Texte intégral
M. Biraben, G. Delafon et L. Mercadet.- M. Biraben : La secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie, C. Jouanno, est notre invitée, Gilles.
G. Delafon : Oui, conseillère de longue date du candidat N. Sarkozy, elle a un temps présidé l'Agence de l'environnement et supervisé les travaux du Grenelle du même nom. Il lui faut désormais d'assurer que les engagements pris en faveur de l'écologie seront bien tenus.
M. Biraben : Bonjour, C. Jouanno !
Bonjour !
G. Delafon : Bonjour !
M. Biraben : Soyez la bienvenue pour la première fois sur ce plateau ! Il y a plus d'un an maintenant que les travaux du Grenelle de l'environnement sont terminés, la loi n'est toujours pas adoptée ; ça n'est plus une priorité ?
Ah ! Au contraire. Vous savez que la loi était déjà votée d'une part à l'Assemblée nationale et d'autre part au Sénat, d'ailleurs elle a été votée à travers tous les partis politiques, parce qu'on n'a eu que quatre votes contre au total au Sénat et à l'Assemblée nationale, et donc elle va être votée, là, avant l'été définitivement, parce que, vous savez, il y a deux lectures...
M. Biraben : En retard donc.
Non, pas en retard, parce qu'une fois qu'on a fait les conclusions du Grenelle de l'environnement, ensuite il faut décliner techniquement toutes les décisions qui ont été prises. Et pour ça, ça demande un gros travail administratif. On ne refait pas une société comme ça en claquant des doigts du jour au lendemain. Ou alors ça veut dire sinon que c'est juste soit un effet de mode, soit quelque chose d'un petit peu factice pour occuper le terrain. Donc, non, au contraire. Franchement, à l'inverse, vu de loin, parce qu'à l'époque j'étais plutôt loin, j'ai trouvé que ça allait plutôt vite. Donc ce sera adopté avant l'été, d'ailleurs on a la prochaine lecture à l'Assemblée nationale dès le 8 juin.
M. Biraben : D'accord.
G. Delafon : Mais on a pourtant eu le sentiment qu'elle était un peu sacrifiée à la crise économique la loi Grenelle, parce que le projet de loi avait été créé le 30 avril 2008. Et puis les 50 articles ont été examinés une première fois le 11 juin 2008. Là, on est en juin 2009 et elle n'est toujours pas finalisée.
Non, les 50 articles ils ont été examinés une première fois en octobre 2008 et ensuite on est passé en février 2009 au Sénat.
G. Delafon : Et là, ça y est, c'est bouclé les 50 articles ?
Donc ça c'est quasiment bouclé. Il y a les deux lectures, on termine la deuxième lecture le 8 juin et ensuite au Sénat. Alors, non, ça n'a jamais été abandonné et je dois dire qu'au contraire ça s'accélère plutôt, parce que quand on pense "Grenelle", on se dit "bah oui alors il faut attendre la loi", mais en réalité, les moyens du Grenelle de l'environnement ils ont été votés dans la loi de finance.
G. Delafon : Via le plan de relance.
Non, pas via le plan de relance, dans la loi de finance elle-même. On a voté 19 milliards, 19 milliards quand même, sur trois ans d'engagements. Et ça, c'est voté. Et après, il y a eu le plan de relance et le plan de relance, lui, sur 26 milliards il y en a grosso modo 5 qui sont sur les questions d'environnement, donc il faut faire 19 + 5.
G. Delafon : 24 milliards. Donc vous pouvez dire aujourd'hui que le Grenelle est entré dans les faits ?
Ah ! Le Grenelle est en marche, c'est justement ce que j'essaie d'expliquer.
G. Delafon : Alors donnez-nous, par exemple, un exemple précis.
Eh bien, il y en a plusieurs. On connaît les décisions sur le bonus/malus sur les véhicules, qui fait d'ailleurs que la France est maintenant extrêmement bien placée dans les pays européens puisqu'on est deuxième sur les véhicules qui émettent le moins de gaz à effet de serre. Ensuite il y a eu la mise en oeuvre de l'éco prêt à taux zéro ; c'est un prêt à taux zéro, comme son nom l'indique, qui vous permet de rénover votre logement, et ça c'est extrêmement important, vous pouvez avoir jusqu'à 30 000 euros et ça vous permet de faire des économies d'énergie, on avait simulé plusieurs cas quand j'étais à l'ADEME et on avait vu que sur certaines maisons on pouvait faire une économie d'énergie de 67 %, donc ça ce n'est pas rien.
