Interview de M. Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, dans "Le Journal du Dimanche" du 27 juin 2009, sur la réduction de la dette et la réforme des collectivités locales.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Le Journal du Dimanche

Texte intégral

- Le président vante les bons déficits, et notre endettement approche les 80% du PIB. La droite est devenue laxiste ?
Certainement pas ! L'endettement ne nous mettra en danger que si l'on n'y fait rien, et justement, nous agissons. Le gouvernement et le président refusent la gestion pépère, parce que dans la crise, l'immobilisme est mortel.
- Les socialistes, et le président de la cour des comptes Philippe Séguin, disent qu'on n'échappera pas à des hausses d'impôts.
Philippe Séguin est un réformateur courageux, et donc n'est pas socialiste. Il dit qu'on devra augmenter les impôts si on ne diminue pas les dépenses publiques. Nous le faisons, et nous allons nous attaquer davantage aux dépenses publiques inutiles, aux gaspillages, aux abus et aux fraudes.
- C'est la faute des fraudeurs si la France est endettée ?
Lutter contre les fraudes c'est une affaire de justice car la fraude fragilise notre système de solidarité. Au-delà de la lutte contre les fraudes, d'autres sources d'économies existent. L'administration, l'Etat, ont déjà commencé à faire des efforts avec la règle du non remplacement d'un fonctionnaire partant à la retraite sur deux. Il y a des organismes inutiles, qui peuvent être supprimés. On doit chasser les gaspillages partout..
- En diminuant les dépenses des ministres ou de l'Elysée ?
En attaquant d'abord les dépenses de structures. C'est le sens de la réforme des collectivités locales. L'UMP a énormément travaillé après le rapport Balladur. Nous sommes très clairs : on ne va pas fusionner les régions et les départements, c'est impossible sans changer la constitution. Mais on va fusionner les élus. La clé, c'est l'invention du conseiller territorial, qui siégera à la fois dans les assemblées régionales et départementales. Cette réforme permettra de diminuer le nombre d'élus. Nous sommes prêts à supprimer entre 30 à 50% le nombre des conseillers départementaux et régionaux, c'est-à-dire 2 à 3000 postes d'élus.
- Vous affaiblirez les pouvoirs locaux au détriment de Paris...
Nous allons faire ce qu'attendent les Français, et nous rendrons les pouvoirs locaux plus cohérents, efficaces et rationnels. J'ai été conseiller général, l'Aisne fonctionnerait tout aussi bien avec une assemblée départementale d'une vingtaine de membres, et même mieux. Expliquez-moi pourquoi la Communauté urbaine de Lyon compte plus de vice-présidents à son exécutif que le gouvernement n'a de ministres ?
- Quel rapport entre le nombre d'élus locaux et les dépenses inutiles ?
Des élus responsables aussi bien pour un département et une région, ça signifie la fin des doublons, des dépenses engagées deux fois, la fin des organismes qui se chevauchent.
- Dans les déficits de la France, rien ne vient du pouvoir, du bouclier fiscal, par exemple ?
Je préfère que les gens paient leurs impôts et dépensent leur argent en France, plutôt qu'à l'étranger. La France a un déficit structurel, parce que les réformes n'ont pas été faites -sur les retraites par exemples- contrairement à l'Allemagne. Mais là-bas, il y a eu un consensus. En France, le PS n'a jamais voulu y réfléchir. En la matière, un homme comme Manuel Valls, est peut-être courageux en paroles, mais en politique il faut être courageux en actes.
- Vous allez tuer la retraite à 60 ans ?
Nous devons sauver notre système de retraite. La question n'est pas de savoir si on doit repousser l'âge de la retraite ou la durée de cotisation, mais de savoir quand on le fera.
Source http://www.u-m-p.org, le 1er juillet 2009