Point de presse de Mme Laurence Parisot, présidente du MEDEF, sur l'actualité sociale et économique, notamment la réforme de la taxe professionnelle et de la formation professionnelle, Paris le 21 avril 2009.

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Texte intégral


Bonjour,
Une fois n'est pas coutume, je vais vous faire le compte rendu, non pas d'un Conseil exécutif du Medef mais de deux Conseils exécutifs du Medef. En effet, vous le savez, nous avons tenu le 6 avril un Conseil exécutif exceptionnel sur lequel je vais revenir brièvement et, ensuite, je consacrerai plus de temps au Conseil exécutif qui s'est tenu hier. A propos du Conseil d'hier, je vous ferai un point des discussions que nous avons eues sur la situation économique, la conjoncture et également, et ce sera peut-être le point le plus important, sur la situation sociale.
* Comité des Sages
Conseil exécutif exceptionnel le 6 avril. Conseil exécutif que nous avons souhaité organisé afin de prendre une position face à la lettre de Brice Hortefeux et de Christine Lagarde nous demandant de créer un Comité des Sages qui serait de charger de veiller à la rémunération des dirigeants mandataires sociaux d'entreprises qui sont amenées à faire des plans sociaux ou à engager des plans de chômage partiel significatifs.
Nous avons entendu, au cours de ce Conseil exécutif, l'analyse et la recommandation du Comité éthique du Medef, présentées par Robert Leblanc. C'est à la suite de cette présentation et à la suite de nombreux échanges et débats tout-à-fait intéressants - et qui nous ont permis au fur et à mesure des points de vue exprimés par les uns et les autres de mesurer la complexité du dossier -, que le Conseil exécutif a décidé d'approuver le principe de la création d'un Comité des Sages.
Depuis, nous travaillons avec le président de l'Afep, Jean-Martin Folz, le président du Comité éthique du Medef, Robert Leblanc, sur deux aspects importants dans la perspective de cette création. Le premier aspect c'est : quel mode de fonctionnement ? Le sujet est beaucoup plus compliqué qu'il n'y paraît de prime abord, cela mérite de la réflexion et il ne faut pas « squeezer » ce temps de réflexion. Le deuxième aspect sur lequel nous travaillons c'est la composition du comité. Je ne vous dirais rien ce matin de ce point de vue là alors que je sais que cela vous intrigue beaucoup. La seule chose que je peux vous dire, c'est que le comité sera composé vraisemblablement de cinq membres, dont un président évidemment. Je pense que nous donnerons tous ces éléments, à la fois sur la méthode de travail du comité et sur la composition et sur la nomination du président, dans le courant de la semaine prochaine.
* Conjoncture
Abordons le deuxième Conseil exécutif, celui qui s'est tenu hier. Ce que je souhaiterais, c'est vous présenter quelques éléments de conjoncture tels que nous l'analysons aujourd'hui au niveau macroéconomique. Nous avons préparé quelques charts pour illustrer mes propos. C'est important de se mettre en perspective pour bien comprendre ce qui nous arrive à tous. Quand j'entends les interrogations que tout le monde se pose : est-ce que nous sommes à un moment d'inflexion ? Est-ce qu'il y a un rebond ou simplement une reprise technique ? Y a-t-il ou non des lueurs d'espoir à l'horizon ? Je crois qu'il faut présenter quelques éléments objectifs, quelques données chiffrées pour tenter de bien répondre à ces questions. Je voudrais vous dire qu'au cours de ma dernière conférence de presse, je vous ai dit et je pense que j'ai été la première à dire qu'il y avait aujourd'hui des micros signes positifs. Mais j'insiste sur les micros signes et je voudrais les caractériser un peu plus précisément.
Premier graphique :
Si l'on revient un tout petit peu en arrière, parce qu'il faut bien comprendre ce qui nous est arrivé, je voudrais tout simplement, par ce tableau, vous montrer ce que nous avons appelé la « violente contraction des échanges mondiaux », vous voyez la chute extraordinaire des échanges mondiaux à partir du dernier trimestre de 2008. On passe d'une croissance de + 20 à une chute à - 76 %. Cet effondrement explique tout ce qui nous arrive et dit aussi l'importance décisive de l'appel des chefs d'Etat du G 20 au sommet du 2 avril à Londres à lutter contre le protectionnisme. Parce que si nous laissons le protectionnisme s'installer, il y a très peu de chances de voir ces courbes s'infléchir. Et, finalement, cet effondrement c'est comme si, quelquefois on fait des rêves ou des cauchemars où on est dans un ascenseur, on monte progressivement d'un étage à un autre et tout d'un coup l'ascenseur s'arrête et il tombe, c'est cela qui nous est arrivé. Nous étions dans une croissance régulière mondiale avec des pays qui en profitaient plus ou moins bien, parfois la France un peu moins bien que nos principaux partenaires occidentaux, mais quand même et tout d'un coup nous tombons. C'est une chute brutale. Il y a des amortisseurs et la chute n'est pas mortelle, mais elle est extraordinairement violente. Il y a d'autres indicateurs qui étayent ce tableau général.
