Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- R. Yade bonjour, H. de Raincourt du Sénat, aux relations avec le Parlement bonjour ! Alors on commence si vous le voyez bien R. Yade avec le petit nouveau du Gouvernement.
R. Yade : Volontiers !
Volontiers, vous vous connaissez ?
H. de Raincourt : On se connaît depuis déjà un certain temps, parce que je me permets de rappeler que R. Yade vient du Sénat et donc, on est très fier, et très heureux du parcours formidable qu'elle a déjà accompli.
Et j'ai noté que vous vous tutoyez ?
H. de Raincourt : Eh bien oui ! R. Yade : Oui...
H. de Raincourt, j'ai dit le petit nouveau, mais vous n'êtes pas un bleu en politique ?
H. de Raincourt : Eh bien écoutez, sans doute pas, cela fait quand même 23 ans que je suis parlementaire. J'ai exercé un certain nombre de fonctions dans des groupes auxquels j'ai appartenu depuis mon arrivée au Sénat. Donc je peux dire que j'ai une petite expérience de la vie parlementaire.
Vous êtes sénateur de l'Yonne depuis 23 ans, sans cesse réélu et on peut dire que la politique locale et nationale c'est une tradition de famille chez vous.
H. de Raincourt : C'est la quatrième génération, puisque mon arrière grand père, mon grand-père, mon père et moi maintenant, mais je dois dire que notre passion pour la démocratie est telle, qu'il y a toujours eu un espace entre le départ de l'un et l'arrivée de l'autre d'au moins une quinzaine d'années.
Votre père était déjà sénateur, vous aviez dix ans quand il est mort d'un accident de voiture ?
H. de Raincourt : En revenant du Sénat d'ailleurs.
Oui, vous avez fait une promesse d'entrer au Sénat, peut-être un jour et vous la réalisez.
H. de Raincourt : Je crois que dans mon coeur de petit garçon très durement frappé par cette épreuve qui a été vécue très douloureusement, sans doute, je me suis dit qu'un jour, sans en avoir conscience j'essayerais de faire revivre cette belle flamme.
Alors la promesse a été tenue, désormais vous êtes ministre et c'est un poste délicat, ingrat, exposé.
H. de Raincourt : C'est un grand honneur surtout, qui m'est fait par le président de la République de me donner la chance de pouvoir travailler avec les députés et avec les Sénateurs à un moment tout à fait extraordinaire qui est celui de la mise en place du nouveau Parlement avec la réforme de la Constitution.
Votre nomination est une promesse de N. Sarkozy depuis au moins le discours de Toulon. Hier, qui vous l'a annoncée ?
H. de Raincourt : D'abord le président de la République n'a pas de promesse à faire à l'égard de qui que ce soit et surtout pas de moi. On peut quand même parler dans des conversations et c'est vrai que j'ai eu l'occasion de le rencontrer souvent, depuis que je suis président du groupe UMP. J'ai rencontré le Premier ministre hier après-midi qui m'a dit, que le président de la République et lui souhaitaient que j'assume cette fonction.
Alors le remaniement est plus important qu'on l'avait annoncé, que même l'Elysée ou Matignon le laissaient entendre. Est-ce que le Premier ministre - c'est votre rôle, maintenant de nous le dire - est-ce que le Premier ministre engagera sa responsabilité ?
H. de Raincourt : Ecoutez, je crois que le Premier ministre est en permanence au Parlement. Nous avons des débats, le matin, l'aprèsmidi, le soir, nous avons 8 ministres qui partent...
Non, non, ne commencez pas comme ça : est-ce qu'il engage sa responsabilité ou non ?
H. de Raincourt : Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'engager sa responsabilité, compte tenu de la façon dont le Gouvernement a été modifié, compte tenu du fait que nous nous sommes réunis, lundi à Versailles, députés et sénateurs. Le président de la République nous a délivré notre programme de travail pour la France pour les prochaines années. Le débat a eu lieu après, nous, on a participé au débat. D'ailleurs moi-même, personnellement. Je regrette que tout le monde n'ait pas fait de même.
La Constitution l'exige, c'est le président de la République qui a tout fait pour le remaniement. Est-ce qu'il est vrai que F. Fillon, le Premier ministre, n'a pas touché une bille ?
