Déclaration de M. Brice Hortefeux, ministre du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville, sur la relance de la rénovation urbaine et la politique de la ville, Dammarie-les-Lys le 10 juin 2009.

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Circonstance : Visite de terrain sur la relance de la rénovation urbaine à Dammarie-les-Lys le 10 juin 2009

Texte intégral


Je tiens, avant tout, à vous remercier, monsieur le député-maire, pour cette invitation dans votre ville qui s'illustre par son formidable dynamisme.
I. J'ai tenu à placer cette semaine sous le signe de la politique de la ville. Engagement, rencontres et terrain en ont été les maîtres mots.
(1) Engagement, tout d'abord, avec la signature, lundi, d'une convention avec la Banque européenne d'investissement (BEI). Par cet accord, celle-ci s'est engagée à apporter 600 millions d'euros de financement aux collectivités territoriales qui portent les projets de rénovation urbaine dans l'esprit du développement durable ;
(2) Rencontres, ensuite, lorsque je me suis rendu, mardi, à Bordeaux, auprès des acteurs de la rénovation urbaine. Il s'agissait de partager leurs espoirs autant que leurs difficultés, de faire le point sur les actions engagées, de répondre à leurs interrogations et de tracer, bien sûr, la continuation et l'amplification de ce programme.
(3) Je suis, enfin, sur le terrain, aujourd'hui, à Dammarie-les-Lys, une ville particulièrement concernée puisque le quartier dans lequel nous sommes [la plaine du Lys] représente le plus gros projet d'ANRU de Seine et Marne. 42% de la population de la commune est concerné.
II. Dans notre mobilisation pour bâtir les quartiers de demain, j'entends être un appui, un soutien et un accélérateur aux côtés de Fadela AMARA.
Pour cela, nous avons des objectifs clairs :
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1) Premier objectif : la solidarité.
* J'ai rencontré de nombreux acteurs de la rénovation urbaine, dont de nombreux élus qui m'ont, parfois, fait part de leur inquiétude quant aux prochains contrats qui succèderont aux contrats urbains de cohésion sociale (CUCS). Ces contrats lient les communes avec l'Etat. Ils portent la part de l'Etat dans le financement des associations, des missions locales, de tous les organismes qui contribuent à aider les habitants des quartiers populaires. Ils concernent, aujourd'hui, 2493 quartiers soit 8 millions d'habitants, parmi lesquels 4 millions vivent dans des zones urbaines sensibles. Ce sont plus de 300 millions d'euros par l'Etat, les communes apportant l'essentiel des compléments de financement. Ces élus inquiets sur l'avenir de ces CUCS, je veux, donc, ici, les rassurer. La politique de la ville doit rester une affaire de partenariat et de concertation. C'est pourquoi il est indispensable que, contrairement à ce qui s'est passé en 2007, nous puissions négocier sereinement - c'est-à-dire avec des délais suffisants - la prochaine génération de CUCS.
* C'est la raison pour laquelle, j'ai obtenu, auprès du Premier ministre, que les contrats actuels soient prolongés d'un an. Concrètement, ils s'appliqueront donc encore en 2010. Je viens d'en informer officiellement les associations d'élus et, avec Fadela AMARA, nous avons donné toutes instructions utiles aux préfets.
(2) Deuxième objectif : la sécurité.
Comme l'a rappelé le Président de la République le 28 mai dernier : « une infime minorité de caïds, qui ne représentent que quelques pourcents de la population des quartiers, tente d'imposer la loi de la jungle à des habitants qui ne demandent qu'une seule chose : vivre en paix. »
* N'ayons pas peur de l'affirmer : la sécurité est le premier droit de nos concitoyens, c'est elle qui conditionne l'exercice de tous les autres. La sécurité de demain, c'est donc, dès aujourd'hui, s'engager résolument dans la prévention de la délinquance.
* Cela passe par des mesures très concrètes telles que le gardiennage des immeubles, l'éclairage public, le percement de rues bien tracées, l'absence de cul-de-sac, des cages d'escaliers mieux aérées et des parkings sécurisés.
* Comme ministre de la ville, je tiens donc tout particulièrement à ce que les futurs contrats urbains comportent un volet important en matière de prévention de la délinquance, ainsi que nous l'avons décidé, avec le Premier ministre, lors du Comité interministériel de prévention de la délinquance, le jeudi 4 juin.
(3) Troisième objectif : l'emploi
