Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Notre invité ce matin, L. Wauquiez, secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi. L. Wauquiez, bonjour.
Bonjour.
L. Wauquiez, matinée exceptionnelle, à la fois sur BFM TV et sur RMC, exceptionnelle avec le décès de Michael Jackson ; exceptionnelle parce que vous êtes avez nous au lendemain de nouveaux chiffres du chômage qui ne sont pas bons ; exceptionnelle parce que tout à l'heure sur RMC, vous répondrez aux questions des auditeurs entre 9 h et 9 h 30, avec une édition spéciale. L. Wauquiez, Michael Jackson - je ne pouvais pas ne pas vous poser la question - Michael Jackson, quels souvenirs ça évoque chez vous ?
Je ne suis pas sûr que le secrétaire d'Etat à l'Emploi est le meilleur commentateur. Mais pour moi il y a des souvenirs très forts. D'abord, je devais avoir à peu près 9 ans quand « Thriller » sort, la vidéo, et je me souviens très bien qu'on n'avait pas le droit de la regarder parce qu'au début c'était considéré comme un film d'horreur. Ensuite, les souvenirs c'est les queues avec les amis pour aller acheter « Who's bad », et puis les tentatives désespérées pour exécuter « Moonwalk » qui ne m'ont jamais très bien réussies.
Vous n'allez pas nous faire « Moonwalk » sur le plateau de BFM TV ce matin, hein, L. Wauquiez.
Non, ce n'est pas mon rôle, mais par contre ce qu'il y a de vrai, c'est que pour ceux de ma génération, en fait, ça a été l'icône de la musique. Nos premières chansons c'était avec Michael Jackson, et c'est lui qui a bercé toute cette période entre 10 et 17 ans, qui est assez déterminante en matière de musique. Moi, ma préférée c'est quand même « You rock my life », qui est sûrement pas la meilleure, qui est plutôt la partie descendante de Michael Jackson, mais qui est une chanson que j'aime beaucoup, et elle me parle.
Bien ! L. Wauquiez, on va passer à l'emploi avec cette information...
... sujet beaucoup plus sérieux.
Oui, sujet, autrement, aujourd'hui, différent et franco-français, même pas... enfin, franco-français, international le chômage. Mais, L. Wauquiez, je regardais la une de La Tribune, ce matin, une information exclusive avec l'UNEDIC qui va lancer un grand emprunt. Vous avez vu ça, vous savez, vous êtes au courant, c'est-à-dire un emprunt pour financer l'indemnisation des chômeurs. On en est là ? On en est là, L. Wauquiez ? On est obligé d'emprunter pour financer les allocations chômage ?
Non ! Alors...
Ah !
Je comprends que quand les auditeurs entendent ça, ils se disent : « où est-ce qu'on en est ? ». C'est une habitude très ancienne. Je vais expliquer pourquoi. Tout simplement, quand vous avez une période de croissance et que votre nombre de demandeurs d'emploi baisse, vous dégagez des excédents au niveau de l'Assurance chômage. Donc, vous pouvez payer sans problème. C'est fait pour ça ! Par contre, quand on est dans une période comme celle qu'on vit en ce moment, à ce moment-là vous avez beaucoup de demandeurs d'emploi à accompagner, vos recettes diminuent, donc nécessairement vous passez dans le déficit. Mais c'est fait pour ça, c'est-à-dire que ce qu'il faut comprendre, et c'est aussi quand même la force du modèle social français, c'est que il a comme ça des espèces de coussins qui sont destinés à amortir le choc quand on est en période dure. Et il y a une chose dont je suis sûr, c'est qu'on ne va pas commencer à faire des économies sur l'indemnisation des demandeurs d'emploi. Il y a des domaines où on doit faire des économies, mais sur l'Assurance chômage, on ne va pas commencer à mégoter.
C'est-à-dire qu'on va quand même financer les allocations des chômeurs avec de l'argent emprunté.
Oui, enfin, encore une fois...
... c'est une habitude ?
C'est dans tous les pays pareil, et c'est le mode classique de fonctionnement, ça se comprend : quand on est en croissance, on dégage des excédents, quand on est en crise on a sur l'Assurance chômage des déficits.
EDF emprunte, l'Etat emprunte, l'UNEDIC emprunte : ça fait beaucoup d'emprunts tout cela, L. Wauquiez.
