Texte intégral
R. Duchemin.- « La question du jour », on la pose ce matin au Haut commissaire aux Solidarités actives et à la Jeunesse. Bonjour M. Hirsch.
Bonjour.
Merci d'être avec nous ce matin, en direct, sur France Info, avec peut-être une première question, elle concerne un sondage paru ce matin, sondage CSA, dans Le Parisien, qui dit que les Français souhaitent que N. Sarkozy réoriente son action en fonction des demandes des syndicats. Alors, certes, c'est un sondage, ça n'est pas ce qui dicte, évidemment, la ligne du Gouvernement, mais c'est quand même une donnée non négligeable, 60 % c'est quand même beaucoup. Est-ce que vous allez en tenir compte avant les négociations, c'est-à-dire avant le 18 février ?
Ecoutez, j'ai l'impression que l'on oriente l'action en fonction de la crise et donc, d'avoir un cap qui soit assez simple, qui consiste à dire qu'il faut protéger les plus vulnérables, qu'il faut faire tout en priorité pour que les emplois ne soient pas supprimés et pouvoir réagir quand ils le sont. Que ça se fait en écoutant... 60 % des Français veulent que l'on écoute les syndicats. Là, il y a 100 % du Gouvernement, 100 % du Gouvernement ! qui écoute les syndicats. Moi, j'étais avec B. Hortefeux, C. Lagarde, il y avait un tiers du Gouvernement qui passait deux heures par syndicat, à les écouter. Donc c'est 100 % du Gouvernement à l'écoute.
Ça signifie qu'effectivement vous allez continuer à les rencontrer avant ce fameux rendez-vous du 18 février. Les entrevues ne sont pas encore terminées, il y a eu la CFTC qui évoque par exemple des pistes, la CGPME aussi. Les entretiens continuent aujourd'hui ?
La CGT, la CFDT ; tout à l'heure ça sera Force Ouvrière. Ils évoquent tous des pistes et c'est très intéressant... Ces moments se font dans... c'est un moment de gravité quand même, parce que la crise est extrêmement importante, que personne - je crois que tout le monde a en tête, presque, ça évolue, je dirais - personne ne peut rester complètement campé sur ses positions. On ne peut pas entendre... Si vous voulez, à chaque fois, le début de l'entretien, ça peut être : « Ecoutez, nous, on a déjà une plateforme ». Vous voyez, j'entendais L. Parisot hier, dire : « La situation est grave pour les entreprises, donc demandez plutôt aux autres de faire des efforts ». Je crois que personne ne peut renvoyer la balle sur les autres et c'est ça ce qui se joue en ce moment. C'est-à-dire, comment est-ce que l'on peut faire plutôt une combinaison de ce que sont les demandes dont les uns et les autres sont porteurs, pour arriver à une combinaison qui bénéficie aux Français les plus fragiles, à celles et ceux qui sont un petit peu à mi-chemin, ceux que l'on appelle les classes modestes, moyennes, et tout en disant que l'emploi est ce qui protège le mieux et donc quand l'emploi est menacé, il faut aider celles et ceux qui peuvent le perdre. Moi, je suis obsédé. On parlait des jeunes. Les jeunes sont celles et ceux qui ont le taux d'activité le plus faible, même quand ça va mal, ou même quand ça va bien, pardon, celles et ceux qui sont rarement indemnisés par le chômage, celles et ceux pour lesquels les portes de la formation sont quelquefois fermées, et sur lesquels il faut agir.
Alors, justement, c'est votre dossier, les jeunes notamment, et il y a plusieurs pistes évoquées. Par exemple la CFTC qui dit : il faut un système d'indemnisation via les contrats de transition professionnelle, ou la CGPME qui propose des mesures en faveur de tutorats, une professionnalisation aussi des parcours professionnels en dernière année universitaire. Ce sont des idées qui vont faire leur chemin, qui vont, pourquoi pas être exploitées ?
Oui, bien sûr. Moi ça m'a réjoui de voir qu'effectivement ils ont pris conscience que les jeunes ont été un tout petit peu oubliés de leur catalogue habituel de revendications et de priorités. Donc, le fait que le Gouvernement l'ait mis en tête fait que chacun ressort un petit peu de projets là-dessus. Nous donnerons suite à beaucoup de ces propositions, certaines sous forme expérimentale, et puis d'autres, nous mèneront une concertation avec tous les acteurs, et avec les jeunes, parce qu'il faut faire des choses qui répondent aux inquiétudes de ceux qui sont les premiers concernés, et oui, c'est des choses sur lesquelles on pourra agir vite, y compris sur des pistes qui ne sont pas complètement mûres, pour pouvoir le faire sous forme expérimentale, pour voir si ça produit bien les effets que les jeunes attendent, ils en ont besoin.