Deuxième graphique :
Vous voyez ici l'évolution de l'activité aux Etats-Unis avec la très forte baisse fin 2008, une chute sur le dernier trimestre de - 6,2% de croissance en rythme annuel.
Troisième graphique :
Si vous regardez sur la zone euro, nous avons quelque chose de comparable. Sur la zone euro : - 6,3%
Quatrième graphique :
Et puis vous avez évidemment quelque chose de tout à fait similaire sur la France : on est à - 4,4%.
Ce que je veux simplement vous montrer, c'est les dessins d'ensemble et l'ampleur des décrochages à la fin de l'année 2008 et qui se poursuivent plus ou moins sur le premier trimestre 2009.
Tout ceci montre que nous avons à faire à quelque chose qui est, selon nous et c'est important, pas simplement conjoncturel mais structurel. C'est une rupture par son ampleur qui va modifier énormément de choses. Il est évident que les modèles économiques qui vont s'installer après ce choc seront différents de tous ceux que nous avons connus jusqu'alors. Et par exemple, il faut intégrer l'idée que nous ne retrouverons des rythmes de croissance, des capacités à créer des emplois que si nous sommes capables simultanément d'inventer des nouveaux secteurs d'activités, des nouveaux produits, des nouveaux services. Se contenter de reproduire ce qui a marché, ces 10, 15, 20 dernières années, essayer d'entretenir ce qui a marché ces 15, 20 dernières années, ne suffira pas.
Pourquoi, deuxième temps de ce que je souhaitais vous présenter ce matin, on peut dire qu'il y a des micros signes positifs ? Il y a effectivement quelques indicateurs rassurants.
Cinquième graphique :
Regardez par exemple l'évolution de l'indice boursier agrégé des 39 principales places boursières du monde. Vous voyez, c'est intéressant, le décrochage qui part de l'année 2007en réalité. Et puis vous voyez bien qu'à partir du début de 2009, nous commençons à être dans une remontée. J'insiste sur le fait que le décrochage, quand on regarde cette moyenne et le graphique sur longue période, il est vraiment significatif à partir de 2007. Ce point est très important car on entend beaucoup d'économistes, de commentateurs, certains d'entre vous, dire quelque chose qui me semble juste, à savoir que face à une crise bancaire, financière, il faut 2 ans, 3 ans pour commencer à voir d'une manière vraiment très perceptible, concrète, un retour à la normal. Toute la question est : quand a commencé la crise ? A partir de quelle période fait-on partir ces 2 à 3 ans ? Si on part de septembre 2008, la chute de Lehman Brothers, ou au contraire de l'été 2007, voire même avant l'été 2007, on a une espérance qui est à un horizon tout-à-fait différent. Nous sommes nombreux à penser que, en réalité la crise a commencé en 2007, voire tout début 2007 et je crois qu'il faut partir de cette idée pour réfléchir à l'horizon de sortie de crise.
Sixième graphique :
Il y a quelques autres micros signes rassurants qui sont à relever aujourd'hui. Je souhaite que vous prêtiez attention à cet indicateur très américain, mais en général assez significatif, du redressement du moral des promoteurs. Ce redressement a été significatif en avril.
Septième graphique :
Autre tableau qui est pertinent pour redonner un peu de baume au coeur, toujours aux Etats-Unis : l'évolution du ratio stocks sur chiffre d'affaires. Il y a une vraie évolution de la courbe. Ce ratio indique la chose suivante : les entreprises sont en train de déstocker d'une part, elles ne sont plus envahies par des surplus de stocks dont elles ne savent que faire et, d'autre part, le chiffre d'affaires a cessé de s'effondrer. Cet indicateur est rassurant et montre que, face à la chute brutale de l'ascenseur dont je parlais tout à l'heure, nous avons atteint un plancher.
