Texte intégral
Mes chers camarades, mes chers amis, bonjour Toulouse !
La ville rose, et encore plus pour les socialistes, pour tous les socialistes, y compris les socialistes européens. Merci à vous d'être venus si nombreux, militants, sympathisants, pour une Europe qui en a bien besoin. C'est toujours un grand bonheur pour les socialistes d'être à Toulouse, et dans cette Halle aux grains, il y a de grands souvenirs. Ce soir, quel rendez-vous ? Lancer le même jour au même endroit la campagne pour les élections européennes avec les têtes de listes des partis frères socialistes et socio-démocrates européens. C'est vrai, c'est une belle soirée. Je voudrais saluer tout de suite notre président, le président du Parti socialiste européen, Poul Rasmussen, merci Poul.
On peut le remercier en effet, parce que Poul est un travailleur infatigable de nos valeurs. Il a réussi à rassembler tous les socialistes et socio-démocrates européens autour d'un manifeste. Il a dit : faisons campagne commune, et pourquoi pas en France dans un lieu symbolique ? C'est ce que nous avons fait.
Je salue le président de l'internationale socialiste, George Papandréou.
Nos valeurs socialistes, nous voulons les porter partout dans le monde.
Et vous savez, Papandréou, en Grèce mais aussi chez nous, c'est un nom qui rime avec liberté et avec démocratie. Merci d'être là.
Et bien sûr, nous avons avec nous un habitué de Toulouse, Martin Schulz, président du groupe socialiste européen. Merci.
Alors oui, Toulouse n'a pas été choisie par hasard. Toulouse d'abord reconquise l'an dernier par Pierre Cohen et son équipe, grâce à vous tous. Je me souviens de cette soirée à Lille où nous avons entendu cette belle victoire : 37 ans qu'on l'attendait ! Bravo Pierre pour tout ce que tu fais, bravo à ton équipe. Je salue tous les élus de la région et du département, qui font tant pour Toulouse et toute la région. Toulouse, c'est aussi un symbole, c'est la ville d'Eads, qui symbolise l'Europe telle que nous la voulons, l'Europe de l'avenir.
Et puis Toulouse terre de gauche, qui n'a jamais supporté les injustices, qui s'est toujours rebellée contre les inégalités, Toulouse terre de Jaurès. J'ai retrouvé un article de juillet 1914 : « Partout, le socialisme international élève la voix pour préparer les éléments d'une Europe nouvelle, un peu moins sauvage. »
Il a été assassiné le lendemain.
Construisons cette Europe nouvelle, un peu moins sauvage !
Mes chers camarades, cette Europe nouvelle, libérée de la guerre, mais aussi de la brutalité d'un capitalisme financier, un siècle après, c'est à nous de la construire. C'est le message de Toulouse, le message du Parti socialiste français, le message du Parti socialiste européen, le message qu'attendent des millions de personnes. Nous disons : oui, le 7 juin, nous pouvons changer l'Europe en changeant de majorité au Parlement européen. La voilà, l'Europe nouvelle !
Alors oui, il nous faut voir se lever une nouvelle génération, qui retrouve l'idéal européen. Je la vois, cette nouvelle génération : Kader, tête de liste, avec tous les camarades qui sont sur la liste !
Allez Kader !
Kader, avec les autres têtes de liste : Harlem, Gilles, Catherine, Bernadette, qui sont là avec nous, et aussi Juan Lopez Aguilar (tête de liste des socialistes espagnols), et tous nos camarades qui sont avec nous ce soir.
Oui, il faudra relever ce défi du changement. La colère monte partout, il y a urgence.
Les raisons de la colère, nous les connaissons bien : une politique inefficace et injuste.
Il va falloir le faire, ce bilan du président de la République : inefficace, et tellement injuste.
Voilà les raisons essentielles de la colère dans notre pays.
La colère contre ce bouclier fiscal, qui est un bouclier pour les plus riches, et qu'il ne veut pas remettre en cause. La colère aussi pour ce pouvoir d'achat. Nous avons rencontré encore beaucoup de salariés ce matin qui nous ont dit leurs difficultés à joindre les deux bouts. La précarité pour les jeunes. Quand un pays ne sait pas faire sa place à des jeunes, c'est qu'il ne va pas bien du tout. Et cette sourde angoisse pour les personnes licenciées.
