Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Question directe : oui ou non, a-t-on identifié et retrouvé des débris de l'Airbus A 330 ?
D'après les autorités militaires brésiliennes, il y a peu de doute sur l'origine des débris ; les vols de reconnaissance français dans la nuit ne les avaient pas, eux, retrouvés, il semblerait que le dernier Breguet Atlantique, enfin celui qui est en train de tourner actuellement, confirmerait les débris c'est sûr, mais la probable origine des débris. En tous les cas, ce sont des tas de débris...
Les informations que vous nous donnez, il y a actuellement un Breguet qui tourne sur zone...
Absolument.
...et qui aurait repéré lui aussi, un Breguet français, qui aurait repéré ces débris ?
Oui. En fait, ce sont des tâches de débris qui sont actuellement disséminées. D'où la difficulté d'ailleurs de l'identification, mais enfin, on est sur la zone d'impact probable, donc on est dans une situation où on peut considérer que ce sont les débris de l'appareil.
Les bateaux français seront sur zone quand ?
Il y a trois bateaux, civils qui sont actuellement quasiment sur zone...
Des navires marchands.
... des navires marchands, dont un d'ailleurs qui répond au beau nom de "Douce France". Et puis nous avons deux appareils militaires, actuellement au Sénégal, qui sont en train d'appareiller, notamment, "le Foudre". L'ensemble des moyens sera disponible avec les sept bateaux brésiliens, nous avons une dizaine de bateaux sur zone. Et puis nous avons le bateau d'Ifremer, "le Pourquoi Pas ?". C'est ça qui était aux Açores, qui était en campagne, qui part, avec notamment le Nautile à bord, qui est un des rares sous-marins habités, articulés, qui permet d'aller chercher des boîtes noires à cette profondeur. Le BRGM estime qu'on est probablement dans une zone à 3600-3700 mètres. Il faut savoir qu'on n'a jamais récupéré de boîte noire à cette profondeur, jamais, que par ailleurs les courants sont puissants au fond. Donc, c'est une opération qui sera extrêmement délicate. La course contre la montre est lancée. Comme vous savez, les balises, les boîtes noires qui sont en fait des balises oranges n'émettent que pendant 30 jours. Donc il est absolument indispensable de connaître les causes de cet enchaînement qui a provoqué cet accident. C'est absolument nécessaire pour comprendre et pour améliorer la sécurité.
L'enquête est conduite par le BEA, le Bureau d'Enquêtes et analyse, et non pas "accidents" comme ça a été dit parfois par erreur, BEA, qui dépend du ministère des Transports.
Absolument.
Où en est l'enquête, est-ce que l'enquête a commencé ?
L'enquête a commencé dès lundi 15h30. Pour l'instant, on travaille essentiellement avec les éléments disponibles, les émissions automatiques en provenance de l'appareil. Ce Bureau d'enquêtes, il a fallu se mettre d'accord au plan international pour savoir à qui était confiée l'enquête, l'ensemble des nations concernées a considéré que ce Bureau Enquêtes analyses français, qui est extrêmement compétent, était celui qui devait mener l'enquête. Et puis ailleurs, le Parquet de Bobigny mène une enquête judiciaire et désignera après vraisemblablement un enquêteur, un expert judiciaire pour confirmer tout ça.
Selon des informations du site lepoint.fr, des sondes extérieures sont signalées comme ayant givré. Vous avez cette information ?
On a un certain nombre d'informations automatiques qui proviennent de l'appareil, notamment cette histoire de sondes. On a cette information, bien entendu. Il n'est pas du tout certain que ça soit de nature à rendre l'appareil non manoeuvrant ou détéroriant les capacités de vol automatique ou manuel de l'appareil, donc, voilà...Ca fait partie de cette somme d'informations diverses. Je crois qu'il faut laisser le Bureau Enquêtes Analyse qui va faire un point à 11 heures ce matin, un point technique.
Qui va faire un point à 11 heures ce matin avec des premières informations. Absolument.
Vous les connaissez, lesquelles ?
Non, non, ceux dont ils disposent. Il faut être d'une extrême prudence...
Ces messages, les derniers messages envoyés par l'avion, encore une fois, et pas par le poste de pilotage, envoyés par l'avion à 04h14 du matin...
