Texte intégral
Nicole Notat, secrétaire générale de la CFDT, est d'accord pour discuter du dossier des retraites sur tous les points, y compris la durée de cotisation. Mais à une condition : que soit garanti, au préalable, le niveau des futures pensions.
Quelle peut être la base d'un éventuel accord avec le patronat, sur les régimes complémentaires, que jusqu'ici vous avez gérés ensemble ?
Notre mandat est clair : consolider, globalement, le système des retraites par répartition, c'est-à-dire à la fois le régime de base et le régime complémentaire. La première inquiétude des salariés porte sur le taux de remplacement qui leur sera proposé, à l'avenir. Or depuis plusieurs années on assiste à un grignotage, intolérable, du niveau des retraites par rapport au salaire perçu durant la période d'activité. La réforme doit donc avoir comme premier objectif de fixer le niveau des retraites de demain. Si on obtient cette garantie, nous serons ouverts sur tous les moyens d'y arriver, y compris la durée de cotisation. Poser ce problème n'est pas choquant. Nul n'ignore que l'on dispose uniquement de trois leviers pour faire évoluer un système de retraite : le taux de remplacement, le niveau des cotisation et leur durée. Mais le Medef ne prend en compte que ce dernier et seul critère, dont il fait un préalable. C'est doublement inadmissible. Nous ne refusons pas la réforme. Nous voulons, au contraire, une vraie réforme, intégrant toutes les données. Le moment venu il faudra d'ailleurs que tous les acteurs puissent travailler de concert, dans le cadre d'une réforme globale.
" La retraite à 60 ans " n'est-elle pas, d'ores et déjà, une notion ambiguë ?
La retraite à 60 ans est un droit, mais elle n'est pas une garantie de retraite à taux plein. Le critère déterminant est le nombre de trimestres pendant lesquels chacun cotise. Pour le privé, cette période sera de 40 ans, quand la réforme Balladur sera arrivée à terme, en 2003, une décennie après sa mise en oeuvre. Faute d'avoir ces quarante années, les salariés prolongent déjà leur activité au delà de la soixantaine. Pour la CFDT, c'est la durée qui doit être l'élément essentiel. D'où la " retraite à la carte ", que nous préconisons. Elle permettrait par exemple au salarié, dès qu'il atteindrait les quarante années de cotisation, de bénéficier d'une retraite à taux plein, même s'il a moins de 60 ans.
Le gouvernement qui a la responsabilité du régime général pourrait-il prendre en compte, rapidement, une telle proposition ?
Il est peu probable que le gouvernement prenne des décisions avant la présidentielle et les législatives.
En ira-t-il de même sur un autre dossier sensible, celui des fonctionnaires ?
Les questions démographiques et l'allongement de l'espérance de vie concernent tout le monde. Les fonctionnaires l'ont bien compris. Mais ils ont une préoccupation légitime : la prise en compte des primes qui pour l'instant ne sont pas intégrées dans le calcul de leur retraite. On ne peut pas seulement leur dire : " Il faut augmenter la durée des cotisations ", en occultant cette autre question, très sensible. Vraisemblablement ce dossier, lui aussi, sera traité après les échéances électorales de l'an prochain.
Quelles sont les chances de réouverture d'une négociation avec le Medef, sur les régimes complémentaires ? Faut-il aboutir rapidement ?
Sur la réouverture des négociations je n'ai guère d'inquiétudes. C'est la conclusion d'un accord qui me soucie le plus. Mais on peut engager des changements, en prenant un peu de temps pour les réformes en profondeur. Anticiper, ne veut pas dire se précipiter. Les deux années de croissance que vient de vivre notre pays permettent de ne pas opérer dans l'urgence.
La gauche accuse volontiers le Mouvement des entreprises de France, de faire de la politique. Qu'en pensez-vous ?
Je ne me suis jamais située sur ce terrain.
Propos recueillis par Francis Laffon
(Source http://www.cfdt.fr, le 14 mars 2001).
Quelle peut être la base d'un éventuel accord avec le patronat, sur les régimes complémentaires, que jusqu'ici vous avez gérés ensemble ?
Notre mandat est clair : consolider, globalement, le système des retraites par répartition, c'est-à-dire à la fois le régime de base et le régime complémentaire. La première inquiétude des salariés porte sur le taux de remplacement qui leur sera proposé, à l'avenir. Or depuis plusieurs années on assiste à un grignotage, intolérable, du niveau des retraites par rapport au salaire perçu durant la période d'activité. La réforme doit donc avoir comme premier objectif de fixer le niveau des retraites de demain. Si on obtient cette garantie, nous serons ouverts sur tous les moyens d'y arriver, y compris la durée de cotisation. Poser ce problème n'est pas choquant. Nul n'ignore que l'on dispose uniquement de trois leviers pour faire évoluer un système de retraite : le taux de remplacement, le niveau des cotisation et leur durée. Mais le Medef ne prend en compte que ce dernier et seul critère, dont il fait un préalable. C'est doublement inadmissible. Nous ne refusons pas la réforme. Nous voulons, au contraire, une vraie réforme, intégrant toutes les données. Le moment venu il faudra d'ailleurs que tous les acteurs puissent travailler de concert, dans le cadre d'une réforme globale.
" La retraite à 60 ans " n'est-elle pas, d'ores et déjà, une notion ambiguë ?
La retraite à 60 ans est un droit, mais elle n'est pas une garantie de retraite à taux plein. Le critère déterminant est le nombre de trimestres pendant lesquels chacun cotise. Pour le privé, cette période sera de 40 ans, quand la réforme Balladur sera arrivée à terme, en 2003, une décennie après sa mise en oeuvre. Faute d'avoir ces quarante années, les salariés prolongent déjà leur activité au delà de la soixantaine. Pour la CFDT, c'est la durée qui doit être l'élément essentiel. D'où la " retraite à la carte ", que nous préconisons. Elle permettrait par exemple au salarié, dès qu'il atteindrait les quarante années de cotisation, de bénéficier d'une retraite à taux plein, même s'il a moins de 60 ans.
Le gouvernement qui a la responsabilité du régime général pourrait-il prendre en compte, rapidement, une telle proposition ?
Il est peu probable que le gouvernement prenne des décisions avant la présidentielle et les législatives.
En ira-t-il de même sur un autre dossier sensible, celui des fonctionnaires ?
Les questions démographiques et l'allongement de l'espérance de vie concernent tout le monde. Les fonctionnaires l'ont bien compris. Mais ils ont une préoccupation légitime : la prise en compte des primes qui pour l'instant ne sont pas intégrées dans le calcul de leur retraite. On ne peut pas seulement leur dire : " Il faut augmenter la durée des cotisations ", en occultant cette autre question, très sensible. Vraisemblablement ce dossier, lui aussi, sera traité après les échéances électorales de l'an prochain.
Quelles sont les chances de réouverture d'une négociation avec le Medef, sur les régimes complémentaires ? Faut-il aboutir rapidement ?
Sur la réouverture des négociations je n'ai guère d'inquiétudes. C'est la conclusion d'un accord qui me soucie le plus. Mais on peut engager des changements, en prenant un peu de temps pour les réformes en profondeur. Anticiper, ne veut pas dire se précipiter. Les deux années de croissance que vient de vivre notre pays permettent de ne pas opérer dans l'urgence.
La gauche accuse volontiers le Mouvement des entreprises de France, de faire de la politique. Qu'en pensez-vous ?
Je ne me suis jamais située sur ce terrain.
Propos recueillis par Francis Laffon
(Source http://www.cfdt.fr, le 14 mars 2001).