Les atteintes aux libertés, les voilà les raisons de cette colère dans notre pays, mais aussi de cette désespérance, cette souffrance, et c'est pour cela que nous devons agir pour dénoncer, bien sûr, mais aussi pour proposer.
Nicolas Sarkozy ne veut pas réduire les inégalités et les injustices, je dirais même que souvent il les provoque. Ce que nous avons appris de Dexia hier est caractéristique : que de discours avons-nous entendus pour tacler les patrons voyous. Et nous apprenons hier qu'une entreprise a encore donné des millions d'euros de bonus à son patron. Nous ne supportons pas de laisser faire cette crise qui ronge notre cohésion sociale et qui crée tant de difficultés. Alors oui, disons-le, si nous sommes là ce soir, c'est aussi pour soutenir tous les salariés qui se battent aujourd'hui, je pense ce soir aux Molex. Nous les avons vus ce matin, tous les Français connaissent leur histoire : l'histoire d'un groupe tenu par des fonds de pension américains, qui sont venus racheter cette entreprise bénéficiaire, ayant dans son domaine des compétences importantes, cette entreprise qui a pris les brevets pour les amener aux Etats-Unis, qui a pris les clients... Qu'ont compris les salariés ? Que ces établissements faisaient des bénéfices, qu'on avait distribué des dividendes plus importants que l'an dernier aux fonds de pension...
Nous avions demandé au président de la République de relancer l'économie, bien sûr, mais aussi de prendre des mesures pour empêcher ces licenciements financiers.
La duplicité, l'avidité, la brutalité, voilà ce que vivent aujourd'hui beaucoup de salariés, avec cette impression d'injustice. Alors nous devons être à leurs côtés, parce que nous voulons proposer un autre modèle où tout cela ne sera plus possible, ce libéralisme financier qui meurtrit des gens qui se battent pour leur travail. Alors nous serons à leurs côtés, nous leur avons dit, en votre nom à tous.
Alors oui, on peut épiloguer sur les violences qu'il y a aujourd'hui, rien n'excuse jamais les violences, mais il faut entendre ces cris, que le président de la République ne veut pas entendre, alors que ce sont des cris de désespoir.
Ce qu'on attendrait aujourd'hui, c'est qu'on calme tout cela, que le gouvernement dise : on fait des tables rondes, on cherche des repreneurs, etc. Et non pas qu'on tance ceux qui se battent pour que leur entreprise vive, alors que les actionnaires s'en vont.
Je le dis souvent, mais je le redis au président de la République : il n'y a pas d'ordre sans justice. Et dans un pays qui accroît les injustices tous les jours, qui fait voter des lois parce qu'il y a des bandes dans les quartiers et qu'on ne fait pas voter des lois pour empêcher les bonus scandaleux, dans un tel pays il n'y a pas de justice et donc pas d'ordre.
Nicolas Sarkozy n'entend rien, il continue. Il continue surtout à se donner des satisfecit, il réussit tout : le G20, le G4... Alors que la France, pendant ce temps-là, s'enfonce. Aujourd'hui, nous lui disons : faire ce qu'il faut, c'est supprimer le bouclier fiscal, pour créer des emplois pour les jeunes. Faire ce qu'il faut, c'est faire ce qu'a fait notre camarade Zapatero en Espagne: faire un plan de relance économique digne de ce nom, relançant les investissements par le logement. Et pas faire ce que nous faisons en France, rester les bras ballants attendant que la crise nous submerge.
