Interview de M. Michel Mercier, ministre de l'espace rural et de l'aménagement du territoire, à Europe 1 le 24 juin 2009, sur sa nomination, son ministère et ses relations avec le Mouvement démocrate (MoDem).

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Circonstance : Remaniement ministériel du 23 juin 2009

Média : Europe 1

Texte intégral

M.-O. Fogiel.- Bonjour M. Mercier.

Bonjour.

Vous êtes donc le nouveau ministre de l'Espace rural et de l'aménagement du territoire. Vous étiez jusqu'à présent le trésorier du parti de F. Bayrou, le MoDem. D'habitude, quand on reçoit des ministres à cette heure-là, il y a beaucoup de monde avec eux. Là, vous êtes venu tout seul, pour l'instant, vous n'êtes pas encore "équipé".

Non, non, mais, moi, j'ai l'habitude d'être plutôt discret.

Vous ne savez même pas où vous allez vous installer au ministère ?

Je le saurai bien dans la journée.

On vous le souhaite en tout cas...

Merci.

Est-ce que F. Bayrou vous a téléphoné pour vous féliciter ?

Mais écoutez, avec François, nous avons des relations d'amitié anciennes. Il y a les choix politiques d'un côté, l'amitié de l'autre, on s'est téléphoné plusieurs fois hier.

Il vous a félicité ?

Oui...

Il vous a dit quoi ?

Oh, écoutez, et d'abord, ce qui concerne l'amitié, ça ne regarde que lui et moi.

D'un point de vue politique, vous étiez fâché, notamment au moment des municipales, également entre les deux tours...

On a fait des choix différents, oui, tout à fait, pour les municipales à Lyon, notamment.

Aujourd'hui, vous êtes un symbole, vous vous rendez compte, vous êtes le symbole de l'ouverture, plus à gauche, mais vers le MoDem.

Moi, je ne me prends pas trop pour des symboles ni pour des apparitions. Je suis un provincial, un centriste sans problème, d'origine démocrate chrétienne, et c'est avec ces valeurs que j'arrive au Gouvernement...

Vous avez quand même conscience que si N. Sarkozy vous recrute, c'est aussi pour donner un signe vers le MoDem ?

Oui, et puis c'est aussi parce qu'on se connaît depuis longtemps.

Depuis quand ?

Au moins, d'assez près, depuis la campagne présidentielle de Balladur.

Et vous étiez pressenti depuis plusieurs mois, mais il paraît que vous ne vouliez pas jouer les supplétifs, vous ne vouliez pas de secrétariat d'Etat, vous avez donc posé vos conditions : ministre ou rien ?

Je n'ai pas posé de conditions, j'ai simplement dit que j'étais à un moment où je pouvais être ministre, et très naturellement, être sous l'autorité du Premier ministre et du président de la République, mais que c'était là...

Ça revient à dire pas un secrétariat d'Etat, vous ne vouliez pas un ministre de tutelle, vous vouliez être ministre à part entière.

Vous traduisez beaucoup mieux que moi, donc je vous laisse faire.

Est-ce que pour autant, vous quittez définitivement le MoDem ? Vous étiez trésorier, est-ce que ce matin, vous nous dites que vous quittez le MoDem ou vous restez affilié au MoDem ?

Ecoutez, hier, après-midi, en accord avec François d'ailleurs, je lui ai fait une lettre pour lui dire que je rentrais au Gouvernement, et je me mettais en congé du parti, et que je démissionnais de la charge de trésorier, ce qui est tout à fait normal. Il y a la clarté des choix politiques qui s'impose...

Donc là, vous vous mettez en congé du parti ?

Il faut que les citoyens s'y retrouvent. On peut être dans un parti et ne pas être d'accord sur tout. Moi, je ne conçois pas un parti où il y a un chef qui donnerait des ordres, ce n'est pas la Corée du Nord, on est en France républicaine, on peut avoir des conceptions différentes.

Et quelle a été sa réaction quand vous lui avez dit que vous preniez le champ du parti ?

On l'a fait en accord tous les deux.

D'accord. Donc il n'y a pas aussi...

Comme vous l'avez dit vous-même, ce n'est pas une information... enfin, j'ai été
nommé hier, mais on pouvait penser que ça arriverait, et donc...

Vous, vous le saviez depuis quand que ça arriverait ?

Oh, ben, depuis hier après-midi.
Juste ça ?
Je l'ai su depuis hier après-midi que ça arriverait...

Qui vous a passé un coup de fil ?

Eh bien, naturellement le Premier ministre.

Qui vous a dit, et quelle a été votre réaction ?

Eh bien écoutez, j'ai accepté le ministère que...

De l'Espace rural et de l'aménagement du territoire...

De l'Espace rural et de l'aménagement du territoire.

Ah ! A comprendre évidemment entre les lignes, vous n'en vouliez pas un seul des deux, c'était l'ensemble qui vous intéressait, ce n'était pas...

Exactement...

C'était quoi la proposition initiale, et finalement, vous avez élargi vos compétences...

La proposition que j'ai acceptée, c'est celle qu'on vient de rappeler, l'Espace rural et l'aménagement du territoire, parce que je pense que les choses vont bien ensemble, et puis surtout, qu'elles me vont bien à moi. Et je me sens à l'aise dans cette problématique, c'est celle que je connais depuis quarante ans, je suis élu d'une petite ville de 2.500 habitants depuis plus de trente ans...

Laquelle ?

Thizy, dans le Rhône. Par exemple, je suis très heureux d'avoir pu faire un lycée dans cette commune, qui a été le premier lycée de France, hôtelier.

Mais quelle va être la différence avec B. Le Maire qui, lui, a en charge l'agriculture ?

Je crois que le ministre de l'Agriculture, B. Le Maire, il a en charge très clairement tout ce qui est agricole, production, alimentation, relations avec Bruxelles - relations qui sont essentielles pour l'agriculture, et c'est son domaine. Moi, j'ai à animer et à faire vivre l'espace rural, faire en sorte que les hommes et les femmes qui ont choisi de vivre là puissent vivre avec les mêmes facilités que ceux qui sont en ville, qu'ils aient accès aux technologies modernes, qu'il y ait la permanence des soins, l'accès à l'enseignement, la mobilité, toutes ces problématiques-là.

Il faut vous souhaiter quoi, Monsieur Mercier, dans votre nouvelle tâche ?

Eh bien, il faut me souhaiter du courage et de l'ardeur et de l'enthousiasme.

Vous semblez en avoir et vous savez où vous voulez aller, manifestement.

Je vous remercie.

Merci M. Mercier d'avoir réservé vos premières déclarations à Europe 1.

Merci.

Tout à l'heure, des collègues à vous, nouveaux collègues, H. de Raincourt, nouveau ministre chargé des Relations avec le Parlement...

Un excellent ami, puisqu'on a siégé ensemble au Sénat pendant très longtemps.

Et R. Yade, c'est une amie ?

Oh, c'est quelqu'un que je connais bien, mais R. Yade, c'est un symbole autre.

Alors, est-ce que vous estimez qu'elle a été déclassée en quittant le ministère des Affaires étrangères pour aller aux Sports ?

Pas du tout, au contraire.

En tout cas, elle sera là...

Moi, je trouve ça très bien.

Tout à l'heure.

Et pour les sportifs, c'est un vrai encouragement.

Comme vous dites !

Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 24 juin 2009