Oui ! Parce que derrière il y a la vraie question qui est celle du déficit, et celle-là elle est vraie. Et le but du Président...
... donc, elle devient sérieuse cette question.
Bien sûr ! Et le but du Président de la République c'est de concilier deux impératifs : le premier, si dans la crise vous freinez partout, vous ne faites qu'enclencher la spirale infernale ou la crise nourrit la crise, c'est-à-dire que si vous fermez tous les robinets, notamment au niveau de l'Etat, alors vous enclenchez encore plus la spirale de crise et de destruction d'emplois. Par contre ce qu'il faut, c'est faire des économies sur toutes les dépenses, les frais de fonctionnement, les structures administratives archaïques et poussiéreuses qu'on n'a pas suffisamment changées, où là il faut économiser de l'argent. Donc, ce qu'on essaie de faire c'est à la fois économiser de l'argent sur toutes ces structures où rien n'avait été fait - je pense par exemple à la carte militaire, ou à la réforme de la justice - et puis en même temps, à l'inverse, à continuer à investir sur les secteurs où on n'a pas assez investi notamment l'enseignement supérieur, l'apprentissage qui est un domaine décisif pour l'accès à l'emploi des jeunes.
Et le développement durable, et d'autres secteurs qui sont porteurs d'emplois. Dites-moi, L. Wauquiez, quand même, deux questions directes : est-ce que vous allez augmenter les cotisations chômage ?
Est-ce qu'on va augmenter les cotisations chômage ?
Oui !
Non !
Non, bon, d'accord, première question. Deuxième question, est-ce que vous allez...
...enfin, je vais être très précis, c'est un sujet qui est évidemment partagé avec les partenaires sociaux.
Oui, ça je le sais, mais vous, vous dites non.
Et moi, je dis non, ce n'est sûrement pas le moment où il faut faire ça.
Bon. Est-ce que vous allez revaloriser les allocations chômage ? Parce qu'il se dit qu'il pourrait y avoir une petite revalorisation.
Qu'est-ce qu'on a fait d'abord ? On sort, là, juste à l'instant, d'une négociation - enfin à l'instant, c'est-à-dire ça été bouclé à la fin de l'année - d'une négociation qui a été faite entre partenaires sociaux sur l'Assurance chômage. Qu'est-ce qui s'est passé ? On avait un système totalement surréaliste, qui fonctionnait, mais très classique, de la vieille politique de l'emploi française par statuts. C'est-à-dire que selon le nombre de mois que vous aviez travaillé, il y avait des écarts complets. C'est-à-dire par exemple vous aviez travaillé un an et demi en CDI, vous aviez droit à une indemnisation qui était du double que quelqu'un qui avait fait un an et demi en CDD, en termes de durée. Donc, il y a eu une négociation entre les partenaires sociaux qui a permis d'améliorer considérablement le fonctionnement de l'Assurance chômage, le rendre plus équitable, faire en sorte qu'un jour travaillé donne droit à un jour indemnisé, et faire en sorte aussi que les gens qui font des contrats courts puissent être aussi couverts par l'Assurance chômage. Avant quelqu'un qui par exemple faisait quatre mois de travail n'était pas couvert par l'Assurance chômage ensuite. Donc, là, on a essayé de faire en sorte, surtout dans cette période de crise où il y a un risque d'enchaîner des petits boulots, que les 200 000 demandeurs d'emploi en supplément puissent être couverts et protégés par ce matelas de l'Assurance chômage. Donc, on a déjà fait une amélioration qui est considérable. Maintenant, le chantier il n'est pas là-dessus, le chantier il est sur l'activité partielle, parce que c'est notre meilleur bouclier dans la crise. C'est ce qui permet d'éviter de licencier...
... ça veut dire quoi l'activité partielle ?
