Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Ministre-Président,
Monsieur le Commissaire général aux Relations internationales,
Monsieur l'Administrateur général de l'Agence intergouvernementale de la Francophonie,
Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
Je serai bref, parce que je n'ignore pas que votre assistance est d'abord venue pour prendre part à un moment de fête et de plaisir, due à la présence d'une cinquantaine d'artistes et intellectuels du Liban. Car, pour sa dixième édition, le Festival Francophonie Métissée, ici en ce Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, a choisi de porter le projecteur sur "l'exception libanaise", choix bien évidemment dicté par la proximité du prochain Sommet de la Francophonie, qui se tiendra pour la première fois en terre arabe, à Beyrouth.
Si métissage il y a, il est d'abord institutionnel, si j'en juge par la variété des soutiens qui ont été accordés à cette manifestation : autorités françaises bien sûr, mais aussi libanaises (elles sont les premières concernées), Agence de la Francophonie, sans oublier le mécénat de quelques entreprises du pays des cèdres. Mais il faut avant tout remercier, très sincèrement, les autorités de la communauté française de Belgique qui ont pris cette belle initiative.
Oui, une belle initiative qui va permettre à un public parisien, français, européen, de découvrir pendant tout l'été, jusqu'au 23 septembre très exactement (nous serons alors à un mois du Sommet), toute une série de manifestations culturelles, alliant expositions, spectacles musicaux et théâtraux, projections de films et joutes poétiques, tables rondes d'intellectuels. Il est heureux que l'accompagnement culturel du Sommet de Beyrouth, auquel je sais notre ami Ghassan Salameh très attaché, trouve ici à Paris un premier accomplissement.
L'exception libanaise ne tient pas seulement aux particularités géographiques et historiques du Mont-Liban qui ont fait de ce pays un exemple sans équivalent de coexistence entre communautés différentes, dans une partie du monde connue pour l'âpreté de ses conflits. Elle tient aussi à une dimension culturelle très particulière, qui fait du Liban dès le siècle dernier le berceau de la renaissance littéraire arabe (la "Nahda"), qui fait aussi de ce pays, si profondément arabe, la terre d'élection d'une Francophonie que j'oserai qualifier de paisible et heureuse, à rebours d'autres pays.
Ce "génie" libanais, cette inventivité, cette capacité à ne pas plier devant le destin - et aujourd'hui encore, on sait que celui-ci est en partie lié à des contraintes régionales - ne se sont jamais démenties, même aux heures les plus noires, qui ne sont pas si lointaines. Je me souviens avoir été vivement et agréablement surpris l'an dernier, lors de mon passage à Beyrouth, par la qualité des intervenants au colloque organisé par l'Ecole supérieure des Affaires sur le thème des nouvelles technologies. C'est un Liban en paix avec lui-même, commerçant et artiste, que nous voyons aujourd'hui déployer toute son énergie, même si celle-ci gagnerait à s'exprimer dans un contexte régional moins décourageant.
Gageons que le prochain Sommet de la Francophonie contribuera à exprimer les valeurs de paix et de solidarité dont le Proche-Orient a si cruellement besoin. Mais au-delà de cette "politisation" de la Francophonie que nous avons tous souhaitée, et dont le Secrétaire général a la charge, il est bon qu'une manifestation comme celle qui nous réunit ici nous renvoie aussi à ce qui est un fondement de notre Organisation, je veux parler de la culture.
Je souhaite tout le succès et l'affluence que mérite votre travail : l'amitié que tous les Européens vouent au Liban y contribuera, je n'en doute pas.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr , le 14 juin 2001)