Finalement, on le voit bien : Nicolas Sarkozy continue à tenir des discours mais ne change pas, ne critique pas ce système qu'il a porté aux nues pendant des années : avec Bush, Berlusconi, Barroso, il a défendu ce système, il a encouragé la société des actionnaires. Ce système, que nous ne voulons plus, c'est effectivement le libéralisme financier. Certains veulent nous faire croire qu'il faudrait faire confiance à ceux qui ont porté ce système, ceux qui ont dit : les produits dérivés, c'est ça la modernité. Nous savions que nous allions droit dans le mur, nous y sommes aujourd'hui. Il faut dire que oui, nous pouvons changer l'Europe. Nous devons réunir nos forces pour que l'Europe soit présente, pour protéger les Français par rapport à la crise, pour protéger les Européens. Beaucoup auront la tentation de dire non à Sarkozy le 7 juin, non à ceux qui ont porté ce système, à ceux qui continuent à le défendre, à ceux qui ne veulent pas reconnaître leurs erreurs et qui continuent à prôner l'injustice.
Alors oui, il y aura de la dénonciation. Nous sommes avec les camarades du PSE, nous sommes une force politique. Il faut trouver un débouché politique à cette colère qui monte. Il faut que nous expliquions aux Français : oui, ils sont dubitatifs sur l'Europe, ils n'ont pas accepté cette Europe de Barroso, de Berlusconi, qui a voulu soutenir la directive Bolkestein, qui continue à dire que les services publics coûtent trop cher...
J'en suis convaincue, les Français ne veulent plus de cette Europe-là, cette Europe qui est celle de la droite. Le bilan actuel, c'est le leur, ceux qui ont préféré l'économie de la finance, qui nous ont fait croire que les services publics gênaient l'initiative, ceux qui préfèrent l'autoritarisme en politique étrangère. Il faudra leur dire que ce bilan, ce n'est pas le nôtre. Nous avons dit que l'Europe devait être là pour le progrès.
Nous avons dit qu'on ne pouvait pas accepter la directive Bolkestein, la directive de la honte.
Ce n'est pas cela l'Europe, et nous leur dirons.
Ils ont amené la crise hier, ils l'amplifient aujourd'hui, et croyez bien, si le 7 juin, la majorité reste la même, ça continuera comme avant. C'est la santé qu'il faudra payer, ou alors ne pas se faire soigner, c'est l'âge de la retraite qu'il faudra toujours repousser, c'est les emplois qui seront toujours plus fragilisés. Il suffit de regarder leurs textes, car ce sur quoi l'on s'engage est toujours révélateur. Le texte du parti populaire européen dit qu'ils vont continuer comme avant. Ils mettront quelques rustines, mais ils vont essayer d'oublier. Nous touchons là la question essentielle que nous devons poser aux Français et aux Européens : qui peut changer ce capitalisme financier qui nous a conduit dans le mur ? La droite qui veut replâtrer ce monde d'avant, pour que tout continue comme avant, ou la gauche qui veut créer le monde d'après, un monde plus doux, plus juste, plus efficace ? Voilà la question qu'il faut poser.
Il faut changer de majorité le 7 juin. Il faut changer le Parlement européen pour changer l'Europe.
Les Américains l'ont fait, alors nous, les Européens, nous ne serions pas capables de changer de sens ? Mais oui, nous le pouvons, et nous allons le faire !
Oui, mes camarades, je crois en effet, et nous en parlions tout à l'heure avec les camarades européens, que nous pouvons le faire.
Parce que les socialistes et les socio-démocrates n'ont jamais été aussi unis pour le même combat. Et parce que nous avons ce manifeste, merci Poul, c'est grâce à toi que nous l'avons. 27 partis qui disent ensemble : nous serons au rendez-vous de l'histoire.
27 partis qui veulent mettre les bases d'un nouveau modèle, qui ont décidé, par delà leurs différences, leurs sensibilités, de se réunir sur l'essentiel, de retrouver l'idéal européen qui a été tant oublié. Mes camarades, nous sommes une force, égale à nulle autre en Europe. Une force qui veut donner un nouveau sens à l'Europe : les citoyens d'abord, voilà ce que nous voulons, ne pas oublier ce pourquoi l'Europe a été créée il y a maintenant 60 ans.
Alors recréons un lien affectif avec l'Europe, celui qui nous a tant manqué ces dernières années : cette Europe qui a accompagné la Grèce, l'Espagne, le Portugal à la sortie des régimes dictatoriaux : c'est cette Europe-là que nous voulons retrouver.
