Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la réorganisation du ministère des affaires étrangères, Paris le 8 juillet 2009.

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Circonstance : Allocution de Bernard Kouchner lors de la réception offerte aux agents du département et à leurs conjoints à l'occasion de la fête nationale, Paris le 8 juillet 2009

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
J'ai à mes côtés Pierre Lellouche qui vient récemment de prendre ses fonctions. Alain Joyandet n'est pas là, il vient de prendre l'avion pour Ouagadougou et Dakar. Je suis également entouré du Secrétaire général, Pierre Sellal, et de mon directeur de cabinet, Philippe Errera que vous connaissez tous depuis plus longtemps.
Je ne vais pas vous infliger un long discours. Je souhaiterais commencer en saluant Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes ainsi qu'Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie. C'est une nouvelle équipe dont je suis très fier - d'ailleurs comme de toutes les équipes précédentes - particulièrement de Pierre Lellouche avec qui je m'entends très bien. Il occupe le poste essentiel des Affaires européennes depuis quelques jours. Je voudrais vous rappeler que les Affaires européennes ont été notre préoccupation pendant les six mois de la Présidence française, au cours d'une année difficile.
Je vais donc simplement vous rappeler quelques-unes des dates de cette année.
Nous ne nous sommes pas vus en cette formation, si j'ose dire, depuis un an. Entre-temps, il y a eu beaucoup de crises et il y a eu beaucoup d'efforts de la part des agents dont une partie est devant moi et que je salue avec beaucoup d'amitié. Je les remercie pour leurs efforts, pour leur constance et pour avoir supporter avec nous, à la fois la Présidence française de l'Union européenne, au prix d'un effort considérable débouchant, je crois, sur une réussite saluée par les vingt-six autres pays, et quelques crises. Elles surviennent souvent au mois d'août. La dernière fut la crise géorgienne que nous avons donc affrontée en août dernier, suivie par la crise économique et maintenant les relations difficiles avec l'Iran.
C'est un monde dangereux, peut-être moins dangereux qu'on le dit, car nous avons connu d'autres crises et d'autres affrontements au cours des dix ou vingt dernières années. Certains, que je vois devant moi, en furent témoins, M. le ministre en particulier.
Il est vrai que, sans le dévouement de chacun d'entre vous, sans le dévouement de ce que l'on appelle le corps diplomatique, des diplomates, des agents de ce ministère, la France n'aurait pas été capable de tenir son rang, de tenir son rôle dans l'Europe et certainement - aussi, dans le monde.
Ces dernières années, nous avons dû tenir compte de beaucoup de changements, nous avons été confrontés à une réalité difficile à imaginer, une réalité contraignante. Nous avons appelé cela la mondialisation, ce qui signifie que, pour nous, Français et agents de ce ministère, nous avons dû affronter en même temps des conditions difficiles, en Europe et dans le monde, et nos réformes.
Vous avez fait tout cela et je vous en remercie infiniment parce que, dans le même temps, nous devions tenir compte des changements du monde et les accompagner de nos changements internes.
Il y a maintenant une nouvelle équipe. Merci Pierre, nous travaillons la main dans la main et nous en avons besoin tous les jours.
Je dirai plus tard un mot de notre compatriote Clotilde Reiss qui est enfermée dans la prison d'Evine et qui est l'objet de nos préoccupations actuelles.
S'agissant des réformes, nous en avons largement tenu compte et je remercie Philippe Errera et Pierre Sellal qui portent la responsabilité de ces changements. Quotidiennement, nous avons évidemment un rôle à jouer, mais nous n'avons pas à modifier nos structures.
C'est avec les personnels, les agents de ce ministère que nous avons dû faire face d'abord aux déménagements. Je ne vais pas en parler des heures, mais c'est un grand changement, même lorsque l'on se déplace du boulevard Saint-Germain à la rue de la Convention. C'est un grand changement d'habitudes, un changement qui intervient dans la vie quotidienne, dans l'environnement immédiat de chacun.
Lorsque l'on va jusqu'à La Courneuve, ce n'est pas très loin mais c'est aussi un grand changement.
Vous avez réussi - encore une fois merci - ces déménagements. J'espère que vous avez tous visité ces deux nouveaux sites en dehors du Quai d'Orsay.
Je crois qu'ils se sont faits avec le moins de heurts possibles. Il y a encore des aménagements, des améliorations à apporter, tout n'est pas parfait dans ces lieux mais je pense que cette translation s'est opérée au mieux des intérêts de chacun. J'écoute personnellement le plus souvent possible les syndicats et les représentants du personnel. Il faut les rencontrer le plus fréquemment possible, et un par un.
Tout n'est pas achevé : les archives mettront encore quelques mois à être transportées jusqu'à La Courneuve et il faudra plusieurs années pour que se transforme ce bâtiment, sur la rue de l'Université, avec l'installation de plusieurs centaines de bureaux.