On a entendu, effectivement, lors de l'intervention télévisée de N. Sarkozy, la semaine dernière, qu'il fallait absolument agir en direction des jeunes. Pourquoi pas - je crois qu'on l'avait d'ailleurs évoqué ici même, M. Hirsch - un RSA jeunes, spécial ?
Ça ne sera pas le RSA tel qu'il est fait, tout le monde en convient, parce que le R... Il ne faut pas sortir du système scolaire pour rentrer dans le revenu de solidarité active, donc ça sera autre chose, avec B. Hortefeux et C. Lagarde, c'est des sujets sur lesquels on a entendu ce que les syndicats avaient à nous dire. Donc on inventera autre chose, on travaillera à marche forcée pour trouver le plus rapidement quelque chose qui permette aux jeunes d'accéder à l'autonomie, emploi, revenus, formation. Il y a quelque chose à faire, vite en période de crise, et puis un peu plus mûr pour répondre à un problème qui traîne depuis 20 ans.
Vite en période de crise et aussi en période de problèmes de dialogue social avec les jeunes notamment, puisqu'ils viennent de rejoindre les enseignants chercheurs dans la rue. Je crois que vous avez rendez-vous cet après midi avec V. Pécresse...
Oui, cet après midi.
... et les syndicats enseignants. Qu'est-ce que vous pouvez...
Les syndicats étudiants.
Les syndicats étudiants. Qu'est-ce que vous pouvez leur dire pour leur apporter, comme dirait V. Pécresse, des preuves d'amour ?
Oh, je ne sais pas si on va parler d'amour, on va parler concret, on va parler projets. Je pense qu'on n'a pas de difficultés à dialoguer avec eux. Je pense qu'il y aura un rappel de ce qui a été fait jusqu'à présent sur l'amélioration des bourses, qui concernent les plus modestes d'entre eux.
Le logement, aussi.
Il y aura des demandes de leur part en matière, effectivement, de logement, d'amélioration de leur situation, et à l'université et dans leur cadre de vie. Il y a des tas de choses que l'on peut faire. Moi, il y a une chose par exemple, si vous m'accordez 30 secondes, parce qu'il y a beaucoup d'étudiants qui sont coincés, qui sont obligés de travailler à plein temps, non pas pour se payer un voyage en Inde avec leur 2CV, comme de notre temps, mais pour pouvoir vivre, pour pouvoir se nourrir. Est-ce que l'on peut faire en sorte que celles et ceux qui travaillent un tout petit temps partiel, voient leurs revenus bonifiés par l'Etat, pour qu'effectivement ça leur rapporte autant que s'ils travaillaient à plein temps, mais qu'ils puissent consacrer le temps qu'ils n'ont pas à travailler, dans un fast-food, dans un petit boulot, dans la bibliothèque de l'université, consacrer ce temps-là à leurs études ? Donc, ça, c'est des choses tout à fait concrètes que l'on mettra sur la table.
Et vous pensez que ça peut suffire à calmer la grogne qui monte chez les étudiants en ce moment ? On a vu que le dialogue avec V. Pécresse se passait assez mal. Vous avez le sentiment qu'il faut par exemple qu'elle revienne en arrière sur sa réforme, comme l'a fait X. Darcos, c'était un peu aussi pour ça que vous aviez été nommé ?
Non, moi je n'y suis pas allé pour faire des marches arrière, j'y suis allé pour faire des marches avant et quelque fois des marches accélérées. Donc, je n'ai pas de marche arrière tellement sur mon logiciel et je ne crois pas, enfin, je ne sais pas... On les a vues, les organisations étudiantes, il y a 15 jours, avec le président de la République et V. Pécresse, où ils nous ont dit : « Il faut ouvrir le chantier de la vie étudiante ». On se retrouve 15 jours après...
On les voit aussi dans la rue, l'UNEF notamment.
Mais oui, mais ils peuvent être dans la rue, dans les bureaux, etc. Moi, ce qui m'intéresse, je pense que tout le monde convient qu'effectivement il y a des efforts à faire de différentes parts et je crois qu'on va les faire. Il n'y a pas à dramatiser la situation, il y a un dialogue qui est tout à fait ouvert, ils ont des propositions intéressantes sur la table et je pense que l'on aura des réponses intéressantes.
Deux petites questions pour terminer. L'opposition assure que les ministres sont flanqués, aujourd'hui, de médiateurs. Vous, vous avez ce sentiment-là, aussi, puisque c'est le cas de V. Pécresse, c'est le cas d'Y. Jégo qui est en Martinique, en Guadeloupe ?
