Texte intégral
Madame la Sénatrice, vous avez posé au moins deux questions, qui ne se ressemblent guère et dont je dirais même qu'elles n'ont aucun rapport entre elles !
Toute la première partie de votre intervention, qui décrivait les tragiques et multiples répressions des manifestations en Iran, juste après l'annonce des résultats officiels du scrutin, était juste.
Il y a eu une réaction très spontanée de centaines de milliers, sinon de millions de personnes - personne ne les a comptées, en tout cas pas nous, malheureusement - et nous avons vu ce spectacle effrayant des arrestations et des nombreux morts.
S'y ajoute le cas de Clotilde Reiss. Cette jeune française qui, comme vous le savez, Mesdames, Messieurs les Sénateurs, enseignait à l'université d'Ispahan, a été arrêtée le 1er juillet dernier. Elle est encore détenue aujourd'hui, ce qui n'est pas acceptable et exige une action concertée des pays européens, qui a déjà commencé, d'ailleurs.
Malgré une première visite de notre ambassadeur - une deuxième étant prévue samedi prochain, si tout se passe bien, du moins aussi bien que cela peut se passer -, malgré des contacts téléphoniques qui nous rassurent sur la santé et l'état psychologique de Clotilde Reiss, nous ne pouvons accepter qu'une innocente soit emprisonnée.
Aussi, nous faisons tout pour qu'elle soit libérée, à travers le G8 et l'Union européenne ; les Vingt-Sept ont d'ailleurs manifesté, à deux reprises, leur réaction spontanée sur ce sujet.
Que pouvons-nous faire d'autre ? Les vingt-sept Etats de l'Union européenne, y compris la France, ont chacun convoqué leur ambassadeur d'Iran, et nous nous apprêtons, même si nous ne souhaitons pas y être obligés, à réagir de façon extrêmement violente sur ce dossier à chaque fois que nous en aurons l'occasion.
Toutefois, je vous le rappelle, le gouvernement iranien a arrêté entre-temps une employée franco-iranienne de notre ambassade à Téhéran qui, heureusement, a été relâchée. Nous devons donc mesurer nos effets, parce que nous voulons obtenir la libération de Clotilde Reiss.
Madame la Sénatrice, vous affirmez dans le même temps qu'il ne faut pas reconnaître le régime ainsi "issu des urnes". Je crains hélas, que celui-ci ne soit pas le premier qui, en se maintenant, doive être reconnu.
Il y a eu, bien sûr, une contestation de l'élection, qui était forte et que nous avons ressentie politiquement, psychologiquement et même presque physiquement, compte tenu de notre affection pour ce peuple. Toutefois, si tout le monde en Iran proclame l'élection d'un président, il serait bien inutile et contre-productif d'aller, seuls, dans le sens contraire.
En revanche, nous pouvons soutenir le mouvement de contestation, multiplier les contacts avec lui, continuer à nous opposer à la politique menée par le régime iranien en matière d'énergie atomique, comme nous l'avons fait d'ailleurs avant que cela ne nous soit imposé.
Je vous le rappelle, nous avons maintenu les contacts directs avec les dirigeants iraniens, nous les avons maintes fois rencontrés. Moi-même je téléphone tous les deux jours à mon homologue à Téhéran pour faire pression afin que Mlle Reiss soit libérée. Cette attitude est la bonne pour le moment, me semble-t-il.
Quant à votre seconde question, permettez-moi de ne pas la mélanger avec la première !
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 juillet 2009