Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Très tôt, dans mon histoire comme dans mon parcours de femme en politique, je me suis investie en faveur de la cause des femmes, qui m'est chère.
Les femmes représentent plus de la moitié de la population française et leur condition a considérablement évolué au cours du XXe siècle. L'émancipation qu'elles ont connue s'est exprimée notamment par de grandes conquêtes en matière de santé, qui ont pris en compte leur désir légitime d'améliorer leur qualité de vie et de disposer de leur corps.
Pourtant, il y a deux ans, c'est précisément à l'occasion du lancement du premier volet de la campagne contraception 2007-2009 que j'ai pu constater avec regret qu'aucun rapport ne permettait de disposer d'une vision globale sur la santé des femmes, en rassemblant toutes les données actualisées disponibles afin de mieux cibler les actions à mener.
Dès ma prise de responsabilité en tant que ministre de la santé, j'ai donc souhaité que l'on puisse remédier rapidement à cette situation, puisqu'aucun état des lieux sur la santé des femmes en France n'existait depuis 1996.
J'ai demandé à la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) qu'une telle synthèse soit élaborée et diffusée au plus grand nombre.
C'est aujourd'hui chose faite : la DREES vient en effet de me remettre le premier rapport exhaustif sur « La santé des femmes en France ».
Laissant à la directrice de la DREES, Anne-Marie Brocas, le soin de vous le présenter dans le détail, je voudrais, pour ma part, souligner la qualité de cet ouvrage, fruit d'un travail collectif de grande ampleur, qui, pendant dix-sept mois, a su associer les principaux producteurs de données en santé et réunir les compétences de nombreux professionnels d'horizons variés, en plus de ceux de la DREES.
Je ne peux tous les citer, mais à tous je veux adresser mes remerciements les plus chaleureux pour leur contribution à cette belle oeuvre.
Destinée à être actualisée tous les cinq ans, cette étude met actuellement l'accent sur les inégalités dont sont malheureusement encore victimes les femmes : inégalités par rapport aux hommes, disparités territoriales et les inégalités sociales en matière de santé.
Riche et dense, cet ouvrage pourra, à n'en pas douter, d'une part nourrir la réflexion des experts et des professionnels pour l'élaboration de nouveaux objectifs de santé publique, d'autre part constituer un outil d'aide à la décision publique pour mener des actions de santé et de prévention pertinentes, ainsi que pour anticiper les changements dans l'organisation des soins, au carrefour des secteurs sanitaire et social.
En parallèle de ce document, qui s'adresse essentiellement aux décideurs publics, aux spécialistes ou aux étudiants, j'ai demandé à la DREES de proposer un livret synthétique et simplifié d'une quarantaine de pages, suffisamment renseigné, à destination du grand public, accessible sur le net.
L'ouvrage sur « La santé des femmes » dresse un certain nombre de constats, qui constituent un nouvel encouragement à renforcer l'action publique en faveur de la santé des femmes.
Malgré une espérance de vie à la naissance parmi les plus élevées au monde - 84,4 ans - et supérieure à celle des hommes (77,5 ans), les femmes ont une espérance de vie en bonne santé à la naissance moins favorable : 64,1 ans contre 62,7 ans chez les hommes.
Non seulement les femmes se perçoivent en moins bonne santé que les hommes, mais elles déclarent plus souvent des maladies et ont plus recours aux soins, qu'il s'agisse de médicaments ou d'hospitalisation.
Même si les différences s'expliquent aussi, en partie, parce qu'elles vivent plus âgées que les hommes et qu'elles recourent à des soins plus spécifiques comme la gynécologie-obstétrique, force est de reconnaître que les indicateurs de mortalité « évitable » ne sont guère favorables : près d'un quart des décès féminins survenus avant 65 ans - soit près de 8000 décès par an - pourraient être « évités » par une réduction des comportements à risque, en particulier le tabagisme et l'alcoolisme.
Le développement du tabagisme féminin a des conséquences très lourdes : le taux de décès par cancer du poumon a quasiment doublé chez les femmes en l'espace de quinze ans, et particulièrement chez celles de moins de 65 ans.
La consommation d'alcool est également inquiétante. Les ivresses, plus fréquentes chez les jeunes, concernent près d'une jeune femme sur cinq, entre 15 et 25 ans. Plus largement, 8% des femmes déclarent consommer quotidiennement de l'alcool, dans une proportion qui s'accroît avec l'âge.
