Texte intégral
J.-J. Bourdin.- L. Wauquiez, secrétaire d'Etat chargé de l'emploi est avec nous ce matin. Bonjour.
Bonjour.
L'emploi, première préoccupation des Français aujourd'hui. Près de 250 000 chômeurs de plus depuis le 1er janvier, entre le 1er janvier et le 31 mars. On sera quoi ? 3 millions de chômeurs à la fin de l'année ?
C'est impossible à savoir et, aujourd'hui, ceux qui prétendent le dire regardent dans la boule de cristal. Par contre, il y a une chose dont je suis sûr, c'est qu'on a des mois qui sont durs, qu'on va continuer à en avoir au moins jusqu'à la fin de l'année et que donc pour nous ça veut dire qu'il faut être sur le pont et aller chercher toutes les idées, tous les dispositifs, toutes les actions concrètes qui peuvent nous protéger le plus possible.
Je me mets à la place de celui qui est au chômage ou celui qui craint d'être au chômage ; le Gouvernement nous parle de relance, de plan de relance depuis plusieurs semaines maintenant. Quand verrons-nous les effets du plan de relance ?
Dans mon domaine, même si c'est dur parce que je comprends bien l'auditeur qui se dit : bon, il va m'expliquer ce qu'il a fait mais moi ce que je vois, c'est les chiffres qui augmentent du nombre de demandeurs d'emploi. Aujourd'hui par exemple on a mis en place un dispositif qui est destiné à faciliter l'embauche dans les entreprises de moins de 10. Ca s'appelle zéro charge. Vous avez une entreprise de moins de 10 salariés, vous faites le pari d'embaucher, y compris dans cette crise, vous n'avez aucune charge dessus.
Aujourd'hui, dès aujourd'hui je peux le faire ? Là en ce moment ? Je vous dis ça parce qu'on annonce souvent beaucoup de mesures et entre le moment de l'annonce et le moment où la mesure est effective, de longs mois passent.
Oui, sauf que moi, sur mon champ, je n'ai pas le droit à ces longs mois parce qu'on est sur le front de l'emploi, que je suis un peu le soldat du feu sur la ligne avant et donc je n'ai pas le droit à ces longs mois. Donc ce dispositif il avait été annoncé par le président début décembre, il était applicable mi décembre et là on a déjà le retour sur les premières mesures. Cela a permis de faciliter l'équivalent de 150 000 embauches, ça c'est du concret. Grâce à ça ?
Grâce à ça. Je vais vous prendre un deuxième exemple.
On aurait eu 150 000 chômeurs de plus ?
Non,ce ne serait pas correct de ma part. Sur ces 50 000 embauches (sic), on va se dire les choses clairement, il y en a sans doute un tiers qui sont des aubaines.
50 000, pas 150 000 ?
150 000.
150 000. Donc un tiers des aubaines.
Un tiers qui ont permis à des entreprises de survivre alors qu'elles seraient allées au tapis et un tiers qui ont permis des vraies embauches qui n'auraient pas eu lieu sinon. Mais 50 000 vraies embauches et 50 000 emplois sauvés, je ne considère pas que c'est l'épaisseur du trait. Un exemple très simple, le secteur de la boulangerie en PACA, ça a permis de doper chez eux les embauches sur tout ce secteur boulangerie/pâtisserie. Deuxième exemple très concret : on s'est occupé du chômage partiel. Le chômage partiel, vous me posiez la question en décembre, c'était indemnisé à 50% du salaire brut. Quelqu'un qui était au chômage partiel, 50%. On est passé à peu près à 75% du salaire net, et aujourd'hui je signe un décret qui fait passer à 90% en moyenne du salaire net...
Aujourd'hui le décret ?
Aujourd'hui, voire 100% du salaire net pour les gens qui sont au Smic. Ce dispositif, par exemple dans la vallée de Larves en Haute-Savoie, il a permis de sauver des emplois dans les PME du décolletage. Il y a dix jours...
Je suis content que vous me parliez de la vallée de Larves parce que c'est un exemple que nous prenons sans cesse ici, à RMC. Alors, allez-y !
C'est un bon exemple parce qu'il est concret, au moins on sait de quoi on parle. Deuxième exemple : Peugeot. J'ai signé il y a deux jours avec Peugeot un engagement. Ils se sont engagés à faire de la formation plutôt que de licencier et utiliser ce dispositif d'activité partielle pour que leurs salariés soient à 100%. Ce n'est pas parfait, ce n'est pas des solutions qui sont idéales mais au moins ça nous permet, dans cette crise, d'essayer de sauver le maximum d'emplois et ça c'est maintenant.