En fait, ce ne sont pas des messages envoyés par l'avion. En réalité, les systèmes, les appareils, sur les Airbus, vous avez ...l'avion envoie de manière automatique toutes les informations pour le Centre de maintenance, de façon à pouvoir entretenir l'appareil à l'escale...
Tout sur ordinateur...
Ca ne veut pas dire un élément de détresse particulier, cette information est technique qui sera très utile pour essayer de comprendre ce qui s'est passé.
Vous-même, comment avez-vous appris cette catastrophe ?
J'ai été alerté à 9h35 du matin, lundi, m'indiquant que les systèmes radars du Sénégal auraient dû avoir l'avion sur les écrans depuis une heure et demi à peu près, une heure, une heure et demi. Jusque-là ce n'était pas une information d'une... ça arrive qu'il y ait des déroutements, etc. C'est vers 9h45 qu'on a essayé de déclencher vraiment la cellule de crise et le plan d'urgence.
Comment ça se passe à ce moment-là, lorsqu'on est ministre en charge des Transports et qu'on apprend une disparition d'un vol commercial ?
D'abord, on essaye d'avoir les informations les plus fiables immédiatement, nationalement et internationalement, parce que c'était...à partir de quel moment on n'était plus sur les systèmes radars civils. Qu'a-t-il pu se passer ? Relais par les radars militaires, parce que si c'est une panne de transpondeur, il est normal qu'on n'ait pas d'informations civiles, en revanche les radars militaires, eux, ont des systèmes d'échos qui permettent d'identifier l'appareil. Donc communication avec l'armée française, l'armée brésilienne et l'armée sénégalaise pour. Donc, pas d'informations. Demande d'informations à la compagnie pour savoir quel est le temps de kérosène, savoir si ça peut être... s'il est encore en vol. A partir de 10h15, décision d'appeler le président de la République pour l'informer...
A 10h15, vous avez appelé le président de la République, vous-même ?
10h15, absolument, qui a été à partir de cet instant mobilisé en permanence, qui m'a demandé de coordonner l'ensemble des moyens de crise et d'informations. Donc, vérification qu'il ne s'agissait pas d'un détournement purement et simplement, ce qu'on a pu garantir aux alentours de midi...
Ni détournement, ni la thèse de l'attentat qui aussi est écartée ?
Non, elle n'est pas écartée à ce stade, bien entendu, on n'a pas d'informations. Détournement c'est facile, si l'appareil n'est plus en vol, pas de kérosène, et qu'il n'est pas posé, bon...Non, la thèse de l'attentat n'est pas écartée, on commence à considérer qu'il y a peu de pistes, il n'y a pas d'indices pour l'instant d'un attentat. C'est à la fois un problème soudain, mais en même temps pas instantané, de type explosion. Il n'y avait pas de problèmes sur l'équipage, on a très vite les informations concernant l'équipage, pas de problèmes à l'embarquement, mesures de sécurité à l'embarquement parfaitement correctes et conformes au départ...Enfin, on n'a rien dans les éléments...
Aucun indice...
...aucun indice. On ne peut pas écarter à 100 %, mais on n'a aucun indice. Et puis, après, c'est les familles, le traitement des familles ; comment ça se passe ? Le Président me fait savoir assez tôt qu'il souhaite rencontrer les familles, assez discrètement d'ailleurs, vous avez pu voir que tout ça s'est fait... Il a pu parler avec pratiquement toutes les familles.
Il était à Paris, le Président ?
