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France Soir : Craignez-vous une contagion de la crise à tous les départements et Territoires d'Outre-Mer ? La mobilisation s'est déjà propagée des Antilles à La Réunion...
Yves Jégo : La mobilisation traduit l'angoisse des outre-marins face à la crise qui secoue le monde : la crise mondiale n'épargne pas l'Outre-Mer. Au contraire, elle est renforcée dans nos départements d'Outre-Mer car la vie y est plus chère qu'en métropole. Les négociations à La Réunion tentent d'apporter une réponse massive à ce problème de pouvoir d'achat. Les discussions pour que la baisse des prix dans les grandes surfaces puisse se faire sont en cours. Le but est d'éviter de longues périodes de blocage.
France Soir : L'examen de votre projet de loi de programme pour le développement économique de l'Outre-Mer débute aujourd'hui au Sénat. N'est-il pas obsolète après les événements de ces dernières semaines ?
Yves Jégo : Ce projet est plus que jamais d'actualité. C'est un texte d'anticipation. Le Président de la République a souhaité apporter des réponses fortes et durables pour changer la donne et favoriser la production locale plutôt que les importations. Il y des réponses immédiates concernant les prix, le pouvoir d'achat et le soutien aux petites entreprises. C'est le plan le plus massif de soutien à l'économie de l'Outre-Mer jamais mis en œuvre. L'an passé, les entreprises d'Outre Mer bénéficiaient de 1, 3 milliards de baisses de charges et d'impôts ; après cette loi, le soutien de l'Etat sera porté à 1,5 milliards.
France Soir : La commission des Finances du Sénat a rajouté un article destiné à fixer par décret le prix de 100 produits de première nécessité dans les DOM. Un tel interventionnisme vous semble t-il nécessaire ?
Yves Jégo : Ce serait une erreur que de s'engager dans l'administration des prix. Cela reviendrait en fait à subventionner avec les impôts la grande distribution. Il faut s'engager en revanche dans un cercle vertueux de contrôle et de baisse des prix volontaire des enseignes.
France Soir : Que pensez-vous des propos d'Elie Domota et de Frédéric Lefebvre, le porte-parole de l'UMP ?
Yves Jégo : Il faut arrêter de commenter les propos de tout le monde et aider maintenant la Guadeloupe à se reconstruire. C'est notre devoir national après la crise survenue là-bas. Une crise que je ne qualifierais pas de « sociale » mais bien de crise de « société ». Aujourd'hui, il nous faut donc bâtir ensemble un nouveau modèle cela va bien au delà des phrases même les plus inacceptables des partis à ce conflit.
France Soir : En cette période de crise, la France a-t-elle encore les moyens de soutenir les Territoires d'Outre-Mer ?
Yves Jégo : Poseriez-vous la même question concernant n'importe quel autre département français ? L'Outre-Mer est une immense chance pour la France. En période de crise, cette France des trois océans est une immense chance. Nous devons donc soutenir sa croissance par l'activité et le travail, c'est un des enjeux du texte qui arrive au Sénat.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 10 mars 2009