Interview de M. Martin Hirsch, Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et à la jeunesse, à RMC le 25 juin 2009, sur les expulsions et l'exclusion sociale des jeunes.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral


 
 
J.-J. Bourdin.- Et nous sommes ce matin avec M. Hirsch, bonjour, vous êtes, je le rappelle, Haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté et Haut-commissaire à la Jeunesse. On va parler de la jeunesse, on va parler de la pauvreté, mais j'ai deux ou trois questions d'actualité à vous poser pour commencer, M. Hirsch. Le prix du gaz, est-ce que vous comprendriez, que le prix du gaz ne bouge pas le 1er juillet ?
 
C'est-à-dire, est-ce que je comprendrais qu'il augmente ? Ça non, je ne le comprendrais pas.
 
Non, qu'il ne bouge pas.
 
C'est-à-dire qu'il ne diminue pas c'est ça ?
 
Qu'il n'augmente pas. Je vous dis ça, parce que compte tenu du prix du baril du pétrole, il devrait baisser d'un moins 20 % le 1er juillet. Or, peut-être qu'il ne baissera pas, est-ce que vous comprendriez qu'il ne baisse pas ?
 
Ecoutez, vraiment, honnêtement, j'ai entendu J.-L. Borloo faire un développement extraordinairement savant sur le sujet, que je ne sais pas reconstituer. Je veux bien vous répondre un peu à un moment donné. Je sais pas ailleurs quels sont les prix des factures d'énergie et en quoi cela contribue aux dépenses incompréhensibles - incompréhensibles, j'allais dire - incompressibles des ménages. Je ne sais pas vous dire si on peut faire un raisonnement, mais je m'engage à revérifier cela et à venir vous en parler.
 
Très bien, très bien. Bon, alors les expulsions, vous avez entendu la Fondation Abbé-Pierre et d'autres associations, compte tenu de la crise, évidemment, le nombre d'expulsions augmente. Les appels sont extrêmement nombreux, appels de Français, de Françaises qui sont menacés d'expulsion. Qu'est-ce qu'il faut faire ? Un moratoire en l'état actuel des choses, avec la crise ?
 
Il ne fallait pas faire du compassionnel.
 
C'est-à-dire ?
 
C'est-à-dire que c'est peut-être un peu pour ça qu'il y a un autre ministère du Logement, maintenant.
 
Enfin, il n'est plus ministère, il est secrétaire d'Etat, le ministre.
 
C'est Borloo et Apparu, et je pense qu'effectivement il ne suffisait pas de se lamenter, de se dire on est du côté, etc....
 
Pourquoi ? C. Boutin se lamentait ?
 
Oh, mes désaccords avec elle n'étaient pas secrets, effectivement. Et donc je pense que...
 
Elle passait son temps à se lamenter.
 
A avoir un côté un peu compassionnel et quelquefois les actes ne suivaient pas, voilà.
 
C'est-à-dire qu'elle ne prenait pas de décisions ?
 
Je ne sais pas, mais en tout cas, c'était... il y avait... Vous savez, c'était assez de notoriété publique que nos conceptions étaient un peu différentes.
 
Oui, je sais. C'est pour ça que je vous interroge.
 
Et donc je pense qu'effectivement, sur les principes qui ont été actés à un moment donné, qui est que tout locataire qui a des difficultés financières et qui est de bonne foi, on ne peut pas le mettre dehors sans qu'il n'y ait une autre solution pour lui. Dans cet équilibre qui est compliqué... vous savez que...
 
Oui, je sais que c'est compliqué.
 
Vous savez que si on dit à tout locataire : ne vous inquiétez pas, même si vous ne payez pas, vous ne serez jamais dehors, il n'y a plus aucun propriétaire pour louer, première chose. Si à l'inverse, vous laissez les prix des loyers augmenter, et que vous mettez dehors etc. Donc dans cet équilibre assez subtil sur lequel Borloo avait avancé - je pense qu'en reprenant le dossier, il continuera à l'avancer - donc cela veut dire...
 
Mais est-ce qu'il faut un moratoire des expulsions, compte tenu de la crise ?
 