G. Delafon : Et ça prend ça, les gens sont intéressés par ça, il y a une vraie demande ?
Ça, ça prend, parce que ça, ça a été opérationnel depuis avril et ça prend extrêmement bien dans les banques effectivement. On a déjà plusieurs milliers de dossiers qui sont en instruction. Et puis après, on a mis en place avec la Caisse des Dépôts et Consignations des prêts pour la rénovation des 800 000 logements sociaux les plus dégradés, parce que je pense que si on fait de l'écologie, il faut commencer par s'adresser aux plus démunis et aux personnes qui vivent dans les logements les plus dégradés. Il ne faut pas se tromper de cible.
G. Delafon : Et est-ce qu'il y a des grands chantiers qui ont été entamés, par exemple, je ne sais pas, des centrales photovoltaïques, est-ce qu'il y a vraiment des choses importantes qui ont débuté dans ce domaine ?
Dans le domaine des énergies renouvelables, c'est vrai que depuis l'année dernière, on a eu dans le domaine, par exemple, du solaire, ce qu'on appelle le photovoltaïque, on a eu des progressions de 85 %, dans le domaine de l'éolien on a eu une progression de 70 %...
G. Delafon : L'an dernier ?
Oui.
G. Delafon : 85 % de progression dans le domaine du solaire ?
Oui. Et dans le domaine de l'éolien, 70 %.
M. Biraben : On ... de pas grand-chose, juste pour le préciser.
Dans le domaine des énergies renouvelables et dans la part des énergies renouvelables, dans son énergie, la France est deuxième au niveau européen. Donc elle est bien placée parce qu'elle a beaucoup d'hydraulique. Mais c'est vrai...
G. Delafon : Oui, mais elle l'a depuis toujours l'hydraulique, Maïtena a raison.
Absolument !
G. Delafon : Alors que sur l'éolien et sur le solaire, on n'est pas dans les mieux placés en Europe.
Et c'est dommage, c'est vrai, parce que, par exemple, le solaire ça a été inventé en France. Et c'est dommage, c'est pour ça qu'on a...
G. Delafon : Et ça a été abandonné tout aussi vite.
On a eu des échecs parce que les premières techniques étaient un peu démesurées. Vous vous souvenez, c'était le fameux four solaire à Odeillo, dans les Pyrénées, donc il y a eu un effet d'apprentissage, mais l'idée aujourd'hui en tout cas, et surtout sur le solaire, c'est de ne pas re-commettre l'erreur qu'on a faite sur l'éolien en se disant : finalement, on n'a pas besoin d'investir.
M. Biraben : Une question de téléspectateur pour vous, C. Jouanno. Léon !
L. Mercadet : Oui, bonjour ! J'ai deux questions sur les abeilles ; une question d'Anne-Marie qui dit : « J'habite les Côtes d'Armor ; cette année, plus de la moitié des abeilles sont mortes ; comment expliquez-vous ce désastre ? » et Gaëlle qui dit : « L'année de suivi du maïs Cruiser est terminée, pensez-vous écouter les apiculteurs qui se plaignent de la mortalité des abeilles ? »
Voilà un très, très, très beau sujet, parce que vous savez que quand on parle de biodiversité, ça ne parle pas, les gens en général ne comprennent pas exactement de quoi on parle, et les abeilles, c'est une très belle illustration. Qu'est-ce qu'on voit ? Il y a une forte mortalité des abeilles aujourd'hui, mais pas uniquement en France, à travers le monde aussi, qui est liée effectivement à l'usage de produits chimiques, mais aussi au réchauffement climatique qui fait que le cycle des récoltes change et les abeilles ne peuvent plus se nourrir au moment où elles ont besoin de se nourrir et aussi parce qu'on a importé des espèces qui détruisent les abeilles. Et ça, les gens ne s'en rendent pas compte, c'est un immense problème. On estime en France que si les abeilles disparaissaient, le coût pour la société serait de 2 milliards. Pourquoi ? Parce que les abeilles "pollinisent", ce sont elles qui permettent que l'on ait autant de récoltes. Et donc si les abeilles disparaissent, il faut qu'elles soient remplacés par des hommes ou par des machines.