Notre Europe, c'est celle qu'on trouve dans le manifeste : c'est celle qui crée des emplois, qui a une véritable politique industrielle, une politique agricole, qui sait financer pour demain l'Europe de l'intelligence, de la recherche. C'est une Europe juste qui répartit différemment les fruits de la croissance, grâce à des salaires minima que nous proposons. C'est une Europe qui porte haut l'émancipation de chacun. Oui, nous défendons les services publics, nous voulons une directive générale qui les sacralise, car c'est cela, porter au plus haut l'Europe, par l'éducation, le logement, les services publics...
Et puis, je le dis devant Zita Gurmai, vous savez qui elle est ? C'est la présidente des femmes socialistes européennes. Mais elle fait aussi partie de la direction du Parti socialiste français, car elle est secrétaire nationale aux femmes, dans notre parti, mes chers camarades. Alors oui, pour la première fois, l'égalité entre hommes et femmes est portée au même rang que les autres priorités que nous nous sommes fixées, comme celle d'être leader pour la protection du climat.
Nous voulons que l'Europe soit porteuse de paix, d'autres rapports entre les hommes, porteuse des droits de l'homme. Il n'y a pas de projet de gauche sans un projet pour l'Europe, une Europe fraternelle, humaniste, juste. C'est cela que nous défendons le 7 juin.
Poul Rasmussen nous a réunis, et a dit : nous pouvons gagner le 7 juin, nous pouvons renverser l'Europe, et alors, dans tous les pays aussi, on aura envie de changer les choses.
Nous avons pris des engagements, et nous allons les défendre partout en France dans les jours qui viennent.
Je voudrais terminer...
L'Europe à gauche ! Je voudrais remercier tous nos camarades des 27 pays d'être venus ici en France. Merci à Poul Rasmussen d'avoir eu cette initiative. C'est un grand honneur pour nous, socialistes français. J'ai l'impression qu'il y a comme une sorte de reconnaissance de ce que nous faisons collectivement : retrouver nos valeurs, retrouver l'unité du Parti socialiste. Nous n'aurions jamais dû nous diviser sur l'Europe, car nous voulons tous la même Europe, et je suis heureuse que nous soyons là aujourd'hui pour défendre la même Europe.
Un dernier mot pour vous dire que nous devons convaincre les Français qu'un autre modèle est possible, qu'un autre sens est possible pour l'Europe : nous sommes la seule force politique avec le Parti socialiste européen, capable de porter ce changement. Si nous gagnons, nous porterons dans les premiers jours nos priorités, et tous les points du manifeste seront mis sur la table ensuite.
Je voudrais dire très simplement que nous sommes un parti de gouvernement : oui, nous dénonçons les injustices, mais nous proposons un autre modèle, pour la France, pour l'Europe, nous proposons des mesures immédiates.
Un mot sur François Bayrou : non ! On ne le siffle pas ! Il vaut mieux savoir où il en est. Mais pour l'instant, nous savons où il en est aujourd'hui. Il fait partie de ce groupe, le parti libéral, qui a lui aussi adopté un manifeste en septembre dernier. Leur première proposition, c'est de continuer à mettre de la concurrence dans les services publics. Voilà ce que défendent les amis de M. Bayrou en Europe. Il faut le savoir, il faut le faire savoir, seul le Parti socialiste est capable de réunir autour de lui des forces de gauche avec tous nos amis européens, pour gagner et défendre l'Europe que nous aimons.
Alors oui, mes camarades, il faut sanctionner Nicolas Sarkozy, Barroso, Berlusconi, et tous ceux qui ont défendu ce système qui nous amène ici. Il faut changer, mais il faut aussi proposer ce nouveau sens à l'Europe, voilà notre feuille de route. Alors soyons au rendez-vous de l'histoire, rendons à l'Europe son génie propre : le combat ouvrier, l'humanisme, les philosophes du 18e, voilà ce que c'est l'Europe ! Ce n'est pas l'Europe des inégalités et qui ferme ses frontières.
Alors oui, nous allons le faire ensemble, je sais que vous y êtes prêts. Nous allons le faire, à partir de ce soir. Allons-y !
Vive Toulouse et vive l'Europe !