Je ne crois pas qu'il était à Paris, je ne sais pas, en tous les cas il est arrivé à 16 heures, 16 heures 15 voir les familles qui avaient été...on avait vu avec Air France qu'elles soient dans de bonnes conditions, ensemble, et en même temps protégées, un peu isolées, vous voyez, dans ce type de circonstances. Rapport avec les familles, le Président leur a dit : "écoutez, voilà ce que je sais, voilà la vérité, les chances sont extrêmement infimes, on met tous les moyens". Très vite, le premier Breguet Atlantique a décollé. L'objectif était s'il y a des chances de survivant, retrouver des survivants, c'était quand même la première des motivations, donc toutes les instructions ont été données pour que tous les moyens, brésiliens, américains et français soient mobilisés ; nos amis sénégalais nous ont ouvert absolument tout, pas de problème d'autorisation, de vol, de survol, enfin, il y a une solidarité des gens d'air comme des gens de mer - d'ailleurs, ce sont un peu les mêmes au plan de la culture - qui s'est fait. Le Président est resté longtemps avec les familles, avec des mamans qui montraient leurs enfants sur le téléphone portable ; une femme de 60 ans disant : "mon mari a combattu en Afghanistan et je compte sur vous" ; "rendez-moi ma fille"... Enfin, des moments. Et ces familles s'accrochant évidemment aux indices d'espoir durant cet après-midi. Aujourd'hui, il y aura une cérémonie à 16 heures à Notre-Dame, oecuménique, bien entendu, en présence du Président.
A-t-on prévu un jour de deuil officiel ? Vous ne savez pas, vous réfléchissez à cela ou pas, non ?
Pas pour l'instant, c'est au Président de le définir en tout état de cause. Ce qui est sûr, c'est qu'il nous a demandé de rester très proches des familles, à D. Bussereau et moi-même. Lundi, on les rencontrera à nouveau pour leur donner toutes les informations utiles. Le Président a d'ores et déjà indiqué qu'on organiserait un transport sur site s'ils le souhaitent, bien entendu, pour ceux qui le souhaitent, c'est indispensable. Voilà. On vit un drame. Je suis très frappé du fait que les Français vivent dans leur chair cette histoire. Je pense à cet équipage, ces 12 hommes et femmes d'équipage, à ce commandant, M. Dubois ; on avait de plus un équipage très expérimenté : 11.000 heures de vol pour le commandant, deux fois 6.000 heures, 6.000, et deux fois 3.000 pour les deux copilotes. Quand je pense à cet équipage qui... Voilà. Qui vous transporte...
Sans vouloir ouvrir de polémiques inutiles, mais quand même, il y a des questions qui ont été posées : Air France est très discret, la compagnie se tait maintenant, parce qu'elle n'a pas plus d'informations sans aucun doute, mais peut-être a-t-elle commis une erreur dans sa communication en annonçant tout de suite que l'avion avait été foudroyé, dès les premières minutes ? Non ?
Non, enfin ce qui est clair c'est que le foudroiement a probablement existé, mais ce qui est tout aussi clair, c'est que des foudroiements il y a souvent sur les avions, à peu près toutes les demi heures de vol, et que ça ne justifie pas à expliquer en soi. Ce qui est possible, ce qu'a voulu dire probablement la compagnie, c'est éliminer un certain nombre d'hypothèses, de détournement, de choses comme ça, et dire : voilà, l'avion, dans tous les cas de figure était dans une zone de turbulences extrêmes. Alors est-ce qu'on est rentré dans une période de choc climatique, d'une violence absolument extraordinaire ? C'est une des questions...
On rejoint un autre sujet.
Oui, c'est une des questions qu'il va falloir se poser. Un certain nombre de commandants, alors je pense à l'expert, M. Grangier, pense plutôt que non, qu'il n'y a pas, de son expérience à lui, de dégradation ; d'autres ne pensent pas exactement la même chose. En tous les cas, les boîtes noires, si on les retrouve, ce qui est vraiment impératif, nous permettront, là, assurément d'y voir clair.
L'enquête sera longue, très longue ?
D'abord, il faut espérer retrouver ces boîtes noires. Je vous redis, jamais à cette profondeur probable, qu'on estime à + de 3.600 mètres, des boîtes noires ont été retrouvées. L'importance de la mobilisation, l'identification du site probable, l'impact avec les calculs balistiques laissent espérer. Il se trouve qu'on a la chance d'avoir "Le Pourquoi pas" d'Ifremer, voilà encore la grande technologie française qui n'est pas très éloignée. Enfin, il y a quand même entre six, sept jours... ? Oui, absolument, l'expérience française. Vous savez qu'on lance "Les Journées de la mer", notamment avec Ifremer, dont on va fêter l'anniversaire lundi prochain. Pour l'instant, on est dans la période de deuil et d'affliction à l'égard des familles.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 4 juin 2009
D'après les autorités militaires brésiliennes, il y a peu de doute sur l'origine des débris ; les vols de reconnaissance français dans la nuit ne les avaient pas, eux, retrouvés, il semblerait que le dernier Breguet Atlantique, enfin celui qui est en train de tourner actuellement, confirmerait les débris c'est sûr, mais la probable origine des débris. En tous les cas, ce sont des tas de débris...