G. Delafon : Et qu'est-ce qu'on peut faire alors ?
Bah, qu'est-ce qu'on peut faire ? On est en train justement de lancer un plan d'urgence, parce que c'est vrai qu'il y a beaucoup de personnes qui maintenant savent que ça peut être une catastrophe, pas seulement française, ça peut être une catastrophe mondiale. Et parmi les différentes mesures, effectivement, il y a changer les calendriers des coupes des récoltes, il y a effectivement abandonner certains produits, le Cruiser ça a été exceptionnellement autorisé sous un très, très fort contrôle cette année, mais c'est sûr que ce n'est pas un produit que l'on veut voir utiliser maintenant. Donc, le but pour nous c'est de l'interdire très clairement. Voilà, le plan d'urgence. Les abeilles, souvent les gens sourient quand je parle des abeilles...
G. Delafon : Pas du tout !
Pas du tout !
M. Biraben : L'idée d'une « Abeillethon », je vous avoue effectivement...
G. Delafon : Pas du tout, vous êtes la ministre des Abeilles, nous avons compris !
Mais ça peut être un coût énorme pour la société. Et au niveau mondial, international, la disparition de la biodiversité c'est un coût qui pourrait être de 3 000 milliards de dollars. Et ça, ça a été chiffré. Parce que pour tout le monde, la biodiversité, les abeilles, tout ça, ça ne vaut rien ! Et en réalité, ça coûte énormément parce que nous ne serions pas là s'il n'y avait pas de biodiversité.
G. Delafon : Fort intéressant !
M. Biraben : Passionnant !
G. Delafon : Alors une autre question, c'est ce qui concerne ce qu'on a appelé le Grenelle des ondes, vous êtes bien au courant évidemment ; vers quel objectif on va, est-ce qu'on va arriver à réduire la puissance des émetteurs ?
Mais il ne faut pas qu'on se trompe de sujet sur le Grenelle des ondes. Le vrai sujet, le vrai problème de santé qui est aujourd'hui celui sur lequel il y a le plus de doutes, c'est le téléphone portable. Et là, il y a des études très claires, il y a des études publiques, des études des autorités sanitaires françaises, et même internationales, qui montrent que sur le téléphone portable, il y a énormément de doutes et que par conséquent il recommandait un principe de prudence pour les enfants. Donc moi s'il y a une décision à laquelle je tiens énormément, c'est qu'on interdise, d'une manière ou d'une autre, le téléphone portable pour les enfants et qu'enfin...
M. Biraben : Avant 12 ans. G. Delafon : A partir de quel âge ?
Moi je dis avant 10 ans, enfin l'âge auquel on rentre au collège. Parce qu'après, je sais que les parents - moi ils n'ont pas l'âge - mais je sais que les parents sont inquiets.
G. Delafon : Et vous voudriez que ce soit inscrit dans la loi ?
Il faut au moins poser un principe, même s'il est... On dit, oui, c'est difficile à contrôler, certes, mais il faut que les gens soient conscients de ces risques qu'ils peuvent faire peser sur leurs enfants. Ensuite quand on est plus grand on peut utiliser un téléphone portable avec une oreillette directement intégrée, c'est-à-dire sans haut-parleurs, parce que le risque c'est de coller le téléphone à l'oreille. Mais ça, c'est un point vraiment auquel je tiens énormément parce que autant les autorités sanitaires françaises nous disent sur les antennes on n'a pas décelé de risque, par contre sur les téléphones on a des doutes. Donc, par conséquent, soyons clairs. Nous aussi sur nos objectifs c'est d'abord la question du téléphone qui doit être traitée dans cette table ronde.