H. de Raincourt : Ah, certainement pas. Parce que je sais très bien que F. Fillon travaille avec le président de la République sur la composition de ce nouveau gouvernement depuis déjà un certain nombre de semaines. Et d'après ce que j'ai pu constater moi-même ces derniers jours, le Premier ministre est tout à fait à la manoeuvre pour créer sa nouvelle équipe gouvernementale.
Est-ce que le poste de Premier ministre n'est pas aujourd'hui, sous la présidentialisation du sarkozysme, réduit, diminué ?
H. de Raincourt : Je crois qu'il faut voir que les choses sont différentes. Le président de la République quand il a été élu a dit qu'il serait actif. Alors effectivement il l'est. Le Premier ministre, il est là pour conduire la politique gouvernementale, pour assurer la cohésion de la majorité et je rappelle quand même qu'on a voté une réforme de la Constitution qui est une véritable modification en grande profondeur des relations entre le Gouvernement et le Parlement. Et le Premier ministre a un travail considérable à faire en la matière.
Huit ministres s'en vont, huit s'en viennent, certains vont-ils devenir plus efficaces et meilleurs parce qu'ils changent d'affectation, H. de Raincourt ?
H. de Raincourt : Dans tout gouvernement, il y en a qui partent et il y en a qui arrivent. Sur le plan humain, ce n'est pas toujours un moment très agréable à vivre pour ceux qui partent, car ils ont le sentiment d'avoir démérité. Mais ceux qui restent, il est tout à fait normal aussi de changer de fonction, les circonstances parfois l'imposent. Et je crois que chacun, de toute façon n'a qu'une seule ambition : c'est de travailler et de bien travailler pour le service de la France.
L'ouverture, où est-elle, est-ce qu'elle a trouvé ses limites, l'ouverture vers la gauche, parce que l'ouverture vers la droite ou le centre a été confirmée.
H. de Raincourt : L'ouverture telle que le président de la République la pratique, je crois qu'il faut s'entendre sur la signification, c'est-à-dire que nous sommes à la fois rassemblés et unis. Mais nous sommes ouverts, nous sommes une majorité ouverte, un gouvernement ouvert sur la société et sur les autres et donc toutes les bonnes volontés sont accueillies. Je n'ai pas noté que l'ouverture s'était rétrécie à l'occasion de ce remaniement ministériel.
R. Yade, qui vous a annoncé votre nomination, vous ?
R. Yade : Le Premier ministre !
Aussi ?
R. Yade : Oui.
A quelle heure ?
R. Yade : Au milieu de la journée.
C'est-à-dire que jusqu'au milieu de la journée, vous étiez encore aux Droits de l'Homme ?
R. Yade : Oui.
Et avec quelles recommandations de sa part ?
R. Yade : Aucune, en particulier. Il m'a dit simplement que c'était un beau dossier et qu'il savait que j'en ferai bon usage, voilà.
Mais il n'y a pas de choix, on vous a dit c'est...
R. Yade : Vous savez c'est comme ça, on n'est pas au Prisunic, vous ne choisissez pas à travers les rayons ! Mais c'est un immense honneur qui m'est fait, que le Président et le Premier ministre m'aient renouvelé leur confiance en me maintenant au Gouvernement. Je voudrais donc leur dire ma gratitude, ainsi qu'à toute la famille des Droits de l'Homme qui m'a accompagnée, soutenue, aidée, y compris dans les heures difficiles... Et je voudrais, pardon, leur rendre un hommage très particulier, très chaleureux, mais de toute façon la lutte continue. Parce qu'à travers les sports, vous avez les valeurs humanistes qui imprègnent cette grande nation olympique qu'est la France. Des valeurs fortes, des valeurs que nous...
D'accord, on va voir ça tout à l'heure et nous n'oublierez pas Aung San Suu Kyi, vous n'oublierez pas les Iraniens, vous ne les oublierez pas ?
R. Yade : Absolument pas, au contraire.
Vous n'avez pas de successeur, votre Secrétariat des Droits de l'Homme a disparu. B. Kouchner a toujours douté de l'utilité de ce ministère, finalement il a eu raison ?