Alors le Pôle emploi. Non, avant de parler du Pôle emploi parce que là vous avez beaucoup de choses à nous dire, je crois, sur le Pôle emploi, deux mots sur effectivement le chômage, les difficultés rencontrées par beaucoup d'entreprises. Continental. N'était-il pas irresponsable de faire croire aux salariés de Continental qu'un repreneur venu de Dubaï, je crois, allait les sauver ?
Vous savez, sur ces dossiers, j'essaie moi-même d'en suivre beaucoup, y compris dans mon département en Haute-Loire. Les repreneurs dans cette période, on n'est jamais sûr que ça va jusqu'au bout.
Donc c'était irresponsable ?
Non. La seule chose c'est qu'il faut se battre pour aller chercher ces repreneurs, les uns après les autres.
Non mais d'accord, mais quand on nous dit : il y a un repreneur, je connais un repreneur, il arrive, c'est irresponsable de le dire ?
Non, pas du tout parce qu'il y a besoin de montrer qu'on cherche, qu'on se bat, qu'on va chercher tous les repreneurs possibles. Après, dans cette période personne n'est jamais sûr qu'on va jusqu'au bout et qu'on arrive à conduire jusqu'au bout. On ne peut pas raconter d'histoires comme ça.
Donc on raconte des histoires ?
Non. Je vais prendre un autre exemple précis. Je me bats pour l'entreprise Célanèse qui est située du côté de Pau. On essaie de se battre pour trouver des repreneurs. Aujourd'hui, j'ai peut-être quelques touches, mais pour autant je ne suis pas du tout sûr que ça ira jusqu'au bout.
Donc vous n'en dites pas plus. !
Donc prudence.
Vous ne parlez pas de Dubaï, d'Abou Dhabi ou d'ailleurs ?
En tous cas pour l'instant, moi ce qui m'intéresse, c'est d'aller jusqu'au bout.
Et Molex, vous n'avez rien pour Molex ?
Molex on se bat aussi, Molex est un dossier que je suis aussi. Le Président nous a demandé de le suivre de très près. C'est un dossier qui est très difficile parce qu'il y a beaucoup d'espoirs qui ont été déçus là-bas. Et juste une parenthèse à ce sujet : un des problèmes dans cette crise c'est que quand il y a de la désespérance, elle s'exprime avec toutes les formes qu'on connaît, les séquestrations, les occupations d'usine, etc. Et ma crainte c'est que ça parfois, ça se retourne contre les salariés eux-mêmes, que ce soit une arme à double tranchant qui parfois tombe de l'autre côté, parce que dans ce climat-là, c'est beaucoup plus difficile d'aller convaincre un repreneur ou un investisseur étranger de dire : gardez-moi les emplois en France.
L. Wauquiez, justement, concernant Continental, est-ce que ceux qui ont mis à sac la sous-préfecture de Compiègne seront poursuivis ? Franchement ?
Moi ce n'est pas mon job.
Vous souhaiteriez qu'ils soient poursuivis ou pas ? Parce qu'apparemment le préfet a reçu des ordres.
La seule chose que je souhaite, moi, et c'est mon job en tant que ministre de l'Emploi, c'est de se battre le plus possible pour essayer de sauver les emplois, aller trouver les repreneurs.
Vous comprenez cette désespérance quand même ?
Oui, je le comprends cette désespérance parce que quand je suis tous les jours sur le terrain, je la vois. C'est une désespérance quasi physique. Quand vous avez peur de perdre votre emploi dans une période de crise où vous vous dites "j'ai 45 ans, si je paume mon job, je n'en retrouverai pas d'autre", évidemment qu'il y a une désespérance. Mais le message que tout le monde doit faire passer c'est : ne cédez pas à ça parce que ce n'est pas ça qui vous permettra d'en sortir. Et le travail de l'Etat c'est d'aller chercher ces repreneurs, de faire des solutions de médiation et d'être sur le pont pour montrer que l'espoir il n'est pas dans le fait de saccager la sous-préfecture, il est dans le fait d'essayer de travailler ensemble pour sauver le maximum d'emplois, même quand on est à Continental ou Molex.
Les Pôles emploi, la formation professionnelle, deux sujets que nous allons développer dans deux minutes. Il est déjà 8 heures 40. [...]
