Texte intégral
Je suis heureux douvrir la deuxième séquence de cette journée, consacrée à linnovation et à la recherche dans lagroalimentaire et lagro-industrie. Avec Luc Chatel Secrétaire dEtat à lIndustrie et à la Consommation, Laurent Wauquiez, Secrétaire dEtat à lEmploi et Hubert Falco Secretaire dEtat à lAménagement du Territoire, nous avons voulu afficher aujourdhui nos ambitions pour l'agroalimentaire et l'agro-industrie.
Je souhaite la bienvenue à tous ceux qui se sont engagés dans ce projet et qui sont là aujourdhui : nos parlementaires, le Député Jean-Claude Flory et le Sénateur Alain Chatillon, les chefs dentreprise, Jean François Dehecq Président de Sanofi-Aventis, Pierre Pringuet Directeur général de Pernod-Ricard, Marc Roquette, Jean-Michel Soufflet, Xavier Beulin, Yves Bayon de Noyer, vous tous que je salue collectivement.
Bien sûr les Présidents de l'INRA et de l'IFREMER, les chercheurs et les enseignants comme l'ensemble des acteurs qui accompagnent les mutations de ce secteur.
Ce matin, nous avons restitué le travail des assises de l'agroalimentaire qui se sont tenues dans chaque région de France en février et mars 2009. Ces rencontres ont permis didentifier des marges de progrès pour nos entreprises dans le contexte de mondialisation et dattentes fortes des consommateurs en termes de sécurité, de goût, de santé et de bien-être et de facilité dusage.
Je le redis ici fortement : lagroalimentaire et lagro-industrie sont une chance et une force pour notre pays, dans cette période de crise économique. Une des premières industries françaises avec 16 % des actifs de lindustrie hors énergie. Une des plus solides et qui résiste le mieux à la crise. Lagroalimentaire et lagro-industrie peuvent être les boucliers de résistance de léconomie française et les piliers de sa croissance.
Pour cela, il faut que nos entreprises misent plus encore sur la formation, sur la recherche et sur linnovation.
Les Assises ont mis en évidence le rôle capital de la formation initiale et continue comme moteur pour la recherche, linnovation, le transfert, la création de valeur et demploi. Plus que jamais les enseignants et les enseignant-chercheurs ont un rôle majeur dans le développement des compétences et donc de la compétitivité de nos entreprises.
* Innover : une nécessité vitale
Les entreprises sont aujourd'hui les principaux moteurs de création de richesses dans nos territoires. Dans un secteur où l'innovation est avant tout orientée par le marché et les attentes des consommateurs, les entreprises sont au cur du processus d'innovation.
L'innovation et la recherche-développement représentent sans conteste les principaux leviers de la compétitivité des entreprises. Axée sur les procédés et les services, linnovation peut être à lorigine de gains de productivité importants. Axée sur les produits, elle peut générer de nouveaux marchés et la création de valeur.
Les innovations technologiques de rupture sont peu fréquentes dans le secteur alimentaire : les industries agroalimentaires privilégient linnovation qui sappuie sur lamélioration de produits et de procédés existants. Néanmoins l'emballage, la traçabilité, la sécurité sanitaire, l'éco-efficience, les enjeux nutritionnels et les liens entre alimentation et santé par exemple constituent autant de sources d'innovation susceptibles de générer des progrès importants pour toutes les filières.
L'emploi de la biomasse pour des usages non alimentaires a connu un développement fulgurant dans les dernières décennies et tout particulièrement depuis quelques années. La prise de conscience des enjeux climatiques et la recherche de la préservation de nos ressources non renouvelables ont ouvert la perspective de nouveaux débouchés extrêmement prometteurs.
La bio-économie sera laccélérateur de croissance de demain et les industries de transformation des produits agricoles, forestiers et halieutiques sont au cur de la bio-économie.
* Les pôles de compétitivité doivent occuper une place centrale dans notre système d'innovation
Les pôles de compétitivité constituent un axe majeur de la politique du Ministère de lagriculture et de la pêche en faveur des entreprises agro-industrielles, notamment pour renforcer linnovation et la recherche-développement.