R. Yade : Oh, écoutez, je ne vois pas les choses comme ça.
Cela ne plaît pas à H. de Raincourt.
R. Yade : Si vous voulez dire que B. Kouchner s'est battu pour obtenir la suppression du Secrétariat d'Etat, si tel était le cas, j'ai la prudence de penser que non. Parce que je ne vois pas quel en serait le titre de gloire. Donc, demandez lui !
Mais pour la presse, c'est le chef du Quai d'Orsay qui a eu à la fois votre ministère et votre peau.
R. Yade : Ah ma peau, ma peau est sauve, puisque je suis membre du Gouvernement et que j'occupe l'un des plus beaux portefeuilles du Gouvernement, puisque vous vous adressez à 65 millions de Français, vous vous adressez aux sportifs de haut niveau certes, aux amateurs, aux fédérations. Rappelez-vous aussi les enjeux économiques considérables du milieu sportif... Attendez, je vous explique l'étendue...
Donc, vous changez d'attribution, vous le prenez pour une promotion, pas pour un déclassement.
R. Yade : Je le prends pour un changement d'affectation et je crois que chaque renouvellement de confiance de la part du Président et du Premier ministre est une promotion, parce que, comme vous avez dit, il y a des partants et donc ce n'est pas quelque chose d'évident. Je trouve que le bilan au ministère des Droits de l'Homme est un beau bilan. Je suis fière du travail accompli, c'est un ministère sur lequel personne ne pariait un sou. Il existe et fortement dans l'opinion publique. C'est un symbole fort du Gouvernement français et il n'avait pas vocation non plus à réformer, il a réformé concrètement donc...
Mais il a disparu ! Alors les sports.
R. Yade : Alors vu d'où je partais, je pense que c'est un beau travail.
Alors R. Yade, les sports c'est un territoire immense avec un budget, un vrai budget autonome.
R. Yade : Oui, alors voyez ! Il y a un vrai budget, donc je n'ai pas à m'en plaindre. Près de 700 millions d'euros, une administration et puis, je vous disais, les enjeux sportifs économiques, actuels. Les questions du handicap, du dopage, les paris sportifs, la question des infrastructures...
Les dopages cela va commencer tout de suite, avec le Tour de France, vous allez suivre le Tour de France ?
R. Yade : Des évènements exceptionnels comme le Tour de France, jusqu'à la Coupe du Monde en Afrique du Sud en 2010. Et je vous rappelle aussi qu'au-delà de tout cela, puisque l'on parlait des Droits de l'Homme, regardez les valeurs qui imprègnent le sport ! Regardez, le dépassement de soi, la générosité, la discipline, toutes ces valeurs qui accompagnent les sports sont des valeurs très françaises, auxquelles les Français s'identifient. Et même, vous me parlez toujours des Droits de l'Homme, quand vous voyez l'équipe de foot d'Iran qui porte le brassard vert en soutien aux manifestants. Rappelez-vous à la fin de l'apartheid, quand Mandela avait porté le maillot...
Et là, la Coupe du Monde va avoir lieu en 2010 en Afrique du Sud.
R. Yade : Tout ça c'est passionnant. Vous voyez, je suis déjà rentrée dedans, parce que...
Ça y est, ça y est avec passion, vous voyez H. de Raincourt son énergie.
H. de Raincourt : Je la connaissais et je l'appréciais.
Et vous allez vous occuper aussi de l'éducation des jeunes dans les quartiers difficiles, parce qu'ils auront peut-être leur avenir ou leur stabilité grâce au sport.
R. Yade : Vous imaginez pour moi, qui suis élue de Colombes, qui abrite le mythique stade olympique Yves du Manoir, et qui vient de voir le Racing Métro-92 accéder au top 14, par rapport au rugby, c'est quand même assez exceptionnel ! Donc je vous dis, voilà, c'est un immense honneur, un grand plaisir et j'appartiendrai toujours à la famille des Droits de l'Homme, cela ne changera pas au regard des valeurs humanistes qui animent le sport et au regard de cette grande famille des sportifs. Donc je passe d'une famille à l'autre, mais avec les mêmes valeurs.
Voilà, on vous retrouvera. Bonne journée à vous deux, puisque vous allez à la fois au Conseil des ministres, vous H. de Raincourt pour la première fois. Et puis, après, c'est la passation des pouvoirs. Bonne journée !