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 30 avril 2009
Bonjour.
L'emploi, première préoccupation des Français aujourd'hui. Près de 250 000 chômeurs de plus depuis le 1er janvier, entre le 1er janvier et le 31 mars. On sera quoi ? 3 millions de chômeurs à la fin de l'année ?
C'est impossible à savoir et, aujourd'hui, ceux qui prétendent le dire regardent dans la boule de cristal. Par contre, il y a une chose dont je suis sûr, c'est qu'on a des mois qui sont durs, qu'on va continuer à en avoir au moins jusqu'à la fin de l'année et que donc pour nous ça veut dire qu'il faut être sur le pont et aller chercher toutes les idées, tous les dispositifs, toutes les actions concrètes qui peuvent nous protéger le plus possible.
Je me mets à la place de celui qui est au chômage ou celui qui craint d'être au chômage ; le Gouvernement nous parle de relance, de plan de relance depuis plusieurs semaines maintenant. Quand verrons-nous les effets du plan de relance ?
Dans mon domaine, même si c'est dur parce que je comprends bien l'auditeur qui se dit : bon, il va m'expliquer ce qu'il a fait mais moi ce que je vois, c'est les chiffres qui augmentent du nombre de demandeurs d'emploi. Aujourd'hui par exemple on a mis en place un dispositif qui est destiné à faciliter l'embauche dans les entreprises de moins de 10. Ca s'appelle zéro charge. Vous avez une entreprise de moins de 10 salariés, vous faites le pari d'embaucher, y compris dans cette crise, vous n'avez aucune charge dessus.
Aujourd'hui, dès aujourd'hui je peux le faire ? Là en ce moment ? Je vous dis ça parce qu'on annonce souvent beaucoup de mesures et entre le moment de l'annonce et le moment où la mesure est effective, de longs mois passent.
Oui, sauf que moi, sur mon champ, je n'ai pas le droit à ces longs mois parce qu'on est sur le front de l'emploi, que je suis un peu le soldat du feu sur la ligne avant et donc je n'ai pas le droit à ces longs mois. Donc ce dispositif il avait été annoncé par le président début décembre, il était applicable mi décembre et là on a déjà le retour sur les premières mesures. Cela a permis de faciliter l'équivalent de 150 000 embauches, ça c'est du concret. Grâce à ça ?
Grâce à ça. Je vais vous prendre un deuxième exemple.
On aurait eu 150 000 chômeurs de plus ?
Non,ce ne serait pas correct de ma part. Sur ces 50 000 embauches (sic), on va se dire les choses clairement, il y en a sans doute un tiers qui sont des aubaines.
50 000, pas 150 000 ?
150 000.
150 000. Donc un tiers des aubaines.
Un tiers qui ont permis à des entreprises de survivre alors qu'elles seraient allées au tapis et un tiers qui ont permis des vraies embauches qui n'auraient pas eu lieu sinon. Mais 50 000 vraies embauches et 50 000 emplois sauvés, je ne considère pas que c'est l'épaisseur du trait. Un exemple très simple, le secteur de la boulangerie en PACA, ça a permis de doper chez eux les embauches sur tout ce secteur boulangerie/pâtisserie. Deuxième exemple très concret : on s'est occupé du chômage partiel. Le chômage partiel, vous me posiez la question en décembre, c'était indemnisé à 50% du salaire brut. Quelqu'un qui était au chômage partiel, 50%. On est passé à peu près à 75% du salaire net, et aujourd'hui je signe un décret qui fait passer à 90% en moyenne du salaire net...
Aujourd'hui le décret ?
Aujourd'hui, voire 100% du salaire net pour les gens qui sont au Smic. Ce dispositif, par exemple dans la vallée de Larves en Haute-Savoie, il a permis de sauver des emplois dans les PME du décolletage. Il y a dix jours...
Je suis content que vous me parliez de la vallée de Larves parce que c'est un exemple que nous prenons sans cesse ici, à RMC. Alors, allez-y !
C'est un bon exemple parce qu'il est concret, au moins on sait de quoi on parle. Deuxième exemple : Peugeot. J'ai signé il y a deux jours avec Peugeot un engagement. Ils se sont engagés à faire de la formation plutôt que de licencier et utiliser ce dispositif d'activité partielle pour que leurs salariés soient à 100%. Ce n'est pas parfait, ce n'est pas des solutions qui sont idéales mais au moins ça nous permet, dans cette crise, d'essayer de sauver le maximum d'emplois et ça c'est maintenant.