Je ne sais pas, je trouve que la médiation c'est un bon système. Je préfère la médiation que les murs, les trous, le silence, etc. Je trouve ça utile d'avoir des gens qui peuvent être un peu neutres. C. Bazy- Malaurie, par exemple, c'est une femme formidable. Moi, j'ai travaillé avec elle comme... Je lui avais demandé il y a des années d'être médiatrice sur les questions de transfusion sanguine. Voilà, c'est une femme qui sait parler aux uns et aux autres, c'est très utile.
M. Hirsch, Total vient d'annoncer un bénéfice record en hausse de 14 % pour l'année 2008, 14 milliards d'euros de bénéfices, ça vous inspire quoi ?
Ça m'inspire que je pense qu'ils ne peuvent pas faire comme les autres années. Quand je disais que l'on demande à chacun d'adapter son comportement à la situation de crise, moi, ma porte est ouverte à C. de Margerie, pour discuter sur... Il y a des entreprises, Danone, par exemple, est en train de réfléchir en disant : « Sur mon profit, est-ce qu'on n'a pas une par que j'affecte à des tâches d'intérêt général ? » Il ne peut pas y avoir que l'Etat, que les syndicats, que les gens en difficultés, qui adaptent leur comportement en période de crise. Donc, je pense que Total peut, sans perdre la confiance de ses actionnaires, pouvoir investir dans des systèmes d'intérêt général, qui créent de l'emploi. Voilà, il y a un moment où ils cherchent à se diversifier, ils cherchent à... Ils disent qu'ils préparent de l'argent pour des investissements, pourquoi ces investissements ça ne serait pas maintenant, et que ça ne se chiffrerait pas en créations d'emploi ? Donc, 14 milliards, combien d'emplois supplémentaires ça peut faire dans des activités ? Et je trouve que ce n'est pas grossier de mettre les pieds dans le plat, comme ça, sur ce sujet-là. Ce n'est pas de l'anticapitalisme primaire, c'est simplement : la crise arrive, tous, tous, tous on adapte nos comportements et nos moyens, et quand on a de gros moyens, à cette capacité-là, c'est ça l'intérêt vital de nos sociétés.
Et on attend donc ce matin la réponse de Total à votre proposition. Merci M. Hirsch d'avoir été en direct, avec nous, sur France Info.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 février 2009
Bonjour.
Merci d'être avec nous ce matin, en direct, sur France Info, avec peut-être une première question, elle concerne un sondage paru ce matin, sondage CSA, dans Le Parisien, qui dit que les Français souhaitent que N. Sarkozy réoriente son action en fonction des demandes des syndicats. Alors, certes, c'est un sondage, ça n'est pas ce qui dicte, évidemment, la ligne du Gouvernement, mais c'est quand même une donnée non négligeable, 60 % c'est quand même beaucoup. Est-ce que vous allez en tenir compte avant les négociations, c'est-à-dire avant le 18 février ?
Ecoutez, j'ai l'impression que l'on oriente l'action en fonction de la crise et donc, d'avoir un cap qui soit assez simple, qui consiste à dire qu'il faut protéger les plus vulnérables, qu'il faut faire tout en priorité pour que les emplois ne soient pas supprimés et pouvoir réagir quand ils le sont. Que ça se fait en écoutant... 60 % des Français veulent que l'on écoute les syndicats. Là, il y a 100 % du Gouvernement, 100 % du Gouvernement ! qui écoute les syndicats. Moi, j'étais avec B. Hortefeux, C. Lagarde, il y avait un tiers du Gouvernement qui passait deux heures par syndicat, à les écouter. Donc c'est 100 % du Gouvernement à l'écoute.
Ça signifie qu'effectivement vous allez continuer à les rencontrer avant ce fameux rendez-vous du 18 février. Les entrevues ne sont pas encore terminées, il y a eu la CFTC qui évoque par exemple des pistes, la CGPME aussi. Les entretiens continuent aujourd'hui ?