M. Biraben : Alors on va faire votre baptême de « J'aime, j'aime pas », parce que c'est la première fois que vous êtes sur le plateau de « La Matinale » ; vous allez nous dire si vous aimez ou si vous n'aimez pas la construction d'un circuit de F1 en Ile-de-France ?
A priori, je n'aime pas beaucoup parce que ça se situe sur une nappe phréatique qui approvisionne 600 000 personnes, que ça suppose donc de déplacer des points où on capte l'eau et surtout de protéger la nappe. Donc dans tous les cas, moi je suis là pour garantir la sécurité des gens et de l'environnement, donc je dis dans tous les cas, moi je ne sacrifierais pas l'environnement à la sécurité sanitaire pour des questions...
G. Delafon : Mais des gros moteurs qui font du bruit et qui polluent, ça, ça ne vous ennuie pas ?
J'aime pas spécialement, mais ça ce n'est pas à moi d'en juger !
G. Delafon : Alors « j'aime, j'aime pas » monter les marches du Festival de Cannes ?
Je n'ai jamais fait !
M. Biraben : Vous aimeriez ? Vous allez y aller ?
Je ne voudrais pas me prendre les pieds dans le tapis !
M. Biraben : « J'aime, j'aime pas » le retour de Lance Armstrong, 6ème du général dans le Giro. M. Biraben : Ah ! Vous êtes une sportive, on le sait, vous êtes plusieurs fois championne de France de karaté.
C'est un homme que j'admire par son courage, voilà. Donc je trouve que toujours relever des défis c'est formidable. Moi j'ai arrêté l'Equipe de France au moment où je sentais que je déclinais sérieusement et je n'ai pas voulu avoir honte, mais je trouve que son courage, la manière dont il a fait face à la maladie c'est absolument remarquable et c'est un bel exemple pour tout le monde.
M. Biraben : On vous trouve assez peu sur le déclin physiquement, hein, disons-le clairement ! C'est vous qui y avez pensé, mais enfin bon moi je passe ! Dans quelques instants, Marie, Xavier, Léon, Elé et Christophe, ce sera juste après la publicité, merci beaucoup, Gilles, et très bonne journée à vous, C. Jouanno.
Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 14 mai 2009
G. Delafon : Oui, conseillère de longue date du candidat N. Sarkozy, elle a un temps présidé l'Agence de l'environnement et supervisé les travaux du Grenelle du même nom. Il lui faut désormais d'assurer que les engagements pris en faveur de l'écologie seront bien tenus.
M. Biraben : Bonjour, C. Jouanno !
Bonjour !
G. Delafon : Bonjour !
M. Biraben : Soyez la bienvenue pour la première fois sur ce plateau ! Il y a plus d'un an maintenant que les travaux du Grenelle de l'environnement sont terminés, la loi n'est toujours pas adoptée ; ça n'est plus une priorité ?
Ah ! Au contraire. Vous savez que la loi était déjà votée d'une part à l'Assemblée nationale et d'autre part au Sénat, d'ailleurs elle a été votée à travers tous les partis politiques, parce qu'on n'a eu que quatre votes contre au total au Sénat et à l'Assemblée nationale, et donc elle va être votée, là, avant l'été définitivement, parce que, vous savez, il y a deux lectures...
M. Biraben : En retard donc.
Non, pas en retard, parce qu'une fois qu'on a fait les conclusions du Grenelle de l'environnement, ensuite il faut décliner techniquement toutes les décisions qui ont été prises. Et pour ça, ça demande un gros travail administratif. On ne refait pas une société comme ça en claquant des doigts du jour au lendemain. Ou alors ça veut dire sinon que c'est juste soit un effet de mode, soit quelque chose d'un petit peu factice pour occuper le terrain. Donc, non, au contraire. Franchement, à l'inverse, vu de loin, parce qu'à l'époque j'étais plutôt loin, j'ai trouvé que ça allait plutôt vite. Donc ce sera adopté avant l'été, d'ailleurs on a la prochaine lecture à l'Assemblée nationale dès le 8 juin.