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 24 juin 2009
R. Yade : Volontiers !
Volontiers, vous vous connaissez ?
H. de Raincourt : On se connaît depuis déjà un certain temps, parce que je me permets de rappeler que R. Yade vient du Sénat et donc, on est très fier, et très heureux du parcours formidable qu'elle a déjà accompli.
Et j'ai noté que vous vous tutoyez ?
H. de Raincourt : Eh bien oui ! R. Yade : Oui...
H. de Raincourt, j'ai dit le petit nouveau, mais vous n'êtes pas un bleu en politique ?
H. de Raincourt : Eh bien écoutez, sans doute pas, cela fait quand même 23 ans que je suis parlementaire. J'ai exercé un certain nombre de fonctions dans des groupes auxquels j'ai appartenu depuis mon arrivée au Sénat. Donc je peux dire que j'ai une petite expérience de la vie parlementaire.
Vous êtes sénateur de l'Yonne depuis 23 ans, sans cesse réélu et on peut dire que la politique locale et nationale c'est une tradition de famille chez vous.
H. de Raincourt : C'est la quatrième génération, puisque mon arrière grand père, mon grand-père, mon père et moi maintenant, mais je dois dire que notre passion pour la démocratie est telle, qu'il y a toujours eu un espace entre le départ de l'un et l'arrivée de l'autre d'au moins une quinzaine d'années.
Votre père était déjà sénateur, vous aviez dix ans quand il est mort d'un accident de voiture ?
H. de Raincourt : En revenant du Sénat d'ailleurs.
Oui, vous avez fait une promesse d'entrer au Sénat, peut-être un jour et vous la réalisez.
H. de Raincourt : Je crois que dans mon coeur de petit garçon très durement frappé par cette épreuve qui a été vécue très douloureusement, sans doute, je me suis dit qu'un jour, sans en avoir conscience j'essayerais de faire revivre cette belle flamme.
Alors la promesse a été tenue, désormais vous êtes ministre et c'est un poste délicat, ingrat, exposé.
H. de Raincourt : C'est un grand honneur surtout, qui m'est fait par le président de la République de me donner la chance de pouvoir travailler avec les députés et avec les Sénateurs à un moment tout à fait extraordinaire qui est celui de la mise en place du nouveau Parlement avec la réforme de la Constitution.
Votre nomination est une promesse de N. Sarkozy depuis au moins le discours de Toulon. Hier, qui vous l'a annoncée ?
H. de Raincourt : D'abord le président de la République n'a pas de promesse à faire à l'égard de qui que ce soit et surtout pas de moi. On peut quand même parler dans des conversations et c'est vrai que j'ai eu l'occasion de le rencontrer souvent, depuis que je suis président du groupe UMP. J'ai rencontré le Premier ministre hier après-midi qui m'a dit, que le président de la République et lui souhaitaient que j'assume cette fonction.
Alors le remaniement est plus important qu'on l'avait annoncé, que même l'Elysée ou Matignon le laissaient entendre. Est-ce que le Premier ministre - c'est votre rôle, maintenant de nous le dire - est-ce que le Premier ministre engagera sa responsabilité ?
H. de Raincourt : Ecoutez, je crois que le Premier ministre est en permanence au Parlement. Nous avons des débats, le matin, l'aprèsmidi, le soir, nous avons 8 ministres qui partent...
Non, non, ne commencez pas comme ça : est-ce qu'il engage sa responsabilité ou non ?
H. de Raincourt : Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'engager sa responsabilité, compte tenu de la façon dont le Gouvernement a été modifié, compte tenu du fait que nous nous sommes réunis, lundi à Versailles, députés et sénateurs. Le président de la République nous a délivré notre programme de travail pour la France pour les prochaines années. Le débat a eu lieu après, nous, on a participé au débat. D'ailleurs moi-même, personnellement. Je regrette que tout le monde n'ait pas fait de même.
La Constitution l'exige, c'est le président de la République qui a tout fait pour le remaniement. Est-ce qu'il est vrai que F. Fillon, le Premier ministre, n'a pas touché une bille ?
