Texte intégral
C. Barbier.- H. Morin, bonjour.
Bonjour C. Barbier.
"Le Gouvernement ne bougera plus", affirme F. Fillon dans Le Figaro ce matin, à propos de la réforme de l'hôpital, alors que la grogne des médecins s'exprimera encore aujourd'hui. Approuvez-vous la fermeté du Premier ministre ?
Je crois que le gouvernement a corrigé et entendu notamment les médecins, qui réclamaient que la gouvernance des hôpitaux soit améliorée et donne plus de place aux médecins, face aux directeurs d'hôpitaux. Des amendements ont été proposés, adoptés, et il me semble qu'aujourd'hui, l'équilibre est le bon équilibre. Tout le monde sait très bien que depuis des années, on a mis de plus en plus d'argent dans l'hôpital sans qu'on ne soit en mesure de régler la question hospitalière. Et donc il faut bien, un jour ou l'autre, faire en sorte que la gouvernance du secteur hospitalier soit améliorée.
Pour apaiser encore les esprits, il y a une bonne solution, c'est de lever la procédure d'urgence, c'est-à-dire une lecture dans chaque assemblée, et retourner avec le texte, qui est fortement amendé en ce moment au Sénat, à l'Assemblée nationale pour une dernière lecture peut-être consensuelle.
Ecoutez, moi, ce que je sais, c'est que dans le même temps, des tas de projets de loi sont en instance depuis des semaines et des semaines, compte tenu de la transformation des règles de travail de l'Assemblée nationale...
On n'a pas le temps...
Et je constate que, pour prendre un texte que je connais mieux que quiconque...
La loi de programmation militaire...
C'est la loi de programmation militaire, ça fait cinq mois que le Parlement attend pour la discuter ; et nombreux sont les ministres qui sont dans la même situation. Et donc il me semble que les débats ont été riches, nourris et qu'il faut continuer.
Alors sept abstentions pour dix votes oui, ça, c'était le comportement de vos députés Nouveau Centre lors de la première lecture sur ce texte sur l'hôpital, ça sent le scepticisme quand même de vos centristes.
Eh bien, écoutez, ils ont exprimé la diversité, qui est le propre de la famille centriste.
C'est de la diversité ou c'est de la grogne, on n'est pas content du texte ?
Non, mais non, je crois que... je veux dire, le principe des députés Nouveau Centre, c'est que chacun est libre de son vote, il n'y a pas d'embrigadement, d'encasernement, tout ça n'existe pas. Et donc les parlementaires s'expriment, les uns ont voté pour, en majorité, le groupe a voté pour, c'est l'expression politique du groupe, certains se sont abstenus, il n'y a pas de quoi en faire un fromage.
Sur Hadopi, onze seulement ont voté pour...
Même chose...
Vous êtes vraiment dans la majorité ?
Oui, nous sommes dans la majorité, et nous le revendiquons, et c'est d'ailleurs la raison de notre divorce et de notre séparation avec F. Bayrou. Nous voulions et nous voulons participer à l'entreprise de réforme, de modernisation du pays. Notre pays était dans la situation qui avait tellement frappé nos compatriotes en 2005 qu'ils avaient décidé d'élire un président de la République qui avait dit : je vais réformer et transformer le pays en profondeur. Et nous avons voulu participer à cette oeuvre de transformation et de modernisation du pays. Donc nous sommes dans la majorité, nous sommes avec nos différences. Nous sommes profondément européens, nous voulons être les défenseurs des libertés et de toutes les libertés, nous voulons faire vivre de nouvelles solidarités, des solidarités intermédiaires, des solidarités responsabilisantes, où on fait vivre le secteur coopératif, le mutualisme, les fondations, pour répondre à des nouvelles problématiques ; voilà ce que nous voulons faire. Mais nous sommes en même temps dans la majorité, et nous le revendiquons.