Il faut qu'un locataire qui de bonne foi ne peut pas payer son loyer soit protégé et ne soit pas mis dehors, et il faut très précisément que soit mis en place cet été, un système qu'on appelle la garantie du risque locatif. Le système de garantie du risque locatif, c'est une sorte d'assurance sur les impayés. Donc, vous payez une assurance...
 
Mais je sais M. Hirsch, c'est une excellente mesure, mais pour l'instant, elle n'est pas en application.
 
Non, mais justement, elle doit rentrer en application. Elle doit entrer en application cet été, elle peut entrer en application maintenant. Cela fait peut-être la transition avec les jeunes, parce que sur les jeunes qui sont souvent écartés, les jeunes ils ont double peine ou triple peine sur le logement. Parce que un, il y a peu de logements petits ; deux, ils sont considérés comme plus à risques que les autres ; et trois, ils ont plus les augmentations de loyer, parce que comme ils louent pour de plus courte durée, à chaque bail on augmente leur loyer. Et là-dessus, la commission que je préside proposera, j'espère, la semaine prochaine, si tout le monde est d'accord, que l'assurance garantie du risque locatif pour les jeunes, elle soit directement prise en charge par l'Etat et les Collectivités locales pour qu'il y ait cette fois un avantage à louer à un jeune et non pas un risque de ne pas louer.
 
C'est-à-dire que le propriétaire qui va louer à un jeune pourrait bénéficier d'une subvention ou d'une aide fiscale, d'une assurance gratuite ?
 
D'une assurance gratuite, c'est-à-dire qu'on est en train de mettre en place un système d'assurance qui s'appelle "garantie des risques locatifs". C'est vraiment très important comme sujet.
 
Oui, bien sûr, on est d'accord, on est d'accord M. Hirsch !
 
De mettre partout, le fait que, voilà... Vous êtes propriétaire d'un petit appartement, vous hésitiez à louer, en disant "on va encore avoir un gars qui ne va pas payer les loyers etc.", vous souscrivez une assurance et cette assurance vous permet de vous dire : si jamais pendant un mois je n'ai pas de loyer payé par mon locataire, on me donne une compensation. Et on dit, cette assurance, elle a un coût, de 20 ou 30...
 
Qui va payer cette assurance ?
 
Normalement c'est au propriétaire de la payer, 20 ou 30euros par mois. Et nous, nous suggérons que pour les jeunes, on prenne en charge ces 20 ou 30euros par mois, et donc, il y a un avantage à louer à un jeune, voilà.
 
Voilà une excellente mesure, vous allez la défendre cette mesure ?
 
Moi j'essaye de défendre ce que l'on peut défendre ensemble. Moi, défendre tout seul, vous savez, pour ce que je pèse ! En revanche...
 
Je sais que vous vous battez, même si vous ne vous faites pas que des amis au Gouvernement.
 
En revanche, le travail que j'essaye de faire, c'est de me dire : tout seul on ne peut pas faire grand-chose, mais si une mesure est défendue par les intérêts contradictoires, par le Patronat qui a le 1% logement d'un côté, c'est-à-dire qui finance une partie des logements, par les organisations de jeunes qui sont les premières concernées, par les organisations syndicales et par les collectivités locales, il y a un moment où ces mesures sont inarrêtables. Donc ce type de propositions, j'espère qu'elles jailliront la semaine prochaine.
 
Bien M. Hirsch, on va parler des jeunes et vraiment, parce que vous avez des propositions très intéressantes concernant les jeunes. Quelques mots... Vous n'avez pas les chiffres du chômage, on dit 30 000, 40 000 chômeurs de plus...
 
Comme tout le monde...
 
Comme tout le monde, ce soir. Et d'ailleurs demain, j'annonce ici que L. Wauquiez sera là pour parler de l'emploi, demain matin, à votre place M. Hirsch de 8H30 à 9H sur BFM TV et sur RMC. Et ensuite de 9H à 9H30 sur RMC avec une émission spéciale où il répondra à toutes vos questions concernant le chômage. Il est 8H41, M. Hirsch, on parle des jeunes, de l'emploi et des propositions que vous faites pour donner aux jeunes plus d'autonomie, pour leur permettre d'entrer plus vite dans la vie active, parce qu'il y a urgence. !
 
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 juin 2009