Source http://changerleurope.fr, le 26 mai 2009
La ville rose, et encore plus pour les socialistes, pour tous les socialistes, y compris les socialistes européens. Merci à vous d'être venus si nombreux, militants, sympathisants, pour une Europe qui en a bien besoin. C'est toujours un grand bonheur pour les socialistes d'être à Toulouse, et dans cette Halle aux grains, il y a de grands souvenirs. Ce soir, quel rendez-vous ? Lancer le même jour au même endroit la campagne pour les élections européennes avec les têtes de listes des partis frères socialistes et socio-démocrates européens. C'est vrai, c'est une belle soirée. Je voudrais saluer tout de suite notre président, le président du Parti socialiste européen, Poul Rasmussen, merci Poul.
On peut le remercier en effet, parce que Poul est un travailleur infatigable de nos valeurs. Il a réussi à rassembler tous les socialistes et socio-démocrates européens autour d'un manifeste. Il a dit : faisons campagne commune, et pourquoi pas en France dans un lieu symbolique ? C'est ce que nous avons fait.
Je salue le président de l'internationale socialiste, George Papandréou.
Nos valeurs socialistes, nous voulons les porter partout dans le monde.
Et vous savez, Papandréou, en Grèce mais aussi chez nous, c'est un nom qui rime avec liberté et avec démocratie. Merci d'être là.
Et bien sûr, nous avons avec nous un habitué de Toulouse, Martin Schulz, président du groupe socialiste européen. Merci.
Alors oui, Toulouse n'a pas été choisie par hasard. Toulouse d'abord reconquise l'an dernier par Pierre Cohen et son équipe, grâce à vous tous. Je me souviens de cette soirée à Lille où nous avons entendu cette belle victoire : 37 ans qu'on l'attendait ! Bravo Pierre pour tout ce que tu fais, bravo à ton équipe. Je salue tous les élus de la région et du département, qui font tant pour Toulouse et toute la région. Toulouse, c'est aussi un symbole, c'est la ville d'Eads, qui symbolise l'Europe telle que nous la voulons, l'Europe de l'avenir.
Et puis Toulouse terre de gauche, qui n'a jamais supporté les injustices, qui s'est toujours rebellée contre les inégalités, Toulouse terre de Jaurès. J'ai retrouvé un article de juillet 1914 : « Partout, le socialisme international élève la voix pour préparer les éléments d'une Europe nouvelle, un peu moins sauvage. »
Il a été assassiné le lendemain.
Construisons cette Europe nouvelle, un peu moins sauvage !
Mes chers camarades, cette Europe nouvelle, libérée de la guerre, mais aussi de la brutalité d'un capitalisme financier, un siècle après, c'est à nous de la construire. C'est le message de Toulouse, le message du Parti socialiste français, le message du Parti socialiste européen, le message qu'attendent des millions de personnes. Nous disons : oui, le 7 juin, nous pouvons changer l'Europe en changeant de majorité au Parlement européen. La voilà, l'Europe nouvelle !
Alors oui, il nous faut voir se lever une nouvelle génération, qui retrouve l'idéal européen. Je la vois, cette nouvelle génération : Kader, tête de liste, avec tous les camarades qui sont sur la liste !
Allez Kader !
Kader, avec les autres têtes de liste : Harlem, Gilles, Catherine, Bernadette, qui sont là avec nous, et aussi Juan Lopez Aguilar (tête de liste des socialistes espagnols), et tous nos camarades qui sont avec nous ce soir.
Oui, il faudra relever ce défi du changement. La colère monte partout, il y a urgence.
Les raisons de la colère, nous les connaissons bien : une politique inefficace et injuste.
Il va falloir le faire, ce bilan du président de la République : inefficace, et tellement injuste.
Voilà les raisons essentielles de la colère dans notre pays.
La colère contre ce bouclier fiscal, qui est un bouclier pour les plus riches, et qu'il ne veut pas remettre en cause. La colère aussi pour ce pouvoir d'achat. Nous avons rencontré encore beaucoup de salariés ce matin qui nous ont dit leurs difficultés à joindre les deux bouts. La précarité pour les jeunes. Quand un pays ne sait pas faire sa place à des jeunes, c'est qu'il ne va pas bien du tout. Et cette sourde angoisse pour les personnes licenciées.