Les informations que vous nous donnez, il y a actuellement un Breguet qui tourne sur zone...
Absolument.
...et qui aurait repéré lui aussi, un Breguet français, qui aurait repéré ces débris ?
Oui. En fait, ce sont des tâches de débris qui sont actuellement disséminées. D'où la difficulté d'ailleurs de l'identification, mais enfin, on est sur la zone d'impact probable, donc on est dans une situation où on peut considérer que ce sont les débris de l'appareil.
Les bateaux français seront sur zone quand ?
Il y a trois bateaux, civils qui sont actuellement quasiment sur zone...
Des navires marchands.
... des navires marchands, dont un d'ailleurs qui répond au beau nom de "Douce France". Et puis nous avons deux appareils militaires, actuellement au Sénégal, qui sont en train d'appareiller, notamment, "le Foudre". L'ensemble des moyens sera disponible avec les sept bateaux brésiliens, nous avons une dizaine de bateaux sur zone. Et puis nous avons le bateau d'Ifremer, "le Pourquoi Pas ?". C'est ça qui était aux Açores, qui était en campagne, qui part, avec notamment le Nautile à bord, qui est un des rares sous-marins habités, articulés, qui permet d'aller chercher des boîtes noires à cette profondeur. Le BRGM estime qu'on est probablement dans une zone à 3600-3700 mètres. Il faut savoir qu'on n'a jamais récupéré de boîte noire à cette profondeur, jamais, que par ailleurs les courants sont puissants au fond. Donc, c'est une opération qui sera extrêmement délicate. La course contre la montre est lancée. Comme vous savez, les balises, les boîtes noires qui sont en fait des balises oranges n'émettent que pendant 30 jours. Donc il est absolument indispensable de connaître les causes de cet enchaînement qui a provoqué cet accident. C'est absolument nécessaire pour comprendre et pour améliorer la sécurité.
L'enquête est conduite par le BEA, le Bureau d'Enquêtes et analyse, et non pas "accidents" comme ça a été dit parfois par erreur, BEA, qui dépend du ministère des Transports.
Absolument.
Où en est l'enquête, est-ce que l'enquête a commencé ?
L'enquête a commencé dès lundi 15h30. Pour l'instant, on travaille essentiellement avec les éléments disponibles, les émissions automatiques en provenance de l'appareil. Ce Bureau d'enquêtes, il a fallu se mettre d'accord au plan international pour savoir à qui était confiée l'enquête, l'ensemble des nations concernées a considéré que ce Bureau Enquêtes analyses français, qui est extrêmement compétent, était celui qui devait mener l'enquête. Et puis ailleurs, le Parquet de Bobigny mène une enquête judiciaire et désignera après vraisemblablement un enquêteur, un expert judiciaire pour confirmer tout ça.
Selon des informations du site lepoint.fr, des sondes extérieures sont signalées comme ayant givré. Vous avez cette information ?
On a un certain nombre d'informations automatiques qui proviennent de l'appareil, notamment cette histoire de sondes. On a cette information, bien entendu. Il n'est pas du tout certain que ça soit de nature à rendre l'appareil non manoeuvrant ou détéroriant les capacités de vol automatique ou manuel de l'appareil, donc, voilà...Ca fait partie de cette somme d'informations diverses. Je crois qu'il faut laisser le Bureau Enquêtes Analyse qui va faire un point à 11 heures ce matin, un point technique.
Qui va faire un point à 11 heures ce matin avec des premières informations. Absolument.
Vous les connaissez, lesquelles ?
Non, non, ceux dont ils disposent. Il faut être d'une extrême prudence...
Ces messages, les derniers messages envoyés par l'avion, encore une fois, et pas par le poste de pilotage, envoyés par l'avion à 04h14 du matin...