Huitième graphique :
Dernier indicateur qui me semble intéressant pour rassurer sur la fin de l'effondrement que nous avons vécu, c'est le rebond des perspectives en Allemagne. Là, il y a également une évolution tout à fait significative des perspectives des industriels depuis janvier 2009 avec une évolution de la courbe.
Il faut comprendre que, à la fin de l'année 2008, sans aucun doute, le sol s'est dérobé sous les pieds de millions et de millions de chefs d'entreprise dans le monde et de millions et de millions de salariés de ces entreprises. Le sol s'est dérobé, mais on peut penser aujourd'hui qu'il y a beaucoup qui a été fait et qui va continuer à être fait pour inverser totalement la tendance terrible que nous avons malheureusement pu constater.
Je voudrais dire un mot de ce point de vue-là sur le G 20 qui s'est tenu le 2 avril à Londres. Selon nous, c'est un succès et nous, les entreprises françaises, nous sommes vraiment soulagées et tout ceci constitue pour nous des encouragements qui ne peuvent que nous aider à redéployer des perspectives favorables pour nos entreprises.
Je préciserais d'ailleurs que l'activité internationale est intense pour tout le monde car chacun a bien compris que la solution à la crise passait par une approche internationale, la plus coordonnée possible, et par une approche internationale coordonnée y compris au niveau des entreprises. C'est pourquoi, à la fin de cette semaine, je me rendrai en Italie pour un G8 patronal. Cela fait maintenant la 4ème rencontre de cette nature depuis septembre 2008 au niveau des confédérations industrielles et d'entreprises occidentales.
* Valeur ajoutée
Neuvième slide
Un mot pour terminer sur ce point de conjoncture. Un mot, en fait assez important. Car ces chiffres nous ont permis aussi d'établir un nouveau bilan du partage de la valeur ajoutée pour les entreprises françaises sur l'ensemble de l'année 2008 et comparé à l'année 2007.
Sur ce tableau, je crois que tout le monde commence à peu près à comprendre ce qu'est le partage de la valeur ajoutée, en tout cas c'est la richesse que crée l'entreprise, et dans cette richesse, il y a plusieurs éléments qui la composent, notamment la masse salariale mais aussi l'excédent de résultat, l'excédent brut d'exploitation et puis, bien sûr, le profit qui va être distribué ou pas d'ailleurs.
Ici, nous comparons la répartition de la valeur ajoutée, telle qu'elle l'a été observée par les statistiques de l'Insee en 2008 par rapport à 2007. Dans cette répartition, on voit que ce qui a progressé de 2008 sur 2007, ce sont avant tout les salaires bruts versés : 3,8 % d'augmentation d'une année sur l'autre. Les salaires chargés ont progressé de 3,5 % - on ne s'étendra pas sur ce sujet aujourd'hui. Ce qui me semble tout-à-fait important, c'est de constater que parallèlement, le résultat d'exploitation des entreprises, lui, a baissé, et le profit, avant distribution, également. Et de 2,8 %. Je crois que c'est tout simplement un élément de plus à mettre dans le dossier « partage de la valeur ajoutée ». Comme j'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion de le dire, en France, sur très longue période, nous n'avons pas à rougir, nous les entreprises françaises, sur cette répartition de la valeur ajoutée. Et si on regarde les choses sur courte période, et dans cette période difficile de crise, encore moins. Encore moins. C'est bien la masse salariale, c'est bien ce qui revient au salaire, qui a été privilégié dans cette répartition.
* Commission Cotis
J'en profite pour faire le lien avec le débat sur le partage de la valeur ajoutée et j'ai quelques éléments à vous dire, d'une manière très brève et très factuelle, sur le sujet. Vous savez que nous participons aux travaux de la commission Cotis, et je crois qu'on peut dire que l'examen des données qui est fait à l'intérieur de cette commission est intéressant et, je pense, va apporter des informations utiles à tout le monde, aux politiques et au grand public. Je crois que ces informations confirmeront évidemment ce que nous ne cessons de dire sur le sujet. J'ai une petite réserve à faire, en dépit de la qualité de ces travaux : je regrette qu'il n'ait pas pu être mis à la disposition de la commission Cotis des données qui permettent de ventiler, de distinguer les questions de valeur ajoutée, de distribution de dividendes selon la taille des entreprises. Et il est vraiment dommage que notre appareil statistique aujourd'hui en France, ne puisse pas d'une manière plus précise, étudier ce qui se passe dans les petites entreprises, dans les moyennes entreprises, les entreprises de taille intermédiaire, par rapport à ce qui se passe dans les grandes entreprises. L'inconvénient de cela, c'est que sur des problématiques comme le profit, la distribution du dividende, eh bien, évidemment, le poids des grandes entreprises écrase l'ensemble des données et ne permet pas d'avoir une appréciation, tout simplement objective de ce qui se passe dans les PME. Donc, je crois que dans le cadre de la commission Cotis, nous n'arriverons pas à obtenir beaucoup plus, mais c'est un appel pour un renforcement de l'outil statistique français de ce point de vue là.