La CGT, la CFDT ; tout à l'heure ça sera Force Ouvrière. Ils évoquent tous des pistes et c'est très intéressant... Ces moments se font dans... c'est un moment de gravité quand même, parce que la crise est extrêmement importante, que personne - je crois que tout le monde a en tête, presque, ça évolue, je dirais - personne ne peut rester complètement campé sur ses positions. On ne peut pas entendre... Si vous voulez, à chaque fois, le début de l'entretien, ça peut être : « Ecoutez, nous, on a déjà une plateforme ». Vous voyez, j'entendais L. Parisot hier, dire : « La situation est grave pour les entreprises, donc demandez plutôt aux autres de faire des efforts ». Je crois que personne ne peut renvoyer la balle sur les autres et c'est ça ce qui se joue en ce moment. C'est-à-dire, comment est-ce que l'on peut faire plutôt une combinaison de ce que sont les demandes dont les uns et les autres sont porteurs, pour arriver à une combinaison qui bénéficie aux Français les plus fragiles, à celles et ceux qui sont un petit peu à mi-chemin, ceux que l'on appelle les classes modestes, moyennes, et tout en disant que l'emploi est ce qui protège le mieux et donc quand l'emploi est menacé, il faut aider celles et ceux qui peuvent le perdre. Moi, je suis obsédé. On parlait des jeunes. Les jeunes sont celles et ceux qui ont le taux d'activité le plus faible, même quand ça va mal, ou même quand ça va bien, pardon, celles et ceux qui sont rarement indemnisés par le chômage, celles et ceux pour lesquels les portes de la formation sont quelquefois fermées, et sur lesquels il faut agir.
Alors, justement, c'est votre dossier, les jeunes notamment, et il y a plusieurs pistes évoquées. Par exemple la CFTC qui dit : il faut un système d'indemnisation via les contrats de transition professionnelle, ou la CGPME qui propose des mesures en faveur de tutorats, une professionnalisation aussi des parcours professionnels en dernière année universitaire. Ce sont des idées qui vont faire leur chemin, qui vont, pourquoi pas être exploitées ?
Oui, bien sûr. Moi ça m'a réjoui de voir qu'effectivement ils ont pris conscience que les jeunes ont été un tout petit peu oubliés de leur catalogue habituel de revendications et de priorités. Donc, le fait que le Gouvernement l'ait mis en tête fait que chacun ressort un petit peu de projets là-dessus. Nous donnerons suite à beaucoup de ces propositions, certaines sous forme expérimentale, et puis d'autres, nous mèneront une concertation avec tous les acteurs, et avec les jeunes, parce qu'il faut faire des choses qui répondent aux inquiétudes de ceux qui sont les premiers concernés, et oui, c'est des choses sur lesquelles on pourra agir vite, y compris sur des pistes qui ne sont pas complètement mûres, pour pouvoir le faire sous forme expérimentale, pour voir si ça produit bien les effets que les jeunes attendent, ils en ont besoin.
On a entendu, effectivement, lors de l'intervention télévisée de N. Sarkozy, la semaine dernière, qu'il fallait absolument agir en direction des jeunes. Pourquoi pas - je crois qu'on l'avait d'ailleurs évoqué ici même, M. Hirsch - un RSA jeunes, spécial ?
Ça ne sera pas le RSA tel qu'il est fait, tout le monde en convient, parce que le R... Il ne faut pas sortir du système scolaire pour rentrer dans le revenu de solidarité active, donc ça sera autre chose, avec B. Hortefeux et C. Lagarde, c'est des sujets sur lesquels on a entendu ce que les syndicats avaient à nous dire. Donc on inventera autre chose, on travaillera à marche forcée pour trouver le plus rapidement quelque chose qui permette aux jeunes d'accéder à l'autonomie, emploi, revenus, formation. Il y a quelque chose à faire, vite en période de crise, et puis un peu plus mûr pour répondre à un problème qui traîne depuis 20 ans.
Vite en période de crise et aussi en période de problèmes de dialogue social avec les jeunes notamment, puisqu'ils viennent de rejoindre les enseignants chercheurs dans la rue. Je crois que vous avez rendez-vous cet après midi avec V. Pécresse...
Oui, cet après midi.
... et les syndicats enseignants. Qu'est-ce que vous pouvez...
Les syndicats étudiants.
Les syndicats étudiants. Qu'est-ce que vous pouvez leur dire pour leur apporter, comme dirait V. Pécresse, des preuves d'amour ?
Oh, je ne sais pas si on va parler d'amour, on va parler concret, on va parler projets. Je pense qu'on n'a pas de difficultés à dialoguer avec eux. Je pense qu'il y aura un rappel de ce qui a été fait jusqu'à présent sur l'amélioration des bourses, qui concernent les plus modestes d'entre eux.
Le logement, aussi.
