Texte intégral
N. Demorand.- N. Demorand : Suite de ce 7/10 spécial avec R. DATI qui représente à ce micro l'UMP ce matin. Bonjour à vous.
Bonjour.
N. Demorand : L'UMP qui a donc réalisé comme score hier 27,87% des voix et qui enverra au Parlement européen de Strasbourg 29 députés, dont vous, R Dati. Vous vous attendiez à une victoire aussi nette ?
C'est un point de vue tout à fait personnel mais moi je ne me suis jamais fiée aux sondages. Moi j'ai toujours fait campagne, jusqu'au bout, de terrain. J'attendais vraiment le résultat des élections pour pouvoir commenter évidemment le résultat.
N. Demorand : Et là vous dites quoi ? Que c'est une victoire forte tout de même parce que vous l'avez joué moderato, tous les UMP hier sur les plateaux de télévision.
Moi j'ai reconnu que c'était un succès, c'est un succès pour l'UMP. C'est la première fois depuis 79 quand même que la famille politique du président de la République arrive en tête. Donc c'est un succès. Moi je considère que c'est aussi un succès pour le président de la République suite à la présidence française. C'est vrai qu'en ayant incarné autant, aussi fortement, avec des résultats, la présidence française de l'Union européenne, c'est vrai que les électeurs ont voté en conséquence. Je vous vois un petit peu faire la moue. Je dis simplement, si vous voulez me faire parler de l'abstention c'est un sujet récurrent depuis très longtemps mais on a aussi peut-être notre part de responsabilité sur les Européennes, c'est que peut-être on devrait faire un peu plus de pédagogie.
N. Demorand : T. Legrand va poser sa question. T. Legrand : Est-ce que le fait que vous parliez de succès et pas de victoire - comme l'a dit Nicolas, vous la jouez un peu moderato les UMP - est-ce que c'est aussi parce que finalement 72% des électeurs ont voté pour une autre liste que celle de la majorité présidentielle et qu'il n'y a pas d'autres listes qui soutiennent le Président ?
Sur l'Ile de France, vous aviez déjà près d'une trentaine de listes. Près d'une trentaine de listes ! Donc si vous prenez à chaque fois une famille politique, vous avez forcément à chaque fois le solde, enfin par défaut il y a toujours...
T. Legrand : Enfin 72% des gens ont voté une autre liste.
Attendez ! A la fois, quand je vois par exemple le succès d' "Europe Ecologie", on est sur des questions d'environnement, sur des questions de fond liées par exemple à l'environnement. Moi je trouve que c'est aussi...
T. Legrand : Ils se situent clairement à gauche, ils l'ont dit, donc clairement dans l'opposition.
Regardez sur la composition de leur liste, il n'y a pas que des personnalités de gauche.
T. Legrand : E. Joly, Y. Jadot, ce n'est pas du...
Il n'y a pas que ces personnalités-là à "Europe Ecologie". Et en plus, il n'y a pas qu'eux qui ont fait campagne pour ces Européennes.
N. Demorand : Mais alors comment analysez-vous le fait qu'on peut regarder - et vous le faites ce matin - le verre au tiers plein ou aux deux tiers vides, donc 70% des électeurs aient voté ailleurs ? Ca pour une majorité présidentielle, quelle est votre analyse ?
Moi ce qui m'intéresse, c'est un que des millions d'électeurs se sont quand même déplacés malgré l'abstention. Il y a eu quand même un vote. Moi je considère que la famille politique est arrivée en tête et c'est un succès pour la famille politique qui est arrivée en tête. Maintenant c'est à nous de tenir nos engagements, de faire une politique européenne cohérente avec les engagements qu'on a pris devant les Français et en particulier me concernant, devant les Franciliens. Maintenant, on peut faire toutes les analyses statistiques, arithmétiques de ce que vous voulez, maintenant c'est à nous de tenir les engagements qu'on a pris.
N. Demorand : B. Hortefeux sera-t-il l'un de vos collègues députés européens, lui qui a été élu ?
C'est à lui qu'il faut demander, c'est une décision je pense entre lui et le président de la République.