* Groupe de travail intéressement/participation
Deux autres éléments sur ce dossier du partage de la valeur ajoutée : nous participons à la commission Cotis mais également aux débats qui se sont installés ici ou là sur le sujet. Et je vous conseille vivement d'aller regarder le débat sur internet qui a été mené à l'UMP dans le cadre des « Ateliers du changement ». Vous verrez notamment les changements les interventions du MEDEF via la présence de Jean-Charles Simon. C'est intéressant, je n'y étais pas, mais j'ai pu regarder ça hier soir, ça vaut le coup, je vous le conseille.
Et puis, également, et ça c'est important, nous avons décidé de créer un groupe de travail et j'ai confié la présidence de ce groupe de travail à Marc Veyron, le directeur des ressources humaines de Champion. La mission de ce groupe de travail est de réfléchir à toutes les optimisations, toutes les modernisations, je dirais même toutes les inventions que nous pouvons encore faire sur le champ intéressement-participation. Qu'on ne se trompe pas sur le sujet : nous avons toujours voulu faire le maximum pour encourager les entreprises, quelles qu'elles soient, à développer les outils intéressement et participation. Et je vous rappelle que nous avions lancé l'année dernière un Tour de France de l'épargne salariale, c'était bien dans l'objectif de rendre ces outils encore plus accessibles et plus largement utilisés par les entreprises. Peut-être qu'on peut faire encore plus et encore mieux et je crois savoir, d'ailleurs, que quelques idées qui pourraient être étonnantes pourraient surgir de ce groupe de travail qui rendra ces travaux d'ici fin mai. Voilà sur le partage de la valeur ajoutée.
* Taxe professionnelle
Je terminerais ce volet économique par un point d'actualité, lié à l'actualité de la semaine.
Quand nous avons de tels résultats, franchement mauvais pour les entreprises françaises, des chutes de résultat d'exploitation ou des chutes de profits de ce type, il n'est pas étonnant de voir que face au tsunami auquel nous sommes confrontés, il y ait malheureusement beaucoup, beaucoup de catastrophes et énormément de dépôts de bilan. Parce que, vous le savez, la compétitivité des entreprises françaises reste un problème majeur.
C'est pourquoi quand il y a un enjeu de ce type que nous mettons en avant depuis des années, et que face à cet enjeu, le gouvernement annonce une réforme majeure de la taxe professionnelle, nous ne pouvons qu'applaudir des deux mains. C'est très important et nous sommes, je dirais, plein d'espoir face aux annonces qui ont été faites jusqu'à présent. Nous avons toujours souligné le caractère pénalisant de la taxe professionnelle pour les entreprises françaises, d'autant plus que, je crois que tout le monde l'a compris, c'est un impôt qui n'a aucun équivalent à l'étranger. Donc, le projet de réduction qui est envisagé, et un projet de réduction importante, est quelque chose qui à soutenir et à encourager.
Alors, il nous semble que pour qu'une telle réforme puisse être réussie, il y a un certain nombre de principes à respecter. A respecter, à instaurer, à installer. Quels sont ces principes ?
Le premier, c'est qu'il faut qu'il y ait un rétablissement d'un lien absolu entre l'évolution des taux des impôts locaux supportés par les entreprises et ceux supportés par les ménages. Ce lien entre les taux est essentiel. Dis comme cela, ça apparait comme très technique. Mais je peux le dire d'une manière, je pense, un peu plus littéraire et plus compréhensible : vous comprenez qu'à partir du moment où il n'y a aucun lien - nous ne demandons pas à ce que les taux soient les mêmes, mais qu'il y ait un lien - parce qu'à partir du moment où il n'y a aucun lien, évidemment, toute collectivité locale qui, pour une raison ou une autre, a besoin d'augmenter sa fiscalité, ne va jouer que sur la fiscalité des entreprises, parce que la caractéristique des entreprises, c'est qu'elle ne mettent pas de bulletin dans l'urne au moment des élections municipales ou cantonales. Et il faut absolument responsabiliser les acteurs et cette responsabilisation passe par la liaison des taux. C'est quelque chose qui a existé dans le passé, cette liaison des taux, et qui a été supprimé en 2003. Je crois que ça a été une erreur et il conviendrait de la corriger.