C'est très simple, on va prendre un exemple précis : Renault. Renault avait une baisse d'activité extrêmement importante, on avait des menaces de licenciements. On a travaillé avec Renault et Peugeot en leur disant plutôt que de licencier, vous faites de l'activité partielle, c'est-à-dire que vos salariés travaillent moins, l'Etat compense en partie, on fait de la formation parce qu'il vaut mieux former que licencier. Et du coup on arrive à un jeu qui est gagnant pour tout le monde : l'entreprise peut garder ses salariés, les salariés ne sont pas licenciés et leur salaire est intégralement compensé. Donc, c'est un vrai changement dans l'approche. Là où je vais insister, on parlait de l'Assurance chômage, jusque-là jamais l'Assurance chômage n'avait accepté de mettre de l'argent pour quelqu'un avant son licenciement, c'est-à-dire grosso modo il disait : « moi, je m'occupe des gens qu'une fois qu'ils sont licenciés ». La véritable petite révolution culturelle qu'on a faite, c'est qu'ils ont accepté maintenant d'investir avant le licenciement, de dire il vaut mieux mettre de l'argent avant que la personne perde son emploi plutôt que de se réveiller uniquement une fois qu'elle a perdu son emploi. Et c'est tout le choix qui a été fait sur l'activité partielle. Alors...
...Allez-y encore, L. Wauquiez, mais j'ai plein de questions et vous allez voir, les auditeurs de RMC en ont des questions précises à vous poser.
L'emploi c'est la principale préoccupation.
Ben oui, principale préoccupation.
Juste sur l'activité partielle, le Président souhaite qu'on puisse aller plus loin.
Ca veut dire quoi ça aller plus loin alors ?
Ca veut dire qu'on va mettre en place une équipe de trois spécialistes qui sont des DRH issus à la fois du monde de l'entreprise, des PME et du secteur des services, entreprises industrielles, PME, secteur des services, qui vont avoir comme tâche de voir partout en France comment sensibiliser les entreprises et à chaque fois leur dire, plutôt que le choix du licenciement, regardez si vous pouvez...
... ça sera une sorte de mission spéciale.
Exactement ! Un groupe de spécialistes...
... un groupe de gens qui va agir au niveau national, au niveau français, sur tout le territoire.
Exactement ! Et qui va avoir comme tâche d'essayer de faire en sorte qu'à chaque fois dans des entreprises où il y a un risque, où il y a une baisse d'activité, on explore toujours la possibilité de faire l'activité partielle plutôt que de licencier.
C'est-à-dire, je suis chef d'entreprise, je suis confronté à des difficultés d'emploi, je fais appel à ce groupe spécial, quoi, ce "R.A.I.D" de l'emploi, si je puis dire.
Oui, quelque part, je vous laisse l'expression, mais je vais prendre un cas concret. On avait des céramistes dans le Var, autour de Salernes, grosse baisse d'activité, qui s'interrogeaient sur le fait de licencier. S'ils licenciaient, ils perdaient des collaborateurs qui avaient tout le savoirfaire. On a travaillé avec eux, sept entreprises, ils ont accepté de dire "eh bien on va plutôt faire de l'activité partielle, on va en profiter pour former nos salariés, l'Etat nous aide, l'Assurance chômage nous aide, et du coup on ne licencie pas". Ca, c'est le bon raisonnement. Donc, ce groupe ça va être sa tâche. Le président de la République par ailleurs veut qu'on aille plus loin.
Il faut dire ça à Michelin. Vous pourriez mettre en place ça pour Michelin.
Michelin ne fait pas de licenciement.
Non, enfin des suppressions d'emplois.
Oui !
Juste ! C'est voisin quand même, non, L. Wauquiez ?
On va y revenir si...
... bon, d'accord, d'accord. Juste, terminez !
Je réponds à tout.
Oui, je sais que vous allez répondre à tout.
Enfin, je n'ai pas réponse à tout mais j'essaye de ne pas cacher de poussière sous le tapis.
Oui, de langue de bois, ça tant mieux.
Ce qu'on va essayer de faire, nos principaux chantiers d'amélioration, c'est l'activité partielle dans les services, c'est peu utilisé. Je préfère là aussi que les entreprises de services y pensent. Dans les PME, les PME trop souvent n'ont pas le réflexe parce qu'ils n'ont pas de DRH, donc ils n'ont pas la possibilité d'être accompagnées. Et puis, enfin, il faut qu'on voit si on ne peut pas assouplir encore le recours à l'activité partielle, le rendre plus souple, plus facile, et aussi se poser la question intéressement, participation, qui aujourd'hui n'est pas compris dans l'activité partielle. Donc les salariés perdent un peu là-dessus.
Bon, intéressement, participation, pour les petites entreprises donc ?
Exactement ! Le but c'est vraiment à chaque fois...
... pour toutes entreprises ?
Le but c'est d'en faire le meilleur bouclier dans la crise.