H. de Raincourt : Ah, certainement pas. Parce que je sais très bien que F. Fillon travaille avec le président de la République sur la composition de ce nouveau gouvernement depuis déjà un certain nombre de semaines. Et d'après ce que j'ai pu constater moi-même ces derniers jours, le Premier ministre est tout à fait à la manoeuvre pour créer sa nouvelle équipe gouvernementale.
Est-ce que le poste de Premier ministre n'est pas aujourd'hui, sous la présidentialisation du sarkozysme, réduit, diminué ?
H. de Raincourt : Je crois qu'il faut voir que les choses sont différentes. Le président de la République quand il a été élu a dit qu'il serait actif. Alors effectivement il l'est. Le Premier ministre, il est là pour conduire la politique gouvernementale, pour assurer la cohésion de la majorité et je rappelle quand même qu'on a voté une réforme de la Constitution qui est une véritable modification en grande profondeur des relations entre le Gouvernement et le Parlement. Et le Premier ministre a un travail considérable à faire en la matière.
Huit ministres s'en vont, huit s'en viennent, certains vont-ils devenir plus efficaces et meilleurs parce qu'ils changent d'affectation, H. de Raincourt ?
H. de Raincourt : Dans tout gouvernement, il y en a qui partent et il y en a qui arrivent. Sur le plan humain, ce n'est pas toujours un moment très agréable à vivre pour ceux qui partent, car ils ont le sentiment d'avoir démérité. Mais ceux qui restent, il est tout à fait normal aussi de changer de fonction, les circonstances parfois l'imposent. Et je crois que chacun, de toute façon n'a qu'une seule ambition : c'est de travailler et de bien travailler pour le service de la France.
L'ouverture, où est-elle, est-ce qu'elle a trouvé ses limites, l'ouverture vers la gauche, parce que l'ouverture vers la droite ou le centre a été confirmée.
H. de Raincourt : L'ouverture telle que le président de la République la pratique, je crois qu'il faut s'entendre sur la signification, c'est-à-dire que nous sommes à la fois rassemblés et unis. Mais nous sommes ouverts, nous sommes une majorité ouverte, un gouvernement ouvert sur la société et sur les autres et donc toutes les bonnes volontés sont accueillies. Je n'ai pas noté que l'ouverture s'était rétrécie à l'occasion de ce remaniement ministériel.
R. Yade, qui vous a annoncé votre nomination, vous ?
R. Yade : Le Premier ministre !
Aussi ?
R. Yade : Oui.
A quelle heure ?
R. Yade : Au milieu de la journée.
C'est-à-dire que jusqu'au milieu de la journée, vous étiez encore aux Droits de l'Homme ?
R. Yade : Oui.
Et avec quelles recommandations de sa part ?
R. Yade : Aucune, en particulier. Il m'a dit simplement que c'était un beau dossier et qu'il savait que j'en ferai bon usage, voilà.
Mais il n'y a pas de choix, on vous a dit c'est...
R. Yade : Vous savez c'est comme ça, on n'est pas au Prisunic, vous ne choisissez pas à travers les rayons ! Mais c'est un immense honneur qui m'est fait, que le Président et le Premier ministre m'aient renouvelé leur confiance en me maintenant au Gouvernement. Je voudrais donc leur dire ma gratitude, ainsi qu'à toute la famille des Droits de l'Homme qui m'a accompagnée, soutenue, aidée, y compris dans les heures difficiles... Et je voudrais, pardon, leur rendre un hommage très particulier, très chaleureux, mais de toute façon la lutte continue. Parce qu'à travers les sports, vous avez les valeurs humanistes qui imprègnent cette grande nation olympique qu'est la France. Des valeurs fortes, des valeurs que nous...
D'accord, on va voir ça tout à l'heure et nous n'oublierez pas Aung San Suu Kyi, vous n'oublierez pas les Iraniens, vous ne les oublierez pas ?
R. Yade : Absolument pas, au contraire.
Vous n'avez pas de successeur, votre Secrétariat des Droits de l'Homme a disparu. B. Kouchner a toujours douté de l'utilité de ce ministère, finalement il a eu raison ?
R. Yade : Oh, écoutez, je ne vois pas les choses comme ça.
Cela ne plaît pas à H. de Raincourt.