Le deuxième principe qui serait important pour l'efficacité d'une réforme sur la taxe professionnelle, c'est qu'il y ait bien une spécialisation de ce qui resterait de cet impôt, de l'impôt économique local au profit d'un seul échelon de la collectivité. En clair : s'il n'y a pas une totale suppression de la taxe professionnelle, s'il s'agit simplement d'une suppression partielle, forte mais partielle, il faut absolument que l'impôt qui resterait soit attaché à une collectivité en particulier. Car c'est ce lien aussi entre l'entreprise et un échelon clairement identifié qui est important pour et le développement économique et le partenariat local et la responsabilisation de l'ensemble des acteurs.
Troisième principe essentiel : à l'occasion de cette réforme, il ne doit pas y avoir de transfert du poids de ce qui reste de l'impôt entre secteurs d'activités ou entre entreprises. Et nous, nous pensons que la réforme peut se faire sans transfert. Et nous disons : elle doit se faire sans transfert. C'est absolument indispensable.
Quatrième principe : nous pensons également que cet allègement important, cette réduction importante de la taxe professionnelle, doit se faire sans être compensée par de nouveaux impôts. Il faut arrêter de raisonner par vases communicants. La technique du vase communicant égale la technique du cercle vicieux. On ne s'en sort pas. Alors, comment faire un allègement de la taxe professionnelle sans compensation par de nouveaux impôts ? Je pense d'abord qu'il faut se donner un temps de mise en place. Un horizon de trois ans nous semble correct. Et par ailleurs, il faut demander aux collectivités locales de travailler sur des gains de productivité, sur une optimisation de leur gestion d'un certain type de dépenses, je pense notamment aux dépenses de fonctionnement. Je crois qu'il serait maladroit de toucher aux dépenses d'investissement. Mais nous sommes convaincus qu'il y a des marges de productivité et d'amélioration de gestion tout à fait importantes, et ceci d'ailleurs pour les collectivités locales comme pour les administrations déconcentrées de l'Etat. C'est d'ailleurs bien l'esprit de la RGPP, de la revue générale des politiques publiques.
Et puis, dernier principe : il est important que, même si ce n'est donc pas une suppression totale, mais une réduction assez forte, que cette réduction soit néanmoins capée, c'est-à-dire qu'il y ait un plafond. Et si on pouvait faire en sorte que le plancher rejoigne le plafond, ça a l'air un petit peu bizarre dit comme ça, mais je crois que ce serait la meilleure formule.
Voilà tout ce que je pouvais vous dire sur toute la partie économique avec le lien avec le débat « valeur ajoutée » et le débat qui va s'engager et qui va être très important sur la fiscalité taxe professionnelle.
* Actualité sociale
Maintenant, abordons le chapitre social.
- Lettre du Premier ministre
C'est important, mais c'est assez simple ce que je souhaite vous dire sur la question sociale. Nous avons reçu la lettre du Premier ministre la semaine dernière et je crois que c'est une lettre qui reprend d'une manière intéressante et pertinente les réflexions et les propositions des différents partenaires sociaux que ce soit côté patronal ou côté syndical. Eh bien, il me semble - et cette lettre nous convient très bien - qu'à partir de cette lettre, nous pouvons facilement nous dire entre nous, entre partenaires sociaux, mettons-nous maintenant au travail. Et j'ai bon espoir que nous puissions nous réunir très rapidement, très prochainement entre différents responsables des organisations syndicales et patronales pour convenir ensemble d'un programme de travail. Je crois que ce que nous avons à faire tout simplement, c'est une « to-do-list » de ce qu'il faut faire et un agenda à mettre en face de cette « to-do-list ». Dans cette « to-do-list », il peut y avoir à la fois des groupes de travail pour établir des diagnostics, des groupes un peu plus élaborés pour ouvrir des vraies délibérations sociales, voire, si on considère que cela est possible, engager, sur certains sujets, des négociations.