En fait, ce ne sont pas des messages envoyés par l'avion. En réalité, les systèmes, les appareils, sur les Airbus, vous avez ...l'avion envoie de manière automatique toutes les informations pour le Centre de maintenance, de façon à pouvoir entretenir l'appareil à l'escale...
Tout sur ordinateur...
Ca ne veut pas dire un élément de détresse particulier, cette information est technique qui sera très utile pour essayer de comprendre ce qui s'est passé.
Vous-même, comment avez-vous appris cette catastrophe ?
J'ai été alerté à 9h35 du matin, lundi, m'indiquant que les systèmes radars du Sénégal auraient dû avoir l'avion sur les écrans depuis une heure et demi à peu près, une heure, une heure et demi. Jusque-là ce n'était pas une information d'une... ça arrive qu'il y ait des déroutements, etc. C'est vers 9h45 qu'on a essayé de déclencher vraiment la cellule de crise et le plan d'urgence.
Comment ça se passe à ce moment-là, lorsqu'on est ministre en charge des Transports et qu'on apprend une disparition d'un vol commercial ?
D'abord, on essaye d'avoir les informations les plus fiables immédiatement, nationalement et internationalement, parce que c'était...à partir de quel moment on n'était plus sur les systèmes radars civils. Qu'a-t-il pu se passer ? Relais par les radars militaires, parce que si c'est une panne de transpondeur, il est normal qu'on n'ait pas d'informations civiles, en revanche les radars militaires, eux, ont des systèmes d'échos qui permettent d'identifier l'appareil. Donc communication avec l'armée française, l'armée brésilienne et l'armée sénégalaise pour. Donc, pas d'informations. Demande d'informations à la compagnie pour savoir quel est le temps de kérosène, savoir si ça peut être... s'il est encore en vol. A partir de 10h15, décision d'appeler le président de la République pour l'informer...
A 10h15, vous avez appelé le président de la République, vous-même ?
10h15, absolument, qui a été à partir de cet instant mobilisé en permanence, qui m'a demandé de coordonner l'ensemble des moyens de crise et d'informations. Donc, vérification qu'il ne s'agissait pas d'un détournement purement et simplement, ce qu'on a pu garantir aux alentours de midi...
Ni détournement, ni la thèse de l'attentat qui aussi est écartée ?
Non, elle n'est pas écartée à ce stade, bien entendu, on n'a pas d'informations. Détournement c'est facile, si l'appareil n'est plus en vol, pas de kérosène, et qu'il n'est pas posé, bon...Non, la thèse de l'attentat n'est pas écartée, on commence à considérer qu'il y a peu de pistes, il n'y a pas d'indices pour l'instant d'un attentat. C'est à la fois un problème soudain, mais en même temps pas instantané, de type explosion. Il n'y avait pas de problèmes sur l'équipage, on a très vite les informations concernant l'équipage, pas de problèmes à l'embarquement, mesures de sécurité à l'embarquement parfaitement correctes et conformes au départ...Enfin, on n'a rien dans les éléments...
Aucun indice...
...aucun indice. On ne peut pas écarter à 100 %, mais on n'a aucun indice. Et puis, après, c'est les familles, le traitement des familles ; comment ça se passe ? Le Président me fait savoir assez tôt qu'il souhaite rencontrer les familles, assez discrètement d'ailleurs, vous avez pu voir que tout ça s'est fait... Il a pu parler avec pratiquement toutes les familles.
Il était à Paris, le Président ?