Les atteintes aux libertés, les voilà les raisons de cette colère dans notre pays, mais aussi de cette désespérance, cette souffrance, et c'est pour cela que nous devons agir pour dénoncer, bien sûr, mais aussi pour proposer.
Nicolas Sarkozy ne veut pas réduire les inégalités et les injustices, je dirais même que souvent il les provoque. Ce que nous avons appris de Dexia hier est caractéristique : que de discours avons-nous entendus pour tacler les patrons voyous. Et nous apprenons hier qu'une entreprise a encore donné des millions d'euros de bonus à son patron. Nous ne supportons pas de laisser faire cette crise qui ronge notre cohésion sociale et qui crée tant de difficultés. Alors oui, disons-le, si nous sommes là ce soir, c'est aussi pour soutenir tous les salariés qui se battent aujourd'hui, je pense ce soir aux Molex. Nous les avons vus ce matin, tous les Français connaissent leur histoire : l'histoire d'un groupe tenu par des fonds de pension américains, qui sont venus racheter cette entreprise bénéficiaire, ayant dans son domaine des compétences importantes, cette entreprise qui a pris les brevets pour les amener aux Etats-Unis, qui a pris les clients... Qu'ont compris les salariés ? Que ces établissements faisaient des bénéfices, qu'on avait distribué des dividendes plus importants que l'an dernier aux fonds de pension...
Nous avions demandé au président de la République de relancer l'économie, bien sûr, mais aussi de prendre des mesures pour empêcher ces licenciements financiers.
La duplicité, l'avidité, la brutalité, voilà ce que vivent aujourd'hui beaucoup de salariés, avec cette impression d'injustice. Alors nous devons être à leurs côtés, parce que nous voulons proposer un autre modèle où tout cela ne sera plus possible, ce libéralisme financier qui meurtrit des gens qui se battent pour leur travail. Alors nous serons à leurs côtés, nous leur avons dit, en votre nom à tous.
Alors oui, on peut épiloguer sur les violences qu'il y a aujourd'hui, rien n'excuse jamais les violences, mais il faut entendre ces cris, que le président de la République ne veut pas entendre, alors que ce sont des cris de désespoir.
Ce qu'on attendrait aujourd'hui, c'est qu'on calme tout cela, que le gouvernement dise : on fait des tables rondes, on cherche des repreneurs, etc. Et non pas qu'on tance ceux qui se battent pour que leur entreprise vive, alors que les actionnaires s'en vont.
Je le dis souvent, mais je le redis au président de la République : il n'y a pas d'ordre sans justice. Et dans un pays qui accroît les injustices tous les jours, qui fait voter des lois parce qu'il y a des bandes dans les quartiers et qu'on ne fait pas voter des lois pour empêcher les bonus scandaleux, dans un tel pays il n'y a pas de justice et donc pas d'ordre.
Nicolas Sarkozy n'entend rien, il continue. Il continue surtout à se donner des satisfecit, il réussit tout : le G20, le G4... Alors que la France, pendant ce temps-là, s'enfonce. Aujourd'hui, nous lui disons : faire ce qu'il faut, c'est supprimer le bouclier fiscal, pour créer des emplois pour les jeunes. Faire ce qu'il faut, c'est faire ce qu'a fait notre camarade Zapatero en Espagne: faire un plan de relance économique digne de ce nom, relançant les investissements par le logement. Et pas faire ce que nous faisons en France, rester les bras ballants attendant que la crise nous submerge.
Finalement, on le voit bien : Nicolas Sarkozy continue à tenir des discours mais ne change pas, ne critique pas ce système qu'il a porté aux nues pendant des années : avec Bush, Berlusconi, Barroso, il a défendu ce système, il a encouragé la société des actionnaires. Ce système, que nous ne voulons plus, c'est effectivement le libéralisme financier. Certains veulent nous faire croire qu'il faudrait faire confiance à ceux qui ont porté ce système, ceux qui ont dit : les produits dérivés, c'est ça la modernité. Nous savions que nous allions droit dans le mur, nous y sommes aujourd'hui. Il faut dire que oui, nous pouvons changer l'Europe. Nous devons réunir nos forces pour que l'Europe soit présente, pour protéger les Français par rapport à la crise, pour protéger les Européens. Beaucoup auront la tentation de dire non à Sarkozy le 7 juin, non à ceux qui ont porté ce système, à ceux qui continuent à le défendre, à ceux qui ne veulent pas reconnaître leurs erreurs et qui continuent à prôner l'injustice.