Vous le revendiquez, vous parliez du Parlement qui se réforme, le nouveau règlement, vous le voterez ou vous trouvez que les petites formations, la diversité ne s'expriment pas assez ?
Ecoutez, F. Sauvadet, le président du groupe, a clairement indiqué qu'il souhaitait qu'il y ait une expression pluraliste, clairement affichée dans le règlement de l'Assemblée. Il appartient à la majorité d'y trouver...
Ce n'est pas le cas, le compte n'y est pas...
Le compte n'y est pas pour l'instant. Le compte, selon F. Sauvadet, que j'ai eu hier soir au téléphone, le compte n'y est pas.
Est-ce que vous vous plaignez, est-ce que F. Sauvadet se plaint de l'attitude, des méthodes de J.-F. Copé, le président du groupe UMP, est-ce que c'est un "bad boy", comme il le dit lui-même ?
Mais non, mais la vie politique est un combat, et la vie parlementaire, plus encore.
Que dites-vous à J. Toubon, à L. Ferry, qui étaient, l'un sortant, estimé, l'autre, candidat éventuel aux européennes ; tous les deux évincés pour faire de la place aux candidats Nouveau Centre ?
Moi, je constate une chose, nous avons fait un choix simple, nous avons considéré que compte tenu des difficultés économiques et sociales du moment, il fallait que la majorité soit unie et rassemblée, c'est le choix que nous avons fait. Nous avions demandé que le Nouveau Centre soit clairement présent sur ces listes, et nous, avec cette idée-là, l'idée du renouvellement, du renouveau en politique, et de la venue en politique d'hommes et de femmes à qui on va confier des responsabilités. Par exemple, le président des jeunes centristes, D. Abad, sera en position éligible dans la région sud-est, il a 29 ans, ce sera le plus jeune député européen, c'est un homme formidable, qui est le président de la formation des jeunes, et pour qui on va donner une responsabilité politique. La conseillère municipale de Tours, qui sera dans la région Auvergne, est une jeune aussi, S. Auconie ; voilà, nous, on a voulu...
Tant pis pour ceux qui sont évincés...
On a voulu faire en sorte que le Nouveau Centre soit l'expression d'une famille politique qui veut faire émerger une nouvelle génération en politique, et c'est comme ça, je vous le dis, que je souhaite que le Nouveau Centre aborde les élections législatives de 2012. V. Giscard d'Estaing l'avait très bien fait en 1978 ; il avait su faire émerger des hommes et des femmes qui avaient une trentaine d'années, et qui après se sont appelés Bayrou, Léotard, Longuet, etc.
Oui, mais il n'était pas dans le RPR, il était à côté...
Oui, eh bien, le Nouveau Centre, qui se veut l'héritier de l'UDF, est sur la même démarche : faire émerger une nouvelle génération en politique, et nous le faisons au moment des élections européennes.
Avec des listes indépendantes, vous auriez peut-être mieux contré la hausse du MoDem, qui est assez haut dans les sondages ?
Ecoutez, vous avez constaté à quel point la campagne européenne est une campagne dont on peut dire que, voilà, elle se fait à bas bruit...
Tout de même, F. Bayrou monte dans les sondages, il tape sur N. Sarkozy...
Ecoutez, il monte dans les sondages, je vous rappelle que le score de l'UDF aux dernières européennes, c'était 12,5%. S'il fait 13% avec une participation de 35 à 40% alors qu'il a fait plus de 18% au moment des élections présidentielles, on ne peut pas dire que ce soit un score absolument aussi extraordinaire que vous voulez bien me le dire.
Avez-vous lu son livre ?
Eh bien non !
Le lirez-vous ?
(Rires)... Non, honnêtement, je n'ai pas prévu de le lire. Je suis en train de lire un très joli livre que m'a offert J. Viard sur « Lettre aux paysans modernes », qui est un très beau livre.
Il y aura un remaniement après les européennes, vous avez envie de bouger, de quitter la Défense ?