Pendant ce temps-là, il faudra aussi - et je vous remercie aussi de supporter cela - rénover tout ce bâtiment. Je parle des bâtiments en gardant à l'esprit ceux qui y travaillent. Il y a, derrière ces façades, beaucoup de choses à rénover, aussi bien sur les toitures que dans les huisseries. Nous allons commencer au plus vite par la cour, de l'autre côté, et puis ensuite par tous ces bâtiments qu'il faudra maintenir en bon état.
Concernant le programme des réformes, c'est un peu plus long mais je serai très court.
Nous avons créé une direction générale de la Mondialisation, ainsi que plusieurs nouvelles directions dont la direction des Affaires européennes.
C'est un énorme travail. Nous voulions tenir compte de tous les changements, de toutes les analyses nécessaires pour que la diplomatie française soit à la hauteur, non seulement de sa réputation, mais aussi de sa mission.
Cela prendra encore quelques mois. Nous nous attachons à créer des directions ou des sous-directions, comme les religions, la démographie, comme évidemment une direction culturelle et une agence culturelle dont l'achèvement n'est pas finalisé. Il faudra encore de la concertation, des mois de discussions avec les représentants du personnel, avec les directions elles-mêmes pour que nous ajustions non seulement l'offre de France mais aussi la demande de France.
Dans la Mondialisation, il faudra que nous nous retrouvions aussi, nous, la France et les Français ainsi que notre offre culturelle, dans la demande des autres. C'est un peu plus compliqué que de proposer toujours la même chose. Il y a une personnalité, des personnalités, des individualités nationales qu'il faudra reconnaître dans notre offre culturelle. Ceci sera fait dans les semaines et les mois qui viennent, grâce à Pierre Sellal et à la réflexion qu'il mène avec un certain nombre de responsables culturels et avec, bien sûr, le ministère de la Culture. Il s'agit donc d'un programme important.
Je voudrais vous dire - et je le dis au nom de Pierre Lellouche et de moi-même, ainsi que certainement du Secrétaire général et du directeur de mon cabinet, en l'absence d'Alain Joyandet que je salue de loin - que je suis très fier d'être encore là. Vous avez peut-être pu lire dans la presse que j'avais été surpris par mon maintien et par la nomination de Pierre Lellouche. Alors là, franchement, je n'ai pas été surpris. Je suis fier d'être là avec vous sans qu'il y ait eu de grands fracas dans cette période mouvante, nécessairement nouvelle pour chacun d'entre nous, pour Pierre et pour moi, pour tout mon cabinet que je remercie d'être patient.
Je suis très heureux de travailler avec vous. Il nous reste une immense tâche, celle de porter plus loin en Europe et plus loin dans le monde cette offre de la France et cette demande criante, cette demande exigeante, cet ajustement nécessaire pour être vos représentants, les représentants de notre pays, à travers le monde. Il faut donc être exigeant vis-à-vis de nous-mêmes. Il faut que cette réforme réussisse, il faut que les ambassades se transforment en maisons représentant, comme elles doivent l'être, tous les ministères, l'ensemble de notre administration, mais également les droits de l'Homme, autant que faire se peut, dans une période difficile.
Je vais terminer mon discours en évoquant Clotilde Reiss. Clotilde a été arrêtée. Dans le bâtiment derrière vous, il y a un centre de crise. Ce Centre de crise qui est une part de la réforme compte 50 agents. Jour et nuit, ils sont à la disposition certes de tous les ministères mais aussi au service de tous les Français - vous pouvez le visiter quand vous voulez, et je remercie Serge Mostura, le directeur du Centre de crise parce que, jour et nuit, nous sommes sollicités. Ce sont ces agents qui suivent ce dossier - la famille de Clotilde Reiss est présente parmi nous ce soir, nous l'avons reçue hier, nous la rencontrons régulièrement. Clotilde recevra la visite, je l'espère, demain à Téhéran de notre ambassadeur, M. Poletti, ambassadeur de France dans un moment difficile, dans un pays avec lequel nous devons autant que possible maintenir les liens d'amitiés et les contacts les plus fréquents possibles.
Nous souhaitons que Clotilde, âgée de 23 ans, lectrice de français à Ispahan, accusée de façon ridicule d'avoir pris, avec son téléphone portable, des photos des manifestations qui ont défrayé - au mauvais sens du terme - la chronique mondiale, soit libérée. Il n'est donc pas question d'accepter ces accusations et nous voulons, nous demandons, nous exigeons que Clotilde sorte le plus vite possible, c'est à dire dans les jours qui viennent, de la prison de Téhéran.
J'ai voulu saluer cette jeune Française et vous dire, une fois de plus, que Pierre et moi, nous sommes très fiers d'être devant vous.
Merci.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 juillet 2009