérée. Je veux bien appliquer la révision constitutionnelle, dès le 1er mars comme il se doit. Mais sur ce texte, nous avions mis la procédure d'urgence depuis, avant le 1er mars, le texte est déposé sur le bureau du Sénat depuis deux mois.
C'est pas une arme aussi juridique, est-ce que vous ne deviez pas dans l'esprit de cette nouvelle loi faire en sorte qu'une loi aussi importante - je rappelle de quoi il s'agit, il s'agit de faire en sorte que la surpopulation carcérale, 69 000 détenus pour 51 000 places soit améliorée, est-ce que ça ne mériterait pas un peu plus de temps ?
Je vais vous dire, le texte est déposé depuis l'été dernier. Est-ce que vous ne croyez pas sincèrement - et je le dis à tous les Français - est-ce que vous ne croyez pas que justement avant l'été qui est la période la plus difficile dans le monde carcéral, est-ce qu'on n'a pas intérêt à ce que ce texte de loi soit voté définitivement avant l'été pour que les mesures prennent effet tout de suite, et soient meilleures pour la vie dans les prisons et pour l'ensemble du monde carcéral tout de suite ?
Donc B. Accoyer, le président de l'Assemblée n'aura pas satisfaction, vous en restez à la procédure actuelle ?
J'ai dit hier à B. Accoyer comme je l'ai dit à G. Larcher : pour le moment, il n'est pas question de revenir sur la procédure d'urgence. Alors on verra dans les jours qui viennent, mais pour le moment, non.
Vous vous occupez du calendrier parlementaire, il y a des gros morceaux à attendre d'ici le mois de juin ?
Les gros morceaux : on a l'hôpital, on a l'Internet, on a le débat sur l'OTAN, le Premier ministre viendra devant l'assemblée le 17 mars, puis devant le Sénat le même jour le soir pour le débat sur l'OTAN, c'est un débat extrêmement important. Et puis, il y a toute une série de textes avec une loi de programmation militaire....
Un débat qui fait débat si j'ose dire y compris à l'UMP, tout le monde n'est pas d'accord pour ce retour de la France dans l'OTAN.
Ce n'est pas le retour de la France dans l'OTAN, la France est liée dans l'OTAN, c'est le retour dans l'un des comités du commandement intégré, mais ce n'est pas tout à fait la même chose que... on y est déjà dans l'OTAN. Il y a une trentaine de comités dans l'OTAN, je crois qu'on est déjà membre de 28 ou de 29, ou... Donc en réalité, on y est déjà. Nos forces vont déjà souvent sous commandement OTAN dans des opérations extérieures. Mais c'est un élément qui doit être débattu. Mais oui à l'OTAN si en parallèle il y a une défense européenne.
En tout cas il y aura une discussion au Parlement, vous nous dites ce matin, le 17 mars.
Ah il y aura une discussion au Parlement le 17 mars. Ca c'est sûr.
On en vient maintenant pour finir cet entretien à votre casquette d'UMP en Ile-de-France, on a entendu beaucoup la semaine dernière...
Casquette bleue paraît-il.
Casquette bleue, UMP donc, les propositions de la commission Balladur, ça a fait si on peut dire un tollé général, la plupart des élus n'en veulent pas, de ce regroupement des régions, de cette suppression des cantons, et vous qu'est-ce que vous en dites ?
Moi je vais vous dire, je pense que si on reste au statut quo c'est la mort de nos collectivités, c'est la mort par exemple de l'Ile de France dans sa formule d'aujourd'hui.
Pourquoi ?
Parce que ça ne fonctionne pas, parce que c'est trop compliqué, c'est trop freiné. Alors ce que propose E. Balladur, je ne sais pas s'il faut tout prendre, moi j'ai pas dit oui à tout, je dis simplement attention, moi je veux que le débat ait lieu et je veux qu'on se saisisse de ce rapport pour faire un vrai débat. Non au statut quo, oui à des avancées.
A l'UMP, on prépare déjà les élections régionales de2010...
Que je gagnerai.
Ah vous allez gagner ?
Ah oui, bien sûr.
Vous nous l'annoncez ce matin.
Ah oui, oui, ça je vous fais une annonce là, je vous fais une dépêche : je gagnerai les élections régionales en 2010.
Face à J.-P. Huchon, et d'abord face à V. Pécresse qui est votre concurrente à l'UMP ?
Oui il y a d'abord une primaire.
Pourquoi vous allez gagner ?
Parce que les adhérents et puis les électeurs se diront : il faut sortir de l'immobilisme, il faut sortir des clivages, il faut sortir de tout ça, et il faut aller vers vraiment de l'expérience, de la volonté de sortir la région de l'ornière.
R. Karoutchi, merci beaucoup.
Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 mars 2009