Ecoutez, la question pour moi ne se pose pas. Vous savez, c'est un peu la même problématique que tous ceux qui aiment le football, ils se veulent à la place du sélectionneur. Il y a un sélectionneur, qui s'appelle le président de la République, et ce n'est pas à moi d'évoquer ce genre de sujet.
Vous lui suggérez des noms de Nouveau Centre qui pourraient entrer au Gouvernement ?
Je vous dis ce n'est pas à moi d'évoquer ce sujet, et je n'ai pas envie de l'évoquer avec vous.
Mais vous pouvez lui donner des pistes quand même ?
Voilà.
B. Kouchner est en Afghanistan, N. Sarkozy n'ira pas à Kaboul, alors que c'était prévu, on est en train de changer de stratégie là-bas ?
Non, je crois que la stratégie qui est mise en oeuvre en Afghanistan, aujourd'hui, la stratégie de B. Obama, de l'administration américaine, est une stratégie qui est celle que nous défendons depuis deux ans. En clair, l'administration américaine est en train de faire ce que nous disions, c'està- dire, à la fois, que nous fassions un effort nettement plus important sur le développement, que nous créions les conditions de la confiance avec la population, et donc que les forces qui assurent la sécurité et la stabilité de la population afghane soient plus au contact, soient plus en proximité avec la population afghane, que nous ayons une vraie réflexion sur les institutions afghanes, on ne peut pas plaquer des institutions européennes dans un pays qui n'a jamais eu cette culture-là et qui est un pays de féodalité, de tribus, de clans. Et donc tous ces éléments-là de cette nouvelle politique vont plutôt dans le bon sens.
Ça se passe aussi au Pakistan, ce conflit, une action occidentale est-elle envisageable au Pakistan ?
Non, une action occidentale n'est pas envisageable au Pakistan, ce qui est en revanche absolument indispensable, c'est que le Pakistan mène le même combat que nous.
Vous vous rendez en Libye dans les tous prochains jours...
Ce week-end...
Est-ce que les Libyens, est-ce que le colonel Kadhafi va tenir sa promesse : nous acheter des Rafales, il l'avait promis en décembre 2007 ?
Ecoutez, ce sont des sujets dont moins on parle, mieux on se porte.
On n'en parle pas, et puis, depuis deux ans, il n'y a rien !
Oui, mais je me permets de vous faire observer, plus globalement, au-delà de la Libye, c'est que je m'étais fixé comme objectif de relancer les exportations d'armements français, parce qu'il s'agit d'un joyau technologique extraordinaire. Nous nous étions fixé en 2008 comme cap six milliards d'euros d'exportations, nous l'avons largement franchi, nous sommes à six milliards trois. Nous avons passé des contrats majeurs avec le Brésil, puisque nous avons un partenariat stratégique avec le Brésil, nous avons des discussions extrêmement approfondies avec un certain nombre de pays qui, je l'espère, devraient aboutir dans les semaines. Et donc cet effort-là, nous le faisons avec la discrétion qui s'impose parce que, à chaque fois que vous en parlez, vous favorisez la concurrence.
Les Britanniques sont prêts à se retirer du programme A-400M à cause des retards, ils ne veulent plus payer à l'aveugle ; ce programme sera-t-il abandonné ?
Je fais tout pour sauver ce programme. J'ai proposé encore à mes collègues européens que nous nous retrouvions dans une dizaine de jours...
Ce n'est pas gagné...
Ce n'est pas gagné, mais il s'agit d'un programme phare pour l'industrie européenne, un programme phare pour EADS, un symbole de ce que nous voulons, c'est-à-dire la construction de la défense européenne. Et ce programme-là, les Européens doivent le mener parce qu'en plus, il a une magnifique perspective industrielle ; nous sommes les seuls dans le monde à faire un avion de ce type. Donc il faut absolument qu'on arrive à le sauver.