M. Biraben : D'accord.
G. Delafon : Mais on a pourtant eu le sentiment qu'elle était un peu sacrifiée à la crise économique la loi Grenelle, parce que le projet de loi avait été créé le 30 avril 2008. Et puis les 50 articles ont été examinés une première fois le 11 juin 2008. Là, on est en juin 2009 et elle n'est toujours pas finalisée.
Non, les 50 articles ils ont été examinés une première fois en octobre 2008 et ensuite on est passé en février 2009 au Sénat.
G. Delafon : Et là, ça y est, c'est bouclé les 50 articles ?
Donc ça c'est quasiment bouclé. Il y a les deux lectures, on termine la deuxième lecture le 8 juin et ensuite au Sénat. Alors, non, ça n'a jamais été abandonné et je dois dire qu'au contraire ça s'accélère plutôt, parce que quand on pense "Grenelle", on se dit "bah oui alors il faut attendre la loi", mais en réalité, les moyens du Grenelle de l'environnement ils ont été votés dans la loi de finance.
G. Delafon : Via le plan de relance.
Non, pas via le plan de relance, dans la loi de finance elle-même. On a voté 19 milliards, 19 milliards quand même, sur trois ans d'engagements. Et ça, c'est voté. Et après, il y a eu le plan de relance et le plan de relance, lui, sur 26 milliards il y en a grosso modo 5 qui sont sur les questions d'environnement, donc il faut faire 19 + 5.
G. Delafon : 24 milliards. Donc vous pouvez dire aujourd'hui que le Grenelle est entré dans les faits ?
Ah ! Le Grenelle est en marche, c'est justement ce que j'essaie d'expliquer.
G. Delafon : Alors donnez-nous, par exemple, un exemple précis.
Eh bien, il y en a plusieurs. On connaît les décisions sur le bonus/malus sur les véhicules, qui fait d'ailleurs que la France est maintenant extrêmement bien placée dans les pays européens puisqu'on est deuxième sur les véhicules qui émettent le moins de gaz à effet de serre. Ensuite il y a eu la mise en oeuvre de l'éco prêt à taux zéro ; c'est un prêt à taux zéro, comme son nom l'indique, qui vous permet de rénover votre logement, et ça c'est extrêmement important, vous pouvez avoir jusqu'à 30 000 euros et ça vous permet de faire des économies d'énergie, on avait simulé plusieurs cas quand j'étais à l'ADEME et on avait vu que sur certaines maisons on pouvait faire une économie d'énergie de 67 %, donc ça ce n'est pas rien.
G. Delafon : Et ça prend ça, les gens sont intéressés par ça, il y a une vraie demande ?
Ça, ça prend, parce que ça, ça a été opérationnel depuis avril et ça prend extrêmement bien dans les banques effectivement. On a déjà plusieurs milliers de dossiers qui sont en instruction. Et puis après, on a mis en place avec la Caisse des Dépôts et Consignations des prêts pour la rénovation des 800 000 logements sociaux les plus dégradés, parce que je pense que si on fait de l'écologie, il faut commencer par s'adresser aux plus démunis et aux personnes qui vivent dans les logements les plus dégradés. Il ne faut pas se tromper de cible.
G. Delafon : Et est-ce qu'il y a des grands chantiers qui ont été entamés, par exemple, je ne sais pas, des centrales photovoltaïques, est-ce qu'il y a vraiment des choses importantes qui ont débuté dans ce domaine ?
Dans le domaine des énergies renouvelables, c'est vrai que depuis l'année dernière, on a eu dans le domaine, par exemple, du solaire, ce qu'on appelle le photovoltaïque, on a eu des progressions de 85 %, dans le domaine de l'éolien on a eu une progression de 70 %...
G. Delafon : L'an dernier ?
Oui.
G. Delafon : 85 % de progression dans le domaine du solaire ?
Oui. Et dans le domaine de l'éolien, 70 %.
M. Biraben : On ... de pas grand-chose, juste pour le préciser.
Dans le domaine des énergies renouvelables et dans la part des énergies renouvelables, dans son énergie, la France est deuxième au niveau européen. Donc elle est bien placée parce qu'elle a beaucoup d'hydraulique. Mais c'est vrai...
G. Delafon : Oui, mais elle l'a depuis toujours l'hydraulique, Maïtena a raison.
Absolument !