* Nous ne le savons que trop bien : c'est le premier problème des quartiers populaires. En effet, malgré toutes les énergies, toutes les volontés et tous les talents qu'on y trouve, le taux de chômage des zones urbaines sensibles est, en moyenne, plus du double de la moyenne nationale, et les conditions de vie n'ont, à l'évidence, pas encore suffisamment changé dans les quartiers populaires.
Le volet emploi constitue donc l'un des axes majeurs de la politique de la ville. J'en suis persuadé, c'est en renforçant la liaison entre la rénovation urbaine et les actions en faveur de l'emploi, que l'on peut durablement changer le visage de nos quartiers.
* Je souhaite, en particulier, que les clauses d'insertion vers l'emploi dans les marchés publics soient largement mises en oeuvre. Les premiers résultats connus sont encourageants : plus de 6 500 personnes en ont déjà bénéficié. J'ai rencontré, encore ce matin, des personnes, parmi vous, qui ont réussi, qui ont cru en leur chance et qui ont eu raison d'y croire. C'est une formidable récompense.
* Je veux persévérer et amplifier notre action en la matière. C'est pourquoi, j'ai demandé à l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances [ACSé] de consacrer 10 millions d'euros à des actions exceptionnelles pour l'emploi cette année. Une partie de ces crédits est dédiée à l'accompagnement de jeunes qui entrent dans un dispositif d'insertion, en particulier dans le cadre des opérations de rénovation urbaine.
III. Vous l'avez compris, l'enjeu est de créer un cadre de vie solidaire, durable, en mouvement.
* Solidaire avec, par exemple, l'attention consacrée à l'accessibilité des personnes handicapées et des personnes âgées, ou encore avec l'importance accordée à l'accès aux crèches, ou, enfin, avec le souci porté à la maîtrise de l'énergie pour modérer les factures d'électricité ou de gaz qui, l'hiver venu, sont l'angoisse des personnes modestes.
* Durable, avec la mise en place d'une démarche de long terme. La convention avec la Banque européenne d'investissement permettant de débloquer 600 millions d'euros de prêts pour des communes, dans le cadre de la rénovation urbaine, en est le parfait exemple.
Chacun doit l'avoir à l'esprit : il ne suffira pas de rénover, encore faudra-t-il conserver sur le long terme ce qui a été acquis.
? En mouvement :
- avec, tout d'abord, le renforcement des moyens de transport permettant l'ouverture de la ville sur les banlieues et des banlieues sur la ville. Cette mobilité est indispensable pour aller à l'école, au travail, s'insérer dans la société et pouvoir profiter de la promotion sociale. C'est l'un des axes phares de la dynamique « Espoir Banlieues » ;
- avec, ensuite, la possibilité, pour les habitants, d'avoir le choix : celui de pouvoir habiter ailleurs que dans leur quartier d'origine. La mobilité, c'est aussi cette capacité donnée aux habitants, parce qu'ils auront un emploi ou parce que leurs enfants pourront accéder à des grands lycées ou à des grandes écoles. Dans ce domaine, le chantier du Grand Paris sera une occasion d'aller plus loin.
- avec, enfin, l'objectif de la mixité sociale c'est-à-dire la localisation des relogements hors du quartier et l'arrivée, sur le quartier, de nouvelles populations. La rénovation urbaine peut être, je le crois, un véritable remède anti-ghetto ; c'est pourquoi je tiens au respect de l'obligation de reconstituer l'offre de logements démolis au moins pour moitié dans d'autres secteurs que dans le quartier d'origine.
C'est le cas ici, ce n'est pas toujours facile, mais c'est réalisable.
Mesdames et Messieurs,
Les quartiers populaires ont leur identité. Les habitants y sont attachés. Et pourtant, une fois leur lieu de vie transformé, les habitants changent leurs habitudes et leur façon de voir. L'insertion dans la société est un long processus.
La ville est diverse. La politique de la ville s'applique jusque là à soigner les défauts de la construction de la ville. Il faut aller au-delà, restructurer profondément les quartiers eux-mêmes, lutter résolument contre les concentrations de populations en difficulté, donner ce choix élémentaire de la mobilité vers ailleurs. Tel est à mon sens le projet de la politique de la ville.
Vous l'avez compris, il nous revient à tous, d'impulser, d'oser, d'opérer, afin que l'égalité des chances ne soit pas seulement une priorité dans les mots, mais devienne, le plus vite possible, une réalité dans les faits. Dammarie-les-Lys porte cette dynamique en son coeur.
Source http://www.ville.gouv.fr, le 15 juin 2009