Bon ! L. Wauquiez est notre invité ce matin.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 juin 2009
Bonjour.
L. Wauquiez, matinée exceptionnelle, à la fois sur BFM TV et sur RMC, exceptionnelle avec le décès de Michael Jackson ; exceptionnelle parce que vous êtes avez nous au lendemain de nouveaux chiffres du chômage qui ne sont pas bons ; exceptionnelle parce que tout à l'heure sur RMC, vous répondrez aux questions des auditeurs entre 9 h et 9 h 30, avec une édition spéciale. L. Wauquiez, Michael Jackson - je ne pouvais pas ne pas vous poser la question - Michael Jackson, quels souvenirs ça évoque chez vous ?
Je ne suis pas sûr que le secrétaire d'Etat à l'Emploi est le meilleur commentateur. Mais pour moi il y a des souvenirs très forts. D'abord, je devais avoir à peu près 9 ans quand « Thriller » sort, la vidéo, et je me souviens très bien qu'on n'avait pas le droit de la regarder parce qu'au début c'était considéré comme un film d'horreur. Ensuite, les souvenirs c'est les queues avec les amis pour aller acheter « Who's bad », et puis les tentatives désespérées pour exécuter « Moonwalk » qui ne m'ont jamais très bien réussies.
Vous n'allez pas nous faire « Moonwalk » sur le plateau de BFM TV ce matin, hein, L. Wauquiez.
Non, ce n'est pas mon rôle, mais par contre ce qu'il y a de vrai, c'est que pour ceux de ma génération, en fait, ça a été l'icône de la musique. Nos premières chansons c'était avec Michael Jackson, et c'est lui qui a bercé toute cette période entre 10 et 17 ans, qui est assez déterminante en matière de musique. Moi, ma préférée c'est quand même « You rock my life », qui est sûrement pas la meilleure, qui est plutôt la partie descendante de Michael Jackson, mais qui est une chanson que j'aime beaucoup, et elle me parle.
Bien ! L. Wauquiez, on va passer à l'emploi avec cette information...
... sujet beaucoup plus sérieux.
Oui, sujet, autrement, aujourd'hui, différent et franco-français, même pas... enfin, franco-français, international le chômage. Mais, L. Wauquiez, je regardais la une de La Tribune, ce matin, une information exclusive avec l'UNEDIC qui va lancer un grand emprunt. Vous avez vu ça, vous savez, vous êtes au courant, c'est-à-dire un emprunt pour financer l'indemnisation des chômeurs. On en est là ? On en est là, L. Wauquiez ? On est obligé d'emprunter pour financer les allocations chômage ?
Non ! Alors...
Ah !
Je comprends que quand les auditeurs entendent ça, ils se disent : « où est-ce qu'on en est ? ». C'est une habitude très ancienne. Je vais expliquer pourquoi. Tout simplement, quand vous avez une période de croissance et que votre nombre de demandeurs d'emploi baisse, vous dégagez des excédents au niveau de l'Assurance chômage. Donc, vous pouvez payer sans problème. C'est fait pour ça ! Par contre, quand on est dans une période comme celle qu'on vit en ce moment, à ce moment-là vous avez beaucoup de demandeurs d'emploi à accompagner, vos recettes diminuent, donc nécessairement vous passez dans le déficit. Mais c'est fait pour ça, c'est-à-dire que ce qu'il faut comprendre, et c'est aussi quand même la force du modèle social français, c'est que il a comme ça des espèces de coussins qui sont destinés à amortir le choc quand on est en période dure. Et il y a une chose dont je suis sûr, c'est qu'on ne va pas commencer à faire des économies sur l'indemnisation des demandeurs d'emploi. Il y a des domaines où on doit faire des économies, mais sur l'Assurance chômage, on ne va pas commencer à mégoter.
C'est-à-dire qu'on va quand même financer les allocations des chômeurs avec de l'argent emprunté.
Oui, enfin, encore une fois...
... c'est une habitude ?
C'est dans tous les pays pareil, et c'est le mode classique de fonctionnement, ça se comprend : quand on est en croissance, on dégage des excédents, quand on est en crise on a sur l'Assurance chômage des déficits.
EDF emprunte, l'Etat emprunte, l'UNEDIC emprunte : ça fait beaucoup d'emprunts tout cela, L. Wauquiez.
Oui ! Parce que derrière il y a la vraie question qui est celle du déficit, et celle-là elle est vraie. Et le but du Président...