H. Morin, merci, bonne journée !
Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 15 mai 2009
Bonjour C. Barbier.
"Le Gouvernement ne bougera plus", affirme F. Fillon dans Le Figaro ce matin, à propos de la réforme de l'hôpital, alors que la grogne des médecins s'exprimera encore aujourd'hui. Approuvez-vous la fermeté du Premier ministre ?
Je crois que le gouvernement a corrigé et entendu notamment les médecins, qui réclamaient que la gouvernance des hôpitaux soit améliorée et donne plus de place aux médecins, face aux directeurs d'hôpitaux. Des amendements ont été proposés, adoptés, et il me semble qu'aujourd'hui, l'équilibre est le bon équilibre. Tout le monde sait très bien que depuis des années, on a mis de plus en plus d'argent dans l'hôpital sans qu'on ne soit en mesure de régler la question hospitalière. Et donc il faut bien, un jour ou l'autre, faire en sorte que la gouvernance du secteur hospitalier soit améliorée.
Pour apaiser encore les esprits, il y a une bonne solution, c'est de lever la procédure d'urgence, c'est-à-dire une lecture dans chaque assemblée, et retourner avec le texte, qui est fortement amendé en ce moment au Sénat, à l'Assemblée nationale pour une dernière lecture peut-être consensuelle.
Ecoutez, moi, ce que je sais, c'est que dans le même temps, des tas de projets de loi sont en instance depuis des semaines et des semaines, compte tenu de la transformation des règles de travail de l'Assemblée nationale...
On n'a pas le temps...
Et je constate que, pour prendre un texte que je connais mieux que quiconque...
La loi de programmation militaire...
C'est la loi de programmation militaire, ça fait cinq mois que le Parlement attend pour la discuter ; et nombreux sont les ministres qui sont dans la même situation. Et donc il me semble que les débats ont été riches, nourris et qu'il faut continuer.
Alors sept abstentions pour dix votes oui, ça, c'était le comportement de vos députés Nouveau Centre lors de la première lecture sur ce texte sur l'hôpital, ça sent le scepticisme quand même de vos centristes.
Eh bien, écoutez, ils ont exprimé la diversité, qui est le propre de la famille centriste.
C'est de la diversité ou c'est de la grogne, on n'est pas content du texte ?
Non, mais non, je crois que... je veux dire, le principe des députés Nouveau Centre, c'est que chacun est libre de son vote, il n'y a pas d'embrigadement, d'encasernement, tout ça n'existe pas. Et donc les parlementaires s'expriment, les uns ont voté pour, en majorité, le groupe a voté pour, c'est l'expression politique du groupe, certains se sont abstenus, il n'y a pas de quoi en faire un fromage.
Sur Hadopi, onze seulement ont voté pour...
Même chose...
Vous êtes vraiment dans la majorité ?
Oui, nous sommes dans la majorité, et nous le revendiquons, et c'est d'ailleurs la raison de notre divorce et de notre séparation avec F. Bayrou. Nous voulions et nous voulons participer à l'entreprise de réforme, de modernisation du pays. Notre pays était dans la situation qui avait tellement frappé nos compatriotes en 2005 qu'ils avaient décidé d'élire un président de la République qui avait dit : je vais réformer et transformer le pays en profondeur. Et nous avons voulu participer à cette oeuvre de transformation et de modernisation du pays. Donc nous sommes dans la majorité, nous sommes avec nos différences. Nous sommes profondément européens, nous voulons être les défenseurs des libertés et de toutes les libertés, nous voulons faire vivre de nouvelles solidarités, des solidarités intermédiaires, des solidarités responsabilisantes, où on fait vivre le secteur coopératif, le mutualisme, les fondations, pour répondre à des nouvelles problématiques ; voilà ce que nous voulons faire. Mais nous sommes en même temps dans la majorité, et nous le revendiquons.