Même si la mortalité cardiovasculaire a beaucoup diminué depuis ces 30 ans dernières années, des améliorations peuvent encore être obtenues par des actions préventives, individuelles et collectives, sur les facteurs de risque majeurs des maladies cardiovasculaires que sont, outre la consommation de tabac, l'hypertension artérielle, le diabète, l'obésité et la sédentarité.
Aujourd'hui deux femmes sur cinq sont en surcharge pondérale ; près d'une sur cinq présente une obésité.
Même si les augmentations observées au cours des dix dernières années semblent se stabiliser, les écarts de prévalence de l'obésité en fonction du niveau socio-économique et du pays d'origine s'accentuent. Par exemple, la prévalence du surpoids est de 46% chez les ouvrières, alors qu'elle n'est que de 32% chez les cadres.
Seulement 40% des femmes pratiquent une activité physique considérée comme « favorable à la santé ».
Pour remédier à ces constats inquiétants, j'ai demandé à l'institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) de développer des volets spécifiquement féminins, en particulier pour les femmes les plus vulnérables, dans ses programmes de prévention et d'information.
En ce qui concerne la lutte contre le tabagisme, l'INPES a mis en place, sur Tabac info services, des conseils et des messages personnalisés adaptés aux femmes. Une campagne média à destination des femmes, afin d'agir contre les représentations sociales positives associées au tabac, est prévue pour le second semestre 2009.
Ces actions de prévention accompagneront la mise en oeuvre de l'interdiction de vente de tabac aux mineurs, qui vient d'être votée par le Parlement dans le cadre de mon projet de loi « Hôpital, patients, santé, territoires ».
Le programme national nutrition santé comporte également des actions de proximité à visée éducative en direction des femmes, tant pour l'équilibre nutritionnel que pour l'activité physique.
Concernant l'alcool, la croissance des ivresses chez les jeunes m'a amenée à demander à notre représentation nationale, dans mon projet de loi, l'interdiction des opens bars et de la vente d'alcool aux mineurs. Ces mesures ont été votées et je m'en réjouis.
Ne nous y trompons pas : chez les femmes - comme chez les hommes d'ailleurs -, le facteur social joue un rôle important.
Ce sont les femmes les plus vulnérables, seules, aux revenus modestes ou peu diplômées, qui se déclarent toujours en moins bon état de santé. Plus que les autres, ces femmes vulnérables rencontrent des problèmes de santé physiques et psychologiques : moins bonne espérance de vie, comportements à risque, violences, accès difficile à la contraception et au dépistage.
Il s'agit donc d'améliorer leur qualité de vie et d'encourager l'autonomie, pour ouvrir une vraie liberté de choix. C'est pourquoi, dans toutes mes politiques de prévention et de santé publique, je suis très attentive à développer un axe pour les femmes en situation de vulnérabilité.
Les femmes ont de plus en plus besoin d'informations en matière de prévention, des informations mieux ciblées sur des périodes charnières de leur vie, considérées parfois comme des périodes « à risques », qu'il s'agisse de sexualité et de contraception, de grossesse, de conseils d'hygiène de vie, de dépistage et de prévention, des déterminants de santé après 50 ans.
C'est à ces questions que répondra la plaquette d'information tout public consacrée à la santé, que j'ai commandée à l'INPES, dont je veux souligner la diversité et l'efficacité des actions, que ce soit dans ses programmes courts, dans ses campagnes médiatiques, sur le terrain, en partenariat avec le milieu associatif, ou sur son site internet informatif.
C'est précisément sur ce site qu'un espace sera dédié à la santé des femmes, espace qui pourra être référencé sur le maximum de sites féminins et dans la presse féminine du web.
La prévention doit s'adresser à tous et parler à chacun.
Prévenir, c'est d'abord, bien entendu, chercher à informer ceux qui ne savent pas.
Prévenir, c'est aussi rappeler ceux qui croient savoir à une vigilance constante.
Je voudrais revenir ici plus spécifiquement sur certains points de mon action en matière de santé publique en direction des femmes.
En ce qui concerne la contraception et la sexualité, il est frappant de constater qu'encore un tiers des grossesses ne sont pas prévues, malgré l'utilisation de la contraception orale par 57% des femmes en général et par 88% des femmes de 20 à 25 ans en particulier.