R. Yade : Si vous voulez dire que B. Kouchner s'est battu pour obtenir la suppression du Secrétariat d'Etat, si tel était le cas, j'ai la prudence de penser que non. Parce que je ne vois pas quel en serait le titre de gloire. Donc, demandez lui !
Mais pour la presse, c'est le chef du Quai d'Orsay qui a eu à la fois votre ministère et votre peau.
R. Yade : Ah ma peau, ma peau est sauve, puisque je suis membre du Gouvernement et que j'occupe l'un des plus beaux portefeuilles du Gouvernement, puisque vous vous adressez à 65 millions de Français, vous vous adressez aux sportifs de haut niveau certes, aux amateurs, aux fédérations. Rappelez-vous aussi les enjeux économiques considérables du milieu sportif... Attendez, je vous explique l'étendue...
Donc, vous changez d'attribution, vous le prenez pour une promotion, pas pour un déclassement.
R. Yade : Je le prends pour un changement d'affectation et je crois que chaque renouvellement de confiance de la part du Président et du Premier ministre est une promotion, parce que, comme vous avez dit, il y a des partants et donc ce n'est pas quelque chose d'évident. Je trouve que le bilan au ministère des Droits de l'Homme est un beau bilan. Je suis fière du travail accompli, c'est un ministère sur lequel personne ne pariait un sou. Il existe et fortement dans l'opinion publique. C'est un symbole fort du Gouvernement français et il n'avait pas vocation non plus à réformer, il a réformé concrètement donc...
Mais il a disparu ! Alors les sports.
R. Yade : Alors vu d'où je partais, je pense que c'est un beau travail.
Alors R. Yade, les sports c'est un territoire immense avec un budget, un vrai budget autonome.
R. Yade : Oui, alors voyez ! Il y a un vrai budget, donc je n'ai pas à m'en plaindre. Près de 700 millions d'euros, une administration et puis, je vous disais, les enjeux sportifs économiques, actuels. Les questions du handicap, du dopage, les paris sportifs, la question des infrastructures...
Les dopages cela va commencer tout de suite, avec le Tour de France, vous allez suivre le Tour de France ?
R. Yade : Des évènements exceptionnels comme le Tour de France, jusqu'à la Coupe du Monde en Afrique du Sud en 2010. Et je vous rappelle aussi qu'au-delà de tout cela, puisque l'on parlait des Droits de l'Homme, regardez les valeurs qui imprègnent le sport ! Regardez, le dépassement de soi, la générosité, la discipline, toutes ces valeurs qui accompagnent les sports sont des valeurs très françaises, auxquelles les Français s'identifient. Et même, vous me parlez toujours des Droits de l'Homme, quand vous voyez l'équipe de foot d'Iran qui porte le brassard vert en soutien aux manifestants. Rappelez-vous à la fin de l'apartheid, quand Mandela avait porté le maillot...
Et là, la Coupe du Monde va avoir lieu en 2010 en Afrique du Sud.
R. Yade : Tout ça c'est passionnant. Vous voyez, je suis déjà rentrée dedans, parce que...
Ça y est, ça y est avec passion, vous voyez H. de Raincourt son énergie.
H. de Raincourt : Je la connaissais et je l'appréciais.
Et vous allez vous occuper aussi de l'éducation des jeunes dans les quartiers difficiles, parce qu'ils auront peut-être leur avenir ou leur stabilité grâce au sport.
R. Yade : Vous imaginez pour moi, qui suis élue de Colombes, qui abrite le mythique stade olympique Yves du Manoir, et qui vient de voir le Racing Métro-92 accéder au top 14, par rapport au rugby, c'est quand même assez exceptionnel ! Donc je vous dis, voilà, c'est un immense honneur, un grand plaisir et j'appartiendrai toujours à la famille des Droits de l'Homme, cela ne changera pas au regard des valeurs humanistes qui animent le sport et au regard de cette grande famille des sportifs. Donc je passe d'une famille à l'autre, mais avec les mêmes valeurs.
Voilà, on vous retrouvera. Bonne journée à vous deux, puisque vous allez à la fois au Conseil des ministres, vous H. de Raincourt pour la première fois. Et puis, après, c'est la passation des pouvoirs. Bonne journée !
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 24 juin 2009