Vous le revendiquez, vous parliez du Parlement qui se réforme, le nouveau règlement, vous le voterez ou vous trouvez que les petites formations, la diversité ne s'expriment pas assez ?
Ecoutez, F. Sauvadet, le président du groupe, a clairement indiqué qu'il souhaitait qu'il y ait une expression pluraliste, clairement affichée dans le règlement de l'Assemblée. Il appartient à la majorité d'y trouver...
Ce n'est pas le cas, le compte n'y est pas...
Le compte n'y est pas pour l'instant. Le compte, selon F. Sauvadet, que j'ai eu hier soir au téléphone, le compte n'y est pas.
Est-ce que vous vous plaignez, est-ce que F. Sauvadet se plaint de l'attitude, des méthodes de J.-F. Copé, le président du groupe UMP, est-ce que c'est un "bad boy", comme il le dit lui-même ?
Mais non, mais la vie politique est un combat, et la vie parlementaire, plus encore.
Que dites-vous à J. Toubon, à L. Ferry, qui étaient, l'un sortant, estimé, l'autre, candidat éventuel aux européennes ; tous les deux évincés pour faire de la place aux candidats Nouveau Centre ?
Moi, je constate une chose, nous avons fait un choix simple, nous avons considéré que compte tenu des difficultés économiques et sociales du moment, il fallait que la majorité soit unie et rassemblée, c'est le choix que nous avons fait. Nous avions demandé que le Nouveau Centre soit clairement présent sur ces listes, et nous, avec cette idée-là, l'idée du renouvellement, du renouveau en politique, et de la venue en politique d'hommes et de femmes à qui on va confier des responsabilités. Par exemple, le président des jeunes centristes, D. Abad, sera en position éligible dans la région sud-est, il a 29 ans, ce sera le plus jeune député européen, c'est un homme formidable, qui est le président de la formation des jeunes, et pour qui on va donner une responsabilité politique. La conseillère municipale de Tours, qui sera dans la région Auvergne, est une jeune aussi, S. Auconie ; voilà, nous, on a voulu...
Tant pis pour ceux qui sont évincés...
On a voulu faire en sorte que le Nouveau Centre soit l'expression d'une famille politique qui veut faire émerger une nouvelle génération en politique, et c'est comme ça, je vous le dis, que je souhaite que le Nouveau Centre aborde les élections législatives de 2012. V. Giscard d'Estaing l'avait très bien fait en 1978 ; il avait su faire émerger des hommes et des femmes qui avaient une trentaine d'années, et qui après se sont appelés Bayrou, Léotard, Longuet, etc.
Oui, mais il n'était pas dans le RPR, il était à côté...
Oui, eh bien, le Nouveau Centre, qui se veut l'héritier de l'UDF, est sur la même démarche : faire émerger une nouvelle génération en politique, et nous le faisons au moment des élections européennes.
Avec des listes indépendantes, vous auriez peut-être mieux contré la hausse du MoDem, qui est assez haut dans les sondages ?
Ecoutez, vous avez constaté à quel point la campagne européenne est une campagne dont on peut dire que, voilà, elle se fait à bas bruit...
Tout de même, F. Bayrou monte dans les sondages, il tape sur N. Sarkozy...
Ecoutez, il monte dans les sondages, je vous rappelle que le score de l'UDF aux dernières européennes, c'était 12,5%. S'il fait 13% avec une participation de 35 à 40% alors qu'il a fait plus de 18% au moment des élections présidentielles, on ne peut pas dire que ce soit un score absolument aussi extraordinaire que vous voulez bien me le dire.
Avez-vous lu son livre ?
Eh bien non !
Le lirez-vous ?
(Rires)... Non, honnêtement, je n'ai pas prévu de le lire. Je suis en train de lire un très joli livre que m'a offert J. Viard sur « Lettre aux paysans modernes », qui est un très beau livre.
Il y aura un remaniement après les européennes, vous avez envie de bouger, de quitter la Défense ?