Cela montre à quel point la démarche contraceptive n'est pas simple à entreprendre. Les très jeunes femmes souffrent encore d'un réel manque d'informations et de connaissances. En outre, dans certains milieux sociaux, la sexualité des jeunes n'est pas reconnue et, par conséquent, pas accompagnée.
Enfin,de manière plus globale, les méthodes de contraception ne sont pas suffisamment adaptées aux conditions de vie sociales, affectives et sexuelles des femmes.
La campagne d'information sur la contraception de 2007 à 2009, qui entre dans sa troisième année, s'adresse à la population générale, tout en ciblant davantage les plus vulnérables, notamment les plus jeunes et les femmes migrantes.
J'encourage aussi toute action permettant de diversifier l'accès à toutes les formes de contraception.
Jusqu'à présent, cet accès se heurtait au non-remboursement des pilules de troisième génération. Cette difficulté sera bientôt résolue : en effet, le dossier de demande de remboursement d'une première pilule de troisième génération est passé en commission de transparence en mai et son lancement est prévu pour la rentrée.
Parallèlement à cela, je profite de l'occasion qui m'est ici donnée de réaffirmer mon soutien à l'opération « Sortez couverts », menée par Christophe Dechavanne, pour promouvoir le préservatif à 20 centimes.
Face à la recrudescence préoccupante des grossesses adolescentes non désirées, nous ne pouvons rester inactifs.
J'adresserai prochainement un courrier au conseil national des pharmaciens : ces derniers ont un rôle essentiel à jouer en matière de santé publique, en mettant à disposition des plus jeunes - et aussi des personnes à revenus moindres - des préservatifs à 20 centimes dans leurs officines.
Une campagne plus générale est lancée le 24 juin pour sensibiliser à l'importance du recours au préservatif.
Concernant la santé gynécologique des femmes, je suis heureuse que le projet de loi « Hôpital, patients, santé et territoires » ait étendu les compétences des sages-femmes à la consultation de contraception et au suivi gynécologique de prévention.
Le fait, pour une sage-femme, de proposer un dépistage du cancer du col au cours du premier examen prénatal permettra d'élargir ce dépistage à des femmes jeunes, qui ne bénéficient pas toujours d'un suivi gynécologique régulier, en dehors du suivi de leur grossesse. C'est là un véritable progrès.
La loi de financement de la sécurité sociale pour 2008 a également autorisé les centres de planification et les centres de santé à pratiquer des interventions volontaires de grossesse (IVG) par voie médicamenteuse.
De surcroît, le projet de loi HPST ouvre la possibilité d'accès à ce type d'IVG en associant les sages-femmes à cette démarche, dans le cadre de protocoles évalués et limités à une région connaissant un taux élevé de recours à l'IVG.
J'ai également été favorable à la possibilité ouverte de renouvellement de la prescription de contraceptifs oraux par les pharmaciens et les infirmières, pour une durée de 6 mois maximum non renouvelable, bien entendu de façon encadrée. Cette disposition figure elle aussi dans le projet de loi et je m'en réjouis.
Dans le champ périnatal, le report des naissances au-delà de 35 ans, bien souvent corollaire d'une autonomie croissante des femmes, pose des problèmes spécifiques en termes de suivi des grossesses tardives, avec risque de complications.
Nous savons qu'un des facteurs de risque de complications de la grossesse et de prématurité est la consommation de tabac pendant la grossesse.
Même si globalement la proportion des femmes enceintes de 26 à 35 ans qui fument pendant leur grossesse a chuté entre 2000 et 2005, le pourcentage de fumeuses reste encore trop élevé.
J'attends, cette année, avec beaucoup d'intérêt, les résultats de l'évaluation du plan périnatalité 2005-2008, dont le pilotage à été confié à l'inspection générale des affaires sociales, ainsi que l'analyse de l'enquête périnatalité que coordonnera la DREES à partir d'octobre 2009, afin de réorienter nos actions dans ce domaine.
Je serai également très attentive aux résultats de l'évaluation de l'accompagnement psychosocial des femmes enceintes, non seulement pour les grossesses tardives, mais aussi pour réduire les écarts d'accès au suivi médicalisé des grossesses, souvent d'origine sociale, et pour prévenir les risques de prématurité.