Alors le Pôle emploi. Non, avant de parler du Pôle emploi parce que là vous avez beaucoup de choses à nous dire, je crois, sur le Pôle emploi, deux mots sur effectivement le chômage, les difficultés rencontrées par beaucoup d'entreprises. Continental. N'était-il pas irresponsable de faire croire aux salariés de Continental qu'un repreneur venu de Dubaï, je crois, allait les sauver ?
Vous savez, sur ces dossiers, j'essaie moi-même d'en suivre beaucoup, y compris dans mon département en Haute-Loire. Les repreneurs dans cette période, on n'est jamais sûr que ça va jusqu'au bout.
Donc c'était irresponsable ?
Non. La seule chose c'est qu'il faut se battre pour aller chercher ces repreneurs, les uns après les autres.
Non mais d'accord, mais quand on nous dit : il y a un repreneur, je connais un repreneur, il arrive, c'est irresponsable de le dire ?
Non, pas du tout parce qu'il y a besoin de montrer qu'on cherche, qu'on se bat, qu'on va chercher tous les repreneurs possibles. Après, dans cette période personne n'est jamais sûr qu'on va jusqu'au bout et qu'on arrive à conduire jusqu'au bout. On ne peut pas raconter d'histoires comme ça.
Donc on raconte des histoires ?
Non. Je vais prendre un autre exemple précis. Je me bats pour l'entreprise Célanèse qui est située du côté de Pau. On essaie de se battre pour trouver des repreneurs. Aujourd'hui, j'ai peut-être quelques touches, mais pour autant je ne suis pas du tout sûr que ça ira jusqu'au bout.
Donc vous n'en dites pas plus. !
Donc prudence.
Vous ne parlez pas de Dubaï, d'Abou Dhabi ou d'ailleurs ?
En tous cas pour l'instant, moi ce qui m'intéresse, c'est d'aller jusqu'au bout.
Et Molex, vous n'avez rien pour Molex ?
Molex on se bat aussi, Molex est un dossier que je suis aussi. Le Président nous a demandé de le suivre de très près. C'est un dossier qui est très difficile parce qu'il y a beaucoup d'espoirs qui ont été déçus là-bas. Et juste une parenthèse à ce sujet : un des problèmes dans cette crise c'est que quand il y a de la désespérance, elle s'exprime avec toutes les formes qu'on connaît, les séquestrations, les occupations d'usine, etc. Et ma crainte c'est que ça parfois, ça se retourne contre les salariés eux-mêmes, que ce soit une arme à double tranchant qui parfois tombe de l'autre côté, parce que dans ce climat-là, c'est beaucoup plus difficile d'aller convaincre un repreneur ou un investisseur étranger de dire : gardez-moi les emplois en France.
L. Wauquiez, justement, concernant Continental, est-ce que ceux qui ont mis à sac la sous-préfecture de Compiègne seront poursuivis ? Franchement ?
Moi ce n'est pas mon job.
Vous souhaiteriez qu'ils soient poursuivis ou pas ? Parce qu'apparemment le préfet a reçu des ordres.
La seule chose que je souhaite, moi, et c'est mon job en tant que ministre de l'Emploi, c'est de se battre le plus possible pour essayer de sauver les emplois, aller trouver les repreneurs.
Vous comprenez cette désespérance quand même ?
Oui, je le comprends cette désespérance parce que quand je suis tous les jours sur le terrain, je la vois. C'est une désespérance quasi physique. Quand vous avez peur de perdre votre emploi dans une période de crise où vous vous dites "j'ai 45 ans, si je paume mon job, je n'en retrouverai pas d'autre", évidemment qu'il y a une désespérance. Mais le message que tout le monde doit faire passer c'est : ne cédez pas à ça parce que ce n'est pas ça qui vous permettra d'en sortir. Et le travail de l'Etat c'est d'aller chercher ces repreneurs, de faire des solutions de médiation et d'être sur le pont pour montrer que l'espoir il n'est pas dans le fait de saccager la sous-préfecture, il est dans le fait d'essayer de travailler ensemble pour sauver le maximum d'emplois, même quand on est à Continental ou Molex.
Les Pôles emploi, la formation professionnelle, deux sujets que nous allons développer dans deux minutes. Il est déjà 8 heures 40. [...]
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 30 avril 2009