Il y aura des demandes de leur part en matière, effectivement, de logement, d'amélioration de leur situation, et à l'université et dans leur cadre de vie. Il y a des tas de choses que l'on peut faire. Moi, il y a une chose par exemple, si vous m'accordez 30 secondes, parce qu'il y a beaucoup d'étudiants qui sont coincés, qui sont obligés de travailler à plein temps, non pas pour se payer un voyage en Inde avec leur 2CV, comme de notre temps, mais pour pouvoir vivre, pour pouvoir se nourrir. Est-ce que l'on peut faire en sorte que celles et ceux qui travaillent un tout petit temps partiel, voient leurs revenus bonifiés par l'Etat, pour qu'effectivement ça leur rapporte autant que s'ils travaillaient à plein temps, mais qu'ils puissent consacrer le temps qu'ils n'ont pas à travailler, dans un fast-food, dans un petit boulot, dans la bibliothèque de l'université, consacrer ce temps-là à leurs études ? Donc, ça, c'est des choses tout à fait concrètes que l'on mettra sur la table.
Et vous pensez que ça peut suffire à calmer la grogne qui monte chez les étudiants en ce moment ? On a vu que le dialogue avec V. Pécresse se passait assez mal. Vous avez le sentiment qu'il faut par exemple qu'elle revienne en arrière sur sa réforme, comme l'a fait X. Darcos, c'était un peu aussi pour ça que vous aviez été nommé ?
Non, moi je n'y suis pas allé pour faire des marches arrière, j'y suis allé pour faire des marches avant et quelque fois des marches accélérées. Donc, je n'ai pas de marche arrière tellement sur mon logiciel et je ne crois pas, enfin, je ne sais pas... On les a vues, les organisations étudiantes, il y a 15 jours, avec le président de la République et V. Pécresse, où ils nous ont dit : « Il faut ouvrir le chantier de la vie étudiante ». On se retrouve 15 jours après...
On les voit aussi dans la rue, l'UNEF notamment.
Mais oui, mais ils peuvent être dans la rue, dans les bureaux, etc. Moi, ce qui m'intéresse, je pense que tout le monde convient qu'effectivement il y a des efforts à faire de différentes parts et je crois qu'on va les faire. Il n'y a pas à dramatiser la situation, il y a un dialogue qui est tout à fait ouvert, ils ont des propositions intéressantes sur la table et je pense que l'on aura des réponses intéressantes.
Deux petites questions pour terminer. L'opposition assure que les ministres sont flanqués, aujourd'hui, de médiateurs. Vous, vous avez ce sentiment-là, aussi, puisque c'est le cas de V. Pécresse, c'est le cas d'Y. Jégo qui est en Martinique, en Guadeloupe ?
Je ne sais pas, je trouve que la médiation c'est un bon système. Je préfère la médiation que les murs, les trous, le silence, etc. Je trouve ça utile d'avoir des gens qui peuvent être un peu neutres. C. Bazy- Malaurie, par exemple, c'est une femme formidable. Moi, j'ai travaillé avec elle comme... Je lui avais demandé il y a des années d'être médiatrice sur les questions de transfusion sanguine. Voilà, c'est une femme qui sait parler aux uns et aux autres, c'est très utile.
M. Hirsch, Total vient d'annoncer un bénéfice record en hausse de 14 % pour l'année 2008, 14 milliards d'euros de bénéfices, ça vous inspire quoi ?
Ça m'inspire que je pense qu'ils ne peuvent pas faire comme les autres années. Quand je disais que l'on demande à chacun d'adapter son comportement à la situation de crise, moi, ma porte est ouverte à C. de Margerie, pour discuter sur... Il y a des entreprises, Danone, par exemple, est en train de réfléchir en disant : « Sur mon profit, est-ce qu'on n'a pas une par que j'affecte à des tâches d'intérêt général ? » Il ne peut pas y avoir que l'Etat, que les syndicats, que les gens en difficultés, qui adaptent leur comportement en période de crise. Donc, je pense que Total peut, sans perdre la confiance de ses actionnaires, pouvoir investir dans des systèmes d'intérêt général, qui créent de l'emploi. Voilà, il y a un moment où ils cherchent à se diversifier, ils cherchent à... Ils disent qu'ils préparent de l'argent pour des investissements, pourquoi ces investissements ça ne serait pas maintenant, et que ça ne se chiffrerait pas en créations d'emploi ? Donc, 14 milliards, combien d'emplois supplémentaires ça peut faire dans des activités ? Et je trouve que ce n'est pas grossier de mettre les pieds dans le plat, comme ça, sur ce sujet-là. Ce n'est pas de l'anticapitalisme primaire, c'est simplement : la crise arrive, tous, tous, tous on adapte nos comportements et nos moyens, et quand on a de gros moyens, à cette capacité-là, c'est ça l'intérêt vital de nos sociétés.
Et on attend donc ce matin la réponse de Total à votre proposition. Merci M. Hirsch d'avoir été en direct, avec nous, sur France Info.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 février 2009