Le ministère de l'agriculture et de la pêche assure directement le suivi de 14 pôles, mais au total ce sont 21 pôles, soit prés du tiers de l'ensemble des pôles, qui travaille sur des thématiques agricoles, agroalimentaires ou agro-industrielles.
Avec François Fillon et l'ensemble du Gouvernement, nous avons décidé de poursuivre la politique des pôles de compétitivité pour la période 2009-2011 en mettant laccent par la définition et la mise en uvre concrète de priorités stratégiques de recherche-développement, en plein accord avec la Ministre de lEnseignement supérieur et de la Recherche.
Alors que la plupart des pôles de compétitivité s'appliquent à définir leur stratégie, il est de ma responsabilité de tout mettre en uvre pour accompagner et soutenir leurs projets, consolider ou améliorer leurs plans d'action et les conditions de leur mise en uvre.
Cest pour cela que je veux vous proposer dix grandes priorités de Recherche et Développement pour lagroalimentaire et lagro-industrie.
* Annonce de dix priorités agro-industrielles de R&D
Je souhaiterais d'abord revenir sur les fondements qui ont été à l'origine de ma démarche et vous rappeler la méthode que j'ai souhaité employer.
J'ai souhaité que ces priorités thématiques soient clairement tournées vers le marché et susceptibles dajouter de la valeur à la transformation des produits agricoles et de la biomasse. Issues d'une démarche d'innovation collaborative, elles ont pour ambition le développement de projets industriels et la mise sur le marché de nouveaux produits et services créateurs de richesse.
Installé avec l'aide de Nicolas Jacquet, ancien Délégué de la DATAR, lun des pères de la politique des pôles de compétitivité, un Comité Stratégique national a accompagné l'ensemble de la démarche. Il a rassemblé des entreprises, des pôles de compétitivité, des acteurs publics de la recherche et des personnalités qualifiées.
Au cours de ses trois réunions de travail, le Comité Stratégique a cerné les principales tendances et les nouveaux espaces de marché qui sont à la portée de nos entreprises dans un délai court.
Je voudrais vous livrer la vision que j'ai tirée de ces échanges. J'ai retenu une dizaine de priorités agro-industrielles de recherche et développement en lesquelles je crois, et dont je suis convaincu qu'elles sont porteuses d'avenir pour notre industrie et pour notre économie.
Ces priorités saffichent sur les écrans derrière moi :
- Les aliments de demain répondront mieux aux attentes en matière de goût exprimées par les consommateurs et seront porteurs de bénéfices dans le domaine de la santé et du bien-être chez l'Homme.
- L'animal aura une nouvelle alimentation : mieux nourrir l'animal permettra de mieux nourrir l'Homme, l'alimentation de l'animal favorisera la santé et le bien-être de l'Homme, et préservera les ressources naturelles ainsi que lenvironnement.
- Les molécules végétales, notamment celles issues de la bioraffinerie, permettront de développer une nouvelle industrie de la chimie, pour remplacer les molécules de synthèse de la pétrochimie dans un souci de développement durable. Les matériaux issus des molécules végétales s'intégreront également dans de nouveaux process industriels pour la mise au point de nouveaux produits dans des domaines variés : bâtiment, bioplastiques, textiles techniques, etc.
- L'énergie verte, ou bioénergie, valorisera la biomasse pour produire des carburants et d'autres formes d'énergie comme alternative aux ressources d'origine fossile, dans le respect de l'usage des sols et dans une perspective de moindre impact environnemental.
- Les engrais naturels et la phytopharmacie tireront profit de la biodiversité pour protéger, guérir et faire croître les plantes avec des produits naturels et respectueux de l'environnement.
- Les sélections variétales permettront de doter notre agriculture de plantes adaptées au changement climatique, à haute valeur nutritionnelle et technologique, à fort rendement, et sobres en intrants.