Face au désir de grossesse qui s'exprime de plus en plus tardivement, on assiste à une hausse de la demande d'aide à la procréation médicalement assistée.
Cette question est également abordée dans le cadre des Etats généraux de la bioéthique, qui permettront de nourrir un débat démocratique avant la révision de la loi de 2004.
Parmi les maladies graves, ce sont les cancers du sein et du col de l'utérusauxquels les femmes paient un lourd tribut.
Là encore, l'inégalité face au risque est patente, comme en atteste la pratique très disparate, suivant les milieux, de la mammographie.
Pour mieux prévenir le cancer du col de l'utérus, j'ai demandé, dès juillet 2007, à ce que soit remboursé le vaccin contre le papillomavirus à partir de l'âge de 14 ans, avec un rattrapage possible pour les jeunes filles qui viennent de commencer leur vie sexuelle.
Je réfléchis actuellement aux modalités d'un dépistage organisé du cancer du col de l'utérus, en ciblant prioritairement les femmes précaires et celles qui y ont moins recours.
A ce propos, je veux saluer l'initiative de l'institut national du cancer, qui a récemment lancé une campagne de sensibilisation avec 23 000 officines, en partenariat avec le conseil national de l'ordre des pharmaciens, pour rappeler l'importance de ce cancer et encourager toutes les femmes au dépistage par frottis, en plus de la prévention possible par la vaccination.
S'agissant du cancer du sein, j'ai privilégié la voie du dépistage précoce à partir de 50 ans, totalement gratuit.
J'ai aussi voulu que la mammographie réalisée dans le cadre du dépistage organisé puisse bénéficier, au même titre que celle pratiquée dans le cadre du dépistage individuel, de la technologie numérique.
Le prochain plan cancer, qui sera présenté dans les semaines à venir, permettra aussi de dégager des axes de progrès, en particulier pour toucher les femmes qui restent encore éloignées des dépistages organisés et pour améliorer les conditions de vie après le cancer.
Face aux équilibres démographiques de notre pays, la prise en compte des spécificités féminines dans la lutte contre les pathologies du vieillissement est également impérative : ce sont les femmes qui constituent la majorité de la population de plus de 65 ans.
Des sujets tels que les pathologies liées à la ménopause ou le risque dépressif accru doivent être traités avec plus de considération qu'ils ne l'ont parfois été jusqu'à présent.
L'expérimentation en région d'une consultation de dépistage et de prévention pour les personnes entre 50 et 60 ans, en particulier pour la préparation à la retraite, dans le cadre du plan « bien vieillir », est en cours. Le référentiel comportera une partie consacrée plus spécifiquement aux problèmes de santé des femmes.
L'allongement de la durée de la vie et l'isolement des femmes âgées font apparaître de nouveaux besoins d'accompagnement.
Ne l'oublions pas : 73% des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer sont des femmes. C'est pourquoi j'ai expressément souhaité que le plan Alzheimer tienne compte de cette dimension féminine, que ce soit pour les malades ou les aidants d'ailleurs, qui eux aussi sont bien souvent des femmes.
Enfin, comme le montre l'enquête de la DREES, la prise en charge des victimes de violences nécessite, quant à elle, une réponse plurielle : au-delà du traitement des effets directs des atteintes subies, en particulier sur la santé mentale, il faut prendre en compte l'ensemble des caractéristiques sociales des populations les plus exposées.
Ces parcours de vie, souvent lourdement marqués du point de vue affectif, matériel ou familial, requièrent des actions de prévention à de multiples niveaux. C'est tout le sens des actions que nous menons de façon concertée avec Valérie Létard, ma collègue en charge de la solidarité.
Le combat pour la santé des femmes est à la fois un défi de santé publique et un combat militant pour la liberté et l'émancipation : dans le nouvel édifice de santé durable et solidaire que nous bâtissons, je veux que les femmes aient toute leur part.
Pour relever ce défi et mener ce combat quotidiennement, avec une inlassable persévérance, nous avons besoin de toutes et de tous, de l'ensemble des organisations, des professionnels, des ministères, des associations concernées, mais aussi et surtout d'hommes et de femmes de bonne volonté, de vous tous, forces vives de la société civile.
Je suis heureuse que nous nous retrouvions ensemble aujourd'hui pour partager nos convictions.
