Texte intégral
Ce que nous avons fait, nous l'avons fait ensemble pour que l'EUFOR travaille, depuis un an maintenant, auprès des populations déplacées. La cérémonie prévue demain, à laquelle va participer le ministre des Affaires étrangères du Tchad, est très importante. Nous allons remettre le drapeau de l'EUFOR aux représentants des Nations unies. Je me souviens que c'était ici, sur ces marches, que le président de la République tchadienne a accepté, il y a environ un an et demi, que cette opération ait lieu alors qu'il s'agissait d'un déploiement de forces étrangères sur son territoire.
La discussion n'a pas seulement porté sur l'EUFOR. Je viens d'apprendre que l'idée que nous avions eue avec le gouverneur de Goz Beida a été mise en pratique. Il s'agit de regrouper les personnes déplacées des petits villages qui sont très proches de la frontière, qui ne veulent pas revenir parce qu'ils pensent que la situation est dangereuse, dans les endroits où il y a de l'eau. C'est une très bonne idée à laquelle participera l'Agence française de Développement. Je pense que de nombreuses personnes déplacées vont retrouver une vie normale, même dans des endroits réputés dangereux. C'est ce qu'a fait l'EUFOR mais ce n'est pas fini. C'est maintenant la MINURCAT, c'est-à-dire la Force des Nations unies, qui va prendre sa place dans l'EUFOR, plus largement encore puisqu'ils sont plus nombreux. Dix sept pays participent à cette Force européenne, dont des soldats français en particulier, pour protéger et sécuriser les populations mais pas la frontière ni la situation politique. C'est pour cela qu'il faudra trouver une solution pour que la situation politique puisse se rétablir.
Q - Quel est le soutien de la France concernant le dialogue inter-tchadien ?
R - Nous avons vu le comité de suivi. Je crois que les choses avancent. Il y a un problème juridique qui se pose pour lequel, les uns et les autres nous ont demandés - l'opposition et la majorité - une expertise. J'espère que cette expertise sera fournie. En tout cas, le représentant de l'Organisation internationale de la Francophonie a promis que ce sera fait mercredi ou jeudi. Il y aura deux experts, je crois que ce sera très équilibré, lesquels se prononceront sur les points juridiques à partir desquels il fera puisque, tout cela, c'est la mise en place des accords du mois d'août dont vous vous souvenez, n'est-ce pas ! C'est très important et les Tchadiens tiennent à cela.
Ensuite, il y aura un comité électoral national indépendant qui sera mis en place et une date des élections que le président pense pouvoir tenir - du moins il le souhaite - avant l'année 2010. Ce serait très bien et il faut que tout le monde soit d'accord. J'ai vu l'accord se dessiner. Je crois vraiment que tout le monde est d'accord dans le domaine ... et c'est une très bonne nouvelle.
Q - Médecins sans frontières confirme la libération des trois otages au Soudan. Pouvez-vous également nous confirmer cette information ?
R - Cela a été confirmé hier soir. Je ne veux pas être trop optimiste, mais je pense en effet que les trois otages sont libérés.
Q - Pouvez-vous, Monsieur le Ministre, nous dire quelle est votre impression après la décision du président Déby de vous décerner la médaille de l'Ordre national tchadien ?
R - Je n'y suis pas encore habitué, je découvre. C'est une très belle distinction que l'Ordre national tchadien. Néanmoins, c'est une récompense qui ne s'adressera pas à moi, mais à la position de la France, à son soutien dans des moments difficiles et au fait, surtout, que l'EUFOR a été créée comme un geste européen.
Q - C'est aussi un geste français ?
R - C'est un très bon exemple de ce que nous devons en faire : une Europe unie, une Europe de dix sept pays et vous verrez, il y en aura encore plus puisqu'il y en a vingt sept. Il y a maintenant, c'est assez surprenant et très encourageants, des pays qui n'avaient pas participé et qui souhaitent le faire à présent. Je prends cela comme une récompense européenne décernée à la ténacité française mais c'est une récompense pour l'Europe.
Q - N'est-ce pas le plus mauvais moment de passer le témoin, sachant ce qui se passe ou ce qui semble se profiler au Soudan en ce moment ?
R - Vous savez, ce n'est jamais le bon moment. Entre le Soudan et le Tchad, il y a des épisodes successifs. On attendait - et nous attendons - toujours une position équilibrée et une perspective de paix.
Nous avions dit un an, nous l'avons fait. S'il n'y avait pas la Force des Nations unies, je répondrais que ce n'est pas le moment mais je crois que les Forces des Nations unies - qui étaient d'ailleurs depuis longtemps attendues - depuis plus d'un an, elles sont là maintenant. C'est normal, nous avons dit six mois renouvelables. Nous avons renouvelé ce mandat et maintenant il faut passer le témoin. Il y a des centaines de soldats qui vont participer à la force des Nations unies. Il n'y aura donc pas de vide.
Q - (Concernant la situation des ONG à la frontière entre le Tchad et le Soudan)
R - On a toujours des critiques mais je veux souligner qu'il n'y a pas eu de mouvement Janjawid ni d'attaques violentes et massives depuis que l'EUFOR est là.
Maintenant, que la situation soit parfaitement normalisée, qu'il n'y ait plus du tout de vols de voitures ou de menaces, hélas, nous n'en sommes pas encore là. La tâche était difficile, elle le reste.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mars 2009