N. Demorand : La règle devait être que les élus siègeraient au Parlement européen, cette règle n'est t-elle valable que pour vous, R. Dati ?
Non, M. Barnier... avec M. Barnier, on a décidé, on a toujours dit, du jour où on a été investi, le 25 janvier, on a fait campagne de manière tout à fait claire. On a dit que si nous étions élus, nous allions au Parlement.
N. Demorand : Et pourquoi B. Hortefeux échapperait par nature à cette règle-là ? T. Legrand : Ou il est normal que ce soit le cas.
Ce n'est pas une règle collective, ce sont des règles qu'on s'applique. Ensuite il y a des enjeux. C'est comme quand vous êtes député, vous êtes appelé au Gouvernement, je trouve que servir son pays c'est aussi une mission extrêmement importante.
N. Demorand : Alors un mot Thomas, et puis B. Guetta. T. Legrand : Vous allez devenir député européen, membre du PPE, est-ce que vous avez envie de désigner monsieur Barroso ; entre parenthèses, monsieur Barroso a défendu des thèses un peu plus libérales que le texte d'A. Merkel et de N. Sarkozy, par exemple et que votre programme ?
Alors je ne vais pas du tout vous faire ni de la langue de bois, ni contourner la question. Je vais vous dire pourquoi. Moi ça ne fait pas très longtemps que je suis en politique, je suis arrivée vraiment... j'ai été conseillère de N. Sarkozy depuis 2002 mais je suis devenue un peu plus dans la scène politique depuis 2007 en tant que porte-parole. Je ne fais pas des petits jeux de personnes. Moi j'appartiens à une famille politique.
T. Legrand : Non ce n'est pas le jeu de personnes, là, c'est un Président de l'Europe qui est d'une couleur particulière.
Juste pour terminer. Moi j'appartiens à une famille politique. Je trouve qu'en politique ce qui compte, ce sont les valeurs et les convictions et une stratégie collective. J'appartiens à une famille politique, on verra la décision que prendra le PPE après l'installation du Parlement européen, parce que vous savez très bien qu'il y a un vote du Parlement européen, il y a une décision des groupes politiques. Moi je ne vais pas prendre une décision...
T. Legrand : A l'intérieur de cette décision, vous, vous pouvez avoir un avis. Vous avez le droit, maintenant vous êtes député européen.
Je ne me défile pas. Il y a des arguments. Vous pouvez aussi avoir des arguments pour soutenir ou ne pas soutenir. Après dans un groupe, ça se fait en fonction des arguments. Ce que je peux dire sur Barroso, c'est que moi j'ai travaillé avec lui pendant la présidence française de l'Union européenne, je ne le connaissais pas avant. Je trouve qu'il a bien fait avancer nos sujets, c'est pour ça que nous avons, chacun dans notre domaine, pu obtenir des résultats majeurs dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne. Regardez sur le paquet Energie/Climat, il l'a quand même bien supporté pour le faire adopter.
T. Legrand : Non, non, mais parque l'une des critiques qui a été faite par l'opposition à votre liste, c'est de dire que finalement vous serez beaucoup plus libérale au Parlement européen parce que les autres partis de Centre droit européen sont libéraux et vous serez dedans, que vous ne l'êtes dans l'affichage et en France.
Quand je vois les gouvernements britanniques ou espagnols qui soutiennent Barroso, est-ce que G. Brown ou Zapatero sont des libéraux ?
B. Guetta : Je rebondis sur la première question de T. Legrand. Vous étiez dans cette élection le parti quasiment unique de la droite. Vous faites moins d'un tiers des voix, c'est-à-dire beaucoup moins que la plupart des droites européennes, beaucoup moins que la droite allemande, beaucoup moins que la droite italienne, beaucoup moins même que la droite espagnole.
En nombre de listes, je crois qu'on a eu beaucoup plus de listes que les pays que vous citez. Si parce qu'il y a une dispersion. Mais il peut y avoir une dispersion des voix. Vous ne pouvez pas dire... S'il y avait eu quatre listes, le score aurait été différent, que quand il y en a trente. Il y en avait moins dans les pays que vous citez. C'est la première chose. Pour le reste, on est en période de crise, deux ans après...