Je pense aussi que, dans cette réunion de « to-do-list », on peut rajouter des points qui n'ont pas été évoqués dans la lettre du Premier ministre et pour lesquels nous pourrions avoir, les uns ou les autres, des idées nouvelles. Et c'est peut-être vrai, notamment pour ce qui concerne la question de l'activité des jeunes générations. Vous avez vu que nous avions nous-mêmes commencé à travailler avec FO sur le sujet. Et nous avons débloqué un certain nombre de choses assez importantes par ce travail avec FO. Je pense que l'on peut continuer sur cette voie-là pour tout ce qui concerne l'activité des jeunes. Mais d'une manière générale, je crois que ce qui doit être la ligne directrice de cette première réunion que je souhaite organiser très très vite, c'est vraiment que nous mettions toutes les idées sur la table que chacun peut avoir pour accélérer le plus possible le retour à l'emploi de ceux qui sont aujourd'hui hors du marché du travail. C'est vraiment l'emploi, l'emploi, l'emploi. C'est pour nous la priorité, c'est pour tout le monde la priorité. Et là, il y a certainement beaucoup d'idées à confronter et moi je suis persuadée qu'il y a des lieux de consensus possibles sur ce sujet. Je pense par exemple à tout ce que l'on peut dire en matière de reconversion de bassins d'emplois, tout ce que l'on peut dire aussi sur la mobilité, et puis comme je l'ai déjà dit rapidement, sur l'emploi des jeunes.
Je voudrais préciser une chose sur la question sociale : j'ai vraiment hâte qu'il y ait cette réunion. J'ai vraiment hâte, mais là j'ai bon espoir qu'elle ait lieu assez rapidement. Je pense que, d'abord, ce serait très important que nous puissions ensemble montrer, ce serait à mon avis d'une portée symbolique assez grande, que nous sommes en train et en capacité de discuter au plus haut niveau ensemble. Je pense que même pour certains conflits locaux, cela peut avoir une certaine importance.
- Formation professionnelle et assurance-chômage
Mais je voudrais dire aussi que nous n'avons pas cessé d'être actifs sur le plan social.
Vous avez vu que très récemment le Fiso a été installé. Je crois que maintenant, il faut vraiment qu'il se mette en marche, il y a quelque chose à faire. Vous savez qu'en ce moment, se prépare la retranscription dans la loi de l'accord formation professionnelle. Or cet accord comprend des dispositions spécifiques, particulièrement utiles dans la période actuelle de crise que nous traversons. Donc, là aussi, nous avons hâte que cet accord soit retranscris dans la loi, mais ceci dit, nous demandons à l'Etat de respecter l'accord des partenaires sociaux. C'est un accord à huit, c'est un accord à huit, nous avons l'ensemble des organisations patronales et syndicales représentatives qui ont signé cet accord. Si l'Etat veut continuer à encourager le dialogue social, alors, il doit respecter cet accord, ça me semble important.
Et puis, cela me semble aussi utile de le rappeler, est entré en vigueur, ça y est, c'est fait, notre accord sur l'assurance-chômage. C'est quand même une énergie considérable que nous avons mise, certains d'entre y vous, y compris les plus hautes instances du MEDEF, pour que cet accord puisse entrer en vigueur. Et je constate aujourd'hui que tout le monde est soulagé et heureux de voir cet accord entrer en vigueur tellement il ouvre de nouveaux droits supplémentaires à un public encore plus large que ce qui était le cas jusqu'à présent et « ouf », ça fait du bien, là aussi, dans cette période difficile.
Bref, il est temps d'ouvrir une deuxième grande vague de discussions et d'accords sociaux. Encore une fois, j'ai bon espoir que nous puissions entamer ceci très rapidement, peut-être même avant le 1er Mai. Certains me disent que « oui » figurez-vous ! Il y en a au moins un qui m'a dit « oui ». Mais il pensait que d'autres pouvaient le dire aussi... et moi aussi je le pense. Peut-être que l'on a une occasion-là : dans deux-jours, je crois qu'il y en trois ensemble à la télévision en même temps. Donc, je pense que peut-être François Chérèque, Jean-Claude Mailly, Bernard Thibault peuvent peut-être nous dire quand ils souhaitent que nous organisions cette réunion. En tout cas, je crois qu'aujourd'hui, après la lettre du Premier ministre qui a fait vraiment une synthèse assez exhaustive des demandes et des positions des uns et des autres, il n'y a pas de raison de ne pas commencer très vite ce travail.
Source http://www.medef.fr, le 24 avril 2009