Alors oui, il y aura de la dénonciation. Nous sommes avec les camarades du PSE, nous sommes une force politique. Il faut trouver un débouché politique à cette colère qui monte. Il faut que nous expliquions aux Français : oui, ils sont dubitatifs sur l'Europe, ils n'ont pas accepté cette Europe de Barroso, de Berlusconi, qui a voulu soutenir la directive Bolkestein, qui continue à dire que les services publics coûtent trop cher...
J'en suis convaincue, les Français ne veulent plus de cette Europe-là, cette Europe qui est celle de la droite. Le bilan actuel, c'est le leur, ceux qui ont préféré l'économie de la finance, qui nous ont fait croire que les services publics gênaient l'initiative, ceux qui préfèrent l'autoritarisme en politique étrangère. Il faudra leur dire que ce bilan, ce n'est pas le nôtre. Nous avons dit que l'Europe devait être là pour le progrès.
Nous avons dit qu'on ne pouvait pas accepter la directive Bolkestein, la directive de la honte.
Ce n'est pas cela l'Europe, et nous leur dirons.
Ils ont amené la crise hier, ils l'amplifient aujourd'hui, et croyez bien, si le 7 juin, la majorité reste la même, ça continuera comme avant. C'est la santé qu'il faudra payer, ou alors ne pas se faire soigner, c'est l'âge de la retraite qu'il faudra toujours repousser, c'est les emplois qui seront toujours plus fragilisés. Il suffit de regarder leurs textes, car ce sur quoi l'on s'engage est toujours révélateur. Le texte du parti populaire européen dit qu'ils vont continuer comme avant. Ils mettront quelques rustines, mais ils vont essayer d'oublier. Nous touchons là la question essentielle que nous devons poser aux Français et aux Européens : qui peut changer ce capitalisme financier qui nous a conduit dans le mur ? La droite qui veut replâtrer ce monde d'avant, pour que tout continue comme avant, ou la gauche qui veut créer le monde d'après, un monde plus doux, plus juste, plus efficace ? Voilà la question qu'il faut poser.
Il faut changer de majorité le 7 juin. Il faut changer le Parlement européen pour changer l'Europe.
Les Américains l'ont fait, alors nous, les Européens, nous ne serions pas capables de changer de sens ? Mais oui, nous le pouvons, et nous allons le faire !
Oui, mes camarades, je crois en effet, et nous en parlions tout à l'heure avec les camarades européens, que nous pouvons le faire.
Parce que les socialistes et les socio-démocrates n'ont jamais été aussi unis pour le même combat. Et parce que nous avons ce manifeste, merci Poul, c'est grâce à toi que nous l'avons. 27 partis qui disent ensemble : nous serons au rendez-vous de l'histoire.
27 partis qui veulent mettre les bases d'un nouveau modèle, qui ont décidé, par delà leurs différences, leurs sensibilités, de se réunir sur l'essentiel, de retrouver l'idéal européen qui a été tant oublié. Mes camarades, nous sommes une force, égale à nulle autre en Europe. Une force qui veut donner un nouveau sens à l'Europe : les citoyens d'abord, voilà ce que nous voulons, ne pas oublier ce pourquoi l'Europe a été créée il y a maintenant 60 ans.
Alors recréons un lien affectif avec l'Europe, celui qui nous a tant manqué ces dernières années : cette Europe qui a accompagné la Grèce, l'Espagne, le Portugal à la sortie des régimes dictatoriaux : c'est cette Europe-là que nous voulons retrouver.