... donc, elle devient sérieuse cette question.
Bien sûr ! Et le but du Président de la République c'est de concilier deux impératifs : le premier, si dans la crise vous freinez partout, vous ne faites qu'enclencher la spirale infernale ou la crise nourrit la crise, c'est-à-dire que si vous fermez tous les robinets, notamment au niveau de l'Etat, alors vous enclenchez encore plus la spirale de crise et de destruction d'emplois. Par contre ce qu'il faut, c'est faire des économies sur toutes les dépenses, les frais de fonctionnement, les structures administratives archaïques et poussiéreuses qu'on n'a pas suffisamment changées, où là il faut économiser de l'argent. Donc, ce qu'on essaie de faire c'est à la fois économiser de l'argent sur toutes ces structures où rien n'avait été fait - je pense par exemple à la carte militaire, ou à la réforme de la justice - et puis en même temps, à l'inverse, à continuer à investir sur les secteurs où on n'a pas assez investi notamment l'enseignement supérieur, l'apprentissage qui est un domaine décisif pour l'accès à l'emploi des jeunes.
Et le développement durable, et d'autres secteurs qui sont porteurs d'emplois. Dites-moi, L. Wauquiez, quand même, deux questions directes : est-ce que vous allez augmenter les cotisations chômage ?
Est-ce qu'on va augmenter les cotisations chômage ?
Oui !
Non !
Non, bon, d'accord, première question. Deuxième question, est-ce que vous allez...
...enfin, je vais être très précis, c'est un sujet qui est évidemment partagé avec les partenaires sociaux.
Oui, ça je le sais, mais vous, vous dites non.
Et moi, je dis non, ce n'est sûrement pas le moment où il faut faire ça.
Bon. Est-ce que vous allez revaloriser les allocations chômage ? Parce qu'il se dit qu'il pourrait y avoir une petite revalorisation.
Qu'est-ce qu'on a fait d'abord ? On sort, là, juste à l'instant, d'une négociation - enfin à l'instant, c'est-à-dire ça été bouclé à la fin de l'année - d'une négociation qui a été faite entre partenaires sociaux sur l'Assurance chômage. Qu'est-ce qui s'est passé ? On avait un système totalement surréaliste, qui fonctionnait, mais très classique, de la vieille politique de l'emploi française par statuts. C'est-à-dire que selon le nombre de mois que vous aviez travaillé, il y avait des écarts complets. C'est-à-dire par exemple vous aviez travaillé un an et demi en CDI, vous aviez droit à une indemnisation qui était du double que quelqu'un qui avait fait un an et demi en CDD, en termes de durée. Donc, il y a eu une négociation entre les partenaires sociaux qui a permis d'améliorer considérablement le fonctionnement de l'Assurance chômage, le rendre plus équitable, faire en sorte qu'un jour travaillé donne droit à un jour indemnisé, et faire en sorte aussi que les gens qui font des contrats courts puissent être aussi couverts par l'Assurance chômage. Avant quelqu'un qui par exemple faisait quatre mois de travail n'était pas couvert par l'Assurance chômage ensuite. Donc, là, on a essayé de faire en sorte, surtout dans cette période de crise où il y a un risque d'enchaîner des petits boulots, que les 200 000 demandeurs d'emploi en supplément puissent être couverts et protégés par ce matelas de l'Assurance chômage. Donc, on a déjà fait une amélioration qui est considérable. Maintenant, le chantier il n'est pas là-dessus, le chantier il est sur l'activité partielle, parce que c'est notre meilleur bouclier dans la crise. C'est ce qui permet d'éviter de licencier...
... ça veut dire quoi l'activité partielle ?
C'est très simple, on va prendre un exemple précis : Renault. Renault avait une baisse d'activité extrêmement importante, on avait des menaces de licenciements. On a travaillé avec Renault et Peugeot en leur disant plutôt que de licencier, vous faites de l'activité partielle, c'est-à-dire que vos salariés travaillent moins, l'Etat compense en partie, on fait de la formation parce qu'il vaut mieux former que licencier. Et du coup on arrive à un jeu qui est gagnant pour tout le monde : l'entreprise peut garder ses salariés, les salariés ne sont pas licenciés et leur salaire est intégralement compensé. Donc, c'est un vrai changement dans l'approche. Là où je vais insister, on parlait de l'Assurance chômage, jusque-là jamais l'Assurance chômage n'avait accepté de mettre de l'argent pour quelqu'un avant son licenciement, c'est-à-dire grosso modo il disait : « moi, je m'occupe des gens qu'une fois qu'ils sont licenciés ». La véritable petite révolution culturelle qu'on a faite, c'est qu'ils ont accepté maintenant d'investir avant le licenciement, de dire il vaut mieux mettre de l'argent avant que la personne perde son emploi plutôt que de se réveiller uniquement une fois qu'elle a perdu son emploi. Et c'est tout le choix qui a été fait sur l'activité partielle. Alors...
