Déclaration de M. Bernard Laporte, secrétaire d'Etat aux sports, sur les femmes et le sport, la pratique sportive féminine et la féminisation du sport, Paris le 8 mars 2009.

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Circonstance : Remise des prix Femmes et sport 2008 à Paris le 8 mars 2009

Texte intégral


Cher Jean-Paul,
Chère Anne-Caroline,
Mesdames, messieurs,
Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui, en cette Journée internationale de la femme, pour participer à la remise des prix du concours « Sport et femmes » organisé par le CNOSF et le ministère des Sports.
Cette remise des prix est pour moi un des ces moments privilégiés qui permet de mettre en avant et valoriser des actions de terrain exemplaires sans lesquelles le sport n'est rien.
J'en profite pour saluer à ce titre le travail formidable du pôle ressources national « Sport, familles et pratiques féminines » qui, comme chaque année, s'est investi avec beaucoup d'énergie pour faire de cet évènement une grande réussite.
Mais cette remise des prix est aussi l'occasion de revenir sur cet effort de longue haleine qu'est la féminisation du sport français.
Autant le dire tout de suite : la vérité est que nous sommes encore loin du compte en matière de parité hommes - femmes.
La pratique sportive féminine, même si elle a remarquablement progressé depuis 40 ans, reste en effet largement en retrait par rapport à celle des hommes. Les femmes ne représentent ainsi toujours qu'un tiers seulement des licenciés dans les fédérations sportives.
Cette sous-représentation se retrouve également dans les postes d'encadrement technique avec seulement 10% de femmes parmi les entraineurs nationaux et 7% de femmes occupant des postes de DTN.
Et plus on progresse dans la hiérarchie des postes à responsabilité, moins les femmes sont présentes : seulement sept d'entre elles occupent ainsi la présidence d'une fédération sportive.
Le moins que l'on puisse dire, donc, est que nous avons encore beaucoup de progrès à faire.
Cette situation n'est d'ailleurs probablement pas sans conséquence sur nos résultats internationaux. Comment ne pas penser en effet que notre retard dans la pratique sportive féminine de tous les jours n'a pas d'effet sur les performances françaises au plus haut niveau ? C'est une question qui, je crois, mérite d'être posée alors que nos athlètes féminines n'ont remporté que sept médailles aux Jeux olympiques de Pékin
Mais il existe aussi des raisons d'espérer.
J'étais récemment en déplacement à Orléans, dans le quartier de l'Argonne, un quartier difficile, où l'association ASELQO fait un travail formidable auprès des jeunes, notamment grâce au sport. Une jeune animatrice m'a expliqué qu'elle allait chercher les jeunes filles, une par une, en bas des HLM, pour leur parler, leur expliquer ce que le sport pouvait leur apporter, les faire venir à l'association une première fois pour essayer, les faire revenir une seconde fois...
Ce travail long, exigeant, difficile que cette jeune animatrice entreprend au quotidien dans son quartier pour le sport féminin, c'est exactement ce que doit faire le ministère des Sports au niveau national, avec le même enthousiasme et la même générosité.
En 2008, nous avons ainsi donné 12,7 Meuros pour des initiatives spécifiquement dédiées au développement de la pratique sportive féminine.
Cet effort doit encore être intensifié et mis en oeuvre à tous les niveaux du monde sportif. Il faut plus de femmes sur les terrains, mais aussi plus de femmes arbitres, plus de femmes cadres techniques, plus de femmes à la direction des fédérations, pour que l'ensemble du mouvement sportif ressemble davantage à la société française.
C'est pourquoi j'ai annoncé, à l'occasion du lancement de la réforme du sport du haut niveau, l'instauration d'une Charte de la parité et de la diversité dans le monde du sport, qui facilitera notamment l'accès des femmes aux postes de responsabilité.
C'est une condition indispensable pour que le sport féminin se développe à son juste niveau, mais aussi, plus globalement, pour que la France soit l'une des toutes premières nations sportives au monde.
Comment en effet le sport français pourrait-il continuer à se passer de tant compétences et de talents féminins sans en subir les conséquences ?
La route est encore longue, mais j'ai bon espoir quand je vois des initiatives comme celles que le concours « Sport et femmes » récompense aujourd'hui.
Ce que fait la Fédération française de basketball, l'association sportive Joliot-Curie de Romilly, l'association Olympique Lille-Sud ou le Stade toulousain Baseball est à la fois emblématique des efforts conduits par tant de femmes à travers la France pour faire aimer leur sport et un exemple à suivre pour nous tous.
Mes plus sincères félicitations pour chacune des lauréates !
Et surtout merci pour le travail que vous accomplissez chaque jour pour le sport français.
Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 13 mars 2009