Texte intégral
Monsieur le Secrétaire général,
Monsieur le Président Karzai,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Représentant spécial,
Mesdames et Messieurs,
Je souhaiterais remercier le gouvernement des Pays-Bas et particulièrement Maxime Verhagen. Je me réjouis profondément de voir la communauté internationale à nouveau réunie pour réaffirmer son engagement en faveur de l'Afghanistan. Notre présence témoigne de notre solidarité profonde et durable avec le peuple afghan et ses sacrifices.
J'attache une importance particulière à la venue des voisins de l'Afghanistan.
La France est heureuse d'avoir contribué à ce consensus, à travers les initiatives qu'elle a prises en 2008 pour aider à renouveler l'approche internationale - lors de la Conférence de Paris en juin, au cours de la réunion de l'Afghanistan et de ses voisins à La Celle Saint-Cloud en décembre ; sans oublier la réaffirmation du rôle central joué par les Nations unies.
Nous avons ensemble, défini à Paris des priorités et des engagements qui conservent, eu égard à cette stratégie globale qui est la nôtre, toute leur pertinence.
Nous sommes très heureux que le président Obama ait présenté, la semaine dernière, une stratégie convaincante plaçant toutes les ressources et toutes les énergies des Etats-Unis derrière un objectif clair et partagé. Nous saluons cette nouvelle écoute, cette nouvelle attitude, particulièrement en ce qui concerne les populations afghanes. Merci à Mme Clinton pour les mots qu'elle a prononcés.
C'est à cela que nous devons nous attacher, en précisant ce que sont nos objectifs concrets pour les prochains mois.
Je m'inscris pleinement dans la continuité des propos tenus par le représentant spécial M. Kai Eide, qui souligne les progrès obtenus et à qui je tiens à dire la reconnaissance de la France pour son action résolue et déterminée, ainsi qu'à lui réaffirmer notre soutien le plus ferme pour la poursuite de sa mission.
La France est donc pleinement déterminée à agir pour, à ses côtés, renforcer l'efficacité de notre action commune en Afghanistan. Tel est le sens de la mission que le président de la République et moi-même avons confiée au député Pierre Lellouche, présent à mes côtés, en le nommant représentant spécial de la France pour l'Afghanistan et le Pakistan.
Nous abordons la période qui vient avec résolution et détermination, et, du fait des enjeux actuels - sécurité dégradée et tensions politiques -, nous l'abordons avec gravité, mais aussi avec confiance.
Il est manifeste que l'Afghanistan est à la croisée des chemins. Pour nous donner les moyens d'un succès le plus rapide possible, nous devons redoubler d'efforts. Nous le devons aux Afghans, aux femmes et aux enfants afghans particulièrement. Nous le devons aussi à nos opinions publiques.
Comment ? En concentrant notre action sur quelques priorités :
1) accélérer la réforme de la police ;
2) favoriser le développement de l'agriculture et du secteur privé ;
3) renforcer la coordination et l'efficacité de l'aide.
Dans ces trois domaines, nous devons avoir dans quelques mois des résultats concrets. Aussi, la France entend-elle agir directement dans chacun d'eux :
- en matière de police, nous avons proposé une initiative forte pour déployer des tuteurs et des formateurs de gendarmerie, au niveau européen (Force de gendarmerie européenne). Pour notre part, nous sommes prêts et nous travaillons avec nos collègues européens.
- en matière de développement de l'agriculture et du secteur privé, nous allons renforcer très massivement notre effort civil, en faveur notamment du développement rural, et d'abord dans la zone de déploiement des troupes françaises, les provinces de Kapisa et Surobi,
- en soutenant les efforts de la MANUA, de la Banque mondiale et du gouvernement afghan pour développer une cartographie de l'aide internationale, en renforcer le contrôle. Nous devons savoir qui fait quoi et où nous le faisons afin de développer, aux yeux des Afghans, des alternatives crédibles, un choix de société fondé sur leurs propres projets.
4) préparer avec le plus grand soin les prochaines élections.
La communauté internationale y est attentive : sécurisation, financement du processus électoral. La France prend sa part à cet effort. Mais la responsabilité première du bon déroulement des élections incombe d'abord aux Afghans eux-mêmes. Ces élections seront cruciales pour la poursuite de l'oeuvre de relèvement de l'Afghanistan. Ce sont les Afghans que nous devons convaincre.
A cette fin, le président élu devra jouir d'une légitimité incontestable. Ceci impose que tant le scrutin que la campagne soient justes, transparents, équitables.
Il faut donc que soit trouvé un consensus qui permette de préserver la stabilité et la légitimité des institutions pendant la transition du pouvoir. Il y a urgence à cela.
5) oeuvrer au renforcement de la coopération régionale.
La France se réjouit de voir que, dans le prolongement de l'impulsion politique donnée à l'occasion de la réunion de La Celle Saint-Cloud, ce thème est à présent au coeur des efforts de la communauté internationale, et particulièrement des efforts récents de la diplomatie russe.
Mais en définitive, le renforcement de la coopération régionale, dont bénéficieront tant l'Afghanistan que ses voisins, doit d'abord être leur oeuvre directe. Et je pense, bien sûr, au Pakistan.
A cet égard, la France estime urgent que les autorités afghanes et les autorités pakistanaises agissent pour fixer rapidement une nouvelle date pour la tenue de la prochaine conférence d'Islamabad pour la coopération économique régionale, et travaillent de concert pour y faire adopter quelques projets concrets rapidement réalisables.
Voici, en quelques mots, les actions que la France identifie comme devant être prioritairement conduites. Elles nous permettront de répondre concrètement à cette exigence qui demeure notre ambition ultime : agir pour améliorer tangiblement et durablement les conditions de vie de la population afghane et, ainsi, répondre pleinement à son espoir légitime d'un meilleur avenir, libéré du terrorisme, libre et démocratique.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 avril 2009