- Les produits issus de la mer et de l'aquaculture seront mieux et davantage valorisés afin de répondre à la demande des consommateurs tout en préservant les ressources halieutiques.
- Le prêt à consommer permettra aux consommateurs de réaliser une cuisine simplifiée et de haute qualité afin de répondre à de nouvelles attentes et à de nouveaux modes de consommation.
- Les débouchés de la viticulture, de l'arboriculture et du maraîchage seront diversifiés pour assurer la durabilité des productions et accompagner de nouveaux modes de consommation.
- La traçabilité et l'emballage des produits alimentaires répondront aux besoins de sécurité sanitaire, de nouvelles formes de consommation, de respect de l'environnement, et aux attentes des consommateurs en matière d'information
Je souhaite que ces dix priorités rassemblent, dans un même élan, l'ensemble des filières agricoles et agro-industrielles. Toutes nos filières de production et de transformation agroalimentaires et agro-industrielles doivent être porteuses de cet avenir et de ces ambitions.
Les 10 priorités sont essentiellement axées sur des produits. Traduire cette vision d'avenir en réalité suppose le développement de process et machines industriels adaptés à leur fabrication, dans le respect de l'environnement et des hommes qui les utiliseront. La performance industrielle est un facteur essentiel et transversal de la compétitivité de nos entreprises.
* Mise en uvre des priorités ainsi définies
Les Assises de l'agroalimentaire en région ont mis en évidence la nécessité d'une mise en cohérence globale de l'ensemble des politiques publiques mises en uvre par l'État en faveur du secteur des industries agroalimentaires et des agro-industries. Ces politiques relèvent aujourd'hui de la compétence de plusieurs départements ministériels.
Je souhaite que le Ministère de l'agriculture et de la pêche se mobilise maintenant de façon déterminée pour soutenir les 10 thématiques prioritaires de R&D que j'ai définies, à travers l'affectation préférentielle de ses moyens et de ses efforts pour soutenir les projets qui s'inscrivent dans ces domaines.
Ces thématiques constitueront le socle dun engagement fort pour la compétitivité des entreprises agro-industrielles, autour desquelles se mobiliseront lensemble des forces du Ministère. En particulier, elles permettront de prioriser les interventions et les soutiens en matière de recherche et de développement du Ministère de lagriculture et de la pêche.
- J'invite les pôles de compétitivité à intégrer telle ou telle de ces priorités dans la définition de leur stratégie. Il me semble indispensable que chacune de ces 10 priorités identifie clairement un ou plusieurs pôles de compétitivité leaders qui en porte les enjeux.
- Pour chacune de ces 10 priorités, je nommerai un chef de projet dans mes services ou dans les organismes publics dont mon Ministère assure la tutelle. Il aura la responsabilité nationale de la dynamique du projet, en synergie avec les pôles de compétitivité leaders et les pôles associés.
- Je demanderai que les contrats d'objectifs, contrats-cadres ou contrats spécifiques de nos grands établissements de recherche avec l'État et les ministères de tutelle intègrent ces priorités, avec l'appui de l'agence nationale de la recherche, ainsi que pour lACTA et lACTIA.
- Je demande aux établissements d'enseignement supérieur et technique publics et privés relevant du ministère de prendre toute leur part à cette prise de responsabilité. J'invite les enseignants et leurs élèves à travailler sur ces 10 priorités d'avenir.
- Enfin, et sauf particularités liées à de grands domaines du Ministère de l'agriculture et de la pêche non couvertes par ces priorités, comme la santé animale ou le domaine équin par exemple, je souhaite que la part du Fonds Unique Interministériel financée par le Ministère de l'agriculture et de la pêche soit orientée prioritairement pour soutenir des projets collaboratifs axés sur les 10 thématiques prioritaires.
Je vous invite maintenant à débattre et à illustrer ces priorités de recherche et développement agro-industrielles.
Mais ayons à lesprit que, derrière ces priorités, cest lavenir de notre compétitivité et lavenir de notre croissance qui se jouent.
Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 27 mars 2009