Je vous remercie.Source http://www.sante-sports.gouv.fr, le 25 juin 2009
Très tôt, dans mon histoire comme dans mon parcours de femme en politique, je me suis investie en faveur de la cause des femmes, qui m'est chère.
Les femmes représentent plus de la moitié de la population française et leur condition a considérablement évolué au cours du XXe siècle. L'émancipation qu'elles ont connue s'est exprimée notamment par de grandes conquêtes en matière de santé, qui ont pris en compte leur désir légitime d'améliorer leur qualité de vie et de disposer de leur corps.
Pourtant, il y a deux ans, c'est précisément à l'occasion du lancement du premier volet de la campagne contraception 2007-2009 que j'ai pu constater avec regret qu'aucun rapport ne permettait de disposer d'une vision globale sur la santé des femmes, en rassemblant toutes les données actualisées disponibles afin de mieux cibler les actions à mener.
Dès ma prise de responsabilité en tant que ministre de la santé, j'ai donc souhaité que l'on puisse remédier rapidement à cette situation, puisqu'aucun état des lieux sur la santé des femmes en France n'existait depuis 1996.
J'ai demandé à la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) qu'une telle synthèse soit élaborée et diffusée au plus grand nombre.
C'est aujourd'hui chose faite : la DREES vient en effet de me remettre le premier rapport exhaustif sur « La santé des femmes en France ».
Laissant à la directrice de la DREES, Anne-Marie Brocas, le soin de vous le présenter dans le détail, je voudrais, pour ma part, souligner la qualité de cet ouvrage, fruit d'un travail collectif de grande ampleur, qui, pendant dix-sept mois, a su associer les principaux producteurs de données en santé et réunir les compétences de nombreux professionnels d'horizons variés, en plus de ceux de la DREES.
Je ne peux tous les citer, mais à tous je veux adresser mes remerciements les plus chaleureux pour leur contribution à cette belle oeuvre.
Destinée à être actualisée tous les cinq ans, cette étude met actuellement l'accent sur les inégalités dont sont malheureusement encore victimes les femmes : inégalités par rapport aux hommes, disparités territoriales et les inégalités sociales en matière de santé.
Riche et dense, cet ouvrage pourra, à n'en pas douter, d'une part nourrir la réflexion des experts et des professionnels pour l'élaboration de nouveaux objectifs de santé publique, d'autre part constituer un outil d'aide à la décision publique pour mener des actions de santé et de prévention pertinentes, ainsi que pour anticiper les changements dans l'organisation des soins, au carrefour des secteurs sanitaire et social.
En parallèle de ce document, qui s'adresse essentiellement aux décideurs publics, aux spécialistes ou aux étudiants, j'ai demandé à la DREES de proposer un livret synthétique et simplifié d'une quarantaine de pages, suffisamment renseigné, à destination du grand public, accessible sur le net.
L'ouvrage sur « La santé des femmes » dresse un certain nombre de constats, qui constituent un nouvel encouragement à renforcer l'action publique en faveur de la santé des femmes.
Malgré une espérance de vie à la naissance parmi les plus élevées au monde - 84,4 ans - et supérieure à celle des hommes (77,5 ans), les femmes ont une espérance de vie en bonne santé à la naissance moins favorable : 64,1 ans contre 62,7 ans chez les hommes.
Non seulement les femmes se perçoivent en moins bonne santé que les hommes, mais elles déclarent plus souvent des maladies et ont plus recours aux soins, qu'il s'agisse de médicaments ou d'hospitalisation.
Même si les différences s'expliquent aussi, en partie, parce qu'elles vivent plus âgées que les hommes et qu'elles recourent à des soins plus spécifiques comme la gynécologie-obstétrique, force est de reconnaître que les indicateurs de mortalité « évitable » ne sont guère favorables : près d'un quart des décès féminins survenus avant 65 ans - soit près de 8000 décès par an - pourraient être « évités » par une réduction des comportements à risque, en particulier le tabagisme et l'alcoolisme.
Le développement du tabagisme féminin a des conséquences très lourdes : le taux de décès par cancer du poumon a quasiment doublé chez les femmes en l'espace de quinze ans, et particulièrement chez celles de moins de 65 ans.
La consommation d'alcool est également inquiétante. Les ivresses, plus fréquentes chez les jeunes, concernent près d'une jeune femme sur cinq, entre 15 et 25 ans. Plus largement, 8% des femmes déclarent consommer quotidiennement de l'alcool, dans une proportion qui s'accroît avec l'âge.