Je ne crois pas qu'il était à Paris, je ne sais pas, en tous les cas il est arrivé à 16 heures, 16 heures 15 voir les familles qui avaient été...on avait vu avec Air France qu'elles soient dans de bonnes conditions, ensemble, et en même temps protégées, un peu isolées, vous voyez, dans ce type de circonstances. Rapport avec les familles, le Président leur a dit : "écoutez, voilà ce que je sais, voilà la vérité, les chances sont extrêmement infimes, on met tous les moyens". Très vite, le premier Breguet Atlantique a décollé. L'objectif était s'il y a des chances de survivant, retrouver des survivants, c'était quand même la première des motivations, donc toutes les instructions ont été données pour que tous les moyens, brésiliens, américains et français soient mobilisés ; nos amis sénégalais nous ont ouvert absolument tout, pas de problème d'autorisation, de vol, de survol, enfin, il y a une solidarité des gens d'air comme des gens de mer - d'ailleurs, ce sont un peu les mêmes au plan de la culture - qui s'est fait. Le Président est resté longtemps avec les familles, avec des mamans qui montraient leurs enfants sur le téléphone portable ; une femme de 60 ans disant : "mon mari a combattu en Afghanistan et je compte sur vous" ; "rendez-moi ma fille"... Enfin, des moments. Et ces familles s'accrochant évidemment aux indices d'espoir durant cet après-midi. Aujourd'hui, il y aura une cérémonie à 16 heures à Notre-Dame, oecuménique, bien entendu, en présence du Président.
A-t-on prévu un jour de deuil officiel ? Vous ne savez pas, vous réfléchissez à cela ou pas, non ?
Pas pour l'instant, c'est au Président de le définir en tout état de cause. Ce qui est sûr, c'est qu'il nous a demandé de rester très proches des familles, à D. Bussereau et moi-même. Lundi, on les rencontrera à nouveau pour leur donner toutes les informations utiles. Le Président a d'ores et déjà indiqué qu'on organiserait un transport sur site s'ils le souhaitent, bien entendu, pour ceux qui le souhaitent, c'est indispensable. Voilà. On vit un drame. Je suis très frappé du fait que les Français vivent dans leur chair cette histoire. Je pense à cet équipage, ces 12 hommes et femmes d'équipage, à ce commandant, M. Dubois ; on avait de plus un équipage très expérimenté : 11.000 heures de vol pour le commandant, deux fois 6.000 heures, 6.000, et deux fois 3.000 pour les deux copilotes. Quand je pense à cet équipage qui... Voilà. Qui vous transporte...
Sans vouloir ouvrir de polémiques inutiles, mais quand même, il y a des questions qui ont été posées : Air France est très discret, la compagnie se tait maintenant, parce qu'elle n'a pas plus d'informations sans aucun doute, mais peut-être a-t-elle commis une erreur dans sa communication en annonçant tout de suite que l'avion avait été foudroyé, dès les premières minutes ? Non ?
Non, enfin ce qui est clair c'est que le foudroiement a probablement existé, mais ce qui est tout aussi clair, c'est que des foudroiements il y a souvent sur les avions, à peu près toutes les demi heures de vol, et que ça ne justifie pas à expliquer en soi. Ce qui est possible, ce qu'a voulu dire probablement la compagnie, c'est éliminer un certain nombre d'hypothèses, de détournement, de choses comme ça, et dire : voilà, l'avion, dans tous les cas de figure était dans une zone de turbulences extrêmes. Alors est-ce qu'on est rentré dans une période de choc climatique, d'une violence absolument extraordinaire ? C'est une des questions...
On rejoint un autre sujet.
Oui, c'est une des questions qu'il va falloir se poser. Un certain nombre de commandants, alors je pense à l'expert, M. Grangier, pense plutôt que non, qu'il n'y a pas, de son expérience à lui, de dégradation ; d'autres ne pensent pas exactement la même chose. En tous les cas, les boîtes noires, si on les retrouve, ce qui est vraiment impératif, nous permettront, là, assurément d'y voir clair.
L'enquête sera longue, très longue ?
D'abord, il faut espérer retrouver ces boîtes noires. Je vous redis, jamais à cette profondeur probable, qu'on estime à + de 3.600 mètres, des boîtes noires ont été retrouvées. L'importance de la mobilisation, l'identification du site probable, l'impact avec les calculs balistiques laissent espérer. Il se trouve qu'on a la chance d'avoir "Le Pourquoi pas" d'Ifremer, voilà encore la grande technologie française qui n'est pas très éloignée. Enfin, il y a quand même entre six, sept jours... ? Oui, absolument, l'expérience française. Vous savez qu'on lance "Les Journées de la mer", notamment avec Ifremer, dont on va fêter l'anniversaire lundi prochain. Pour l'instant, on est dans la période de deuil et d'affliction à l'égard des familles.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 4 juin 2009