G. Delafon : Alors que sur l'éolien et sur le solaire, on n'est pas dans les mieux placés en Europe.
Et c'est dommage, c'est vrai, parce que, par exemple, le solaire ça a été inventé en France. Et c'est dommage, c'est pour ça qu'on a...
G. Delafon : Et ça a été abandonné tout aussi vite.
On a eu des échecs parce que les premières techniques étaient un peu démesurées. Vous vous souvenez, c'était le fameux four solaire à Odeillo, dans les Pyrénées, donc il y a eu un effet d'apprentissage, mais l'idée aujourd'hui en tout cas, et surtout sur le solaire, c'est de ne pas re-commettre l'erreur qu'on a faite sur l'éolien en se disant : finalement, on n'a pas besoin d'investir.
M. Biraben : Une question de téléspectateur pour vous, C. Jouanno. Léon !
L. Mercadet : Oui, bonjour ! J'ai deux questions sur les abeilles ; une question d'Anne-Marie qui dit : « J'habite les Côtes d'Armor ; cette année, plus de la moitié des abeilles sont mortes ; comment expliquez-vous ce désastre ? » et Gaëlle qui dit : « L'année de suivi du maïs Cruiser est terminée, pensez-vous écouter les apiculteurs qui se plaignent de la mortalité des abeilles ? »
Voilà un très, très, très beau sujet, parce que vous savez que quand on parle de biodiversité, ça ne parle pas, les gens en général ne comprennent pas exactement de quoi on parle, et les abeilles, c'est une très belle illustration. Qu'est-ce qu'on voit ? Il y a une forte mortalité des abeilles aujourd'hui, mais pas uniquement en France, à travers le monde aussi, qui est liée effectivement à l'usage de produits chimiques, mais aussi au réchauffement climatique qui fait que le cycle des récoltes change et les abeilles ne peuvent plus se nourrir au moment où elles ont besoin de se nourrir et aussi parce qu'on a importé des espèces qui détruisent les abeilles. Et ça, les gens ne s'en rendent pas compte, c'est un immense problème. On estime en France que si les abeilles disparaissaient, le coût pour la société serait de 2 milliards. Pourquoi ? Parce que les abeilles "pollinisent", ce sont elles qui permettent que l'on ait autant de récoltes. Et donc si les abeilles disparaissent, il faut qu'elles soient remplacés par des hommes ou par des machines.
G. Delafon : Et qu'est-ce qu'on peut faire alors ?
Bah, qu'est-ce qu'on peut faire ? On est en train justement de lancer un plan d'urgence, parce que c'est vrai qu'il y a beaucoup de personnes qui maintenant savent que ça peut être une catastrophe, pas seulement française, ça peut être une catastrophe mondiale. Et parmi les différentes mesures, effectivement, il y a changer les calendriers des coupes des récoltes, il y a effectivement abandonner certains produits, le Cruiser ça a été exceptionnellement autorisé sous un très, très fort contrôle cette année, mais c'est sûr que ce n'est pas un produit que l'on veut voir utiliser maintenant. Donc, le but pour nous c'est de l'interdire très clairement. Voilà, le plan d'urgence. Les abeilles, souvent les gens sourient quand je parle des abeilles...
G. Delafon : Pas du tout !
Pas du tout !
M. Biraben : L'idée d'une « Abeillethon », je vous avoue effectivement...
G. Delafon : Pas du tout, vous êtes la ministre des Abeilles, nous avons compris !
Mais ça peut être un coût énorme pour la société. Et au niveau mondial, international, la disparition de la biodiversité c'est un coût qui pourrait être de 3 000 milliards de dollars. Et ça, ça a été chiffré. Parce que pour tout le monde, la biodiversité, les abeilles, tout ça, ça ne vaut rien ! Et en réalité, ça coûte énormément parce que nous ne serions pas là s'il n'y avait pas de biodiversité.
G. Delafon : Fort intéressant !
M. Biraben : Passionnant !
G. Delafon : Alors une autre question, c'est ce qui concerne ce qu'on a appelé le Grenelle des ondes, vous êtes bien au courant évidemment ; vers quel objectif on va, est-ce qu'on va arriver à réduire la puissance des émetteurs ?