Même si la mortalité cardiovasculaire a beaucoup diminué depuis ces 30 ans dernières années, des améliorations peuvent encore être obtenues par des actions préventives, individuelles et collectives, sur les facteurs de risque majeurs des maladies cardiovasculaires que sont, outre la consommation de tabac, l'hypertension artérielle, le diabète, l'obésité et la sédentarité.
Aujourd'hui deux femmes sur cinq sont en surcharge pondérale ; près d'une sur cinq présente une obésité.
Même si les augmentations observées au cours des dix dernières années semblent se stabiliser, les écarts de prévalence de l'obésité en fonction du niveau socio-économique et du pays d'origine s'accentuent. Par exemple, la prévalence du surpoids est de 46% chez les ouvrières, alors qu'elle n'est que de 32% chez les cadres.
Seulement 40% des femmes pratiquent une activité physique considérée comme « favorable à la santé ».
Pour remédier à ces constats inquiétants, j'ai demandé à l'institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) de développer des volets spécifiquement féminins, en particulier pour les femmes les plus vulnérables, dans ses programmes de prévention et d'information.
En ce qui concerne la lutte contre le tabagisme, l'INPES a mis en place, sur Tabac info services, des conseils et des messages personnalisés adaptés aux femmes. Une campagne média à destination des femmes, afin d'agir contre les représentations sociales positives associées au tabac, est prévue pour le second semestre 2009.
Ces actions de prévention accompagneront la mise en oeuvre de l'interdiction de vente de tabac aux mineurs, qui vient d'être votée par le Parlement dans le cadre de mon projet de loi « Hôpital, patients, santé, territoires ».
Le programme national nutrition santé comporte également des actions de proximité à visée éducative en direction des femmes, tant pour l'équilibre nutritionnel que pour l'activité physique.
Concernant l'alcool, la croissance des ivresses chez les jeunes m'a amenée à demander à notre représentation nationale, dans mon projet de loi, l'interdiction des opens bars et de la vente d'alcool aux mineurs. Ces mesures ont été votées et je m'en réjouis.
Ne nous y trompons pas : chez les femmes - comme chez les hommes d'ailleurs -, le facteur social joue un rôle important.
Ce sont les femmes les plus vulnérables, seules, aux revenus modestes ou peu diplômées, qui se déclarent toujours en moins bon état de santé. Plus que les autres, ces femmes vulnérables rencontrent des problèmes de santé physiques et psychologiques : moins bonne espérance de vie, comportements à risque, violences, accès difficile à la contraception et au dépistage.
Il s'agit donc d'améliorer leur qualité de vie et d'encourager l'autonomie, pour ouvrir une vraie liberté de choix. C'est pourquoi, dans toutes mes politiques de prévention et de santé publique, je suis très attentive à développer un axe pour les femmes en situation de vulnérabilité.
Les femmes ont de plus en plus besoin d'informations en matière de prévention, des informations mieux ciblées sur des périodes charnières de leur vie, considérées parfois comme des périodes « à risques », qu'il s'agisse de sexualité et de contraception, de grossesse, de conseils d'hygiène de vie, de dépistage et de prévention, des déterminants de santé après 50 ans.
C'est à ces questions que répondra la plaquette d'information tout public consacrée à la santé, que j'ai commandée à l'INPES, dont je veux souligner la diversité et l'efficacité des actions, que ce soit dans ses programmes courts, dans ses campagnes médiatiques, sur le terrain, en partenariat avec le milieu associatif, ou sur son site internet informatif.
C'est précisément sur ce site qu'un espace sera dédié à la santé des femmes, espace qui pourra être référencé sur le maximum de sites féminins et dans la presse féminine du web.
La prévention doit s'adresser à tous et parler à chacun.
Prévenir, c'est d'abord, bien entendu, chercher à informer ceux qui ne savent pas.
Prévenir, c'est aussi rappeler ceux qui croient savoir à une vigilance constante.
Je voudrais revenir ici plus spécifiquement sur certains points de mon action en matière de santé publique en direction des femmes.
En ce qui concerne la contraception et la sexualité, il est frappant de constater qu'encore un tiers des grossesses ne sont pas prévues, malgré l'utilisation de la contraception orale par 57% des femmes en général et par 88% des femmes de 20 à 25 ans en particulier.