B. Guetta : C'est valable pour les autres droites européennes.
Non, non, attendez ! Deux ans après une élection, dans un contexte difficile, et à la fois le parti du président de la République arrive en tête.
T. Legrand : Vous pensez que quelle liste vous a pris des voix, puisque vous dites que c'est à cause des dispersions des listes ?
Il y a des dispersions. Quand il y a une trentaine de listes, forcément le vote est plus dispersé.
N. Demorand : Vous n'êtes donc pas inquiète a priori - je reprends la question de Bernard - par ce que donnent statistiquement, arithmétiquement les urnes. C'est-à-dire une droite victorieuse mais quand on fait l'addition des voix de gauche, plus de voix de gauche qui s'expriment dans ce pays.
Non parce que dans les listes que vous avez indiquées, regardez bien, j'ai regardé : quand vous mettez des listes "Europe Ecologie", les personnes qui sont à Europe Ecologie ne sont pas toutes de gauche, au sens idéologique du terme.
T. Legrand : Elles se sont affichées clairement dans l'opposition.
Elles se sont affichées en disant : il fallait en faire un enjeu majeur de l'écologie et non pas une question mineure ou accessoire comme ça a été le cas pendant très longtemps. D'ailleurs je vous rappelle que quand le président de la République fait voter le Grenelle de l'Environnement à l'unanimité, dans ses engagements de campagne, il avait dit que l'environnement ne serait pas une question mineure parce que c'est un ministère d'Etat.
T. Legrand : Et alors est-ce que justement cette préoccupation de l'environnement, qui a été fortement exprimée hier, est-ce qu'elle va être prise en compte un peu plus par l'UMP ? Est-ce que par exemple l'ouverture que souhaite souvent N. Sarkozy pourrait s'orienter vers des personnalités qui sont enclins à défendre les questions de l'environnement, plutôt que des socialistes ?
Le président de la République a mis dans ses engagements de campagne, qu'il a tenus, puisque vous me parlez "est-ce qu'il va le mettre". Il l'a déjà fait. Il a mis des engagements sur l'environnement dès sa campagne. Il les a mis en oeuvre puisque le Grenelle de l'Environnement a été adopté et voté à l'unanimité. Pendant la présidence française, je vous rappelle simplement que le paquet Energie/Climat avec des engagements forts, avec la réduction des gaz à effet de serre, avec des investissements très importants pour les énergies renouvelables.
T. Legrand : Visiblement, il faut aller plus loin. Si on écoute les urnes, il faut aller plus loin. Parce que là vous êtes en train de me dire que le score des Verts valide finalement l'UMP.
C'est curieux l'analyse que vous faites. Quand on ne parle pas de l'environnement, on dit "oh la, la, pour eux c'est une question mineure" ; quand on le fait adopter à l'unanimité, quand on fait adopter le paquet Energie/Climat, on le fait dans le cadre de la présidence française.
T. Legrand : A partir du moment où les Verts ont un bon score et que ce n'est pas l'UMP qui prend, enfin l'UMP a aussi un bon score, mais à partir du moment où les Verts ont un bon score, on peut se dire : il faut aller plus loin. Est-ce que là, il faut aller plus loin ?
Dans notre programme, nous souhaitons mettre en oeuvre la taxe carbone pour protéger nos emplois et nos entreprises en Europe. Ca c'est une mesure phare qui protège l'environnement.
N. Demorand : Dernière question, une question de calendrier. A quelle date quittez-vous exactement le Gouvernement pour pouvoir exercer vos fonctions nouvelles d'euro député ?
Que je quitte oui, je vous l'annonce. Pour la date de départ, c'est la décision du président de la République.
T. Legrand : Et par qui pensez-vous être remplacée ?
N. Demorand : Elle n'est pas encore fixée donc.
Non, elle n'est pas encore fixée. Moi, je ne l'ai pas encore eu cette décision du président de la République.
N. Demorand : R. Dati, euro député UMP donc, depuis hier soir. Merci d'avoir été au micro de France Inter dans ce 7/10 spécial consacré aux résultats des élections européennes.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 8 juin 2009