Notre Europe, c'est celle qu'on trouve dans le manifeste : c'est celle qui crée des emplois, qui a une véritable politique industrielle, une politique agricole, qui sait financer pour demain l'Europe de l'intelligence, de la recherche. C'est une Europe juste qui répartit différemment les fruits de la croissance, grâce à des salaires minima que nous proposons. C'est une Europe qui porte haut l'émancipation de chacun. Oui, nous défendons les services publics, nous voulons une directive générale qui les sacralise, car c'est cela, porter au plus haut l'Europe, par l'éducation, le logement, les services publics...
Et puis, je le dis devant Zita Gurmai, vous savez qui elle est ? C'est la présidente des femmes socialistes européennes. Mais elle fait aussi partie de la direction du Parti socialiste français, car elle est secrétaire nationale aux femmes, dans notre parti, mes chers camarades. Alors oui, pour la première fois, l'égalité entre hommes et femmes est portée au même rang que les autres priorités que nous nous sommes fixées, comme celle d'être leader pour la protection du climat.
Nous voulons que l'Europe soit porteuse de paix, d'autres rapports entre les hommes, porteuse des droits de l'homme. Il n'y a pas de projet de gauche sans un projet pour l'Europe, une Europe fraternelle, humaniste, juste. C'est cela que nous défendons le 7 juin.
Poul Rasmussen nous a réunis, et a dit : nous pouvons gagner le 7 juin, nous pouvons renverser l'Europe, et alors, dans tous les pays aussi, on aura envie de changer les choses.
Nous avons pris des engagements, et nous allons les défendre partout en France dans les jours qui viennent.
Je voudrais terminer...
L'Europe à gauche ! Je voudrais remercier tous nos camarades des 27 pays d'être venus ici en France. Merci à Poul Rasmussen d'avoir eu cette initiative. C'est un grand honneur pour nous, socialistes français. J'ai l'impression qu'il y a comme une sorte de reconnaissance de ce que nous faisons collectivement : retrouver nos valeurs, retrouver l'unité du Parti socialiste. Nous n'aurions jamais dû nous diviser sur l'Europe, car nous voulons tous la même Europe, et je suis heureuse que nous soyons là aujourd'hui pour défendre la même Europe.
Un dernier mot pour vous dire que nous devons convaincre les Français qu'un autre modèle est possible, qu'un autre sens est possible pour l'Europe : nous sommes la seule force politique avec le Parti socialiste européen, capable de porter ce changement. Si nous gagnons, nous porterons dans les premiers jours nos priorités, et tous les points du manifeste seront mis sur la table ensuite.
Je voudrais dire très simplement que nous sommes un parti de gouvernement : oui, nous dénonçons les injustices, mais nous proposons un autre modèle, pour la France, pour l'Europe, nous proposons des mesures immédiates.
Un mot sur François Bayrou : non ! On ne le siffle pas ! Il vaut mieux savoir où il en est. Mais pour l'instant, nous savons où il en est aujourd'hui. Il fait partie de ce groupe, le parti libéral, qui a lui aussi adopté un manifeste en septembre dernier. Leur première proposition, c'est de continuer à mettre de la concurrence dans les services publics. Voilà ce que défendent les amis de M. Bayrou en Europe. Il faut le savoir, il faut le faire savoir, seul le Parti socialiste est capable de réunir autour de lui des forces de gauche avec tous nos amis européens, pour gagner et défendre l'Europe que nous aimons.
Alors oui, mes camarades, il faut sanctionner Nicolas Sarkozy, Barroso, Berlusconi, et tous ceux qui ont défendu ce système qui nous amène ici. Il faut changer, mais il faut aussi proposer ce nouveau sens à l'Europe, voilà notre feuille de route. Alors soyons au rendez-vous de l'histoire, rendons à l'Europe son génie propre : le combat ouvrier, l'humanisme, les philosophes du 18e, voilà ce que c'est l'Europe ! Ce n'est pas l'Europe des inégalités et qui ferme ses frontières.
Alors oui, nous allons le faire ensemble, je sais que vous y êtes prêts. Nous allons le faire, à partir de ce soir. Allons-y !
Vive Toulouse et vive l'Europe !
Source http://changerleurope.fr, le 26 mai 2009