Cela montre à quel point la démarche contraceptive n'est pas simple à entreprendre. Les très jeunes femmes souffrent encore d'un réel manque d'informations et de connaissances. En outre, dans certains milieux sociaux, la sexualité des jeunes n'est pas reconnue et, par conséquent, pas accompagnée.
Enfin,de manière plus globale, les méthodes de contraception ne sont pas suffisamment adaptées aux conditions de vie sociales, affectives et sexuelles des femmes.
La campagne d'information sur la contraception de 2007 à 2009, qui entre dans sa troisième année, s'adresse à la population générale, tout en ciblant davantage les plus vulnérables, notamment les plus jeunes et les femmes migrantes.
J'encourage aussi toute action permettant de diversifier l'accès à toutes les formes de contraception.
Jusqu'à présent, cet accès se heurtait au non-remboursement des pilules de troisième génération. Cette difficulté sera bientôt résolue : en effet, le dossier de demande de remboursement d'une première pilule de troisième génération est passé en commission de transparence en mai et son lancement est prévu pour la rentrée.
Parallèlement à cela, je profite de l'occasion qui m'est ici donnée de réaffirmer mon soutien à l'opération « Sortez couverts », menée par Christophe Dechavanne, pour promouvoir le préservatif à 20 centimes.
Face à la recrudescence préoccupante des grossesses adolescentes non désirées, nous ne pouvons rester inactifs.
J'adresserai prochainement un courrier au conseil national des pharmaciens : ces derniers ont un rôle essentiel à jouer en matière de santé publique, en mettant à disposition des plus jeunes - et aussi des personnes à revenus moindres - des préservatifs à 20 centimes dans leurs officines.
Une campagne plus générale est lancée le 24 juin pour sensibiliser à l'importance du recours au préservatif.
Concernant la santé gynécologique des femmes, je suis heureuse que le projet de loi « Hôpital, patients, santé et territoires » ait étendu les compétences des sages-femmes à la consultation de contraception et au suivi gynécologique de prévention.
Le fait, pour une sage-femme, de proposer un dépistage du cancer du col au cours du premier examen prénatal permettra d'élargir ce dépistage à des femmes jeunes, qui ne bénéficient pas toujours d'un suivi gynécologique régulier, en dehors du suivi de leur grossesse. C'est là un véritable progrès.
La loi de financement de la sécurité sociale pour 2008 a également autorisé les centres de planification et les centres de santé à pratiquer des interventions volontaires de grossesse (IVG) par voie médicamenteuse.
De surcroît, le projet de loi HPST ouvre la possibilité d'accès à ce type d'IVG en associant les sages-femmes à cette démarche, dans le cadre de protocoles évalués et limités à une région connaissant un taux élevé de recours à l'IVG.
J'ai également été favorable à la possibilité ouverte de renouvellement de la prescription de contraceptifs oraux par les pharmaciens et les infirmières, pour une durée de 6 mois maximum non renouvelable, bien entendu de façon encadrée. Cette disposition figure elle aussi dans le projet de loi et je m'en réjouis.
Dans le champ périnatal, le report des naissances au-delà de 35 ans, bien souvent corollaire d'une autonomie croissante des femmes, pose des problèmes spécifiques en termes de suivi des grossesses tardives, avec risque de complications.
Nous savons qu'un des facteurs de risque de complications de la grossesse et de prématurité est la consommation de tabac pendant la grossesse.
Même si globalement la proportion des femmes enceintes de 26 à 35 ans qui fument pendant leur grossesse a chuté entre 2000 et 2005, le pourcentage de fumeuses reste encore trop élevé.
J'attends, cette année, avec beaucoup d'intérêt, les résultats de l'évaluation du plan périnatalité 2005-2008, dont le pilotage à été confié à l'inspection générale des affaires sociales, ainsi que l'analyse de l'enquête périnatalité que coordonnera la DREES à partir d'octobre 2009, afin de réorienter nos actions dans ce domaine.
Je serai également très attentive aux résultats de l'évaluation de l'accompagnement psychosocial des femmes enceintes, non seulement pour les grossesses tardives, mais aussi pour réduire les écarts d'accès au suivi médicalisé des grossesses, souvent d'origine sociale, et pour prévenir les risques de prématurité.