Ecoutez, la question pour moi ne se pose pas. Vous savez, c'est un peu la même problématique que tous ceux qui aiment le football, ils se veulent à la place du sélectionneur. Il y a un sélectionneur, qui s'appelle le président de la République, et ce n'est pas à moi d'évoquer ce genre de sujet.
Vous lui suggérez des noms de Nouveau Centre qui pourraient entrer au Gouvernement ?
Je vous dis ce n'est pas à moi d'évoquer ce sujet, et je n'ai pas envie de l'évoquer avec vous.
Mais vous pouvez lui donner des pistes quand même ?
Voilà.
B. Kouchner est en Afghanistan, N. Sarkozy n'ira pas à Kaboul, alors que c'était prévu, on est en train de changer de stratégie là-bas ?
Non, je crois que la stratégie qui est mise en oeuvre en Afghanistan, aujourd'hui, la stratégie de B. Obama, de l'administration américaine, est une stratégie qui est celle que nous défendons depuis deux ans. En clair, l'administration américaine est en train de faire ce que nous disions, c'està- dire, à la fois, que nous fassions un effort nettement plus important sur le développement, que nous créions les conditions de la confiance avec la population, et donc que les forces qui assurent la sécurité et la stabilité de la population afghane soient plus au contact, soient plus en proximité avec la population afghane, que nous ayons une vraie réflexion sur les institutions afghanes, on ne peut pas plaquer des institutions européennes dans un pays qui n'a jamais eu cette culture-là et qui est un pays de féodalité, de tribus, de clans. Et donc tous ces éléments-là de cette nouvelle politique vont plutôt dans le bon sens.
Ça se passe aussi au Pakistan, ce conflit, une action occidentale est-elle envisageable au Pakistan ?
Non, une action occidentale n'est pas envisageable au Pakistan, ce qui est en revanche absolument indispensable, c'est que le Pakistan mène le même combat que nous.
Vous vous rendez en Libye dans les tous prochains jours...
Ce week-end...
Est-ce que les Libyens, est-ce que le colonel Kadhafi va tenir sa promesse : nous acheter des Rafales, il l'avait promis en décembre 2007 ?
Ecoutez, ce sont des sujets dont moins on parle, mieux on se porte.
On n'en parle pas, et puis, depuis deux ans, il n'y a rien !
Oui, mais je me permets de vous faire observer, plus globalement, au-delà de la Libye, c'est que je m'étais fixé comme objectif de relancer les exportations d'armements français, parce qu'il s'agit d'un joyau technologique extraordinaire. Nous nous étions fixé en 2008 comme cap six milliards d'euros d'exportations, nous l'avons largement franchi, nous sommes à six milliards trois. Nous avons passé des contrats majeurs avec le Brésil, puisque nous avons un partenariat stratégique avec le Brésil, nous avons des discussions extrêmement approfondies avec un certain nombre de pays qui, je l'espère, devraient aboutir dans les semaines. Et donc cet effort-là, nous le faisons avec la discrétion qui s'impose parce que, à chaque fois que vous en parlez, vous favorisez la concurrence.
Les Britanniques sont prêts à se retirer du programme A-400M à cause des retards, ils ne veulent plus payer à l'aveugle ; ce programme sera-t-il abandonné ?
Je fais tout pour sauver ce programme. J'ai proposé encore à mes collègues européens que nous nous retrouvions dans une dizaine de jours...
Ce n'est pas gagné...
Ce n'est pas gagné, mais il s'agit d'un programme phare pour l'industrie européenne, un programme phare pour EADS, un symbole de ce que nous voulons, c'est-à-dire la construction de la défense européenne. Et ce programme-là, les Européens doivent le mener parce qu'en plus, il a une magnifique perspective industrielle ; nous sommes les seuls dans le monde à faire un avion de ce type. Donc il faut absolument qu'on arrive à le sauver.
H. Morin, merci, bonne journée !
Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 15 mai 2009