...Allez-y encore, L. Wauquiez, mais j'ai plein de questions et vous allez voir, les auditeurs de RMC en ont des questions précises à vous poser.
L'emploi c'est la principale préoccupation.
Ben oui, principale préoccupation.
Juste sur l'activité partielle, le Président souhaite qu'on puisse aller plus loin.
Ca veut dire quoi ça aller plus loin alors ?
Ca veut dire qu'on va mettre en place une équipe de trois spécialistes qui sont des DRH issus à la fois du monde de l'entreprise, des PME et du secteur des services, entreprises industrielles, PME, secteur des services, qui vont avoir comme tâche de voir partout en France comment sensibiliser les entreprises et à chaque fois leur dire, plutôt que le choix du licenciement, regardez si vous pouvez...
... ça sera une sorte de mission spéciale.
Exactement ! Un groupe de spécialistes...
... un groupe de gens qui va agir au niveau national, au niveau français, sur tout le territoire.
Exactement ! Et qui va avoir comme tâche d'essayer de faire en sorte qu'à chaque fois dans des entreprises où il y a un risque, où il y a une baisse d'activité, on explore toujours la possibilité de faire l'activité partielle plutôt que de licencier.
C'est-à-dire, je suis chef d'entreprise, je suis confronté à des difficultés d'emploi, je fais appel à ce groupe spécial, quoi, ce "R.A.I.D" de l'emploi, si je puis dire.
Oui, quelque part, je vous laisse l'expression, mais je vais prendre un cas concret. On avait des céramistes dans le Var, autour de Salernes, grosse baisse d'activité, qui s'interrogeaient sur le fait de licencier. S'ils licenciaient, ils perdaient des collaborateurs qui avaient tout le savoirfaire. On a travaillé avec eux, sept entreprises, ils ont accepté de dire "eh bien on va plutôt faire de l'activité partielle, on va en profiter pour former nos salariés, l'Etat nous aide, l'Assurance chômage nous aide, et du coup on ne licencie pas". Ca, c'est le bon raisonnement. Donc, ce groupe ça va être sa tâche. Le président de la République par ailleurs veut qu'on aille plus loin.
Il faut dire ça à Michelin. Vous pourriez mettre en place ça pour Michelin.
Michelin ne fait pas de licenciement.
Non, enfin des suppressions d'emplois.
Oui !
Juste ! C'est voisin quand même, non, L. Wauquiez ?
On va y revenir si...
... bon, d'accord, d'accord. Juste, terminez !
Je réponds à tout.
Oui, je sais que vous allez répondre à tout.
Enfin, je n'ai pas réponse à tout mais j'essaye de ne pas cacher de poussière sous le tapis.
Oui, de langue de bois, ça tant mieux.
Ce qu'on va essayer de faire, nos principaux chantiers d'amélioration, c'est l'activité partielle dans les services, c'est peu utilisé. Je préfère là aussi que les entreprises de services y pensent. Dans les PME, les PME trop souvent n'ont pas le réflexe parce qu'ils n'ont pas de DRH, donc ils n'ont pas la possibilité d'être accompagnées. Et puis, enfin, il faut qu'on voit si on ne peut pas assouplir encore le recours à l'activité partielle, le rendre plus souple, plus facile, et aussi se poser la question intéressement, participation, qui aujourd'hui n'est pas compris dans l'activité partielle. Donc les salariés perdent un peu là-dessus.
Bon, intéressement, participation, pour les petites entreprises donc ?
Exactement ! Le but c'est vraiment à chaque fois...
... pour toutes entreprises ?
Le but c'est d'en faire le meilleur bouclier dans la crise.
Bon ! L. Wauquiez est notre invité ce matin.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 juin 2009