Face au désir de grossesse qui s'exprime de plus en plus tardivement, on assiste à une hausse de la demande d'aide à la procréation médicalement assistée.
Cette question est également abordée dans le cadre des Etats généraux de la bioéthique, qui permettront de nourrir un débat démocratique avant la révision de la loi de 2004.
Parmi les maladies graves, ce sont les cancers du sein et du col de l'utérusauxquels les femmes paient un lourd tribut.
Là encore, l'inégalité face au risque est patente, comme en atteste la pratique très disparate, suivant les milieux, de la mammographie.
Pour mieux prévenir le cancer du col de l'utérus, j'ai demandé, dès juillet 2007, à ce que soit remboursé le vaccin contre le papillomavirus à partir de l'âge de 14 ans, avec un rattrapage possible pour les jeunes filles qui viennent de commencer leur vie sexuelle.
Je réfléchis actuellement aux modalités d'un dépistage organisé du cancer du col de l'utérus, en ciblant prioritairement les femmes précaires et celles qui y ont moins recours.
A ce propos, je veux saluer l'initiative de l'institut national du cancer, qui a récemment lancé une campagne de sensibilisation avec 23 000 officines, en partenariat avec le conseil national de l'ordre des pharmaciens, pour rappeler l'importance de ce cancer et encourager toutes les femmes au dépistage par frottis, en plus de la prévention possible par la vaccination.
S'agissant du cancer du sein, j'ai privilégié la voie du dépistage précoce à partir de 50 ans, totalement gratuit.
J'ai aussi voulu que la mammographie réalisée dans le cadre du dépistage organisé puisse bénéficier, au même titre que celle pratiquée dans le cadre du dépistage individuel, de la technologie numérique.
Le prochain plan cancer, qui sera présenté dans les semaines à venir, permettra aussi de dégager des axes de progrès, en particulier pour toucher les femmes qui restent encore éloignées des dépistages organisés et pour améliorer les conditions de vie après le cancer.
Face aux équilibres démographiques de notre pays, la prise en compte des spécificités féminines dans la lutte contre les pathologies du vieillissement est également impérative : ce sont les femmes qui constituent la majorité de la population de plus de 65 ans.
Des sujets tels que les pathologies liées à la ménopause ou le risque dépressif accru doivent être traités avec plus de considération qu'ils ne l'ont parfois été jusqu'à présent.
L'expérimentation en région d'une consultation de dépistage et de prévention pour les personnes entre 50 et 60 ans, en particulier pour la préparation à la retraite, dans le cadre du plan « bien vieillir », est en cours. Le référentiel comportera une partie consacrée plus spécifiquement aux problèmes de santé des femmes.
L'allongement de la durée de la vie et l'isolement des femmes âgées font apparaître de nouveaux besoins d'accompagnement.
Ne l'oublions pas : 73% des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer sont des femmes. C'est pourquoi j'ai expressément souhaité que le plan Alzheimer tienne compte de cette dimension féminine, que ce soit pour les malades ou les aidants d'ailleurs, qui eux aussi sont bien souvent des femmes.
Enfin, comme le montre l'enquête de la DREES, la prise en charge des victimes de violences nécessite, quant à elle, une réponse plurielle : au-delà du traitement des effets directs des atteintes subies, en particulier sur la santé mentale, il faut prendre en compte l'ensemble des caractéristiques sociales des populations les plus exposées.
Ces parcours de vie, souvent lourdement marqués du point de vue affectif, matériel ou familial, requièrent des actions de prévention à de multiples niveaux. C'est tout le sens des actions que nous menons de façon concertée avec Valérie Létard, ma collègue en charge de la solidarité.
Le combat pour la santé des femmes est à la fois un défi de santé publique et un combat militant pour la liberté et l'émancipation : dans le nouvel édifice de santé durable et solidaire que nous bâtissons, je veux que les femmes aient toute leur part.
Pour relever ce défi et mener ce combat quotidiennement, avec une inlassable persévérance, nous avons besoin de toutes et de tous, de l'ensemble des organisations, des professionnels, des ministères, des associations concernées, mais aussi et surtout d'hommes et de femmes de bonne volonté, de vous tous, forces vives de la société civile.
Je suis heureuse que nous nous retrouvions ensemble aujourd'hui pour partager nos convictions.
Je vous remercie.Source http://www.sante-sports.gouv.fr, le 25 juin 2009