Mais il ne faut pas qu'on se trompe de sujet sur le Grenelle des ondes. Le vrai sujet, le vrai problème de santé qui est aujourd'hui celui sur lequel il y a le plus de doutes, c'est le téléphone portable. Et là, il y a des études très claires, il y a des études publiques, des études des autorités sanitaires françaises, et même internationales, qui montrent que sur le téléphone portable, il y a énormément de doutes et que par conséquent il recommandait un principe de prudence pour les enfants. Donc moi s'il y a une décision à laquelle je tiens énormément, c'est qu'on interdise, d'une manière ou d'une autre, le téléphone portable pour les enfants et qu'enfin...
M. Biraben : Avant 12 ans. G. Delafon : A partir de quel âge ?
Moi je dis avant 10 ans, enfin l'âge auquel on rentre au collège. Parce qu'après, je sais que les parents - moi ils n'ont pas l'âge - mais je sais que les parents sont inquiets.
G. Delafon : Et vous voudriez que ce soit inscrit dans la loi ?
Il faut au moins poser un principe, même s'il est... On dit, oui, c'est difficile à contrôler, certes, mais il faut que les gens soient conscients de ces risques qu'ils peuvent faire peser sur leurs enfants. Ensuite quand on est plus grand on peut utiliser un téléphone portable avec une oreillette directement intégrée, c'est-à-dire sans haut-parleurs, parce que le risque c'est de coller le téléphone à l'oreille. Mais ça, c'est un point vraiment auquel je tiens énormément parce que autant les autorités sanitaires françaises nous disent sur les antennes on n'a pas décelé de risque, par contre sur les téléphones on a des doutes. Donc, par conséquent, soyons clairs. Nous aussi sur nos objectifs c'est d'abord la question du téléphone qui doit être traitée dans cette table ronde.
M. Biraben : Alors on va faire votre baptême de « J'aime, j'aime pas », parce que c'est la première fois que vous êtes sur le plateau de « La Matinale » ; vous allez nous dire si vous aimez ou si vous n'aimez pas la construction d'un circuit de F1 en Ile-de-France ?
A priori, je n'aime pas beaucoup parce que ça se situe sur une nappe phréatique qui approvisionne 600 000 personnes, que ça suppose donc de déplacer des points où on capte l'eau et surtout de protéger la nappe. Donc dans tous les cas, moi je suis là pour garantir la sécurité des gens et de l'environnement, donc je dis dans tous les cas, moi je ne sacrifierais pas l'environnement à la sécurité sanitaire pour des questions...
G. Delafon : Mais des gros moteurs qui font du bruit et qui polluent, ça, ça ne vous ennuie pas ?
J'aime pas spécialement, mais ça ce n'est pas à moi d'en juger !
G. Delafon : Alors « j'aime, j'aime pas » monter les marches du Festival de Cannes ?
Je n'ai jamais fait !
M. Biraben : Vous aimeriez ? Vous allez y aller ?
Je ne voudrais pas me prendre les pieds dans le tapis !
M. Biraben : « J'aime, j'aime pas » le retour de Lance Armstrong, 6ème du général dans le Giro. M. Biraben : Ah ! Vous êtes une sportive, on le sait, vous êtes plusieurs fois championne de France de karaté.
C'est un homme que j'admire par son courage, voilà. Donc je trouve que toujours relever des défis c'est formidable. Moi j'ai arrêté l'Equipe de France au moment où je sentais que je déclinais sérieusement et je n'ai pas voulu avoir honte, mais je trouve que son courage, la manière dont il a fait face à la maladie c'est absolument remarquable et c'est un bel exemple pour tout le monde.
M. Biraben : On vous trouve assez peu sur le déclin physiquement, hein, disons-le clairement ! C'est vous qui y avez pensé, mais enfin bon moi je passe ! Dans quelques instants, Marie, Xavier, Léon, Elé et Christophe, ce sera juste après la publicité, merci beaucoup, Gilles, et très bonne journée à vous, C. Jouanno.
Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 14 mai 2009